RP Intrigue | Troisième roue du carrosse [ft. Mid & Hoko]

Nous voilà partis, lui et moi, le long de la rivière sous un beau soleil. Les récents événements ont poussé chaque clan à prendre des mesures drastiques. En outre, le besoin d'augmenter la fréquence des patrouilles s'est rapidement fait ressentir. Pas pour nous assurer que nos voisins ne franchissent pas nos frontières, mais bien pour nous préserver les uns les autres. En ces temps durs, il devient primordial de veiller sur son prochain. Ainsi, la Rivière s'est imposée pour veiller sur les cours d'eau des territoires. Nuage de Péridot et moi-même avons aujourd'hui été désignés pour remplir ce rôle pendant que les autres travaillent à la construction du barrage. Si je suis heureux de pouvoir patrouiller en la compagnie du chat gris et blanc, je n'en oublie cependant pas l'objectif de notre mission. C'est donc le regard plongé en direction du ruisseau que j'avance, à la recherche du moindre signe qui pourrait nous indiquer la présence du poison dans cette partie du territoire.

- Nous allons longer la rivière jusqu'aux cinq rocs où nous prendrons une petite pause. Ouvre bien l’œil.

Rien ne me semble bien inquiétant sur le trajet, hormis peut-être le manque de poissons par endroits. Et encore, on en a déjà vu des périodes sans. De plus, ce n'est pas comme si nous avions vu flotter des cadavres à la surface. Bien sûr, je n'oublie pas d'adresser quelques regards à mon compagnon du jour de sorte à confirmer mes pensées. Peut-être s'est-il rendu compte de quelque chose que mes yeux n'ont pas vu ?

C'est assez rapidement que nous atteignons la première étape où nous faisons escale. Je laisse l'apprenti se reposer à l'ombre des arbres quelques instants, s'il le souhaite, tandis que mon regard se pose sur l'horizon, là où se meurt la rivière. Si nous voulons nous assurer qu'aucun chat ne risque une intoxication liée à l'eau, nous devrions continuer… Ce qui nous ferait franchir la frontière de la Lune. Malgré les circonstances inhabituelles, j'hésite encore à traverser les marquages. J'ai toujours peur de tomber sur un chat malveillant qui ne comprendrait pas nos intentions.

- Ce serait bien que nous rencontrions un chat de la Lune, qu'en penses-tu ? Nous pourrions continuer notre investigation bien plus loin. Miaulais-je à mon jeune ami, une lueur soucieuse dans le regard.

Je n'aimerais pas apprendre d'ici quelques jours que d'autres sont tombés malades de ce côté-ci de la vallée. Je me sentirai coupable de ne pas avoir poussé plus loin nos recherches. Par chance, une silhouette semble se dessiner au loin. Redressant la tête, je me mets alors à lui faire signe, priant pour qu'il s'agisse bien d'un chat de clan. Lorsque je le pense assez proche de nous, je hausse la voix pour me faire entendre puis l'interpelle.

- Excuse-moi ! J'ai été envoyé par mon clan pour surveiller nos cours d'eau mais je me fais également du souci pour les autres. Ça ne te dérangerait pas de nous escorter le long de la rivière qui passe dans votre territoire ?

Content que nos chemins se soient croisés, je me retourne finalement vers Nuage de Péridot, un large sourire collé sur les lèvres.

- Nous pourrons continuer s'il accepte, c'est super !

Trop focalisé sur le nouveau venu que je cherche encore à attirer, je ne remarque pas immédiatement la déception de Nuage de Péridot. En approchant, le jeune chat noir et blanc semble quelque peu sur la réserve. Je le comprends, je me questionnerai aussi à sa place. D'ailleurs, c'est bien pour cela que j'ai préféré attendre que nous croisions d'autres félins. Il ne manquerait plus que nous provoquions un affrontement sur un malentendu... Ce n'est qu'une fois les présentations faites que le changement d'humeur de mon ami m'interpelle. Posant alors mes yeux sur lui, je l'interroge du regard. Lui qui était pourtant si enjoué à l'idée d'aller patrouiller, son comportement s'est altéré en l'espace de quelques secondes. J'espère qu'il ne se sent pas mal, ce serait embêtant si loin de notre camp. Cependant, je n'ai pas le temps de le sonder davantage, la question que me pose notre camarade du jour m'oblige à détacher mes prunelles du chat gris et blanc. Prenant une voix claire, je m'empresse de répondre à Nuage de la Mouette.

- Entonnement, on s'en sort plutôt bien. Articulais-je, souriant. Après une brève pause durant laquelle je prends une inspiration, je secoue lentement la tête. Pas jusque-là, et honnêtement cela m'étonnerait que l'on trouve quelque chose, même chez vous. Heureusement nous avons réagi assez vite ce qui a permis d'éviter à des débris de se faire emporter dans les terres. Ce dont j'ai peur en revanche, c'est que des animaux mal en point viennent mourir trop proches de nos cours d'eau. Si leur dépouille n'est pas retirée dans les plus brefs délais, alors cela pourrait causer du tort à tous.

Les territoires de la Lune se trouvent être les plus éloignés de la mer. En cela je les pense moins à risque que les nôtres ou que ceux du Tonnerre. Le poison aurait sans doute plus de temps pour se diluer dans l'eau ce qui permettrait à son clan de ne pas accumuler trop de malades, ou du moins de leurs en atténuer les symptômes. Cependant, tout ceci n'est que supposition. Et c'est bien pour cela que nous avons été envoyés en mission, Nuage de Péridot et moi, pour nous assurer que nos hypothèses ne soient pas erronées.

Me tenant légèrement en retrait par rapport à Nuage de la Mouette a qui je laisse le soin de guider la patrouille, je ralentis le pas pour arriver à la hauteur de mon ami. Je ne dis rien pourtant mon inquiétude doit pouvoir se ressentir. Préoccupé par son état, je tiens à rester près de lui en cas de problème.

Ayant pris place aux côtés de mon jeune ami, je laisse au noir et blanc le soin de nous guider sur ses terres. Malgré mon rang de guerrier, je trouverais cela malavisé que je conduise la patrouille plutôt que Nuage de la Mouette. En plus d'être sur son territoire, il est celui de nous trois qui connaît le mieux les recoins de ce bout de rivière, il mérite d'être en tête. De plus, être ainsi reculé me permet de me focaliser pleinement sur les recherches de dangers liés au cours d'eau, cela me libérant également inconsciemment du poids d'être chef de patrouille en plus d'élargir mon champ de vision. Je n'en oublie toutefois pas de surveiller mes deux compères. Étant le plus vieux du groupe mais surtout en raison de mon désir incessant de vouloir protéger les plus jeunes, je ne peux m'empêcher de vouloir garder un œil sur eux pour prévenir toute blessure. Même si, honnêtement, je ne pense pas qu'il puisse arriver quoi que ce soit, à moins que...?

J'ai un peu de mal à suivre ce qui se passe. Nuage de Péridot qui était tout souriant lorsque nous étions partis du camp s'était renfermé à la venue de Nuage de la Mouette. Un semblant de bonne humeur semblait s'être à nouveau emparé de lui pour finalement… Prendre de haut le matou noir et blanc quelques secondes plus tard ? Je me suis peut-être trompé ? Je ne sais pas ce qu'il peut bien avoir en travers de la gorge, le tout étant que cela n'a pas manqué de saper le sourire du Luneux. Quand bien même, l'apprenti répond, je hoche la tête. Je suis heureux d'apprendre que tout va bien chez eux.

- Je n'en doute pas… J'espère toutefois que tout sera rentré dans l'ordre d'ici-là.

Combien de temps reste-t-il avant la prochaine assemblée ? Peu de jours ? A moins que la dernière ne soit récente ? Je ne sais plus... Avec tout ce travail qui ne cesse de s'accumuler, j'en ai perdu le compte des jours. Trop épuisé après les patrouilles et les journées que je passe au barrage, je ne profite de mes nuits que pour dormir, plus pour me délecter du calme et de la fraîcheur de l'obscurité. De ce fait, je ne prends plus le temps d'observer la lune pourtant si apaisante. Tandis que la vision mentale de l'astre nocturne m'arrache un bâillement que j'ai du mal à contenir, Nuage de la Mouette s'éloigne de nous, sans doute pour aller inspecter la rivière d'un peu plus près. Là où je m'étais retenu quelques instants auparavant, je profite désormais que nous soyons isolés pour le questionner, mon inquiétude ne m'ayant pas quitté.

- Je ne te trouve pas dans ton état normal depuis tout à l'heure... Tout va bien ?

Voulant déposer ma queue sur les épaules de mon ami pour le soutenir mais également pour l'inciter à parler, je me ravise néanmoins rapidement, jugeant que cela pourrait le rendre mal à l'aise avec la présence de l'autre apprenti. Mon regard dont les prunelles brillent d'une lueur inquiète prend cependant le temps de croiser celles du jeune chat. Je m'en voudrais si je l'obligeais à marcher alors que quelque chose le fait souffrir...

HRP: