I wanna go outside (with you) - ft Bulle d'Océan

C’est triste à dire, mais il me semble réellement que la vieillesse a une odeur. Ou alors, c’est juste que cet ancien en particulier pue, je ne sais pas. Comment est-ce possible de rivaliser de puanteur avec la bile de souris ? Heureusement, cette substance odorante me donne une excuse pour pouvoir froncer le museau à loisir sans vexer le vieux félin. Je tire une dernière tique en retenant un soupir de soulagement, et esquisse un sourire contrit devant le l’exclamation de douleur. Pardon pardon, j’ai peut-être tiré un peu fort, je le reconnais ! Mais enfin, il faut se mettre à ma place aussi. Passer la matinée entière à faire les tiques, c’est vraiment pas marrant. On dirait que tous les guerriers se sont passer le mot pour me coller la corvée dès que possible en ce moment, et ce pour n’importe quelle excuse, même des trucs qui ne sont parfois pas de mon ressort ! Bon, d’accord, c’est vrai que j’ai parfois oublié d’emmener de la mousse humide aux reines comme on me le demande… Et oui, j’ai peut-être glissé un poisson avec une sale odeur dans le tas de gibier une fois, mais c’était une blague ! Parfois, les gens ne sont vraiment pas drôles.

Je reprends ma boule de mousse imbibée de bile de souris – berk – et me glisse avec toute l’agilité et la rapidité dont je suis capable hors de la tanière des anciens. Je cherche à tout prix à éviter ceux dont je n’ai pas encore croisé la route, si je continue je vais vraiment puer pendant les trois lunes à venir. Hop, je traverse le camp en quelques bonds pour aller jeter ma boule puante dans le coin des déchets, et me passe la langue sur le pelage pour me donner un air sérieux et appliqué. Je suis une apprentie modèle enfin, tout le monde le sais. Et surtout lui, mon prochain objectif que j’aperçois au centre de la clairière. Heureux de s’être débarrassé de moi pour une partie de la journée, il déguste une proie près du tas de gibier. Je m’approche à pas légers, de l’air de celle qui a terminé tout son travail (c’est vrai) et qui est prête pour une nouvelle tâche (c’est faux).

« Bulle d’Océan, bonjour ! J’étais de corvée ce matin, tu le savais sûrement. »

Je suis sûre que c’était en partie de sa faute, mais je ne peux pas me vexer. Il faut que je me montre exemplaire là maintenant.

« Mais j’ai tout bien fini ! Je suis sûre que plus aucun chat n’a de tique dans le Clan du Tonnerre. »

Bon, c’est un petit mensonge, il en reste sûrement quelques-unes qui traînent, mais pour tout dire, je suis sincèrement fière du travail que j’ai fait. Et je crois qu’avec le temps que je passe en corvée de tiques, je vais bientôt être l’apprentie qui en aura tué le plus de toute l’histoire du clan ! Bon, je préfèrerais un truc plus stylé comme record, mais ça ne m’empêche pas de me tenir bien droite, la queue pointée et un petit sourire satisfait aux lèvres devant mon mentor.

« Du coup, je me disaiiiiis… On peut sortir maintenant ? Peut-être une partie de chasse ? Ou, on peut me tester au combat ! Une simulation de vraie guerre ! J’ai bien révisé les mouvements qu’on avait fait la dernière fois, promis. »

J’esquisse quelques coups de griffes dans les airs, terminant par un beau plongé vers sa proie à moitié mangé. Me retrouvant la tête en bas sur le sol, je fais les yeux doux au félin gris qui peut à présent me regarder de haut. Oups. Je reprends mon sérieux, me redressent et prenant un air très solennel.

« Ouuu, une évaluation ? Pour voir ou j’en suis ? On n’en a encore jamais fait ! »

Oups, voilà que mes intonations de chaton capricieuse ont refait leur apparition. Tant pis, peu importe ce qu’il choisit, je n’en peux plus de rester coincée ici. Pourvu qu’il accepte de m’emmener au dehors, et vite. Je piétine d’impatience.