RAGE, RAGE AGAINST THE DYING OF THE LIGHT. | Rage de l'Amour |

CARACTÈRE
 - Comment tu décrirais le caractère de ton perso ? N'oublie pas ses qualités et ses défauts : Distante — Charismatique — Fière — Responsable — Intransigeante — Croyante — Loyale — Maniérée — Élégante — Vive — Perspicace — Protectrice — Soignée — Fervente — Critique — Placide — Paranoïaque — Dévouée — Sensible — Tourmentée — Conservatrice — Secrète — Indépendante — Perfectionniste — Obsessionnelle — Méfiante — Passionnée — Romantique — ...

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 - Quels sont ses projets ? Aucun qui n'a attrait à la hiérarchie du Clan - des étoiles Rage de l'Amour n'a jamais lorgné que les froids scintillements dans le ciel, à défaut des préfixes à neuf vies. Redresser son lignage, rentrer dans le droit chemin - échapper à ces murmures qui la poursuivent. Sa fille est devant à chaque pas, ligne de mire de son propre avenir, objet de son adoration comme de ses froideurs : Pygmalion aux griffes d'albâtre, elle la veut parfaite.
 - Et au contraire, sa plus grande peur ? Une faute comme un ricochet aux milles ondes dans le sillage de Petite Némésie : que celle-ci réplique les erreurs de sa mère. L'enfant-miroir n'a de chemin que celui que lui indique sa mère, balancée sur un fil. Le moindre faux pas, la chute, leurs corps au fond du gouffre.
 - A-t-il un point de vue sur les rivalités claniques ? Sa loyauté était déjà toute entière donnée à l’Ombre alors qu’elle marchait avec malice et saluait, cordiale, les félins de l’Assemblée, entretenant ça et là des amitiés. Depuis sa faute, elle s’est retranchée sur le Code, qu’elle applique avec plus de ferveur que les Étoiles mêmes. Elle marche une ligne droite de laquelle elle s’interdit de dévier, intransigeante, implacable : elle se refuse à toute amitié étrangère, consciente et critique de chaque discussion qu’elle peut avoir avec un félin d’un autre clan, obsessionnelle, cherchant à tout prix à y trouver la faille, le mot suspicieux dans ses propres paroles, le chancellement de sa loyauté au travers une affection de trop. Elle cherche à se prendre en faute et invariablement la trouve, se plongeant à chaque fois plus profondément dans sa distance des autres. Si elle souffre de ses amitiés si abruptement coupées, elle n’arrive pas à se l’avouer et se garde bien de le montrer. Elle n’éprouve envers les autres Clans aucun ressentiment qui n’est dirigé que contre elle-même, et se contente d’éviter le contact avec eux autant que possible, redoutant les patrouilles frontalières et se rendant aux Assemblées avec réticences. Il n’y a que l’Ombre, au-dessus de tout autre, que des voisins étrangers, jusqu’à ce que le besoin ne survienne : là alors surviendra l’occasion qu’elle attend presque désespérément de (se) prouver qu’elle lui est fidèle — fidèle aujourd’hui, fidèle jusqu’à la fin de ses jours.
 - Quel est son point de vue sur le Clan des Étoiles ? Sa foi est son feu et ses fers sont sa foi. Elle tire de ses ancêtres la rassurante conviction d’être maillon d’un tout qui la dépasse, elle y puise un souffle de vie chaque fois qu’elle se sent vaciller dans ses convictions. Mais ce lignage l’écrase et l'essouffle. Les cieux sont un matin une aube sans fin sur laquelle elle pose un regard serein, le soir une chape de plomb qui l’étouffe ; il lui semble que les constellations d’étoiles sont mille yeux qui l’épient et le vent leurs murmures de menaces. Ses ancêtres, leurs augures qui la poursuivent jusque dans son sommeil, leurs noms un tourbillon d’Histoire dans lequel elle se noie et s’oublie. Envolée, l’innocente admiration sans faille qu’elle leur portrait étant enfant, il lui a fallu grandir pour apprendre ce qu’était la peur. Les Étoiles la fascinent et la pétrifient, sa dévotion envers elles n’a d’égal que sa terreur — c’est un amour trop enchaîné pour ne pas les haïr à part égale.
 - Quel est son point de vue sur les terres de Valeemar ? Valeemar est sa terre, sa maison ; elle a pu envier à la Rivière leurs eaux limpides et les landes balayées du Vent, étouffée qu'elle était dans la pinède de son foyer. Elle conserve toujours quelque malaise à arpenter ces terres obscurcies du fouillis impénétrable de la pinède et les relents des marécages la répugnent : elle chasse le moindre rayon de soleil et souffle de vent comme une noyée à un radeau.
 - Et sinon, quelle réputation a-t-il : au sein du clan, dans l’ensemble de la forêt ? Du temps de son apprentissage, Nuage de l'Amour était une chatte appréciée ; depuis son repli, ses airs distants, ses yeux tourmentés et son élégance froide tiennent à l'écart les jugements chaleureux qu'on lui portait.
 

PHYSIQUE
 - Ton personnage, il a quel type de pelage ? Elle s’est négligée des lunes durant, et porte en conséquent un attention particulier à son apparence. Elle entretient son pelage court avec grand soin, son poil un curieux camaïeu d’argent, de gris et de blanc qu’elle a transmis à sa fille.
 - Et il a de beaux yeux ? Des yeux lacs, profonds et cristallins, d’un bleu frais.
 - Il est plutôt grand, de taille moyenne, ou petit pour son âge ? Elle est dans la moyenne des chattes de son âge et de sa race.
 - Et au niveau de sa corpulence ? Svelte, ses longues pattes d’argent tendent à allonger sa figure et donner l’impression qu’elle est plus fine que ce qu’elle est réellement.
 - Quant à ses habilités, il est plus ou moins bon en quoi ? À force d’efforts acharnés, elle a réussi à se muscler tant bien que mal, mais cela ne lui donne que trop peu de force lors des combats, auxquels elle n’est que médiocre : elle qui se rêvait guerrière puissante aux griffes aiguisées, de ces utopies ne conserve que le tranchant bien réel de ses vifs coups de pattes. Elle préfère utiliser sa vitesse et son agilité lors de parties de chasse – l’endurance n’est pas son fort, aussi ces excursions pour remplir le garde-manger sont-elles brèves, mais fulgurantes. À sa façon de se mouvoir, on la croirait de la Rivière.
 - Pour finir, a-t-il des signes particuliers ? Des contusions blanchâtres étiolent la peau de son cou, vestiges d’un temps de négligence où elle grattait jusqu’au sang puces, herbes et poussières. C’est avec honte qu’elle prend bien soin de masquer ses cicatrices sous son pelage immaculé.

Il lui reste également un mal de gorge tenace des lunes où elle avalait tout et rien ; les parois de sa gorge demeurent à vif et elle doit mastiquer et avaler ses proies avec application. Elle se rend régulièrement à la tanière de la guérisseuse de l’Ombre afin d’avaler une mixture peu avenante dans l’espoir de guérir ses inflammations.
 

HISTOIRE
 - Ton perso est-il de sang pur ou de sang mêlé ? Sang pur, Ombreuse jusqu’au bout des griffes (mantra assené à vomir par les paters), fierté d’un lignage ancestral qu’elle vient de souiller — horreur d’un ichor confondu, brouillé, perdu avec celui d’un autre.
  - Et ses parents, ils venaient d'où ? Deux guerriers de l’Ombre, comme leurs parents avant eux et leurs parents avant eux.
 - Les liens familiaux de ton perso :

Foi des Augures (PNJ, ✞ ) — Mère
Souffle du Lys (PNJ, ✞ ) — Père

? — Fratrie

Petite Némésie — Fille unique
Petit ? — Fils mort-né
Petite ? — Fille morte-née


- Pourquoi porte-t-il ce nom ? Pas de raison particulière sinon que ses parents l'aimaient bien, god bless.
 - Raconte-nous un ou des événement(s) particulier(s) de sa vie (naissance, baptême, cérémonie, ...) :

Mon corps se dérobe à lui-même et je me déchire. Les hauts murs de la pouponnière dansent devant moi. Je n'avais jamais remarqué à quel point son enchevêtrement était morne, son brun terne, ses branches nues et froides. À l'image de la pinède qui l'abrite, la lumière n'en fait pas chatoyer les feuilles, aucune couleur ne s'y déploie ni n'y respire. Je le déteste aussitôt.

Par deux fois des spasmes me contractent et je sais mon corps se ployer (je ne sens rien). Je n'ai pas besoin de baisser les yeux pour savoir, pas besoin de demander pour comprendre, je sais, je sais, je sais. Les seuls bruits de la pouponnière sont mes halètements et le chant de mon sang qui ruisselle et abreuve le sol terreux. L'odeur restera des lunes. Je sais que la terre n'est pas la seule bête assoiffée ; ma nuque est parcourue de picotements et je suis à ce moment précis observée, percée de mille yeux que le plafond de la pouponnière ne masque pas. Voilà, voilà ma faute qui désaltère mes ancêtres des sueurs de mon corps et du sang de mes — de mes —

Je sens un rire hystérique me prendre la gorge. Je rirais, si les secousses ne m'achèveraient pas.

« Prends-les, enlève-les, » j’halète, la voix blanche d’horreur. Un sanglot me gonfle la gorge et ma vue se brouille, je crois pleurer, je me sais hurler, « ÉPINE FLEURIE, PRENDS-LES MOI ! »

Rends-les moi.

Une vibration sourde résonne dans ma poitrine et je me rends compte que c’est la voix d’Épine Fleurie. Des bribes de paroles désincarnées me parviennent, elles ne sont qu’un bruit parmi d’autres, je ne les comprends pas. Ses inflexions distantes… me questionne-t-elle ? Pourquoi me questionne-t-elle ? Mais elle ne me trompera pas — je le sais, elle prononce la fin. Sa voix un tremblement sourd, Un nom, Rage de l’Amour, un soulèvement de terre grasse et chaude que j’avale et qui m’étouffe, les as-tu nommés ?, qui m’écrase et qui m’enterre. Ne vois-t-elle pas qu’elle doit prononcer trois eulogies ?

J'ouvre la gueule pour le lui dire, mais seul un long vagissement s'en échappe, perçant, affreux — la douleur m'aveugle une troisième fois. Je me contorsionne et laboure la terre de mes griffes ; à mon hurlement cette fois s'ajoute une harmonie, un piaillement aiguë, un braillement pathétique. La pouponnière ne résonne plus que de cet orchestre macabre qui monte, qui enfle, qui gonfle, qui explose. Mes sanglots de concerts avec ceux du dernier corps qui pleure... les morts ne pleurent pas.

Les morts ne pleurent pas, je ne comprends pas pourquoi celui-ci me vole mes sanglots et mes râles, je ne sais rien. Je n’entends ni ne vois rien d’autre que la nuit qui me voile. Quelque chose de chaud et de visqueux remue contre mon ventre, en humidifie la peau tendre.

C'est une femelle, Rage de l'Amour. Je ris. Je ris parce que j'ai déjà une fille, que ma fille est déjà morte, que ma fille est un corps minuscule et blafard gisant dans son sang et celui de son frère. Il me semble entendre les caquètements de ma grand-mère, ses deux yeux jaunes et immondes, sa voix qui me susurre dans l'air vicié de la tanière des Anciens. Une faute pour une chair, Nuage de l'Amour, dis-le bien à tes enfants.  Je crois malgré tout l'avoir aimée. Il n'y a pas grand monde que je n'aie pardonné ni aimé... avant. Avant, avant. Et celle-ci, l'aimerais-je ?

Un nom, Rage de l'Amour, me presse Épine Fleurie de sa litanie incessante. Je m'aperçois qu'elle m'a subtilisé les deux corps roides. D'où que je fouille désespérément la pouponnière des yeux, vidée de tous ses habitants pour l'occasion, je ne les vois pas. Je serai la seule mourante dans cette tanière ce soir.

C'est alors qu'Épine Fleurie me la pousse contre moi, ce corps chaud et braillard, et son excès de vie me submerge. Un long frisson me court les pattes, le poitrail, et je me sens soudain arrachée de terre, portée hors de ma fosse souillée. Une bouffée d'air frais me remplit les poumons, trop vite, trop fort, j'hoquète, je tousse, je crache. Je tords mon cou dans tous les sens, aveuglée par ce nouveau monde dans lequel je titube, quand mon regard accroche une corolle rose et blanche. Nichée au creux d'un entrelacs de branches brunes, blottie entre deux tiges nues, elle fleurit au coeur de ce tableau de damnés.

« Rage de l'Amour, peux-tu respirer ?  » Un nom, un nom, je le veux prononcer (aucun retour en arrière après ces proférations). Nommer la faute, c'est l'avouer. Je ne sais plus, dans le tournoiement de mes affres et la fatigue dans laquelle je me laisse lentement couler, sonnée, exsangue, je ne sais plus si c'est moi qui la condamne ou si c'est elle qui nous précipite au bas du gouffre. « Petite Némésie. » Ma voix plus qu'un chuchotement épuisé, un aveu. Je n'en comprends encore pas la teneur. Je sais simplement, avant de m'évanouir, que ma fille vient de me donner naissance.