Action, réaction ! | Ombre et Corbeau

Je n'aime pas ne rien faire de ma vie même si parfois je me dis que je suis débordée et que je n'aurai pas le temps. Je suis toujours en vadrouille, quelque part sur nos terres quand bien même vous pourriez avoir l'impression que je ne fais pas grand-chose. L'espionnage ne s'improvise pas, il s’acquiert avec l'expérience que nous amassons lors de nos entraînements. Cela peut paraître facile à première vue à rester couché, immobile à attendre qu'un ennemi fasse une erreur mais il ne faut pas sous-estimer notre environnement. Tout, tout peut être source d'échec si nous n'y faisons pas attention, l'ensoleillement, le vent, notre manière de marcher, notre apparence et parfois même notre caractère. En effet, nos habitudes profondément ancrées en nous nous collent à la peau et viennent provoquer des erreurs si on ne parvient pas à se rendre compte que nous devons agir autrement qu'à l'accoutumé.

Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas exercée à l'espionnage, et puisque toujours fatiguée car ayant été incapable de me reposer la fois dernière en compagnie de mon demi-frère, je préférais opter pour une activité pas trop fatigante. L’observation et la concentration me semblaient être un bon compromis. Marcher jusqu'à mon lieu d'entraînement me maintiendrait en forme tandis que m’asseoir et écouter me reposerait la tête. C'était parfait. Mais parce qu'on est souvent trop indulgent avec soi-même j'envisageais tout de même de me priver d'un sens, pour que cela ne soit pas trop facile et que je progresse un tant soit peu. Si l'ouïe, le toucher, l'odorat et le goût me paraissaient être difficile à faire disparaître à moins de marcher pendant des plombes pour trouver l'endroit idéal, je penchais plutôt pour me dépouiller de ma vue. Qui plus est, je connaissais le lieu adéquat qui se trouvait être le Champ de Fougères. Trop hautes pour y voir quelque chose, la végétation m'empêcherait toute tentative de triche si jamais j'étais tentée de m'aider, je ne pourrai que jouer le jeu et c'était le mieux. Ayant pris ma décision, je traverse finalement notre territoire pour me rendre au Champ.

Arrivée à destination, je viens me planter au beau milieu de la forêt de fougères puis m'assois et enroule ma queue autour de mes pattes. J'inspire alors profondément pour m’imprégner de l'atmosphère calme qui règne en ces lieux et expire enfin. Je force alors tout mon être à trouver le calme et, une fois y étant parvenue, je ferme les yeux. Bien que la dense végétation m'empêche de voir à plus de quelques longueurs de queue de renard, le simple fait de clore mes paupières m'aide à me concentrer. C'est alors que, droite et tête légèrement inclinée vers l'avant, je redresse les oreilles, à l'écoute de la forêt toute entière. Je vide ensuite mon esprit de tout ce qui peut le contrarier et ne pense plus à rien mis à part à la vie s'abritant dans ces hautes herbes. Le vent m'arrivant de gauche, ce dernier vient rapidement m'apporter la présence d'un petit animal à l'odeur musquée, un mulot sans doute. Ne percevant ni son martellement sur le sol ni même son couinement, j'en déduis que celui-ci se trouve hors de portée. En revanche, en me concentrant davantage de ce côté-ci, il me semble reconnaître le chant d'un oiseau ainsi que ses pas bientôt recouverts par un bruit bien plus sourd. Un chat approche. Je lève alors ma truffe pour ne me fier qu'à celle-ci puis reconnaît enfin l'odeur de celui qui se trouve être un camarade. J'ouvre les yeux doucement avant de le saluer d'un hochement de tête.

- J'en serai honorée.

Je n'ai jamais trop eu l'occasion de coutoyer Ailes de Corbeau. Lui est âgé, moi jeune, il ne m'a jamais entraîné, je ne lui ai jamais demandé de l'aide. Pourtant, lui doit en savoir des choses sur la forêt. Même indirectement, il pourrait m'apprendre certaines choses. J'ai beau être désormais guerrière, j'admets poser des lacunes. Qui plus est, chasser en sa compagnie me permettrait d'en apprendre plus sur ce chat silencieux.

- Il me semble avoir repéré un rongeur par la-bas, allons voir si tu veux bien.

HRP:

Toute aussi calme et détendue qu'à mon arrivée dans le Champ de Fougères, je marche d'un pas souple au-devant d'Ailes de Corbeau qui m'emboîte le pas docilement. De ce que j'ai pu voir de lui au sein du camp et durant les patrouilles, il préfère rester dans sa bulle plutôt que d'aller se mêler aux autres. Tout comme moi c'est un silencieux qui ne va vers les autres que pour une seule bonne raison, le travail. Et aujourd'hui, c'est certainement cette raison-ci qui l'a sans doute poussé à venir me déranger dans mon exercice. Mais peu importe, aller chasser après avoir débusqué suffisamment de gibier était mon second objectif de la journée. En acceptant de partager mon temps avec lui, je ne faisais que l'avancer de quelques minutes.

Je déambule donc silencieusement au creux de la dense végétation tout en suivant la trace du rongeur que j'avais repéré avant que le vieux chat ne débarque. Les sens aux aguets, je guette le moindre bruit ou odeur qui laisserait supposer la position du notre futur dîner. C'est ainsi qu'au son d'un craquement de brindille mes oreilles tressaillent et se dressent de plus belle. Rapidement, je me rapproche du sol, prends une respiration plus lente pour calmer les battements cœur excité, me rapproche pus me prépare à bondir… Lorsque j'entends la voix du mâle s'élever à nouveau derrière moi. Ses paroles accueillirent bientôt un martellement léger de sol, toutefois assez marqué pour être reconnu : ma proie venait de se faire la malle. Je me retiens de soupirer. N'étions-nous donc pas censés chasser ?

- Si ta vision est faussée par l'âge alors la mienne l'est par le manque d'expérience.

Je me retourne vers lui après lui avoir déclaré ceci puis me passe quelques coups de langue sur le poitrail pour remettre de l'ordre dans mes poils ébouriffés. Qu'est-ce que je pense du clan ? Ce n'est pas une question que l'on pose souvent aux autres, étrangement. Je ne m'y attendais pas à vrai dire, voilà pourquoi mon visage personnifiait la surprise quelques secondes durant lesquelles je construisais ma réponse. Puis, finissant ma toilette improvisée, je viens affronter le regard du vétéran.

- Le Clan de l'Ombre réapprend doucement à vivre après que les Étoiles noires l'aient autant affecté. Conte Mystique a eu raison de se retirer pour laisser sa place à Étoile Ailée et bien que celle-ci soit encore jeune, je ne doute pas quant à ses capacités à faire du bon travail. C'est une chatte forte. Qui plus est, elle est maintenant secondée par Cœur de Chouette, tout aussi jeune, mais sage et réfléchie.

Je finis par incliner mes oreilles en avant, les dirigeant ainsi vers Ailes de Corbeau. Qu'en est-il de lui ? Je suis curieuse d'apprendre sa vision des choses, d'écouter l'expertise façonné par l'âge.

- Ne penses-tu pas?

HRP:

Observant Ailes de Corbeau s'asseoir, je fais de même, pensant notre partie de chasse tombée à l'eau. Je l'écoute alors attentivement sans pour autant cesser de faire attention au vent, aux fougères qui s'agitent à son passage. Le matou semble mal interpréter mes mots, peut-être n'étais-je pas assez explicite ? Je n'aie pas l'habitude de m'étendre trop sur un sujet mais peut-être qu'avec lui j'allais devoir m'y forcer. Le temps emporte malheureusement sa jeunesse, et ses capacités à lire entre les lignes vraisemblablement. Par expérience, je n'attendais pas exactement le fait de posséder une quelconque technique de chasse ou de combat, mais bien de savoir s'adapter à la vie. Lui, plus vieux, s'est déjà accoutumé à des situations et problèmes dont je peinerai sans doute à résoudre à mon âge. Si je le dépasse par ma maîtrise de guerrière, lui doit certainement me surpasser dans le raisonnement. Enfin bon, ce n'est pas le plus important, en guise de réponse je me contente donc d'un haussement d'épaules faussement convaincu.

- Ne sois pas idiot Ailes de Corbeau, tu as été mentor. Nous y passons tous, mais parfois avec plus de retard pour certains.

La suite de la conversation attire davantage mon attention. Qui aurait cru qu'elle partirait dans ce sens-là ? Moi, devenir la meneuse du clan ? Voyons les choses en face, je ne suis pas faite pour ce rôle, bien que sa remarque me touche énormément. Je ne pense pas avoir l'étoffe d'un chef, mon poste dans les escadrons me convient parfaitement. Je ne pense pas être assez proche des autres pour pouvoir prétendre les mener un jour, je suis bien trop renfermée. Comment pourraient-ils avoir confiance en une chatte qui ne prend pas le temps d'aller vers ses camarades ?

- A t'écouter, on croirait que tous les efforts que j'ai pu fournir n'ont été faits que dans l'unique but de m'attirer les grâces des dirigeants. Est-ce l'image que je renvoie ?

J'inspire profondément puis soupire. Si mes compagnons pensent cela de moi alors mes actes se seront fait en vain. Finalement je n'ai peut-être pas choisi la bonne voie pour faire valoir mon droit à prétendre appartenir au Clan de l'Ombre. Je me suis peut-être simplement trop acharnée au travail pour que mes réelles intentions soient perçues. Et si tous se mettaient à douter de moi par la suite ? Et s'ils venaient à penser que je ne suis qu'une vile manipulatrice ? Un frisson court le long de mon échine à la simple pensée que tous mes camarades puissent un jour me tourner le dos.

- Cœur de Chouette remplira bien mieux son rôle que ce que je pourrai être menée à faire. Elle vous connaît bien mieux que moi après tout. Qui voudrait d'un modèle qui se tient à l'écart?

Je continue d'observer mon interlocuteur. Voyait-il réellement en moi l'étoffe d'un leader ? Serait-il prêt à me suivre qu'importent mes décisions ? Serait-il capable de me prendre pour modèle ? Tant de questions se bousculent dans ma tête sans que je ne sache y répondre. Pourtant, le matou avait avancé ses propos avec assurance et sérieux ce qui me laisse penser qu'il n'avait pas prononcé ces mots à la légère. Non, c'était une question que lui-même se posait peut-être : la chatte en face de lui serait-elle en mesure de diriger tout un clan ? Hélas, je crains que non. Je ne pense pas avoir les épaules suffisamment solides pour endurer de telles responsabilités, bien trop nombreuses et importantes pour la survie du clan, j'aurais peur de perdre pied. L'Ombre compte tant de chats dévoués alors pourquoi s'intéresser à moi qui ne suis qu'un chat parmi tant d'autres ? Je ne pense pas valoir davantage que mes camarades. Ce qu'il dit ensuite me rassure cependant et atténue certaines de mes inquiétudes. En voilà au moins un qui comprenait la raison de mes agissements. Je soupire de soulagement.

- Tu as sûrement raison Ailes de Corbeau, mais l'idée de changer ne me plaît guère. Celle que je suis aujourd'hui me convient, loin de moi l'idée de renoncer à tout ce que j'ai acquis avec persévérance.

Si tous se mettaient à se rassembler autour de moi, alors il deviendrait inévitable que d'autres félins se retrouveraient laissés de côté. Je ne le veux pas. Je ne souhaite pas délaisser ma famille, quand bien même celle-ci serait ravie de compter parmi ses membre une chatte qui aura su s'illustrer dans l'histoire. Ce n'est pas ce que je désire, quoique nous puissions en dire et aussi étrange que cela puisse paraître, mon rôle dans les Escadrons me convient parfaitement. Je préfère de loin la liberté à la gloire.

- Je ne veux pas risquer de perdre les êtres qui me sont chers sous prétexte de vouloir grimper dans la hiérarchie du Clan.

Un infime sourire naît doucement sur mon visage tandis que mon esprit me montrer la carrure d'un chat blanc. Par-dessus tout, je ne veux pas le perdre lui. Il compte beaucoup trop pour moi pour l'abandonner ainsi. Nos discutions ainsi que nos promenades me manqueraient, elles sont mes bouffées d'air. Avec lui je respire enfin.

L'ombre d'un instant je crus déceler une lueur de regret dans le regard de mon camarade. Non sans mal je comprends toutefois la raison de tant d'émois. Le matou était loin d'être bête aussi devait-il comprendre à quoi je faisais référence, ou plutôt à qui, en prononçant de tels mots. Sans doute plongé dans la nostalgie d'un passé heureux, le guerrier devait se remémorer celle que je n'avais connu que très peu. La présence de la guerrière douce et aimante que représentait sa compagne lui manque à cet instant, cela se ressent. Je ne parviens cependant pas à trouver les mots justes pour consoler ce chat au bord des larmes. Je ne sais pas quoi dire, d'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais su réagir face aux pleurs. Je n'ai jamais su apprivoiser ces sentiments complexes, quelque part, je ne fais que les subir. Sans cette carapace que je me suis forgée au fil du temps, aurais-je été en mesure de me blottir contre ce chat recroquevillé et de lui assurer que tout irait bien pour lui ? Qu'où qu'il soit, Lueur Grise veille sur lui ? Peut-être, lui comme moi ne le saura malheureusement jamais. Je reste alors là, bête et immobile, ne sachant toujours pas quoi dire. Mes babines ne bougent pas, pas un seul soubresaut ne les traverse. Je ne fais qu'acquiescer face à des paroles basées sur un vécu douloureux.

L'argenté se lève alors. Je ne lui trouve cependant pas cette énergie avec laquelle il m'avait abordée tout à l'heure. Cette conversation nous a visiblement ébranlés tous les deux. Lui non plus ne doit pas avoir l'occasion de parler de ce genre de chose, du moins, plus depuis qu'elle se soit retirée du monde des vivants. Certes, Petit Loir demeure encore à ses côtés, mais ce n'est pas un sujet que l'on aborde généralement avec de si jeunes chatons. L'esprit confus et le regard dans le vague, je remarque à peine le départ d'Ailes de Corbeau. Je finis toutefois par me lever moi aussi et lui emboîte le pas rapidement. C'est dans une démarche hésitante que je le rattrape et viens me mettre à sa hauteur.

- Tu… Tu as déjà ressenti le besoin de changer ?

Des mots bien maladroits après ce qu'il venait de se passer mais dans l'attente de trouver une proie, je ne vois pas d'autres moyens de combler ce silence pesant. Il m'avait tout à l'heure assuré qu'il avait un jour été comme moi, alors avait-il déjà songé à changer après qu'il se soit rendu compte que le chemin qui avait emprunté n'était pas forcément le bon ? Quelque part j'ai peur de m'être égarée, de ne pas avoir fait les bons choix lorsque j'étais plus jeune. Peut-être avais-je tenté de me prouver ma propre valeur plutôt qu'aux autres ? J'ai besoin de savoir.

Je stoppe mes faibles pas lorsque Ailes de Corbeau laisse s'évanouir les dernières syllabes de sa phrase dans la brise. Avoir commis trop d'erreurs ? Aurais-je fait de même quelques lunes auparavant ? Par tous les moyens j'ai cherché à faire oublier aux autres mes origines. Je me disais qu'en leur montrant ma dévotion ils en oublieraient mon sang pour moitié souillé. Si ce n'est plus le cas aujourd'hui, je ne voyais qu'en leur regard l’expression de l'amertume. Que fait-elle ici ? Appartient-elle réellement à notre tribu ? A-t-elle le droit de se dresser fièrement à la seule évocation du Clan de l'Ombre ? Pourquoi est-elle née ? Pourquoi es-tu née ? Toutes ces questions que je croyais déceler dans leurs yeux, ne me les posais-je en réalité pas à moi-même ? Ne cherchais-je pas à me convaincre tout simplement que j'avais le droit de me tenir aux côtés de ces chats avec lesquels je n'avais pas de réels liens de parenté ? Eux qui pourtant n'avaient pas douté de moi, ne souhaitais-je pas me prouver ma loyauté plutôt qu'à eux ? Pour satisfaire à ces interrogations, j'avais laissé une part de mon enfance de côté. J'étais l'enfant prodige, sage et attentive, celle qui travaille, sue et se tue à la tâche pour recevoir quelques œillades gratifiantes. Grâce ou à cause de cela, j'étais parvenus à me faire une place de choix au sein de mon Clan en délaissant les félins qui m'entouraient. Pourtant je ne me suis jamais autant intéressée à eux qu'aujourd'hui. Malgré ma situation actuelle stable et confortable, n'aurais-je pas mieux fait de laisser ma fierté de côté pour porter plus ample attention aux autres ? Je ne sais plus désormais si les choix que j'eus faits autrefois furent étés les bons, s'ils me correspondaient réellement, s'ils ne m'avaient pas changé malgré moi.

- Je me rends compte… Oui, je me rends compte de ma crainte. Et si la place que j'occupe aujourd'hui n'est pas celle qui me correspond ? Et si celle qui se tient face à toi en ce moment n'est pas vraiment… Moi?

Troublée, je me redresse et lève une tête inquiète vers Ailes du Corbeau. En cet instant, je me sens perdue, comme submergée par une vague de responsabilités que je ne parviens pas à endiguer sans faire de remous indésirables. Que dois-je faire ?

- J'ai peur de parfois avoir fait les mauvais choix.

Tête basse, j'écoute la réponse de mon camarade. Effectivement, j'ai tout ce dont un chat de clan pourrait rêver, une famille aimante, de bons amis – bien que peu nombreux – et sur lesquels je peux m'appuyer en cas de nécessité, la reconnaissance de mes semblables... Cependant, le problème se trouve ici. Je ne veux pas les décevoir plus que ce que je ne veux pas me décevoir moi-même. Quelque part, en appréciant l'autre, ne placerait-on pas en lui quelques espoirs ? L'espoir que l'on puisse compter l'un sur l'autre peu importe les circonstances, l'espoir qu'il prête toujours une oreille attentive à nos soucis, l'espoir qu'il réussisse… ? Et si j'avais appris trop vite ? Et si je n'avais pas pris le temps d'apprendre correctement les choses essentielles qui passaient au second plan pour moi à l'époque ? Et si je n'étais pas parvenue à comprendre ces choses qui font de nous un félin accompli ? J'ai peur d'avoir raté un tournant dans ma course effrénée pour la reconnaissance et l'amour d'un clan auquel je n'appartiens que pour moitié. Je crains constamment de décevoir mes proches quand bien même j'affiche une expression de façade calme et assurée. Je pensais avoir changé, avoir laissé tous ces doutes à Cerfblanc. Je me suis visiblement trompée. J'ai simplement enfoui profondément mes interrogations, bien trop profondément pour que je m'en aperçoive avant aujourd'hui.

La légère bousculade d'Ailes de Corbeau me secoue, je reprends alors mes esprits et réponds à sa pique par un hochement de tête timide. Je n'ai jamais été très à l'aise avec ce genre de sujet, aussi ne sais-je pas comment répliquer. Il me faut quelques secondes pour que je parvienne à enfin articuler un semblant de réponse, le regard toujours braqué en direction de mes pattes fouillant le sol.

- Oui… Et c'est aussi en partie pour ça que j'ai peur. Je n'aie pas envie de le décevoir.

Je reste quelques instants à contempler le sol puis inspire profondément avant d'expirer le moindre brin d'air se trouvant encore dans mes poumons. Je finis par me redresser et viens faire face à mon camarade, la mine davantage détendue mais tout de même encore un peu inquiète.

- Mais tu as raison, il faut que j'arrête de douter de mes capacités. Merci de m'avoir écoutée Ailes de Corbeau, ça m'a fait du bien.

HRP: