Au clair des Étoiles | Ft. Amour Interdit

Au clair des Étoiles
Feat. ◊ Amour Interdit

Fille née dans une fratrie de trois, plus jeune, elle n'avait jamais songé qu'elle pourrait à se point apprécier la solitude. Membre d'un clan, elle avait rapidement apprécié être entouré de ses pairs. Et elle aimait cette vie de tribu. Oh, il y avait toujours des gens désagréables. Des vipères à la langue trop acérée ou des jeunes guerriers un peu trop sûr d'eux et arrogants. Mais Queue de Pie ne troquerait ce mode de vie pour rien au monde.

Elle aimait les siens. Elle aimait sa famille, mais elle aimait aussi se retrouver seule par moment. Notamment après une prise de bec avec son frère. Et il fallait dire que Bec de Corbeau était obtus quand il le voulait. Particulièrement lorsqu'il était question de foi. Queue de Pie se serait presque égosillée au milieu du camp si elle n'avait pas capté l'un des quelques regards qui les observaient alors qu'ils se disputaient son frère et elle.

Finalement, elle avait préférée s'éclipser, tant pour se calmer que parce que parfois, se retrouver seule avait du bon également. Et quel endroit de mieux pour se ressourcer que de se rendre au plus proche de ces Étoiles qui étaient le coeur de la dispute avec Bec de Corbeau ? Elle n'était pas allée si souvent que cela jusqu'aux Cristaux de Lune, mais s'arrêter sur le Chemin lui suffisait souvent. Elle restait simplement à profiter du lieu et de cette proximité qu'elle avait toujours été certaine de ressentir avec le clan de leurs ancêtres.

Quand bien même ce soit également une ligne frontalière, c'était une zone de paix. un lieu sacré où elle laissait retomber ses gardes pour simplement profiter de l'instant. Quiconque pourrait apparaître ne serait plus autant un envahisseur à ses yeux.

Il y avait des images qui tournaient en boucle dans sa tête, des souvenirs autrefois heureux qui prenaient désormais un goût amer dans sa bouche. Des esquisses, qui se dessinaient de façon brumeuses, presque comme si ça n'avait jamais existé. Mais, ça avait réellement existé, n'est-ce pas ? Par moment, il revoyait parfaitement la scène dans sa tête, il était là, un peu à l'écart, comme à son habitude, observant son frère et ses sœurs qui se bagarraient dans la Pouponnière, Petite Passion comme à son habitude prenait les commandes des jeux, elle avait ça dans le sang, son leadership naturel, sa capacité à analyser les situations, à animer les troupes, il se souvient s'être dit un millier de fois qu'elle devait être la représentation de l'enfant parfaite aux yeux de leur père, parce que le grand félin roux semblait être toujours insatisfait, enfant il se souvient qu'il avait eu une image étrange en tête, celle d'une Bête immonde qui le mangeait, le rongeait de l'intérieur, une Bête insatiable, qui murmurait "encore, encore, j'en veux plus, mieux, mieux, il faut faire mieux" quand Petit Amour croisait le regard de son père, il avait peur, non pas parce qu'à l'époque il était la représentation de la froideur et de l'orgueil, non, mais parce qu'il avait le vertige, parce qu'au fond de ses yeux, on pouvait y lire un vide terrible, et Petite Passion elle, n'y voyait pas la même chose, son langage corporel tout entier hurlait des "Papa, regarde moi, je suis là." Il s'était parfois dit qu'ils n'avaient peut-être pas le même père, peut-être qu'il y avait deux Etoile Embrasée, parce que, elle y voyait de la fierté et de l'audace.

Parce qu'il avait essayé, il avait tenté de le comprendre, de tisser des liens avec lui, il s'était dit, peut-être que je m'y prends mal, peut-être que je ne poses pas les bonnes questions. Mais son père était resté le même, intouchable, un mur géant de poils roux et de cristaux de nuit, un mur glacial & menaçant qui se dressait pour lui barrer la route, comme pour lui dire "tu n'as pas le droit d'être qui tu veux devenir, tu deviendras celui que j'aurais écrit, celui que j'aurais façonné à mon image, un guerrier grand, fort & valeureux." Souvent il avait voulu baisser les bras, il avait voulu devenir Guérisseur et son père lui avait vite interdit cette pensée, "Non, Guérisseur ce n'est pas un chemin pour toi." ce qu'Amour avait entendu c'était "Non, cette voie est pour les lâches, les gens qui n'ont pas le courage d'affronter les vrais combats." Il n'avait pas eu besoin de dire ces mots pour qu'Amour comprenne, il savait, il connaissait les idées de son paternel, surtout lorsque ça concernait ses propres petits. Il était hors de question qu'un chat de son sang se dirige vers une voie qui à l'époque, lui inspirait du mépris. Et bien qu'aujourd'hui, le meneur avait bien changé, il savait qu'à son jeune âge le personnage était tout autre. Et il savait aussi, que sans Passion pour croire en lui, il n'aurait, fondamentalement peut-être jamais évolué. Si à mainte reprises, elle ne lui avait pas tenu tête, si elle n'avait pas osée lui dire toute ses vérités, tous ce que lui même, lâche, n'avait jamais osé ne serait-ce que penser ces choses là en sa présence, il ne serait jamais devenu le félin qu'il était aujourd'hui. Et Amour savait que c'était ce pragmatisme qui avait promut sa sœur à un poste de lieutenante. Elle avait tout pour elle, et aujourd'hui elle n'était plus.

Alors papa, tu as vu ? C'est trop tard maintenant, elle est partie. Et cette idée lui déchira le cœur, la seule qui a toujours vu quelque chose de fabuleux en toi, c'est elle la première à être partie, à cause de ta cupidité, à cause de ton entêtement. C'est trop tard.

Oui, Amour Interdit avait un goût amer dans la bouche, et toute cette amertume l'avait poussé à agir de façon lâche, si bien, qu'il riait de lui même à présent, lui qui avait passé sa vie à dédaigner son père, pour mainte raisons, il n'était en réalité qu'une extension de ses pire défauts, la lâcheté qu'il avait lui avait tant reproché dans son manque de prise de responsabilité en tant que parent, le manque d'amour qu'il lui avait reproché.

Mais n'était-ce pas le pire acte de mal-amour que de quitter son Clan au moment où l'on avait le plus besoin de lui ? Comment pouvait-il prétendre à faire mieux, si dans ces actes, il agissait en déloyal.

C'était peut-être tout le sens de son nom, Amour Interdit, et tant dis que ces pensées le torturaient intérieurement, il n'avait même pas prêté attention où ses pas l'avaient menés. Il redressa soudain la tête, et reconnu l'éclat pur des premiers cristaux de lunes qui bordaient le chemin. Il était arrivé si loin ? Il s'était engouffré si profond dans les terres libres ? Qu'allait pensé Etoile Polaire ? M'enfin, est-ce qu'il s'en souciait vraiment ? Il ne s'était jamais vraiment senti à sa place dans ce Clan qui n'était pas le sien. Et la voilà qui revient à la charge, sa perpétuelle lâcheté, quand-est-ce qu'il allait enfin être fidèle à lui-même ? Quand est-ce qu'il aurait le courage d'affronter ses réels désirs ? Balayer les méandres de son cœur et dire "Merde, mais vit Amour, merde quoi, t'es qui en fait ?" Un inconnu, de lui même, des siens. Qui allait pouvoir le trouver ? Le guider ?

Et comme une illumination sous les éclats cristallins des Cristaux de Lune, une déesse se dessina dans son champ de vision, et Amour Interdit ouvrit la bouche, ébahi. Il crut d'abord à un mirage, une farce des étoiles qui se riaient de ses états-d'âme du soir. Et peu à peu sa vision se précisa, et il crut presque reconnaître le songe qui dansait sous les rayons lumineux. Qui était ce visage familier ? Il se souvient avoir déjà été séduis et il se demanda presque si les étoiles ne lui envoyaient pas un signe, comme un Phare au milieu de l'océan en furie qui priait aux bateaux égarés de le rejoindre pour se sauver, les guidant vers la délivrance. Parce c'était ce qu'il était à cet instant, à bateau vagabond, prêt à faire naufrage, et elle était comme une rive sablonneuse et délicate aux milles éclats de joyaux.

Amour Interdit poussa ces idées de sa tête et se dit qu'il était entrain devenir fou tant les idées noires l'avaient rendu misérable, il tenta de reprendre un semblant d'esprit censé, et se rapprocha de la femelle au visage follement familier, pourtant son nom refusait de faire surface dans son esprit. Il tenta, maladroitement un mouvement en sa direction, tout en restant sur ses gardes, il n'avait pas envie de l'effrayer.

" - Hm, bonsoir, je suis persuadé de te connaître, non j'en suis même sûr, excuse moi, je suis un peu perdu ces temps-ci, je me repère nul part, et j'ai sûrement l'air très maladroit, mais quel est ton nom déjà ? "

Il ne savait si c'était le décalage avec sa nouvelle vie dans un nouveau Clan et son mal absolu à retenir les prénoms de tout le monde, en tout cas, ce qui était sûr c'est qu'elle n'était pas du Clan de la Rivière, elle portait l'odeur de la pinède et des marécages, donc sûrement une Ombreuse, et il était sûr aussi d'avoir déjà été frappé par sa beauté, bien qu'il se trouvait très niais à cet instant, il n'oublierait jamais ce visage. Le visage de la douceur.

Voulant se rattraper de sa précédente maladresse, il tenta une approche moins farfelu.

" - Belle soirée pour se promener n'est-ce pas ? J'espérais que la nuit me porterait conseils, mais en réalité, elle m'apporte surtout beaucoup de questionnements. "

Pourquoi est-ce qu'il parlait de lui, elle n'en avait certainement rien à cirer de ses séances de cogitations extrême avec son subconscient. Peut-être même qu'elle avait envie de rester seule et qu'elle était venu ici afin de se ressourcer et de se reposer l'esprit.

" -  Purée, j'suis vraiment un imbécile, j'ai pas réfléchis, peut-être que tu n'avais pas envie qu'on te perturbe dans ta tranquillité, je vais aller aller cogiter un peu plus loin, passe une belle soirée. "

Il commença à se dire que cette conversation n'avait ni queue ni tête, qu'il devait avoir l'air d'un opportuniste abruti et commença à s'éloigner un peu, l'air bête et songeur.

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