I wanna live and learn ⎯ ft. Saule Pleureur

I wanna live and learn. Saule Pleureur & Nuage de Verveine +

Ce qui lie deux personnes entre elles est, d'après les dires des plus utopistes, tout bonnement inébranlable. Et cette immuabilité est d'autant plus renforcée lorsque ce qui semble attacher deux êtres est leur affinité sanguine. Plus les âmes sont familialement proches, plus cette entrave les obligera à s'aimer toujours plus fortement. C'est donc dans ce style de pensée que Saule Pleureur s'était sentit dans sa jeunesse plus complice de son frère que de quiconque dans ce monde. Il avait aimé Pin Sylvestre avec une telle force que lorsqu'il eut l'impression d'être trahi il en perdit ses valeurs et se renferma sur lui-même, empêchant la totalité des chats sur ces terres à accéder à son coeur comme son homologue avait pu le faire par le passé. Car ce sont ces mêmes liens d'amitié qui l'avait brisé et il se refusait à revivre ça. Il ne voyait désormais rien de positif à entretenir une relation avec un autre chat. Si même son propre sang n'en a été capable, qui peut bien le faire ? Buté dans cette idée absurde qu'affection n'est synonyme que de souffrance et trahison, le matou s'est construit une épaisse carapace de fer qu'il entretenait en se montrant infect avec son entourage. Méchanceté et vulgarité était son quotidien et il le faisait subir à ceux tentant d'entrer dans sa sphère privée. Ça avait par exemple était le cas avec anciennement Nuage Automnal, actuellement nommé Midi d'Automne, il l'avait autrefois initié aux soins et avait fait de lui l'herboriste qu'il est dorénavant. Lui transmettant ses connaissances bien qu'il n'était pas son novice officiel, il avait obéi aux ordres et en avait fait un médecin aguerri. Et bien qu'au fond le jeune n'était pas très embêtant ni même idiot, Saule Pleureur n'avait pu s'empêcher d'être le plus insultant des chats, heureusement qu'il enseignait bien car sinon il n'aurait servit à strictement rien. Il obéissait la plupart des fois, comme le bon toutou qu'il était, il aboyait, grognait et râlait, mais il ne mordait en réalité jamais. Dans la finalité des choses, il faisait ce qu'on lui avait demandé de faire. Et il le faisait bien. Peut-être même mieux que d'autres.

En sachant tout cela, il est donc plutôt simple de se faire une image claire de sa réaction lorsqu'on lui a annoncé gaiement qu'il allait être le mentor d'un chaton, Petite Verveine. Le simple fait de devoir s'occuper d'une boule de poils et d'assurer son avenir l'emmerdait déjà, mais en plus de cela il comprit bien rapidement la raison pour laquelle les gérants de cette démocratie l'ont choisi lui et pas quelqu'un d'autre. Premièrement, Saule Pleureur sait pertinemment que ce fameux petit félin a perdu un être cher, son frère. Deuxièmement, son double n'est pas mort d'un malheureux accident, mais d'une maladie. Il est donc plutôt aisé de faire la liaison entre le fait que le gros matou gris soit un herboriste -donc un soigneur- mais aussi le second fait que lui aussi a perdu quelqu'un a qui il tenait, sa mère. Il trouvait l'idée de lui refiler ce chaton pour ces raisons sordides était franchement perfide, mais il n'avait rien dit. Car il considère qu'il mérite cette punition. Pour lui, tous les "malheurs" qui lui arrive de sont rien d'autre que le résultat du karma qu'a provoqué son affreux mensonge concernant le sinistre décès de sa génitrice. Persuadé que le Clan des Étoiles le punit pour cet affront, il se persuade lui-même qu'il mérite ce qu'il lui arrive et que de toutes façons il devrait subir ce châtiment. Pourtant il s'en plaignait. Il pourrait garder le silence et accepter gentiment cette sanction, mais non, il ne peut s'empêcher de se montrer acerbe envers tous. Il avait donc dû coller sa truffe à celle de celui ayant prit le nom de Nuage de Verveine lors de son baptême. Ça n'avait pas été une partie de plaisir, tout comme les deux lunes ayant précédé cette célébration. Il l'avait entraîné et faisait son travail de professeur bien qu'il ne l'appréciait pas, ce boulot. C'est donc dans cette même optique très peu joyeuse qu'il avait commencé sa journée, prêt à enseigner son savoir au chaton qui -soyons franc- n'en était plus vraiment un. Fier et imposant, Saule Pleureur était bien le contraire des stéréotypes physiques des félins du Clan du Vent. Le matou gris aperçu rapidement un éclair roux se dirigé vers lui et il reconnut sans grand mal les deux lumineuses pupilles verdoyantes de son apprenti. Impatient et plein d'énergie, il s'adressa à lui avec un banal mais poli bonjour. Lui offrant en réponse un signe de tête lasse, l'herboriste avait mal et peu dormi. Il était fatigué et ses insomnies répétitives ne l'aidaient guère à rester maître de son corps. Il avait n'allait peut-être pas être autant de mauvaise humeur que d'habitude puisqu'il est vidé de son énergie, heureusement pour le rouquin.



D'un signe de la queue il l'invita à le suivre et le jeune félin prit la tête du duo. Il avait déjà eu l'occasion lors des deux précédentes lunes de constater que Nuage de Verveine était un excellent chasseur avec une très bonne capacité de sprint, mais le guerrier-médecin préférait lui faire croire qu'il n'était pas encore assez bon. Ce qui lui manquait à ce petit c'était avant tout une bonne endurance, c'est pourquoi il comptait le garder avec lui -malheureusement- toute la journée. C'est en bossant qu'on obtient des résultats. Le repos n'est -à son sens- qu'une perte de temps. Il fallait être efficace pour faire du jeune un guerrier exceptionnel. Peut-être cela contribuera à ce que le Clan des Étoiles me pardonne ? Se disait-il, ne pensant qu'à son propre intérêt. Il comptait non pas le surmener, mais simplement lui faire subir un entraînement où il devrait allier tous ses points forts. Car il en a, évidemment. Nuage de Verveine est juste encore un peu maladroit, mais il trouvera bien vite un équilibre. En sortant du campement, le mentor se mit d'abord à trottiner, puis il accéléra peu à peu le pas jusqu'à carrément courir avec un alliage parfait de rapidité et de fluidité. Première étape : il fallait que le jeune le suive sans être au bout de ses forces en arrivant. Après plusieurs minutes de course folle, il commença à ralentir en apercevant que le sol sur lequel ses pattes se posaient commençait à être fleuri. Ils étaient arrivés. Un peu plus réveillé, il était échauffé et son novice aussi, parfait.



Il comptait en effet tester les capacités du jeune au combat, mais aussi voir si ses talents de chasseur seront aussi bon alors qu'il devra se méfier d'une potentielle attaque. Ses sens et ses muscles seront très sollicités, c'est parfait pour un apprenti comme lui.

kyro. 017 ldd

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Après une dernière réplique que Saule Pleureur n'écouta que d'une oreille, il vit le rouquin courir en sens inverse pour s'éloigner de lui et partir à la chasse. Déviant un peu de sa trajectoire, l'herboriste resta à distance raisonnable de son apprenti. Il était assez proche pour étudier ses mouvements, mais assez éloigné pour qu'il ne remarque pas sa présence. Il l'observa faire et il constata qu'en effet le petit se débrouillait plutôt bien. Il avait les bons réflexes et savait utiliser son propre corps, c'étaient déjà des bons points. Nuage de Verveine se souvenait bien de ce qu'il lui avait enseigné. C'était un novice à l'écoute et minutieux, quoiqu'en dise le râleur. Le jeune prédateur s'était donc placé de façon à ce que le vent n'apporte pas son odeur aux futures proies et il plissait dorénavant les yeux prêt à intercepter le moindre mouvement. Imitant ce geste, le guerrier-médecin se concentra un peu plus et poussa son regard à se faire plus précis. Il tentait de voir si la posture du minet était correcte, s'il respectait bien la répartition de son poids sur ses quatre membres et globalement c'était le cas. Peu surpris, car après tout il savait que la chasse était le point fort du cadet, il continua son observation et le vit soudainement relever la tête, les oreilles bien droites. Saule Pleureur le vit s'aplatir au sol, parfaitement silencieux, les yeux rivés sur le lapin. Discret comme un serpent, Nuage de Verveine avait réussit à s'approcher suffisamment de l'animal pour le prendre en chasse. Aisément, il s'était servit de ses muscles -encore peu développés- pour sprinter vers le lagomorphe.

Le rouquin l'avait presque rattrapé grâce à l'impulsion puissante qu'il s'était donné, cependant le soigneur remarqua son instant d'hésitation. Il s'était déconcentré et avait faillit perdre de vu son objectif premier. L'apprenti devait réussir à penser à deux choses en même temps. Son cerveau devait devenir un multi-taches. S'étirant doucement, caché dans son buisson de bruyère, il se préparait à intervenir. Échauffant un peu son corps, il banda d'un coup ses muscles et le gros matou se précipita sur la scène. Percutant de tout son poids le lapin et le minet, il profita d'avoir déstabiliser son novice pour tuer d'un coup de croc le gibier. Ça serait idiot de le laisser filer. L'imposant mâle se tourna vers le chat couleur fauve et le transperça du regard, l'air sévère. Il était donc temps de voir ce qu'il valait en dehors d'une lande vierge et paisible. Avec un adversaire plus expérimenté, bien plus grand et sûrement plus fort, comment se débrouillerait-il ? Saule Pleureur espérait qu'il utiliserait son intelligence ou qu'il se découvrirait un instinct fourbe, ça pourrait être intéressant à développer en entraînement. Mais, avant tout, il fallait voir s'il avait retenu les bases du métier de guerrier. Toisant l'apprenti combattant, son mentor marchait lentement autour de lui avant de prendre la parole d'une voix rauque :



Ce n'était pas très compliqué, la plupart des novices l'ont tous déjà fait une fois. C'est quelque chose de particulièrement détesté mais pourtant de vital. Ne pas enlever un tique peut être mortel. Fixant Nuage de Verveine, il était prêt à lui bondir dessus juste après sa réponse.

kyro. 017 ldd