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| Sujet: Divagations matinales [RP libre] Sam 3 Nov 2018 - 18:02 | |
| Nuage d'Argent ~ Ruisseau rocheux Le clapotis du ruisseau sonnait à la fois cristallin et bruyant dans l'air brumeux du jour qui se levait sans hâte. On eût dit qu'un animal doté de cent langues buvait paisiblement à même la surface de l'eau, et que chaque coup de langue simultané lançait un écho absorbé par les fougères, les feuilles flottantes, les pierres lissées et le tronc creux des arbres environnants. Dans les puits de vase plus calmes, au bord du ruisseau, des araignées d'eau se déplaçaient sans bruit, leurs pattes fines bien écartées, soulevant à peine une onde à chacun de leurs mouvements rapides. Nuage d'Argent, recroquevillée sur la berge, voyait leur manège sans le regarder. Le froid pénétrait son museau et ses coussinets, malgré toute son épaisse fourrure. Elle étouffa un frisson en enfouissant le nez dans ses pattes avant étendues. C'était toute l'atmosphère du lieu qui lui faisait penser à un animal géant : elle respirait son haleine humide, fraîche, déplaisante, il était caché dans la lourdeur des nuages, sa présence faisait plier les branches alourdies par la rosée. Elle aurait préféré se sentir seule, comme c'était habituellement le cas hors du camp. Elle ne parvenait pas à se rappeler de son rêve.
Une tache colorée, par terre, rassembla soudainement son attention, jusque-là éparpillée en considérations sans importance. L'apprentie se leva avec effort - des brins de mousse restèrent collés à sa fourrure, dans cette humidité terrible - et s'approcha. Un petit triangle duveteux, zébré de rouge et de brun. C'était l'aile d'un papillon mort, désarticulé, peut-être attrapé et laissé là par une créature joueuse. Elle se tourna dos au ruisseau pour mieux l'examiner à la lumière... ...Et se sentit partir en arrière sur un caillou glissant. Elle planta ses griffes et tenta de reporter son poids vers l'avant, mais il était trop tard. Sa patte arrière était plongée presque entièrement dans l'eau glacée.
" NAAAH ! "
Hérissée, elle pédala en avant et finit par se tirer de l'eau. Authentiquement frigorifiée, elle resta quelques instants écrasée au sol, parcourue de picotements désagréables, un rugissement d'adrénaline encore dans les oreilles... Et priant sans un bruit pour que personne n'ait pu l'apercevoir, dans ce paysage dégagé, dans une posture aussi embarrassante. |
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