Maman va mieux

Maman est malade.

Encore une fois, Olivier et sa famille avaient eu beaucoup de chance. La bataille avec la Horde avait été sanglante, violente et mortelle pour les deux camps, mais lui ne se retrouvait qu'avec quelques blessures, certes, elles n'étaient pas bénignes, mais elles guériraient. Peut-être que certaines laisseraient des cicatrices ! Voilà qu'il ressemblerait à un vrai guerrier, si ce n'était pas beau ! Son père, quant à lui, s'en sortait dans le même état. Il guérirait lui aussi, et bientôt, ils formeraient une paire de chats plus aguerris qu'il y a une lune. Sa mère, elle, n'avait pas participé à la bataille. Elle ne se trouvait plus à la pouponnière, et avait été déplacée dans la tanière du guérisseur. Aucune plante ne semblait lui faire du bien, peut-être qu'elle avait été trop déçue.

Elle ne veut pas manger.

C'était quelque chose qu'Olivier avait bien remarqué. Il avait pensé que c'était sa faute ; il avait été un incapable pendant bien trop de temps. Il avait décidé de changer ça, de se forcer, et il avait chassé pour elle. Quand elle l'avait vu lui ramener sa première proie attrapée depuis des lunes, ses yeux s'étaient illuminés, et elle avait mangé de bon cœur. Ce jour-là, le chat bicolore avait été rassuré. Tout irait pour le mieux à présent ! Il n'y avait plus de quoi s'inquiéter.

Puis, les chatons avaient été kidnappés par la Horde.

Le choc fut énorme pour tout le Clan, la mère d'Olivier comprise, qui cessa à nouveau d'avoir faim. Olivier était si indigné par la situation que ses principes avaient momentanément disparu. Il avait redoublé les entraînements de combat. Les félins de la Horde auraient rapidement compris dans quelle galère ils s'étaient fourrés, s'ils avaient su que même le chat le plus pacifique de Vaalemar les voulait morts !

Puis vint l'heure de la bataille. L'horrible bataille dont, étrangement, Olivier n'avait pas tant de souvenirs que ça. C'était comme s'ils étaient si terribles, que son esprit les avait bloqués, pour qu'il puisse dormir plus tranquillement la nuit. Hélas, ça n'avait pas vraiment marché, puisque, même s'il n'avait plus les détails en tête, il se souvenait du chaos ambiant, des cris, du sang, de la violence, et ça suffisait à lui provoquer des insomnies, ou lui faire des cauchemars. Alors, il se sentait obligé de souvent voir le guérisseur, pour lui demander quelque chose qui l'aiderait à dormir, pour ne pas être fatigué pendant la journée. Et, à chaque fois qu'il entrait chez le guérisseur, il la voyait.

Pourtant, les chatons étaient revenus au camp. Pourquoi est-ce que sa mère n'allait pas mieux ? Olivier était venu lui annoncer la nouvelle, avant même de laisser qui que ce soit s'occuper de ses blessures, ça n'avait pas été très prudent ! Mais, malgré cette bonne nouvelle, elle n'avait pas réagi. Pire, elle n'avait même pas reconnu son fils. Que pouvait-il faire de plus, à présent ? Même Saule Pleureur ou Nuage Rêveur ne savaient pas quoi en dire. Il fallait juste attendre, et voir comment les choses se dérouleraient.

Son père, par contre, n'était pas resté inactif. Il avait bien vu l'amélioration d'Olivier, et s'était glissé vers Rêverie du Loir pour lui annoncer qu'il était temps. Ça lui paraissait maintenant assez ridicule d'avoir interdit à son fils de devenir guerrier... Mais, maintenant, il était sûr qu'il était prêt. Et la cérémonie eut lieu, et Nuage d'Olivier était enfin devenu Rameau d'Olivier.

Maman va mieux.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, sa mère allait soudainement mieux. Elle s'était même levée pour féliciter son fils. Ce dernier n'en croyait pas ses yeux, il fallait donc juste qu'il devienne guerrier pour que tout s'arrange ? Rameau d'Olivier avait ronronné de joie, et la journée s'était passée dans la bonne humeur, la petite famille avait pu faire un petit tour dans les territoires, avant que le soir n'arrive pour qu'Olivier fasse le vigile, comme le voulait la tradition. Bon, être sorti au lieu de s'être reposé, ça n'avait pas été la meilleure des idées, mais il se sentait en forme ! Tout se passait pour le mieux.

Son père et sa mère étaient partis dans la tanière des guerriers et s'étaient rapidement endormis. Bientôt, le nouveau baptisé les rejoindrait, et la vie reprendrait son cours normal, sans plus d'angoisse. Rameau d'Olivier avait hâte de voir ce que l'avenir leur réserverait ! Tout irait bien, à présent, il en était sûr. Alors que l'aube commençait à pointer le bout de son nez, et qu'il luttait contre la fatigue, il crut entendre une voix familière lui chuchoter qu'elle était fière de lui, et qu'il ne devait pas piquer du nez si près du but ! Regardant autour de lui, il n'y avait personne, à part Myriade de Libellules. Bizarre, il avait dû rêver, mais il avait cru entendre sa mère. Il commençait vraiment à fatiguer s'il se mettait à halluciner ! Il avait hâte de rejoindre la tanière des guerriers et réveiller son père et sa mère pour qu'ils prennent la relève de la journée !

Mais, maman ne se réveilla plus jamais.