[lune 1188] Assemblée de Clans

Le froid était mordant. Il s’était installé sur la vallée depuis quelques jours maintenant, accompagné parfois d’un vent glacial que l’on pouvait entendre la nuit hurler dans les grottes et entre les arbres, malmenant autant les vagues de la mer que les félins habitants sur les terres. Après un dur combat contre les beaux jours qui semblaient ne jamais vouloir rendre les armes, l’hiver avait finalement et inévitablement remporté la bataille. Mélodie des Étoiles ne pouvait s’empêcher de redouter ce moment. Le souvenir des anciens hivers qu’elle avait connus étaient encore vifs dans son esprit. Marqués par le règne des étoiles noires, ils n’étaient que désespoir et morosité, migraines et maladie, froid et obscurité. Elle les craignait, plus encore que n’importe quel prédateur. Elle avait pu mesurer combien le froid savait racornir les cœurs et voler la vie. Mais Valeemar n’était pas Cerfblanc. Et les rires résonnaient toujours dans le camp, et les étoiles étaient restées apparentes, et le ciel était clair, d’un blanc laiteux qui éblouissait. Et ce soir plus que jamais, la pleine lune illuminait le ciel, semblant présager une aube nouvelle placée sous le signe de l’espoir, indiquant le chemin vers la réunion symbolique qui devait se tenir ce soir.

La fine couche de neige crisse sous ses pattes alors qu’elle mène le groupe des enfants de l’eau à travers leur territoire. Malgré les premières neiges tombées depuis peu, le ciel était resté dégagé. La lune blanche et ronde se réfléchissait sur la neige, propageant sa blancheur laiteuse sur le ciel d’encre sans aucuns efforts. La meneuse ne ménageait pas le groupe, filant sur le sol inégal avec aisance. Elle était portée par l’espoir et la joie qui continuait à l’habiter. Portée par la foi et par la paix qui régnait encore sur la vallée.

Ils approchaient. Ils étaient les protégés de la pénombre pour quelques longueurs de queues encore, mais s’ils s’avançaient plus au-devant ils se révéleraient aux félins possiblement présents. Mélodie ralentit jusqu’à s’arrêter, écoutant si des rumeurs de conversations parvenaient jusqu’à eux. Seul le silence lui répondit, ils étaient à priori les premiers arrivés. Alors sans plus d’hésitation, elle entraîna le petit groupe au centre de la clairière, devant les cinq rocs qui se dressaient fièrement vers la lune. Leurs ombres s’allongeaient sur la neige, formant avec alternance des coins de sols étincelants et d’autres sombres & mystérieux. Tout le lieu semblait, au regard de Mélodie des Étoiles, se parer d’une étrange énergie qui la faisait frissonner.

« Nous y voilà. »

Elle se retourna vers les félins qui avaient désiré venir.

« Je me doute que vous vous en doutez, et je vous fais bien sûr confiance sur ce point, mais je tiens tout de même à ce qu’il soit bien clair pour tous le monde. Il n’y a pas eu de rixes entre les clans depuis notre arrivée sur ces terres, et le ciel est dégagé ce soir. Je compte sur vous pour ne rien faire qui pourrait entraîner des conséquences sur cette assemblée… »

Elle leur faisait confiance, c’était vrai. Mais elle les connaissait également, et le clan de la rivière n’était pas forcément considéré à tort comme celui comportant les guerriers les plus têtus et les plus fiers de la forêt. Elle-même savait combien c’était difficile de se contenir face aux autres opinions que la sienne, face aux adversaires un peu trop bravaches, d’où son avertissement. Une remise au point inutile valait mieux qu’un accident. Et ils étaient si vite arrivés…

« Et n’oubliez pas que l’assemblée est un lieu de partage, n’hésitez pas à aller discuter avec des inconnus. C’est en général un moyen de faire pleins de bonnes connaissances et d’apprendre un tas de choses intéressantes. Normalement, personne ne vous mangera. »

Elle termina sur un sourire. Ceci s’adressait plutôt aux apprentis les plus jeunes qui étaient présents, mais certains guerriers timides pouvaient également en avoir besoin. La meneuse rejoignit ensuite Éclat de Rire plus loin. Elle était heureuse qu’il soit venu. Si beaucoup considérait Éclat de Rire comme un guerrier trop fier et moqueur, Mélodie lui aurait confié sa vie. Elle était minuscule aux yeux du monde, bien trop insignifiante pour diriger un clan ou pour s’imposer devant les cinq réunis. Aux côtés du guerrier gris, elle se sentait infiniment plus grande. Et elle l’aimait tendrement, de cet amour fier qu’ont les reines pour leurs enfants ou les mentors pour leurs apprentis. Taquine, elle le titilla en lui poussant l’épaule, sur le ton de la plaisanterie.

« Bon, tu comptes bouffer combien d’apprentis malchanceux ce soir ? Pas trop j’espère ? »

Une nouvelle odeur vint lui chatouiller les narines. Ils arrivaient.

Spoiler:

HRP:

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Le soir de l'assemblée était arrivée, je sortais rapidement mais sûrement de mon antre pour rejoindre les félins amassés dans la clairière. Encore drogi par les remèdes donnaient par Rose Délicate, je faisais un discours concis sur la discipline lors de l'assemblée. Je n'acceptais aucun écart. J'attendais  que Séquelle du Passé s'approche de moi pour lancer le départ. Mon regard était quelques peu fatigué, l'hiver commencé rudement pour moi.. J'étais tombée malade au début du grand froid, et à peine guérie, une blessure lors de la chasse m'avait forcée à rester au repos. Boitillant encore un peu, je menais mon clan au lieu sacré.

Une fois arrivée sur place, je fais un dernier rappel à mes guerriers avant de les laisser se disperser. Je lançais un dernier regard à Séquelle du Passé avant de m'approcher du promontoire. J'essayais un maximum de retenir ma patte folle. Je ne voulais pas paraître faible devant le clan de la Rivière, premier arrivée. Je prenais un temps de repos avant de rejoindre Mélodie des Etoiles. Je la saluais d'un signe de tête polie.

Peu de temps après, le clan du Tonnerre arrivait dans la clairière des cinq rocs. Mais Etoile d'Ambre ne s'y trouvait pas.. Son lieutenant non plus. Le clan semblait sans leader. Intriguée, je jetais un regard à Mélodie des Etoiles, cherchant la même incompréhension sur son visage. Je finissais par trouver le jeune lieutenant au milieu de la masse.. Il s'approchait de nous, bien vite rejoint par Etoile de Nuit qui venait d'arriver avec son clan. Etoile de Nuit nous rejoignait et nous saluer poliment. Je lui répondais la première :

"-Salutation Etoile de Nuit, le clan du Vent trouve des proies suffisantes. Le clan de la Lune se porte bien également ?"

Une assemblée. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’y participer. C’était seulement sa deuxième depuis son baptême de guerrière. Alors malgré le froid, malgré le fait qu’elle sait qu’elle ne se mélangera pas aux chats des autres clans, un petit frisson d’excitation est né dans le fond de son cœur. Elle se rassure comme elle le peut, c’est normal d’être un peu excitée, ce n’est pas forcément mauvais. Perle de Brume disait que les assemblées étaient idéales pour repérer des informations sur les autres clans, savoir s’ils avaient beaucoup d’apprentis en cours de formation, si leurs terres étaient suffisantes pour chasser… Le mieux serait bien sûr d’en apprendre sur leurs nouvelles techniques de combat. Vestale Céleste soupire à cette pensée. Elle sait déjà que quelles que soit ses motivations, elle n’osera pas se mêler à des adversaires, même le temps d’une soirée. L’idée seule la fait froncer son petit nez rose.

Étoile de Nuit les mène. La neige est tombée dans la soirée, maculant doucement les paysages d’une blancheur féérique. Vestale Céleste devient une ombre dans le décor, plus blanche encore que le tapis froid qui recouvre la terre. Silencieuse et souple, elle se fait elle-même fée, tâche éclatante dans la noirceur de la nuit, luciole sous le clair de lune. Créature entre ciel et terre, sans appartenir à aucun des deux. Libre. Céleste. D’elle, on ne perçoit distinctement que ses deux yeux qui lui mangent la face, vert pâle et bleus. Dévisageant le monde d’un visage enfantin, hésitant encore quelle émotion choisir entre la peur de l’inconnu et l’émerveillement des découvertes.

Ils se stoppent peu avant d’entrer dans la clairière. Vent & Rivière, les odeurs de ces deux clans parviennent déjà jusqu’à eux. Vestale Céleste prend garde à se trouver au milieu des siens, elle ne veut pas ouvrir ou fermer la marche, ni être sur les bords. Elle ne veut pas se faire remarquer. Elle qui n’avait jamais eu auparavant de problèmes, elle a eu à subir les œillades appuyées de certains mâles la dernière fois. Elle déteste rougir. Elle écoute avec attention le discours de la meneuse, comme s’il s’agissait de quelque chose de nouveau et d’inédit qu’elle découvrait seulement maintenant. Elle hoche la tête après coup, comme pour approuver, donner son consentement. Comme si on le lui avait demandé.

Ils s’avancent enfin, puis se dispersent. Comme si chacun avait un chemin à suivre, une destination connue. Des connaissances à retrouver, des amis peut-être ? Deuxième froncement de museau. Que peuvent valoir des amitiés inter-claniques ? Elle n’en veut pas, de ces amitiés délimitées par les frontières, fragiles comme le verre, balayable par un simple souffle. Une telle relation ne l’intéresse même pas. Et puis avec qui pourrait-elle être amie ? Un venteux, seulement fait d’os, tellement hauts sur pattes qu’on croirait voir des araignées ? Un ombreux, puant la charogne et avec leurs pattes pleines de boue ? Non, elle préfère rester avec les siens.

Elle reste hésitante au milieu de tous ces visages inconnus, ces fourrures bigarrées, ces odeurs inédites. Elle a le tournis, finit par trouver sa place entre deux autres luneux, soupire et ferme les yeux, tentant de se reconcentrer sur l’instant présent. Elle espère que l’Ombre sera là bientôt, que l’Assemblée sera bientôt commencée, bientôt terminée. C’est à cet instant qu’elle le sens. Quelque chose qui la dérange, la picote. Comme une piqûre d’insecte, une pensée fuyante qu’on n’arrive pas à rattraper, le froid mordant de l’hiver, une brûlure vive et pénétrante. Elle n’ose pas se retourner. Pas encore.

Est-ce qu’un regard peut vraiment brûler ?

Elle avait passée la journée entière à chasser et se défouler follement sur les terres de son Clan, foulant à toute vitesse le sol spongieux, se faufilant à travers les roseaux, bondissant majestueusement sur les rochers, elle était une déesse cheminant vers son destin, chasseresse redoutable et sans pitié, brisant la nuque de ses proies inopinément, elle avait ramener trois proies au camp, rétablissant un peu le monticule de proies ce jours ci, ces derniers temps celui ci était bien maigre, dépourvu de poissons depuis que la rivière soit givrée avec cet hiver rude, les proies mammifères étaient essentiels si on voulait la survie de Clan, et bien que Brume Argentée était une égoïste effrontée, elle ne voulait pas non plus la chute de ses congénères et elle devait plus que tout prouver ses valeurs de chasseuse dans ces temps durs.

Ses efforts furent récompensés lorsqu'elle observa de loin, repus et le ventre bien rond des reines somnolentes allaitant leurs petits bambins, sous les rayons chaud du soleil déclinant du crépuscule. Le ciel avait une teinte pourpre orangé et la jeune guerrière soupira excédée de l'événement qui approchait subitement, la ramenant brusquement à la réalité et elle se dit qu'elle avait bien fait de se dépenser assidûment toute la journée, s'épuisant, ainsi, elle pourrait davantage contrôler ses propos acerbes et ses ardeurs face aux provocations des guerriers ennemis et des charmes répétés de certains autres, il y a bien longtemps qu'elle n'avait pas était piquée d'une folle envie d'assouvir son désir avare d'aventures et par ce fait ; de défier ou aguicher des rivaux. Non celui faisait bien un petit moment qu'elle était restée sage, comme une image. Un peu trop à son goût, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle s'était tant exténuée au boulot ce jour même, ainsi ses envies seraient moins folles et intenses et elle ne provoquerait pas de bagarre que ce soit tant par son caractère farouche et rebelle que par sa beauté naturelle entraînant parfois la convoitise et la jalousie des mâles entre eux, ça lui était déjà arrivée par le passé de provoquer des  confrontations parce qu'elle avait allumée deux mâles...

Elle sursauta lorsqu'elle entendit le signal de départ, tant de temps s'était déjà écoulé depuis qu'elle rêvassait dans ses pensées ? Elle se dressa sur ses pattes, fière et majestueuse, la queue en panache, la nuit était tombée doucement sur le Camp du Clan de la Rivière et les chatons poussaient des petits cris excités en sautillant autour de leurs mères, suppliant celles ci d'avoir la possibilité de rejoindre les autres, apprentis & guerriers durant l'Assemblée qui se déroulait ce soir, celle ci, désespérée de leurs comportements enfantins soupirées en les grondant fermement de retourner se coucher. Brume Argentée regardait ce spectacle, indifférente et blasée, lasse de voir ces grenouilles stupides qui ne se calmaient - presque - jamais.

La lune reflétait de doux rayons argentés sur sa fourrure lumineuse, ses rayures contrastaient du blanc au noir, du gris cendré au gris chiné, du gris anthracite au gris perlé, mais le plus impressionnant c'était ses yeux, deux joyaux vivants, l'un d'un bleu clair turquoise tirant sur le vert d'eau par moment, palette de bleus divers et variés, tandis que le deuxième était une véritable pépite d'or, électrique et étincelant, elle se glissa à travers l'assemblée, tel une déesse fugace, qui s'élance avec volupté à travers ses sujets, elle se posa sur une bosse un peu en hauteur, écartant des apprentis d'un regard courroucée sur son passage, et elle scruta tout les chats qui s'installaient au fur et à mesure, son regard qui voletait, fut soudain perturbé par une tâche blanchâtre dans la foule. Elle plissa des paupières, troublée, la jeune guerrière qui se trouvait là, lui rappelait énormément quelqu'un de sa famille, sa mère Flocon de Neige était une vraie beauté dans son genre, et Brume Argentée savait mieux de qui elle tenait sa fourrure épaisse et ses deux yeux vairons, mais son aînée avait une fourrure immaculée et au lieu d'avoir deux bijoux l'un bleu turquoise et l'autre jaune dorée, celle ci avait l'un d'un bleu comme un ciel en été avec des légère sous teintes turquoise et l'autre d'un vert pâle saisissant et vif, et la chatte qui était là, la tête un peu plus ronde que Flocon de Neige et le corps moins élancé, ressemblait très portrait à sa mère qui était désormais une guerrière sage et respectée de son Clan.

Elle était tout simplement magnifique, sa fourrure tombait comme une robe légère sur son corps, lui donnant un air gracieux, au fond de ses yeux vert et bleu, brillait une lueur insouciante et innocente, tous ce qui n'existaient plus en Brume Argentée, elle observait cette dernière avec curiosité, mais n'en laissait rien paraître, ses yeux, deux missiles froid et hypnotisant ne cillaient en aucun cas. Désireux et brûlants, audacieux et glaciales, elle se demandait qui était cette guerrière et de quel rang était-elle, mais la guerrière argentée était beaucoup trop fière pour aller à la rencontre de qui que soit.

Spoiler:

Souvenir Irréel

La lune est pleine. Le ciel est dégagé. Si le Clan des Etoiles le veut, l'Assemblée ne sera pas perturbée. Souvenir Irréel espère que rien ne dérangera le rassemblement ce soir et que tout se passera bien. Des lunes et des lunes qu'il n'y a pas eu de guerre. Pas plus mal, se dit la Sentinelle qui ne veut pas d'une nouvelle bataille tout de suite. Ils ont eu le temps de se remettre du voyage, mais avec la saison des neiges qui commence, ce serait une très mauvaise période pour créer des querelles. Heureusement, le guerrier bicolore n'est pas du genre à chercher la bagarre, au contraire. Pour ça, il aime bien les Assemblées. Rencontrer les autres Clans de manière pacifique a quelque chose d'intimidant, mais au moins ils peuvent tous se parler sans risquer de se jeter les uns sur les autres. Ils ont le droit, et peuvent même accomplir la cérémonie du partage ensemble. Fébrile, Souvenir Irréel, impatient, attend le moment du départ. Bon, il fera sans doute le timide sur le moment, mais se détendra au fur et à mesure. Ecoutant les instructions de la meneuse avec attention, il attend que cette dernière et le lieutenant se mettent à la tête du groupe pour le fermer. Cela ne le dérange pas, d'être dernier. Fermer la marche est même une sorte d'honneur, puisqu'il peut, de cette façon, aider ceux qui ont un peu plus de mal sur le chemin. Ils pensent aux apprentis récemment nommés qui ne connaissent pas forcément la route et qui peuvent être surpris des obstacles pouvant s'y trouver. Heureusement, malgré le froid et les premières neiges tombées, ils arrivent tous plus ou moins à soutenir le rythme et ils arrivent bientôt aux Cinq Rocs d'où émanent déjà les effluves des Clans de la Rivière, du Vent et du Tonnerre ainsi que, bien évidemment, des voix qui s'élèvent.

En arrivant sur place, même s'ils sont déjà nombreux, Souvenir constate bien qu'il n'y a que l'Ombre qui manque. Voir tous ces visages, même si ce n'est pas sa première Assemblée, lui donne un peu le tournis, quand il se met à baisser le regard des rocs pour admirer la foule de pelages colorés. Il déglutit un peu, tandis que la moitié des siens se dispersent déjà pour se fondre avec des chats rivaux et que les chefs se rassemblent. Souvenir Irréel n'a pas l'intention de dévoiler des faiblesses à leurs ennemis de tous les jours, il se demande comment il pourrait démarrer la conversation avec eux de manière générale. Il aime faire de nouvelles rencontres mais n'est pas le meilleur parleur qui soit. Il tente de faire des efforts depuis quelques temps, mais il a toujours ce côté maladroit qui le caractérise bien.
Il cligne des yeux, essayant de voir s'il n'y aurait pas des chats qu'il reconnaîtrait. Les fourrures lui sont familières de vue, mais il ne connaît rien de leur nom. Est-ce que Forêt de Flammes sera là ? Il chercher du regard la guerrière du Tonnerre. Avançant de quelques pas pour tenter de l'apercevoir, ses prunelles dorées dévient tout à coup vers Vestale Céleste. Il la scrute d'un air curieux en sentant qu'il y a quelque chose d'étrange chez la femelle aux yeux vairons. On ne dirait pas qu'elle sente vraiment bien. Est-ce la foule, qui fait ça ? Souvenir Irréel grimace, espérant que ça ne soit pas grave. Il hésite à s'approcher tout d'abord, de peur de la déranger. Il y en a qui cherchent simplement un peu de solitude pour aller mieux. Pourtant Vestale n'est pas du genre solitaire. Parfois, il se retrouve même un peu en elle. Un ange passe avant qu'il ne se décide finalement à aller la voir. Discret, il s'avance vers la guerrière blanche sans vouloir la brusquer. Enfin, lentement, il prend place à ses côtés.

« Tout va bien, Vestale Céleste ? »

L'inquiétude trouble son regard ambré. Il aimerait bien savoir consoler sa camarade. Douce, sa voix s'élève de sa gorge d'une manière légère, faible pour ne pas agiter ses tympans mais assez forte pour qu'elle puisse l'entendre un minimum. Sa tête se tourne vers les guerriers dans l'Assemblée. Certains parlent plus rudement que d'autres, mais ceux qui se mêlent à des guerriers et apprentis de d'autres Clans n'ont pas vocation à être impoli. La paix règne pour l'instant.

« C'est... C'est le monde, qui te met mal à l'aise ? »

Il sait que la guerrière au pelage duveteux est l'une des meilleures pisteuses du Clan. Pour quelqu'un avec un flair ou une ouïe sensible, le trop plein de bruit et d'odeurs pourrait être dérangeant. Calmement, il essaye de la rassurer, tentant de comprendre ce qui la dérange.

« Je comprends. Cela me fait ça, aussi. Il faut dire que c'est plutôt impressionnant. »

Peut-être parle-t-il dans le vide. Peut-être que cela n'a rien à voir et que Vestale Céleste a un tout autre problème qu'elle préfère garder secret. En aucun cas Souvenir l'obligera à se confier, si elle ne le désire pas. Il veut simplement qu'elle sache qu'il peut être un support en cas de besoin.

Spoiler:

Un regard. Elle ne met que quelques instants à comprendre ce qui lui cause ce tourment. Elle ne veut pas se retourner, elle refuse de se soumettre à ces yeux. Quels yeux ? Elle ne le sait pas. Malgré elle, une pointe de curiosité pointe dans son cœur. Mais la gêne est bien plus forte, et elle tente premièrement de se dérober à ce regard insistant qu’elle sent peser sur elle, une alarme hurlante s’est allumée au fond de son cœur, elle en est certaine, elle est observée. Elle se glisse derrière l’un des luneux qui se tenait à ses côtés, tente de s’enfoncer plus loin dans la foule. Mais si elle s’avance plus encore, elle arrivera trop près des chefs, à l’endroit ou les lieutenants et guérisseurs se réunissent d’habitude. Hors de question qu’elle pénètre ce cercle. Elle fait machine arrière, son regard fuyant et affolé cherchant un pelage connu, un visage rassurant, quelqu’un, n’importe qui. Elle sait que Songe Cristallin est là, quelque part. Pourquoi n’est-il pas visible ? Une boule monte dans sa gorge, de plus en plus grosse à mesure qu’elle tente de ne pas céder à la panique. Elle est décidément une proie bien trop facile.

C’est Souvenir Irréel qui sera son sauveur, alors qu’elle reste encore au milieu de la foule, le regard perdu et l’air hagard. Elle est bien plus heureuse de le voir qu’elle ne le laisse paraître, inclinant la tête en guise de salutation comme elle l’aurait fait avec n’importe qui d’autre. Elle bégaye suite à la question du guerrier crème, elle s’en veut d’avoir laissé paraître sa faiblesse. Elle n’est pas une demoiselle en détresse et ne veut pas paraître comme tel. Elle sait bien que Souvenir Irréel est seulement venu la trouver par simple gentillesse, pour l’aider, mais cela lui suffit pour être embarrassée. Et d’un autre côté… Il lui aura éviter de venir elle-même chercher de l’aide. Lorsqu’il lui demande si c’est le monde qui la met dans cet état, elle le remercie silencieusement du fond du cœur de lui tendre cette perche et s’empresse de la saisir.

« Oui ahah… Je ne suis pas habituée aux Assemblées encore, alors ça me fait un peu peur. Enfin ne t’inquiète pas, tout va bien. »

Peu habituée à mentir, ces paroles prennent un goût amer dans la bouche de la luneuse. Elle rit de sa propre peur pour détendre l’atmosphère, et pour essayer de se débarrasser de la sensation brûlante qui court toujours le long de son échine, la faisant presque trembler. Rien n’y fait. Alors, rassurée par la présence de Souvenir Irréel à ses côtés, elle ose enfin se retourner. Ses yeux survolent l’assemblée, cherchant un regard fixé sur le sien. Ils se font furieux, aucuns doutes que lorsqu’elle trouvera celui qui la trouble ainsi, elle le fusillera de ses pupilles différentes. Mais une lueur de curiosité se trouve aussi dans le bleu & le vert de ses yeux. Qui la fixe, et que lui veut-il ?

Et puis elle la voit. Elle n’était pas belle, non. Vestale Céleste n’était pas sûre d’être capable de trouver un mot assez fort pour la décrire. Irréelle ? C’était bien ce qu’elle semblait. Comme si elle appartenait à un autre monde. Leurs regards ne s’accrochèrent presque pas, le temps d’une respiration, le temps pour la guerrière immaculée de se détourner, regarder le sol, et tenter de ne pas devenir cramoisie. Hors de question que Souvenir Irréel s’aperçoive de son trouble, pose une question, ou qu’elle lui parle de ce regard qui la perturbe. Qui est perturbé par un regard ? Personne, ou encore les chatons, elle ne devrait pas trembler ou rougir ainsi, c’est juste bizarre. Oui, c’est juste un regard, aucune raison d’avoir peur. Alors à présent, elle va être courageuse, et aller elle-même à la rencontre de l’inconnue. C’est ce que n’importe qui ferait n’est-ce pas ?

« S-Souvenir Irréel, excuses moi, je viens de me rappeler qu’il y avait quelqu’un qu’il faut que j’aille voir… »

Elle prend congé de son camarade, se mordant les lèvres tout en se maudissant d’avoir encore une fois bégayé. Mais elle a extrêmement honte de son impolitesse à l’égard du guerrier et espère qu’il ne se formalisera pas qu’elle lui tourne ainsi le dos. Elle ordonne à ses pattes de ne pas trembler tandis qu’elle s’avance tout en regardant le sol, car si elle levait les yeux et rencontrait encore une fois le regard glacé de la guerrière argentée et blanche, elle est sûre de rester clouée sur place. Elle finit enfin par arriver près d’elle - elle est du clan de la rivière, elle le sent maintenant - et le regard fuyant, tente de lui adresser la parole.

« Euh je… B-Bonjour, excuses-moi, tu me regardes depuis tout à l’heure, enfin je crois. E-est ce que j’ai quelque chose de coincé dans le pelage ? »

Wow, meilleure entrée en matière. Elle aimerait s’enterrer sous terre.

Hors rp:

Spoiler:

Brume Argentée ne décrochait pas d'un cil sa chère et précieuse proie au pelage immaculé, la pénétrant des yeux, l'enflammant jusqu'à faire fondre sa fourrure poudreuse, elle voulait lui faire perdre ses moyens, elle voulait la voir tituber dans la foule, elle voulait qu'elle se sente piéger, cherchant désespérément un endroit ou se réfugier, et s'eut l'effet escompté, la jeune guerrière s'épuisait à travers marais et vent de guerriers pour se trouver une issue où les deux yeux perçant ne la trouveraient pas, pourtant elle avait beau nager dans ses eaux tumultueuse de poils roux, gris, noir, brun, et autres, Brume Argentée ne lâchait pas sa prise et elle sentait avec effervescence qu'elle avait une grande emprise sur la belle guerrière blanche, sa fourrure dansait sur son corps gracieux, ses oreilles plaquaient sur son crâne, par la panique que lui provoquait ce charme inquiétant qu'effectuait la femelle argentée, et soudain, un mâle, piteux et médiocre s'approcha de la jeune blanche pour lui prêtait sa compagnie, Brume Argentée ragea intérieurement, il ne te mérite, c'est d'une déesse comme moi dont tu as besoin, songea-t-elle alors qu'elle ne changea pas de ligne de mire.
Elle les observa échanger et la femelle de neige semblait toujours aussi préoccupée, ah, se dit-elle, elle sent encore mon regard qui bouillonne en elle. Elle hôcha la tête ravie, et la vit se dégager du jeune mâle pour, à présent chercher la source de ce point tumultueux qui lui brûlait très certainement la nuque, bien, très bien, viens à moi. Et enfin, en un fraction de secondes, leurs regards se croisèrent, tel un battement d'ailes de papillon, et elle la vit, cet expression fugace et éphémère, d'insouciance et de naïveté, tant de douceur en un cillement de paupière, puis elle perdit de vue. Ah, finalement ? Certainement que la femelle avait vu la guerrière dans sa magnificence, trônant sur sa dune et se dit finalement que ça n'en valait pas la peine, la guerrière argentée eu un pincement au cœur, après tout, si celle ci n'était pas du même bord qu'elle, pouvait-elle lui en vouloir ? Et pourtant, celles là même qui n'en étaient pas, succombaient parfois à son charme ravageur. Se prêtant à l'exotisme et l'inconnu que ça pouvait être pour certaines.
Elle abandonna l'idée de revoir ce fantôme blanc parmi les autres et décida de reporter son attention sur l'assemblée qui allait commencer instantanément, ignorant les regards insistants de certains, puis une tête blanche réapparut brusquement juste en face d'elle, et braqua timidement ses yeux vairons dans les siens, et leurs explosions de couleurs se fixèrent sans se lâcher.

« Euh je… B-Bonjour, excuses-moi, tu me regardes depuis tout à l’heure, enfin je crois. E-est ce que j’ai quelque chose de coincé dans le pelage ? »

Sa voix était fluette et maladroite et Brume Argentée esquissa un sourire pleins d'assurance et une pointe de malice dans le regard, cherchant à la déstabiliser. Quelque chose dans son pelage ? Mais c'est son pelage tout entier qui l'attirait contre elle, fourrure glacé de blanc, elle ne baissa ses pupilles de la femelle face à elle à aucun moment. Gardant le silence à un long moment, imperturbable, statue de marbre.

« Non, dit-elle froidement en laissant peser un nouveau silence. Je te trouvais simplement ravissante c'est tout. »

Serais-ce un frisson qu'elle vit, frémissant, sur le corps de la guerrière blanche ? Elle ne sut pas, puisque celui ci fut très bref et elle n'était pas bien sûr de l'avoir vu étant trop perturbée par ces yeux vairons, presque voir aussi attrayants que les siens, elle marquait à nouveau une pause, pensant à ne rien ajouter de plus, après tout, elle n'était pas du genre très amical et communicative et tant pis que ça en déplaise à son interlocutrice, celle ci n'avait qu'à bien s'adapter avec cette créature indomptable qu'était Brume Argentée. Mais alors qu'elle vit l'amas de guerriers qui s'agglutinaient près du point des chefs, elle ajouta d'une voix à peine audible.

« Après tout, dans ce torrent de chats plus commun les uns des autres, il faut savoir repérer et apprécier ce qu'il y a d'unique en son genre, ici bas. Ne penses-tu pas ? »

Son murmure était suave et fébrile, presque tremblant, aurait-il l'effet souhaité sur la guerrière de glace, alors que ses propres yeux tourbillonnaient dans un ouragan de couleurs, ensorcelants. La lune brillait davantage, haute maintenant dans son lieu céleste et magique, elle berçait le paysage d'un halo pâle blanchâtre mystérieux, projetant davantage un milliers d'étoiles argentés sur le pelage gris tigré de la guerrière, faisant scintillait d'or son œil gauche, et de divers micro joyaux bleu/verdâtre dans son oeil droit. Elle restait droite et fière, attendant patiemment la réponse et réaction de la jeune femelle face à elle.

Toute la journée durant, j’avais attendu ce moment.. L’assemblée. J’étais tout joyeux comme un apprenti devant sa première prise ou comme un solitaire itinérant trouvant un refuge haut de gamme sans effort. Je me sentais à la fois bête et euphorique. Les autres membres du clan ne devaient pas me comprendre, hormis peut-être chatons et apprentis. Pourquoi j’étais si heureux ? Ce n’était pourtant pas ma première assemblée.. Ce rassemblement était magique. Il rassemblait tous les clans, moi, qui autrefois solitaire, n’avait accès qu’à une partie de leur mode de vie. Je pouvais maintenant voir un tout autre visage de mes compatriotes. Être solitaire et membre dans un clan, n’avait que peu en commun. Même les solitaires faisant parti d’un groupe n’avait pas une hiérarchie aussi développé et importante au bon fonctionnement du groupe.. C’était fascinant..

La nuit qui s’était fait attendre arriva enfin. Il était temps de partir. Etoile de Nuit nous avait rassemblés rapidement et nous partions dans la foulée. Mon allure était assez rapide, j’avais d’ailleurs rentré ma truffe dans le postérieur de mon voisin de devant. Ce dernier ne trouvant pas cela fort agréable. Pendant qu’il râlait, je m’excusais promptement.

Une fois arrivée au Cinq Rocs, la meneuse nous donna les dernières consignes et nous avertit des conséquences du moindre écart de conduite. Elle s’éloignait par la suite pour rejoindre les autres meneurs. Je parcourais le paysage du regard pour y découvrir les membres du clan de la Rivière, du Tonnerre et du Vent. Arrivés tout trois avant nous. Les Luneux se dispersaient déjà dans la clairière, me laissant bien rapidement en arrière, seul. Heureux d’être là, mais en sachant pas qui allait voir. J’attendais quelques minutes avant de trouver quelqu’un.. Un peu déçu qu’il soit de mon clan.. Je m’approchais du solitaire. Je lui offrais une petite tape dans le dos en guise de salutation avant d’entamer la conversation :

"-Ba alors, mon p’tit Souvenir. T’es tout seul ? T’as besoin de compagnie. Si tu veux, il y a un groupe là-bas. On y va mon grand ?"

HRP:

Être nommée lieutenante par sa propre mère, cela ne signifie pas être privilégiée ; cela implique au contraire davantage de travail à fournir pour prouver sa valeur aux autres. Cendres de Rosée s’y efforce chaque jour au sein de son clan, planifiant patrouilles et entraînements avec rigueur et précision, levée aux aurores et couchée après tout le monde. Mais chaque soir d’Assemblée constitue un défi supplémentaire. La femelle de jais n’est pas orgueilleuse, mais elle a son honneur ; il lui importe plus que tout de faire bonne figure devant les dizaines de chats rassemblés sous la pleine lune. Elle ne veut laisser à personne l’occasion d’émettre des doutes quant à sa légitimité.

Le dos bien droit, le regard perçant, elle se tient aux côtés de sa mère et meneuse. C’est dans ces moments-là que la ressemblance est frappante, les liens du sang indéniables ; et c’est ensemble qu’elles s’élancent en direction des Cinq Rocs dressés fièrement au centre de la clairière. Un dernier regard échangé, puis Etoile de Nuit va directement rejoindre les autres meneurs. La lieutenante, quant à elle, prend le temps de faire le tour de l’assemblée, se faufilant telle une ombre entre les différents groupes qui se forment peu à peu. Les conversations ne tardent pas à prendre à partir des braises d’amitiés laissées en suspens, et bientôt des éclats de rires s’élèvent vers le ciel. L’atmosphère semble détendue malgré le début de l’hiver, chaque clan ayant à cœur de faire durer la paix le plus longtemps possible.

Cendres de Rosée jette un dernier regard aux membres de son clan qui se dispersent entre les rochers ; elle remarque bien l’embarras de Vestale Céleste, et s’interroge en la voyant rejoindre timidement une guerrière de la Rivière. Celle-ci n’est autre que Brume Argentée, dont la beauté n’a d’égale que la froideur, elle qui est réputée pour avoir brisé bien des cœurs. La lieutenante fronce les sourcils, se promettant de mettre en garde la jeune guerrière concernant ses fréquentations… pour le moins dangereuses. Puis elle rejoint à son tour le centre de la clairière pour trouver sa place au pied du dolmen.

Séquelles du Passé et Eclat de Rire sont déjà là ; Chêne Flamboyant a cependant pris la place d’Etoile d’Ambre avec les meneurs. Intriguée par cette montée en grade soudaine, Cendres de Rosée l’observe un moment avant de saluer ses deux compagnons. Son mouvement de tête est tout juste cordial, mais quiconque a l’habitude des manières franches de la lieutenante sait qu’il ne faut pas s’en formaliser. Son regard s’attarde tout d’abord sur la Représentante des Guerriers et, comme toujours, un frisson involontaire parcourt son corps noueux ; non pas que l’infirmité de la femelle ne la dégoûte, non… Mais elle lui rappelle bien trop cruellement l’attaque des renards durant laquelle elle-même a failli perdre la vie. Un souvenir bien amer qu’elle ne souhaite pas raviver, ni pour elle ni pour Séquelles du Passé, aussi se tourne-t-elle vers Eclat de Rire.

« Comment vont tes enfants ? miaule-t-elle avec une douceur insoupçonnée. Ils ont dû bien grandir depuis la dernière fois ! J’imagine que tu as hâte de les emmener ici avec toi. »

Elle-même se remémore avec tendresse le plaisir qu’elle a ressenti en se rendant pour la première fois aux Quatre Chênes avec ses enfants. Tous les trois sont adultes depuis bien longtemps, des guerriers confirmés, ce qui ne cessera jamais d’étonner leur mère pour qui le temps s’est figé. Elle se surprend à envier un peu le bonheur du jeune père en face d’elle. Car elle, comme à chaque Assemblée, ne peut s'empêcher de chercher du regard la silhouette de son amour, c'est un réflexe cruel qui s'est ancré dans sa peau. Elle a alors plus que jamais conscience des temps passés qui ne reviendront plus. Le monde est en marche, il lui faut le suivre ou mourir.

Après avoir tenté de se présenter de cette façon si mal trouvée et si maladroite, elle se sent prise au piège et ne sait plus quelle position adopter face à la riveuse. Se trouver face à un guerrier adverse, qui qu’il soit, n’aurait pas été simple pour Vestale Céleste. Mais d’une certaine façon, devant les yeux vairons de glace & d’or de l’étrangère, c’était encore pire. La regarder faisait naître dans le cœur de la jeune luneuse immaculée un sentiment étrange, quelque chose qui lui donnait une envie soudaine de se cacher le plus loin possible, comme si elle n’avait pas le droit d’être là. Elle était presque effrayée, comme un chaton rencontrant pour la première fois les guerriers de son clan, valeureux modèles qu’il aimerait tellement suivre. Le lourd silence qui suit sa prise de parole n’améliore en rien ce sentiment d’insécurité qu’elle éprouve et tente de dissimuler en cherchant une position agréable. Mais elle n’a pas envie de s’assoir, puisqu’elle ne restera pas après tout, alors elle se contente de se dandiner sur ses quatre pattes en attendant la réponse de l’autre, et pourvu qu’elle réponde vite, n’importe quoi, et que Vestale Céleste puisse se hâter de faire demi-tour. Elle regrette de s’être avancée à présent. Mais elle veut sa réponse, et craint que Souvenir Irréel ne soit encore tourné vers elle à se demander ce qu’elle trafique, alors elle tente simplement d’inspirer et d’expirer et de se calmer, espérant ne pas passer pour quelqu’un de trop étrange.

La simple négation, calme et froide que lui imposa la guerrière au pelage d’argent & d’étoiles fit presque tituber Vestale qui ne sut absolument pas quoi répondre. Elle se sentait comme une apprentie rabrouée à présent, humiliée. Elle allait s’excuser et reculer lorsque la suite des paroles arrivèrent, la laissant un instant abasourdie, tellement abasourdie qu’elle en oublie de détourner le regard et que ses pupilles restent un instant fichées dans celles lumineuses et assurées de la magnifique femelle qui lui fait face. Elle reste prise entre ces deux feux brillants, et même si dans un geste instinctif de recul elle esquisse un pas en arrière, elle est bel et bien coincée. Dans une piètre tentative pour se sortir de ce guêpier, elle joue la carte de l’incompréhension.

« Pa-pardon ? »

Elle reste les yeux écarquillés, à tenter de comprendre ce qui se passe, et surtout, que peut bien penser la jolie riveuse dont elle ne connaît pas le nom. Elle est une inconnue, cela Vestale Céleste en est certaine, si elle l’avait déjà vue auparavant elle s’en serait souvenue. Mais alors pourquoi se montrer si familière et directe dès leur première entrevue, que cherche-t-elle ? Bien sûr, elle reconnaît sans efforts ici les techniques de drague contre lesquelles sa mère l’avait mainte fois mise en garde mais… Elle se trouve sans aucun doute face à une femelle. Son incompréhension est totale et se reflète dans ses yeux grands ouverts, à la recherche d’un indice qu’elle n’aurait pas vu, comme un sourire moqueur indiquant une blague ou quelque chose de ressemblant. Mais l’inconnue ne paraît pas d’humeur joviale, et après une pause va jusqu’à se rapprocher d’elle pour lui parler d’une voix que seule elle peut entendre. Elle s’empêche de frissonner face à ce contact trop rapproché, mais elle est comme de pierre à présent que la distance qui sépare les deux femelles s’est amenuise. Elle ose à peine respirer, ou lever les yeux.

La nouvelle arrivante est donc plus que bienvenue du point de vue de la guerrière blanche qui peut enfin profiter de cette diversion pour faire un bond de côté et s’écarter. Ne voulant pas froisser la riveuse en restant silencieuse à sa dernière remarque, elle répond d’un bref & peu audible « Oui, oui bien entendu » en baladant ses yeux fuyant sur le sol avant de jeter un regard à celle se présentant par le nom de Plume Cendrée, espérant qu'elle ne remarque pas l'étrangeté de son comportement. Une autre guerrière du clan de la rivière, à en juger par leur odeur adoucie par le parfum de la neige et l’air piquant de l’hiver. Vestale Céleste lui envie aussitôt son pas souple et son air assuré. Si seulement elle avait pu paraître un peu plus intelligente en se présentant… Elle se lisse le poitrail en quelques coups de langues pour tenter de se donner contenance.

« Je suis Vestale Céleste. »

Elle se tait, ne sachant que dire d’autre, mais elle craint de paraître impolie en imposant ce silence trop tôt, alors elle ajoute :

« Du-du clan de la Lune. »

Et puis pour finir et laisser la parole, elle s’adresse enfin à la femelle argentée & blanche, mais bien sûr c’est par pure obligation et politesse, elle personnellement n’est nullement intéressée par la réponse. Elle tente de s’en convaincre.

« Et toi, qui es-tu ? »

La surprise se dessina sur les traits de la guerrière immaculée, et Brume Argentée laissa échapper un ronron amusée devant l'expression effarée et d’incompréhension de la native de la lune, celle-ci resta silencieuse un moment, un air hébétée sur son visage, la bouche entre ouverte et elle laissa échapper simplement ; " Par-pardon ? ". La guerrière argentée esquissa un sourire de satisfaction et se rapprocha un peu plus de la guerrière blanche, laissant son souffle se mêler au sien, dans un nuage brumeux, elle cherchait à la déstabiliser davantage pour pouvoir l'avoir plus aisément dans sa poche, celle-ci n'était vraiment pas une proie difficile, et son manque de confiance en elle était tellement évident, que le charme naturelle de la guerrière d'argent faisait un effet d'étonnement sur la luneuse.

Alors que la déesse d'argent attendait avec patience la réponse à sa deuxième remarque, une jeune guerrière cendrée qui lui était familière puisque celle-ci appartenait à son Clan,  apparut dans son champs de vision pour venir interrompre le charme qui vaguait entre les deux guerrières et elle vint s'initiait entre elles. Brume Argentée grogna, mécontente de sa venue, elle n'avait rien de particulier contre Plume Cendrée qui était une brave guerrière de son Clan, mais cette situation ne tarderait pas à s'aggraver si celle-ci restait encore plantée là, entre ses pattes pour bavarder avec l'autre guerrière. Celle-ci parut soulagée de la venue de la cendrée, car elle souffla avec un empressement un "Oui, oui, bien entendu" et Brume Argentée ragea intérieurement devant la tentative de fuite de la guerrière immaculée, celle ci se concentra sur Plume Cendrée qui venait faire les présentations, avec son air admirable et sur d'elle, la guerrière argentée soupira, et leva les yeux au ciel, plus qu'agacée, elle recula de quelques pas, et fixa ardemment les deux femelles.

Celle ci, se présenta enfin, et Brume Argentée tirait au moins un bénéfice de la venue de Plume Cendrée, elle pu au moins soutirer le prénom de Vestale Céleste, un nom bien à la hauteur de sa personne, la guerrière hocha la tête ravie, et abordait une expression froide et passive devant les deux autres.

« Du-du clan de la Lune. »

Le bégaiement hésitant de la guerrière blanche confirma à Brume Argentée que celle-ci n'était toujours pas à l'aise en sa présence, ou peut-être en la présence d'autre personnes tout court ? Hm.. La guerrière argentée songeait que si celle ci était aussi timide et introvertie, cela faisait d'elle quelqu'un d'encore plus facilement séduis-able. Elle l'observait toujours, mais cette fois, avec une lueur énigmatique au fond des yeux, et sourit lorsque celle ci prit soudain un air désintéressée et se tourna en sa direction pour lui demander ;

« Et toi, qui es-tu ? »

Une étincelle amusée dansait dans ses pupilles vairons, elle remua légèrement d'une oreille, et s'étira longuement, laissant peser un long silence, certainement embarrassant pour les autres, mais plus que jouissif pour elle même, qui s'extasiait en  mettant en valeur ses courbes délicates et féminines.

« Moi ? Je ne suis personne d'autre que Brume Argentée, du Clan de la Rivière. »

Elle l'observa longuement, étudiant son expression faussement détachée, et enroula sa queue épaisse autours de ses pattes blanches. Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire, dévoilant des dents couleurs ivoires et ajouta sur un ton froid et sec.

« Maintenant, Mesdames, si vous voulez bien m'excuser, ce n'est pas que je n'aime votre compagnie à toute les deux, mais je préfère rester seule et un peu à l'écart, sur ce, je vous laisse faire connaissance et vous souhaite une bonne fin d'Assemblée, je m'en vais me poser un peu plus loin, en amont des guerriers, là bas. Bonne soirée. »

Elle s'inclina poliement et désigna du bout du museau une minuscule colline éloignée à l'abris des arbres, elle se dandinait tel un serpent qui se glisse entre des rochers, et commença à s'éloigner, elle n'avait pas pour habitude de s'excuser lorsqu'elle se retirer d'une discussion, ou même de se justifier, mais elle voulait gagner le cœur de cette jolie dame, et elle savait qu'en jouant la carte de la courtoisie, elle l'aurait peut-être à coup sûr. Elle jeta un dernier regard lourd de sens et de mystère à la guerrière blanche. Ses pupilles brillaient d'une étrange lueur spectrale. "Me rejoindras-tu à la fin de l'Assemblée, lorsque la lune dansera pour nous ?" Puis elle alla se dissimuler furtivement dans les fourrés, sans se retourner. Elle s'allongeait de tout son long, laissant les quelques rayons céleste baigner sa fourrure de poussières d'argent, et elle écoutait sagement les derniers ragots des Clans, en espérant que peut-être les chefs avaient-ils des choses importantes à dire ? Elle attendrait, et peut-être que ce soir, une bonne surprise se produirait pour elle, elle esquissa un sourire de béatitude, comme elle le faisait si rarement.

Heyo :

Spoiler:

Souvenir Irréel

Un peu à regret, mais poliment, il laisse la femelle aux yeux vairons s'éloigner pour aller rejoindre une autre chatte un peu plus loin. Il n'est pas du genre à retenir les félins s'ils veulent voir ailleurs. Sa camarade n'est pas du genre à fuir les membres de son Clan, alors il ne s'inquiète pas trop non plus, à vrai dire. Peut-être a-t-elle réellement reconnu quelqu'un et voulait discuter seule à seule avec cette inconnue ? C'est son droit. Au moins, il espère lui avoir rendu l'esprit un peu plus léger. Inclinant la tête quand elle s'en va, il reste quelques secondes sans bouger, regardant à droite à gauche pour voir s'il y a des têtes familières. Ou non, d'ailleurs. Ses pattes n'osent pas bouger de toute façon. Il se demande pourquoi il le ferait. C'est une tape dans le dos qui le sort de sa solitude et de sa contemplation. Surpris, il sursaute avant de se détendre en reconnaissant son ami Faucon des Prairies. Il offre un sourire à l'autre Sentinelle qui lui propose aussitôt de rejoindre un groupe. Il ne lui a jamais dit, mais il a toujours envié secrètement l'assurance et la sociabilité de l'ancien solitaire. C'est avec curiosité qu'il regarde le groupe duquel il parle. Le cadet cligne des yeux en reconnaissant Vestale Céleste qui l'a quitté quelques instants plus tôt, mais la femelle qu'elle était venue voir s'en va au moment où une autre guerrière les rejoint. Souvenir Irréel ne comprend pas bien ce qui se trame avec le trio, mais puisque Vestale n'est plus avec celle qu'elle cherchait, il se demande si lui proposer une nouvelle fois sa compagnie ne va pas l'ennuyer... Mais puisque la Sentinelle plus âgée lui demande, alors peut-être que ça ne sera pas dérangeant ?.. Finalement, Souvenir Irréel hoche la tête.

« Allons-y. »

Accompagné du guerrier musculeux, ils rejoignent Vestale Céleste et une femelle qui porte l'odeur du poisson sur elle. Timidement, il est le premier à se présenter pour ne pas que l'inconnue se sente exclue. Après tout, ils sont trois de la Lune, ici.

« B-Bonjour. Tu... Tu es du Clan de la Rivière, non ? Je-Je m'appelle Souvenir Irréel. Et-Et voici Faucon des Prairies. »

D'un signe de la queue, il présente le vétéran à ses côtés pour lier sa parole. C'est alors que ses yeux croisent ensuite la silhouette de la dernière Sentinelle de la Lune : Songe Cristallin. Celui-ci, un peu à l'écart, semble étrangement souffrir de sa solitude d'Assemblée. Le guerrier blanc et crème hésite. Devrait-il aller le voir ?.. Il ne voudrait pas s'imposer. Après tout, ils sont là aussi pour parler avec d'autres félins que ceux de leur propre Clan, mais au pire, Songe Cristallin pourra faire comme Vestale Céleste tout à l'heure et s'éclipser si jamais le désir lui en prend ou qu'il reconnaît quelqu'un. Sa compagne, après tout, est resté au camp pour surveiller leurs petits alors peut-être qu'elle lui manque. D'un mouvement de la tête, il avertit ses camarades.

« Je reviens. »

De ses fines pattes graciles, il prend temporairement congé de ses camarades pour aller à la rencontre du guerrier.

« Songe Cristallin ?.. Tu es... Tu es tout seul ? Tu peux te joindre à nous si... Si tu veux. »

Il désigne d'un geste de la patte le groupe qu'ils ont formé, un sourire aux lèvres. Il veut que son ami sache qu'il est bienvenu parmi eux s'il le désire.

Spoiler: