Let the healing light come in || Ft. Petite Némésie

petite némésie & dent de sabre - lune 1210

Les rayons diurne qui se faufilaient à travers la pinède qui servait de campement pour le clan de l'Ombre annonçait une nouvelle journée. Petite Némésie, tout juste âgée de deux lunes seulement, ouvrit ses paupières pour laisser place à deux iris bleues. Un jeu de cache-cache se jouait entre le voile de peau protecteur de ses yeux et ses pupilles qui cherchaient à s'habituer à la lumière de l'astre solaire dont les rayons parvenaient tout juste au nid de mousse de sa mère, au fond de la pouponnière. Les oreilles pointées vers l'avant, la petite tentait de trouver une quelconque indication sonore de quelqu'un d'éveillé, mais seul les ronflements et les respirations calmes indiquant un sommeil profond lui répondit. Dans un soupir, la petite au pelage clair escalada maladroitement le corps de sa mère, qui répondit par quelques mouvements de muscle inconscient, toujours plongée dans le sommeil, pour traverser la pouponnière. Elle passa quelques coups de langues sur son pelage pour cacher les mouvements nocturnes—sa mère lui avait toujours donné leçon sur l'importance de son physique—avant d'observer le campement avec curiosité. Sa première lune avait été passée majoritairement à la pouponnière, mais maintenant son intérêt naturel de chaton demandait à en apprendre plus.

Observant le campement s'activer de bon matin, la victime de sa curiosité se posait sur l'antre voisin à la pouponnière ; une clairière entouré d'arbres recroquevillé. Les moustaches remuantes, la petite s'avança la tête haute et les yeux brillants et se logea près de l'un des arbres qui protégeait l'antre. Petite Némésie laissa sortir sa tête du haut d'une racine, les pattes avants posées sur cette dernière, et observa devant elle la masse sombre posé sur un nid de feuilles mortes. La petite observa son aîné avec intérêt—elle ne connaissait pour l'instant pas les chats en dehors de ceux réfugiés dans la pouponnière et ne pouvait pas mettre un nom sur cette masse de poils emmêlés. Sa curiosité atteignant des apogées, la petite s'approcha de l'entrée tandis que le mâle commençait à mâcher une pile de plantes. Plus la petite entrait, plus son museau était attaqué d'odeurs diverses et nouvelles. Son nez remuait face à ces nouveautés tandis que le vétéran l'aperçut enfin, la tête tournée vers Petite Némésie, qui se figea à l'instant, le corps bas et les oreilles en avant, à l'affût du moindre geste qui indiquerait que sa présence n'est pas voulue—elle voulait tout de même éviter les ennuis. Après quelques secondes de fixation, la chatonne en conclut que la voie était libre, et s'élança aussi agilement qu'un chaton puisse l'être et s'arrêta en face du tas de plantes. « Ça a pas l'air très bon. » Elle approcha son visage des feuilles avant de le reculer, le nez retroussé et les oreilles pivotées vers l'arrière. « Ça sent fort aussi ! » La petite remua la tête avant de poser timidement sa patte sur l'une des feuilles pour sentir sa texture sous ses coussinets. « Tu dois pas manger ça pour le plaisir. T'es malade ? » Son attention totalement portée sur le soin, la petite n'avait pas remarqué son immense balafre.

petite némésie & dent de sabre - lune 1210

« Non effectivement. Tu as bien deviné. J'ai été blessé pendant la guerre, et Épine, notre guérisseuse, me donne des plantes pour m'aider à guérir. » La chatonne gardait son attention tournée sur le tas de feuilles, sans même remarquer que le vétéran s'était éclairci la voix. D'un léger mouvement des iris, la petite posa son regard sur le visage du matou qui lui offrait un sourire, mais son corps restait penché vers les médicaments prescrits à son aîné. « J'imagine que tu es Petite Némésie ? » La petite se redressa d'un coup à l'appel de son nom—était-elle déjà connue du clan, du haut de ses deux lunes ? Elle espérait qu'ils disaient du bien d'elle, surtout de son physique. « Je connais bien ta maman. Moi, je m'appelle Dent de Sabre. » Le regard plongé dans celui d'ambre du matou, la petite frétilla ses oreilles avant qu'il ne commence à faire sa toilette. « Oui. Petite Némésie. Je- » La petite remarqua soudainement l'immense balafre dangereusement proche de sa gorge. « AH ! » Dans un cri surpris, la petite tourna les talons et s'élança en dehors de l'antre de la guérisseuse sans un mot de plus.

Ses grandes pattes la menèrent immédiatement à la pouponnière. Ignorant sa mère, Rage de l'Amour, allongée sur le lit de mousse, elle prit en gueule quelques fleurs de chrysanthème que sa mère avait trouvé sur le territoire et ramené pour tenter d'égayer le nid dans lequel se reposait son âme déchue—pour cacher les apparences, on pourrait dit. La queue haute, elle reprit route en direction de l'antre d'Epine pour rejoindre le matou, les fleurs un peu trop grande pour la chatonne traînant sur le sol, laissant derrière elle un chemin de pétales jaunes. Elle posa fièrement son butin devant le matou et lança un regard horrifié sur l'entaille. Reprenant ses esprits, elle se mit au travail ; elle attrapa les fleurs une par une pour les poser sur la balafre, veillant à ne pas trop mettre de pression sur la blessure mais assez pour que les chrysanthèmes restent en place. Une fois fini, Petite Némésie recula de quelques pas, admirant son travail, avant d'esquisser un sourire. « Et voilà ! » La petite redressa le regard pour le planter sur le visage du matou. « C'est la même couleur que tes yeux. » Petite Némésie laissa échapper un léger rire avant de regarder à nouveau la balafre couronnée de fleurs. « C'est plus joli comme ça. On voit moins tes poils en bataille. » Ce n'était pas une bonne chose à mentionner—mais la petite disait ce qui lui passait en tête, une habitude qu'elle perdra peu même en grandissant.

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Le vétéran joignit son rire dans celui plus aigu de la petite, formant une cacophonie agréable aux oreilles de la chatonne. L'éclat de la joie de la petite s'arrêta quand l'aîné reprit la parole, Petite Némésie l'observant avec des yeux dans lesquels brillaient une lueur amusée. « Et je me sens beaucoup mieux, avec ton aide, je vais guérir encore plus vite ! » La petite boule de poils claire écarquilla ses yeux toujours brillants lorsque l'ancien lieutenant se redressa pour montrer son "dur" travail—un travail dont elle était fière. « Woah ! » La petite laissa échapper quelques rires avant de sautiller légèrement, se rapprochant du matou avant de s'asseoir devant lui, un grand sourire planté sur le visage, un miroir du même sourire que Dent de Sabre affichait sur son propre visage. Elle se laissa ronronner quand le matou posa sa queue sur son épaule—un signe d'affection de la part d'un mâle plus âgé était toujours accueilli par la petite, dont la vie était manquante de figure paternelle, bien qu'elle soit trop jeune pour comprendre la gravité de ce vide. « Je ne te savais pas aussi douée, bientôt, tu pourras aider Épine à soigner les blessés ! Ta maman serait très fière de toi, je ne manquerais pas de le lui dire quand je serais sorti d'ici ! » Petite Némésie redressa les oreilles à la mention de sa mère, les yeux brillants à nouveau. Sa mère sera tellement fière d'elle si elle entendait cela, non ? Serait-elle fière si elle pensait qu'elle avait les aptitudes à devenir apprentie-guérisseuse ? La petite n'avait jamais réfléchi à cette possibilité avant. « C'était juste pour faire joli, mais ça soigne vraiment ? » La petite exclama avant de dévisager d'un air curieux le collier de fleurs du matou. Pensive, elle fronça les sourcils pendant quelques secondes, avant de redresser le regard vers Dent de Sabre, la mine comiquement douteuse, avant de lâcher un léger sourire. « Tu meeeeeeens. Pas vrai ? » Petite Némésie laissa la voyelle se prolonger, avant de reprendre. « C'est pas grave si tu mens. J'aime bien les compliments quand même. » La petite afficha une mine fière. « On dit que je ressemble à ma maman. Elle est belle, non ? Alors ça veut dire que je suis belle aussi. » Petite Némésie bougea lentement la tête pour montrer son meilleur profil—ou tout ses meilleurs profils, si on lui demandait son avis—, la mine sérieuse même si une lueur amusée brûlait dans ses yeux bleus, les mêmes qu'elle partageait avec sa génitrice. Après quelques moments à se pavaner devant le vétéran, la petite le regardait droit en face, un sourire espérant sur le visage. « Mais tu peux quand même dire à maman que je t'ai guéri, hein ? Elle sera fière, vraiment ? » Peut-être qu'enfin sa mère se comporterait de façon moins distante et stricte, la petite l'espérait.