[Event] Sauver Oeil Glacé [Lune & Tonnerre]

garder Oeil Glacé

De ses pattes puissantes elle envoya le guerrier noir et blanc voler en arrière. Malheureusement pour elle, le bord devait être plus loin qu’elle ne le pensait car bien qu’il soit à deux doigts de tomber du haut de la falaise, il eut assez de temps pour reprendre son équilibre et retomber sur ses pattes. La femelle tigrée n’avait pas perdu de temps pour se relever, et elle aurait profité du fait que son adversaire soit déséquilibré pour en finir avec lui, s’ils n’avaient pas été interrompus par une petite guerrière brune qui tremblait et essayait de se retenir de pleurer. Le choc de voir un tel spectacle en plein champ de bataille la fit s’arrêter net. Qu’est-ce n’allait donc pas chez ces luneux ? Est-ce que personne ne savait se battre ? Est-ce qu’être un guerrier n’était qu’une farce à leurs yeux ?

Ame de Venin n’eut rien à dire. Le lieutenant adverse ne la quittait pas du regard, elle pouvait voir toute sa rage et son désir de vengeance dans ses pupilles, et cela la fit sourire. Il avait raison, qu’on en finisse. Aussi vite qu’elle s’était arrêtée, la bataille reprit. Dans des feulements de rage et des cris violents, les deux guerriers s'échangeaient à nouveau coups et blessures tandis qu’ils roulaient au sol, la lieutenant ne sentait même plus les touffes de poils qu’on lui arrachait, la douleur des blessures était passé au second plan face à l'adrénaline qui bouillonnait en elle et dictait ses mouvements.

Et l’adrénaline la lâcha un instant tandis qu’elle reprenait son souffle, tandis qu’elle s’apprêtait à mordre, dans un éclair de douleur son champ de vision se teinta de rouge et la chatte vit un instant des étoiles, son regard aveugle. Le Mouette Rieuse en profita pour la plaquer au sol, la maintenant en position. Tandis que la vue lui revenait, elle l’observa au-dessus d’elle tandis qu’il semblait réfléchir. Leur respiration était courte et cette pause lui permet de retrouver son souffle. Qu’allait-il faire ? Se “venger” ? Est-ce qu’il en avait seulement le culot ? Elle en doutait.

Son sourire s'agrandit quand il fit un pas en arrière et elle n'attendit pas un seconde pour se relever. Elle se passa la patte sur son œil meurtrit, se demandant un instant s’il lui avait crevé, mais elle se saurait une fois rentrée au camp. Pendant qu’elle observait un instant sa patte ensanglantée, il faisait son plus beau discours. Remercier le clan des étoiles ? Le clan des étoiles n’avait rien à voir là dedans. Il n’avait juste pas eu le cran de finir ce qu’il avait commencé. Et elle, elle n’en avait pas fini. Sa fourrure doubla à nouveau de volume quand il se retourna et elle fit un pas vers lui.

Son cri l’obligea à détourner le regard, juste à temps pour voir - et entendre - le bord de la falaise se briser en deux comme un silex. Un instant, les chefs se battaient comme les guerriers autour d’eux, et le suivant, ils avaient disparu. Mouette Rieuse s’était mit à courir dans leur direction et  me de Vennin lui emboîta le pas, le combat oublié pour l’instant. Arrivée près du bord, elle poussa sans ménagement Nuage de l’Acacia pour l'éloigner du précipice, il ne manquerait plus que d'autres chats tombent, et elle ne voyait pas Etoile Embrasée en bas.

Ombre des Chouettes fit son entrée, accompagnée de son compagnon. La guerrière se demanda un instant ce qu’il faisait là puisque sa tâche était ailleurs, mais finalement il tombait à pic - c’était le cas de le dire. Elle le suivit tandis qu’il descendait tant bien que mal la falaise, la femelle sentit sa patte glisser sur la roche de temps en temps et son corps faisait à chaque fois un bon dans sa poitrine, après tout elle n’avait qu’une vie, elle. Arrivé en bas, le guérisseur se jeta à l’eau, suivit de Chant d’Espoir.  me de Venin resta sur la berge, les suivants du regard et prête à intervenir en cas de besoin. Bien qu’elle sache nager, cadeau des apprentissages de sa mère, elle n’était clairement pas du niveau des membres du clan de la rivière, et elle n’allait pas leur mettre des bâtons dans les pattes voir pire, elle n’allait pas couler elle même. Ils avaient déjà assez de chats à sauver.

Le temps s’écoulait terriblement lentement tandis qu’elle essayait autant que possible de voir ce qu’il se passait dans la rivière. Les flots noirs semblaient absorbés tous les rayons de la lune et le sang qui s’écoulait de son arcade ne l’aidait pas. Elle passait son temps à s’essuyer le visage de sa patte puis, les yeux plissés, elle continuait de chercher son chef du regard.

Quand elle aperçut le corps d’Etoile Embrasée faire surface, soulevé par le guérisseur qui peinait à le maintenir à la surface, il n’en fallut pas plus pour que la lieutenant se jette à l’eau à son tour. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas nagé et cela se voyait : ses gestes étaient maladroits, ses blessures lui brûlaient, ses pattes courbaturées avait du mal à s’étendre en avant. Malgré tout, elle arriva à sa destination et attrapa le chef roux par la peau du dos et commença la douloureuse nage vers la rive. Le corps du grand matou était un poids mort, Etoile Embrasée ne bougeait pas d’un poil, et elle espéra qu’il se trouvait juste dans les limbes qui menaient à sa prochaine vie. La chute avait été haute et l’impact avec la surface de l’eau avait dû être rude :  me de Venin priait le clan des étoiles pour que ceci ne soit pas la fin de la fin.

Quand elle sentit enfin la terre sous ses pattes, elle redoubla d’effort pour tirer Étoile Embrasée hors de l’eau. Leur pelage dégoulinant d’eau laissa une traînée rougeâtre, son sang comme celui de Mouette Rieuse : sa baignade aurait au moins eu le mérite de lui laver le pelage. Une fois son chef en sécurité sur la berge, elle s’assura qu’Ombre des Chouettes soit lui aussi remonté. Pouvait-il seulement faire quelque chose ? Ou devraient-ils tous attendre que le guerrier roux se réveille de lui-même avant d’agir ? Il se réveillerait, il le fallait.

Elle s'ébroua et regarda autour d’elle un instant. Son regard rouge se fit dur quand il se dirigea vers les guerriers de la lune qui se trouvait non loin de là, leur chef lui aussi inconscient. Mais le moment était passé. “Appelle-moi si tu as besoin d’aide,” dit-elle à Ombre des Chouettes doucement en se tournant à nouveau vers lui. “Je descendrais si Etoile Embrasée a besoin d’aide pour remonter.” Prenant le parti pris que le chef allait se réveiller d’une seconde à l’autre, et la mission toujours au devant de son esprit, elle remonta prestement la falaise - la montée était pour elle beaucoup plus facile que la descente - pour voir ce qu’il se passait en haut. Si un Luneux pensait pouvoir profiter d’une accalmie pour récupérer Oeil Glacé, il se trompait. Tant qu’Etoile Embrasée n’avait pas dit le contraire, la mission continuait.

@tonerre et lune + lune 1212

HRP:

Le silence qui régnait dans la combe du camp était, au-delà d'être inhabituel, inquiétant. Là où il aurait dû y avoir des éclats de voix excités provenant de la tanière des apprentis et des salutations pour une bonne nuit de celle des guerriers, ne demeuraient que des chuchotements tendus. Les arrivées des guerriers de la Rivière, de l'Ombre et du Vent avaient jeté un froid sur le clan qu'avait entériné le discours plein de hargne d'Etoile Embrasée. Des paroles qui résonnaient encore à ses oreilles avec autant de bruit que si elle était en pleine tempête. Des chatons ravis par des chats inconnus, une bande de solitaires, et certainement apparentés à cette bouffeuse de belladone et son compagnon, une ombre blanche silencieuse et courbaturée de cicatrices. Elixir de Belladone et Ninja. Ces noms seraient longtemps synonymes de colère et de vengeance dans le clan du Tonnerre, et Plume de Mésange ne pouvait que partager avec ses camarades le ressentiment qui l'habitait. Si la mort de Lever du Jour et l'agression de Petite Sentinelle l'avaient choquée, celle de Passion Ardente l'avait touchée. Parce que la douleur de son ancien mentor, lorsque des guerriers avaient ramené le corps sans vie de sa fille, lui avait tiraillé le cœur. Et dire qu'elle avait douté de la nécessité de disposer de Ninja si l'occasion se présentait... Cependant, la guerrière rayée avait fait partie des quelques guerriers souhaitant rester au camp et ne pas participer à la mission d'enlèvement. Si elle compatissait avec la tristesse de son chef, elle était restée intransigeante quant à sa soif de vengeance. Mais elle avait préféré taire son désaccord plutôt que de causer inutilement un énième toilé.  Elle savait que peu partageaient sa vision des choses et sa retenue, et c'est pour ça qu'elle ne put que sentir son poitrail se gonfler légèrement de fierté devant le courage qu'afficha son frère lorsqu'il fit part de ses protestations. Certes, il ne fut pas le moins du monde écouté mais voir le changement qui s'opérait en lui chaque jour restait l'une de ses seules joies.

Le ciel, vaguement dégagé en cette fraîche soirée, laissait entrevoir les étoiles, observatrices silencieuses des affres qui divisaient les chats des clans. Cela faisait désormais un long moment que le groupe mené par Etoile Embrasée et la nouvelle lieutenante était partis, et chaque nouvelle minute qui passait était une de trop. Ils auraient déjà dû être de retour. Les terres de la Lune n'étaient pas les plus proches mais si tout s'était déroulé comme prévu alors ils auraient déjà reçu un mot de Loup ou Foudre. Or, Amour Interdit était le seul à apparaître dans son champ de vision, gardant l'entrée du camp. Assise non loin du promontoire, elle sentait une pointe d'appréhension monter petit à petit. L'état dans lequel était parti son ancien mentor... Dans ses yeux se reflétait le guerrier dur et implacable de sa jeunesse. Oui, elle s'inquiétait un peu pour lui.

Lorsqu'elle vit Ombre des Chouettes débouler vers l'entrée en galopant, elle sut définitivement que quelque chose n'allait pas. Elle n'attendit pas plus de quelques minutes, passant la tête dans la pouponnière pour s'assurer que tous les chatons étaient bien là. Une fois rassurée, Mésange s'élança à la poursuite de son frère, non sans échanger quelques rapides paroles avec Amour Interdit. « Quelque chose ne va pas. Garde un œil ouvert sur l'entrée et la pouponnière ! »

*

Suivant la trace des deux guérisseurs et du groupe de guerriers avant eux, la chatte rayée n'eut aucun mal à trouver son chemin. Bientôt, des miaulements et des cris parvinrent à ses oreilles. Au fur et à mesure qu'elle courait et se rapprochait, elle pouvait entendre des bribes de voix, dont certaines qu'elle ne reconnaissait pas. Le clan de la Lune. Plume de Mésange accéléra la cadence avant d'arriver sur les lieux, dérapant sur les graviers. Une marée de fourrures diverses et variées lui fit soudainement face, chaque guerrier, chaque apprenti, chaque chat criant et vociférant ; injures, supplications, protestations... Elle eut à peine le temps de faire un pas vers les combats qu'un grondement assourdissant couvrit tous les bruits de la bataille. Comme tant d'autres, elle ne put que suivre du regard Souvenir des Etoiles et Etoile Embrasée, leurs corps disparaissant subitement pour dégringoler de la falaise. Un hoquet de stupeur remonta de sa gorge. Elle resta figée un instant, n'en croyant pas ses yeux avant de se mettre à slalomer entre les combattants surpris. Atteignant le bord de la falaise, elle vit son frère et son compagnon se jeter dans la rivière pour récupérer ceux qui n'étaient plus que deux silhouettes sombres dans l'eau. Quelle folie est-ce là ? Mue par l'urgence, la guerrière allait bondir à son tour dans la pente lorsqu'elle croisa le chemin de sa chère tante, Âme de Venin. Le regard rivé sur le rebord de la falaise, il était évident que la lieutenante n'avait qu'une seule chose en tête : continuer.

Un matou noir et blanc, qu'elle identifia comme le lieutenant de la Lune, apostropha violemment sa tante. Il semblait en colère. Bouleversé, si la posture défensive qu'il avait adoptée au-dessus de son chef était un signe. Elle jeta un coup d'œil au corps inanimé de son propre chef avant de tourner son regard vers le pelage crème de Souvenir des Etoiles. « ... mais j'ai toujours été différent. » Renâclant brusquement, Plume de Mésange gravit les quelques pas qui la séparaient d'Âme de Venin. Elle nota son œil gauche ensanglanté, puis les lacérations qui zébraient son corps. « Tu comptes devenir aveugle ? Et avoir besoin d'une branche pour savoir où tu fous tes pattes ? » La voix pleine de cynisme, elle continua. « Celui qui t'a eue ne t'a pas loupé par contre. Tu ferais mieux de montrer ça tout de suite à Ombre des Chouettes. » N'ayant aucune réponse, elle durcit sa voix, laissant filtrer un peu de cette âpreté qui l'avait prise à la gorge quelques secondes auparavant. « Etoile Embrasée vient de perdre une vie Venin. Si ça continue, il y aura des morts sans que personne n'obtienne ce qu'il souhaite. C'est ça que tu veux ? Je sais que tu as toujours été fascinée par le morbide mais il y a des limites. » Âme de Venin et elle avaient toujours eu une relation à griffes tirées, se supportant difficilement malgré leur lien de parenté. Si d'habitude Mésange laissait couler les affaires de sa tante par commodité et, soyons honnête, rien foutisme, il était cependant hors de question dans son esprit que la chatte au pelage gris rayé relance les hostilités. Pas après ce qu'il venait de se passer.

Le chaos. L'atmosphère semblait être au ralenti lorsque Fée regarda impuissante les deux meneurs disparaître dans le gouffre, dans un craquement sourd, la terre céda, et avala avec elle Souvenir des Etoiles et Etoile Embrasée, la jeune guérisseuse eut un geste presque inutile mais instinctive et son corp se jeta en avant, la patte dans leurs directions. Mais la tricolore était bien trop loin pour pouvoir les atteindre, et bientôt des larmes de rages inondèrent ses yeux d'éclat doré. Elle ne mit pas longtemps à prendre la suite d'Ombre des Chouettes et son compagnon, Chant d'Espoir, et cavala de toute ses forces jusqu'au fond du gouffre, prenant des chemins escarpés et parfois dangereux. Puis, elle resta sur la rive en observant avec espoir les deux félins se jeter dans les torrents glacés à la recherche des corps des deux félins disparus. Papillon Ephémère retint son souffle au même moment où Ombre des Chouettes passa la tête sous l'eau, et elle ne reprit son souffle qu'au moment où il émergea à nouveau, mais bientôt, elle se rendit compte que quelque chose clochait, tandis que Chant d'Espoir tirait déjà le meneur crème des profondeurs, Ombre des Chouettes gesticulait bizarre à la surface, stagnant sous le poids du meneur roux, et bientôt elle tilta. Il était entrain de se noyer sous le poids colossal de son meneur et Fée laissa s'échapper un cris de terreur. Mais bientôt, une masse grise entra en scène, et Fée reconnut Âme de Venin se hisser jusqu'à son meneur et aida son guérisseur à le ramener. La jeune féline tricolore frissonna d'émotions, la lieutenant avait quelque chose de terrifiant et de déterminé dans ses yeux, parfois, Fée la pensait prête à tout pour arriver à ses fins, lorsqu'elle l'avait vu aux prises avec Mouette Rieuse, prête à le tuer si il le fallait, la féline en avait tremblée. Elle s'était mise à penser que Venin était certainement cruelle et qu'elle ne ressentait rien pour pouvoir infliger de tel blessures. Pourtant, lorsqu'elle s'était jeté sans réfléchir pour sauver la vie de son meneur et de son guérisseur, il n'y avait eu aucun doute, elle devait accomplir son devoir, pour le bien de son Clan, le bien des siens, et c'est à cet instant que Fée comprit quelque chose. Elle n'était cruelle qu'envers les autres Clans, mais Âme de Venin ne ferait sans doute jamais rien qui irait à l'encontre du sien. Lorsqu'elle l'observa braver le courant, malgré ses blessures abondantes et la douleur, c'est à cet instant qu'elle réalisa qu'Âme de Venin était terrifiante parce qu'elle ne reculait devant rien.

Bientôt se fut au tour de Mouette Rieuse de les rejoindre, dévasté par la colère et l'inquiétude, le félin bicolore n'était plus la même personne qu'elle avait connu. Il se rua sur le corps inerte de Souvenir des Etoiles et s'imposa au monde, en couvrant son corps du sien, défendant quiconque qui oserait s'approcher, d'avancer d'un moindre pas. Le lieutenant feulait en direction d'Âme de Venin, et les deux chats se confrontaient sans même se toucher, leurs regards se lançaient des éclairs. Ses paroles se dévasèrent avec haine et rage et Papillon resta interdite, jusqu'au moment où Mouette Rieuse l'appela ;

« Appelez Papillon Éphémère. Il ne tardera pas à se réveiller. Les Étoiles auront certainement parlé. »

Elle se précipita vers le corps de Souvenir des Etoiles et débuta un massage à sa cage thoracique dans le but de faire sortir les derniers jet d'eau qui étés prisonnier dans ses poumons, elle savait qu'il avait déjà perdu une vie, mais en évacuant ce qu'il restait, elle lui permettrait sans doute de ne pas en perdre une seconde. C'était sa première intervention seule pour une tel urgence, et quelque part, elle était paniquée mais ne laisser rien paraître, son Clan, non, son meneur avait besoin d'elle, Souvenir des Etoiles avait besoin d'elle, elle n'avait pas le temps à se perdre dans ses angoisses, elle devait agir.

Un court moment d'inattention, d'une courte distraction pour que la rousse soit en mauvaise posture. Le félin rayonnant avait profité de ce lent supplice, de cet instant durant lequel les meneurs étaient sur le point de chuter. Tout les guerriers étaient en suspension, sauf lui, qui en avait cruellement profité.
Il lui sauta brièvement dessus, répartissant son poids sur elle. Léger elle le trouvait, mais néanmoins, elle ne fut pas pour autant en bonne posture.
Prise par surprise, la princesse de flamme feula rageusement, tentant en vain de se libérer de l'emprise du Luneux. Elle jetait des oeillades vers Étoile Embrasée, craignant le pire, ne pouvant se détacher de la scène.
Malheureusement pour elle, cette semi-attention ne l'aidait pas, et elle ne parvenait toujours pas à se détacher de cette emprise, emplie de colère. Et un premier coup parti. Puis un deuxième, un troisième. Une rafale de coups de griffes s'abattait sur le visage de la rouqine, son visage se transformant peu à peu en un gâchis sanglant. Elle ne comptait plus les coups, et ne prenait plus la peine de se débattre. Elle ne cria pas. Elle ne fit aucun bruit. Seul son regard trahissait sa douleur. La douleur de voir son père sombrer.
Puis comme un muet retrouvant sa voix, elle brisa le silence.

"P-papa..."

Comme un murmure, ce n'était pas Idylle des Flammes qui avait parlé. Petite Idylle, celle qu'elle était avant, cette petite féline souriante en toute circonstance.
Cette phrase eu l'effet d'allumer une flamme nouvelle en elle.
Elle plongea en avant et labourant le flanc de son assailant, elle parvient enfin à se libérer.
Elle se mit à courir, bousculant les félins sur son passage, ne faisant attention à rien d'autre que la terre qui continuait à sombrer doucement dans le vide.
Passant à côté de son apprentie, elle ne lui adressa pas un mot, pas un regard, et continua sa route qu'elle avait toute tracée.
Sautant sur des rochers non loin, elle arriva dans l'eau au même moment qu'Ombre des Chouettes.
Alors qu'elle nageait rapidement, un cri sourd sortit de sa gorge. Après son visage, voilà que sa patte elle aussi subissait l'inconscience de son père, l'inconscience de son clan.
Cette dernière, coincée dans les rochers, la faisait souffrir plus que jamais.
Dans un ultime feulement, elle tira fortement, et cette dernière se libéra enfin de sa prison de roche. Elle devait sûrement être tordue, c'est ce que la douleur lui communiquait. Ne parvenant plus à la bouger et voyant que plusieurs guerriers avaient remonté Étoile Embrasée, elle suivit le cortège.

Cette bataille avait été inutile, mais la mort de son père elle, ne restera pas impunie

Un temps de retard. Un temps suffisant pour faire pleuvoir les coups de griffes, un temps durant lequel il jouissa d’une satisfaction malsaine qui lui fera plus tard cruellement honte. Celle d’avoir le dessus, de pouvoir blesser sans être blessé en retour, de pouvoir faire mal comme on avait fait mal aux siens. Il réalisa trop tard, la grande guerrière aurait pu avoir le dessus, il la maintenait fermement mais elle ne se débattait même plus. Les larmes dans ses yeux n’étaient pas des larmes de douleurs. Elle ne le regardait même plus, ses prunelles vertes fixées vers la falaise. Bientôt, il suivit sonr egard, remarquant dans le même temps le silence glacial qui était tombé sur le champs de combat. Plus personne ne bougeait. Et là où les deux chefs se tenaient l’instant précédent, seul le vide s’ouvrait, une abysse qui les avait tous avalés en une seconde.

Après le calme la tempête. Les cris. Ici on appelait au secours, à qui savait nager, à qui savait guérir. Mais lui n’avait rien su faire d’autre que se battre, il était devenu inutile en quelques secondes. Perdu dans les tréfonds de son angoisse, il se recula, libérant la guerrière du Tonnerre de son emprise, la fixant d’un air terrorisé à présent, comme si c’était elle la responsable. Oui, si elle ne s’en était pas prise à Croissant de Lune, peut-être aurait-il été aux côtés de Mouette Rieuse, aux côtés de Souvenir des Etoiles, peut-être aurait-il…

C’est en dérapant qu’il dévala la pente contre laquelle les meneurs avaient chutés, son coeur encore tressautant d’adrénaline pour rejoindre son clan regroupé les pattes dans l’eau près de leur meneur qui s’éveillait. C’est avec une bile amère dans la gueule et les pattes tâchées du sang ennemi qu’il rentrera au camp ce soir.