Fly high | Libre.

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► Petit Patchouli.


Aujourd'hui est un jour triste. Un jour sans saveur, que personne ne devrait subir. Je suis trop jeune pour vivre une telle tragédie.

Je vois vos yeux s'écarquiller face à une telle déclaration, vos visages se fermer, déformés par l'inquiétude. Peut-être que vous vous demandez si quelqu'un est mort, ce qui a pu se passer pour faire naître en moi un tel sentiment de détresse. Autant vous le dire de suite : de tout ce que vous pouvez vous imaginer, c'est pire.

Aujourd'hui, maman est partie.

Elle m'a laissée, m'a abandonnée dans la pouponnière, seule, livrée à moi-même. Une mère ne devrait pas faire ça à son enfant. Quand j'ai ouvert les yeux ce matin, réveillée par l'appel de mon estomac qui quémandait son lait quotidien, je n'ai pas senti la chaleur de maman pour la première fois de ma vie. J'ai attendu, de longues minutes, mais elle n'est jamais revenue. J'ai essayé de mener l'enquête, tout d'abord. Ne pas céder à la panique, réfléchir avec pragmatisme. Peut-être a-t-elle eu envie de manger un bout elle aussi, de faire ses besoins, de prendre l'air ? Mais aucune des autres reines présente dans la pouponnière n'a su me renseigner. J'ai ensuite cédé à l'inquiétude ; un renard aurait pu infiltrer le camp, ou pire, un chat d'un autre clan, et il aurait enlevé ma maman ! Mais l'activité au-dessus de la pouponnière laissait deviner que rien de catastrophique n'était arrivé. Donc, après de nombreuses heures (jours ? Semaines ? Lunes ? Le temps passe si lentement quand on attend quelque chose) j'en suis arrivée à cette seule conclusion : maman est partie, loin de moi, sans moi. Voilà une trahison que je ne pensais pas vivre. J'ai la boule au ventre, envie de crier, de pleurer, de me ruer hors de cette pouponnière qui me sert de prison pour aller retrouver ma maman ! De quel droit m'abandonne-t-elle, elle qui me dit tous les soirs qu'elle m'aime —

« Petit Patchouli ? Mais qu'est-ce que tu fais à ruminer dans ton coin ? »

Laissez tomber. Maman est là, devant moi, un air mi-amusé mi-inquiet sur son visage. J'étais tellement accaparée par mes pensées que je ne l'ai pas entendue arriver. J'ai envie de courir vers elle et de me blottir contre sa fourrure toute chaude et toute douce, mais je sens ma colère remonter en moi à la manière d'une boule de mousse imbibée d'eau fraîche. Je m'assois, toute droite, et lui tourne la tête.

« Tu étais partie. J'ai cru que tu m'avais abandonnée. »

J'ai essayé d'être forte mais je peux sentir ma petite voix se briser à la fin de ma phrase. Voilà, maintenant, j'ai envie de pleurer. Ce n'est pas comme ça que je vais devenir une guerrière forte et courageuse ! J'entends maman soupirer. Peut-être qu'elle en a marre, de moi. Je comprendrais. Mais quand même ! On n'abandonne pas sa fille, comme ça, sans prévenir. Embruns des Anges s'approche de moi, avec une douceur qui me donne envie de pleurer encore plus. Mais je ne dois pas céder. Lorsqu'elle me lèche entre les oreilles, je lui sers une mine boudeuse.

« Oh mais ma chérie, je ne suis partie que quelques minutes à peine, Éclat de Rire voulait me voir, il m'a demandée si j'étais disponible pour accompagner une petite patrouille de chasse, histoire de me de dégourdir les pattes. »

Je me sens bien évidemment coupable, car je n'ai pas su être suffisamment patiente pour attendre le retour de maman. Et je sais très bien qu'elle en a marre d'être coincée dans la pouponnière, qu'elle a envie de retourner à ses activités de guerrière. Mais je ne me sens pas prête à la laisser partir aussi longtemps. Je sais que c'est égoïste, mais ça me terrifie. Pourtant j'hoche la tête, reluctante. Je dois lui montrer que je peux être indépendante et sage. Je ne trouve toujours pas la force de la regarder dans les yeux.

« Très bien. Mais si tu dois aller dehors, alors moi aussi ! Je n'ai pas fait de balade dans le camp depuis des années ! »

Alors non, je n'exagère pas. Ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas mis les pattes hors de la pouponnière et ça me manque. En plus, il a l'air de faire beau, et j'ai tout aussi envie de profiter des rayons du soleil que mes camarades de clan ! Je me sens dépérir, ici. Mon beau pelage ne reçoit pas sa dose de vitamines, je le sens.

« Bien sûr, ma chérie. Mais tu restes au centre du camp et surtout tu ne vas pas embêter les guerriers et les apprentis ! Et tu laisses papy et mamie tranquilles ! »

Je lève les yeux au ciel, agacée. Comme si j'avais pour habitude d'embêter tout le monde ! Moi, quand je sors, je me fais toute discrète, si bien qu'on ne me remarque jamais. Je parle seulement aux anciens qui aiment bien me raconter leurs histoires. Mais je ne suis pas stupide, je sais très bien que mes aînés sont occupés et qu'ils n'ont pas besoin de me voir traîner dans leurs pattes. Je secoue la tête en affirmation, et si je sens le mécontentement de maman, je l'ignore. Elle verra bien quand je reviendrai sans causer de problème ! Je prends le temps de boire un peu de lait, de faire ma toilette et nous voilà prêtes à franchir la barrière de la pouponnière pour nous rendre dans le véritable monde.

Bon, d'accord, ce n'était peut-être pas la meilleure idée. La première fois que je suis sortie, il y a de cela si longtemps, j'étais poussée par l'adrénaline. Je n'avais pas remarqué à quel point les autres chats de mon clan étaient si grands, et à quel point le campement lui-même paraissait immense. Objectif du jour : ne pas me perdre. Allez, je peux le faire. J'offre un sourire confiant à maman, et j'ai tellement l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine que je ne sais pas comment elle peut me croire. Peut-être qu'elle essaie de m'apprendre une leçon, et je suis à peu près certaine que je vais la retenir, cette fois-ci.

Je m'aventure doucement vers le centre du camp, essayant de faire attention à la rivière qui sépare chaque îlot. Je ne sais pas qui a décidé de construire le camp ainsi, mais je le déteste ; a-t-il pensé aux chatons qui ne savent pas encore nager ? De ce fait, de nombreux recoins du camp me sont inaccessibles. C'est injuste, mais je l'accepte. J'aurai le temps de m'y rendre une fois un peu plus grande. Le rocher sur lequel Mélodie des Étoiles prononce ses appels au clan me paraît incroyablement gros, mais il a l'air d'être aussi un terrain de jeu sympathique. Je peux déjà m'entraîner à l'escalade ! Mon futur mentor sera fier lorsqu'il constatera que je saurai déjà montrer aux arbres. J'utilise mes petites pattes pour me hisser en haut de la première plate-forme, à peine à quelques longueurs de queue du sol, mais déjà j'ai l'impression de surplomber la vallée. En fait, la sensation me donne le vertige. Je crois que je n'apprécie pas d'être autant en hauteur, mes pattes si loin du sol. J'ai la nausée, et surtout, je suis terrifiée. J'essaie de redescendre, mais la peur me paralyse.

« Aidez-moi s'il vous plaît, je crois que je suis coincée, » lancé-je de ma petite voix.

Je ne sais pas si on peut m'entendre, de là-haut. J'ai encore une voix de chaton, toute basse, toute petite. Je renouvelle mes miaulements apeurés et laisse tomber mes prétentions de féline forte et courageuse quelques temps. Je veux juste descendre de là.

Mais quelle ambiance ! Masque Illusoire se prélassait en face de la tanière des guerriers, une patte dans l'eau pour se rafraîchir par ce début de journée qui s'annonçait bien ensoleillée. Il observait les mines moroses de certains de ses camarades, entendait ici et là des discussions à propos de vols de gibiers, voyait les apprentis partir pour s'entraîner au combat... Tout le monde semblait si sûr qu'une guerre allait éclater ! Il ne pouvait quand même pas être le seul à trouver tout ce remue-ménage un peu excessif et à penser que plus ils étaient paisibles, moins il y avait de chance que le conflit vienne à eux, si ? Même Songe de Brume semblait redouter une bataille ! Oui, certes, il y avait quelques tensions, et ce depuis la Marée Noire. Mais rien n'obligeait le Clan de la Rivière à se mettre dans une telle détresse.

Le guerrier écaille de tortue s'étira, bailla et se faufila dans l'eau pour rejoindre une autre partie du camp. La rivière n'était pas très profonde chez eux et il n'était même pas obligé de nager tout le temps, il avait souvent patte. Il grimpa sur la terre ferme, s'ébroua et attrapa un poisson frais dans la réserve de gibier. Il avait fallu du temps au clan avant qu'il soit à nouveau confiant de pêcher après toutes les intoxications d'il y a quelques lunes, d'ailleurs la plupart des guerriers n'allaient plus vers le Delta pour trouver du poisson. Il y avait toujours des risques, et la population marine avait considérablement diminué. Le félin décida alors de couper proprement avec ses griffes le poisson en deux afin d'en laisser une part pour le prochain chat qui passerait. En tout cas, cette moitié, elle était pour lui ! Il n'attendit pas plus longtemps et l'englouti. Il se lécha les babines, satisfait de son repas et se prépara à partir un peu plus loin dans leurs terres pour se balader lorsqu'un bruit attira son attention.

Ses oreilles se redressèrent et pointèrent vers le milieu du camp. Il lui semblait que... Mais oui ! Le bruit se répéta et confirma ses soupçons. Un chaton était en train de miauler en dehors de la pouponnière. Qui pouvait bien être le petit aventurier qui s'était échappé de la surveillance de ses parents pour aller près du grand rocher ? Masque Illusoire plongea à nouveau et se dirigea vers l'île centrale, où les miaulements se firent de plus en plus clairs et insistants. Patience petit, j'arrive ! Le matou atteint sa destination et commença à grimper pour atteindre la source des petits cris. Il n'eut besoin que de monter sur un caillou et de se mettre sur ses deux pattes arrières pour apercevoir la boule de poils. Il se retrouva museau à museau avec Petit Patchouli, la fille d'Embrun des Anges et d'Envol Nocturne.

« Coucou toi ! » miaula joyeusement Masque Illusoire.

Ayant les deux pattes avant sur la plate-forme où se trouvait la chatonne, il se servit de celles-ci pour se tracter et se retrouver auprès de la boule de poils rousse et blanche.

« Tu as grimpé ici toute seule ? Pas mal eh ! Tu voulais convoquer une Assemblée de clan ? Si tu as une mission à donner, je suis ton chat ! »

Masque Illusoire s'allongea avec ses deux pattes devant lui pour ne pas trop surplomber Petit Patchouli de sa taille et ronronna en prononçant ces paroles. Il avait deviné dans les appels de la petite que celle-ci était effrayée, autant essayer de la réconforter et de la faire jouer un peu. Il connaissait bien les chatons du Clan, il était sûrement un des rares guerriers à vraiment passer du temps avec eux. On lui reprochait d'ailleurs parfois de trop jouer avec les chatons plutôt que de s'occuper de ses tâches de guerrier, oups...

Hors-RP:

hors rp :

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► Petit Patchouli.

Il me semble passer une éternité avant que quelqu'un daigner venir me sauver. Alors, je sais, vous commencez peut-être à vous rendre compte que ma notion du temps est légèrement exagérée, ne faisant pas de moi une narratrice très fiable, mais cette fois-ci, je le jure : je suis restée coincée sur ce rocher au moins une heure ! Si bien que ma voix a fini par s'essouffler. Mais mon vertige au moins s'est un peu calmé. Disons que je n'ai plus l'impression que le monde va m'aspirer, ce qui est déjà un bon début. Tout de même, quand je vois un guerrier au pelage tacheté arriver, je ne cache pas le soupir de soulagement qui m'échappe. Enfin, je vais pouvoir être délivrée de mon supplice ! Par contre... mais qu'est-ce qu'il fait ? Pourquoi il vient à côté de moi, au lieu de m'attraper et me poser parterre ? Eh, mon gars, si tu veux pas que je rende mon déjeuner sur ta jolie fourrure, va pas falloir trop tarder ! Mais l'avoir près de moi calme un peu mes nausées et avoir quelqu'un à qui parler m'aide à me concentrer sur autre chose.

Déjà, je pourrais faire un effort et me remémorer le nom de ce guerrier. Avec un tel pelage, difficile de l'oublier ; je l'ai déjà vu plusieurs fois aux abords de la pouponnière jouer avec d'autres chatons. Peut-être même qu'on a déjà échangé quelques mots, mais ma mémoire me fait défaut. Être un chaton, parfois, c'est vraiment agaçant. J'ai du mal à retenir toutes les informations et à me souvenir de tout ce qui se passe. Illusion de quelque chose, peut-être... oui ce doit être ça ! Je lui rends son sourire, même si honnêtement, mon expression est un peu forcée. Il me prend pour un nouveau-né ou quoi ? J'ai passé l'âge de jouer au chef du clan. J'ai quatre lunes, je suis grande ! Mais bon, s'il veut de moi que je rentre dans son jeu... ah, les adultes.

« En tant que cheffe je voulais m'assurer que mes guerriers allaient être réactifs en cas de chaton en danger. Vous, Masque d'Illusion, avez été le plus rapide, félicitations ! »

Allez, d'une pierre deux coups, je prétends m'amuser avec lui et en plus j'essaie de cacher le moment embarrassant qui m'a conduite en haut de ce rocher. Bon, par contre, j'aimerais vraiment bien descendre, maintenant... mais je n'arrive pas à formuler mes pensées, quelque peu intimidée par ce guerrier qui ronronne à côté de moi. La situation est... étrange. Peut-être que ce Masque d'Illusion est un peu comme papy, tout compte fait. Dans son monde, en marge. C'est ce qui expliquerait qu'il ne me gronde pas d'avoir été aussi imprudente.

Mais au loin j'aperçois quelqu'un qui arrive certainement pour me donner une leçon de morale. La silhouette grise du lieutenant du clan, Éclat de Rire, se rapproche de nous et j'ai soudainement envie de me cacher dans la fourrure de Masque d'Illusion. Je n'arrive pas à lire l'expression sur le visage du lieutenant, mais il ne semble pas être de très bonne humeur. Voilà, ça y est, c'est fini. Je ne vais plus avoir le droit de sortir de la pouponnière avant mes six lunes. Confinée car j'aurai dérangé les guerriers, voire pire ! Exilée, exclue du clan, jugée incapable, incorrigible. Quatre lunes à peine et déjà un destin funèbre qui m'attend ! Qu'ai-je donc fait pour mériter un tel courroux des Étoiles ?!

Pourtant, quand il arrive, c'est avec un sourire dessiné sur son visage. Je dois dire que je ne comprends pas très bien. Il semble même... amusé. J'ose le regarder dans les yeux, mais ses paroles me font aussitôt tourner la tête. Bien évidemment, il se moque de moi. Je sais très bien que le rocher n'est pas très haut ; les guerriers peuvent m'atteindre sans aucun effort et il n'en fait pas l'exception. Je crois que j'aurais préféré être grondée et reniée du clan. Sa remarque me fait très mal. Je pensais être proche du lieutenant, même si on n'a jamais pris le temps de vraiment échanger. Après tout, il était le mentor de ma maman, et si mamie l'a nommé en lieutenant, c'est certainement pour une raison. Je le vois souvent discuter avec papy, aussi. Mais peut-être qu'il se venge du mauvais moment que papy et mamie lui ont fait passer lorsqu'il était le mentor de maman. Elle m'a tout racontée, à quel point ils ont pu le surveiller. Mais c'est pas ma faute, moi ! J'étais même pas née ! Je ravale ma fierté cependant et me plie à ses règles, comme j'ai toujours appris à le faire.

« Je m'entraînais à l'escalade, pour que mon futur mentor soit fier de moi et ne perde pas son temps à me l'enseigner ! Bon la première tentative a pas été très fructueuse. Franchement je comprends pas comment mam... Mélodie des Étoiles parvient à prononcer ses discours de là-haut, c'est pas très agréable comme sensation. »

Je m'autorise à regarder le sol une nouvelle fois mais mon vertige s'intensifie. Quelle merveilleuse idée, Patchouli ! Regarder en bas alors qu'on a peur de tomber. J'avais envie de paraître forte devant Masque Illusoire (j'ai retenu son nom, au moins) et Éclat de Rire, mais je me sens vraiment pas bien.

« Est-ce que vous pouvez m'aider à descendre s'il vous plaît ? Je crois que je vais vomir sinon. »

Hors Rp:

Masque Illusoire bomba le torse et afficha un grand sourire face aux louanges de la petite chatonne. Il avait réussi son exercice, quel honneur !

« Ravi d'avoir pu prouver que... Attends, Masque d'Illusion ? »

Masque Illusoire inclina la tête sur le côté mais n'eut pas le temps de corriger l'erreur sur son nom que venait de faire Petit Patchouli qu'Éclat de Rire apparut à leurs côtés. Le lieutenant semblait rentrer dans le jeu ce qui arracha un autre sourire au guerrier écaille de tortue. Il était aussi amusé par la façon de s'exprimer de la chatonne, elle avait beau être jeune et jouer avec eux, on pouvait déjà entendre qu'elle était mature et qu'elle avait une très bonne élocution. Il ne faisait aucun doute qu'elle serait sûrement une apprentie très sérieuse.

Soudain, Soupçon de Gloire et Éclat de Péridot se glissèrent près d'eux et la femelle au poil crème reprocha à Masque Illusoire de ne pas avoir aidé Petit Patchouli qui, en effet, commençait à perdre patience et à faire comprendre qu'elle souhaitait descendre. Le guerrier regarda ailleurs et sourit d'un air gêné.

« Oups désolé, je n'avais pas remarqué que tu voulais tant descendre Petit Patchouli... »

Il se releva et la poussa du bout du museau alors qu'Éclat de Péridot lui donnait des indications sur comment retourner au sol de la meilleure façon. Sa petite aventure avait décidément attiré l'attention ! Mais il fallait qu'elle se débrouille seule dorénavant, dans à peine quelques lunes elle deviendrait novice alors c'était un bon exercice que de tester sa prise de décision. Masque Illusoire redescendit souplement de la plate-forme et pointa le museau en direction de la chatonne avec un regard encourageant et sympathique.

« Ne t'en fais pas, je suis là si jamais tu glisses ou que je dois te rattraper ! Maintenant, prouve nous que tu es une grande guerrière ! »

Le félin lui fit un clin d’œil amical et attendit que la petite prenne les choses en pattes.

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► Petit Patchouli.

La gêne d'avoir rameuté presque tout le clan remplace rapidement mon vertige. Au moins, Soupçon de Gloire se préoccupe un minimum de moi. Elle ne m'aide pas pour autant et regarde Masque Illusoire avec insistance. Eh ! Surtout m'aide pas, hein ! Ces guerriers, je vous jure... mon sauveur prend place en la figure d'Éclat de Péridot (deux Éclats dans un même clan, ça fait pas un peu trop ?) qui, lui au moins, a le désir de m'aider. Même si j'aurais préféré qu'il m'attrape et me mette à terre en toute sécurité au lieu d'essayer de me donner des instructions. Oui, j'ai le vertige, sinon je serais pas en train de couiner en haut de mon rocher ! Je me retiens de lui faire tout commentaire cependant, préférant adopter une posture de chaton apeuré mais plus docile. Si je me mets à antagoniser mes aînés, je ne suis pas sortie de la pouponnière... ma mauvaise foi mise de côté, je me rends compte que ses instructions ne sont pas si inutiles. Lorsque je me concentre sur mes pattes, la texture désagréable du rocher, et non pas sur le sol, ma sensation de malaise s'envole aussitôt. J'ai presque envie de rester perchée là-haut. Mais je ne vais peut-être pas pousser ma chance. L'encouragement de Masque Illusoire me donne de la force, mais c'est son ton de défi qui me pousse à descendre. Bien sûr que je vais leur prouver que je suis une grande guerrière ! Ils seront tellement étonnés par mon agilité que je serai promue apprentie aussitôt !

Je me rends compte cependant que c'est bien plus difficile à faire qu'à dire. La sensation de puissance que je ressentais quelques minutes plus tôt, enorgueillie par les mots d'Éclat de Péridot et Masque Illusoire, a disparu. J'ai à nouveau l'impression d'être perchée en haut du plus haut rocher du clan. Un seul coup d'œil au sol et je me sens enveloppée par un nouveau vertige. Mais je me ressaisis aussitôt. Une fois que je serai apprentie, je ne pourrai plus céder à une telle faiblesse. J'ignore tous les regards rivés sur moi, avance mes petites pattes, me concentrant sur la pierre plutôt que sur le sol. Je me laisse glisser maladroitement sur le côté comme le guerrier me l'a dit et... hop ! Enfin, je retrouve ma place les pattes sur la terre ferme. Aussitôt je me sens beaucoup mieux. Mais je n'apprécie pas d'être aussi petite face à tous ces guerriers. J'ai hâte de grandir.

« J'ai réussi ! Comme une grande ! »

Ma joie et ma fierté d'être descendue du rocher toute seule me fait oublier ma taille et je me mets à sautiller partout. J'imagine qu'un chaton heureux d'avoir réussi une telle prouesse ne peut qu'attendrir mes aînés. J'aurais quand même apprécié qu'ils ne soient pas autant à me fixer avec leurs grands yeux. J'aimerais que maman soit là pour me ramener à la pouponnière. Je m'apprête à m'éclipser pour fuir tous ces regards, mais un petit pincement dans ma patte droite me force à rester sur place. Je crois qu'en descendant maladroitement, je suis mal tombée. Je ne pense pas que ma patte soit cassée, j'ai à peine mal, mais ce n'est quand même pas très agréable. En tout cas, pour le moment, je suis incapable de courir jusqu'à la pouponnière. Est-ce que je dois leur dire ? Ils vont s'inquiéter, c'est sûr. Et ils vont se moquer de moi, de mon incapacité à effectuer une tâche aussi simple. Mais j'ai mal un peu, quand même... dois-je laisser ma fierté de côté ? Mais et si j'ai vraiment cassé ma patte ? Enfin je ne peux pas non plus embêter Chant d'Espoir qui doit avoir tellement de choses à faire ! En tout cas je me promets de ne plus jamais monter sur ce promontoire. Tant que je ne serai pas la cheffe du clan en tout cas.

« Je euh... j'ai un peu mal à ma patte... je crois que je suis pas tombée correctement... »

Je baisse les yeux, gênée et pleine de honte. Maman ne va plus jamais vouloir me laisser hors de la pouponnière avant mon baptême, j'en suis sûre. Pour ponctuer mes paroles j'agite ma patte blessée ce qui m'arrache une grimace. Et si ça ne guérit jamais et que je ne peux pas devenir une vraie guerrière ? Cette pensée me terrifie. Voilà, j'ai tout gagné. Bravo, Petit Patchouli ! Et en plus on va s'inquiéter pour moi... ou me gronder... en tout cas je vais encore faire perdre un temps précieux aux guerriers de mon clan. N'ai-je donc pas déjà assez causé d'ennuis ? Les Étoiles se sont-elles ainsi liguées contre moi avant que je devienne apprentie ?!

« Mais c'est pas grave ! Je vous jure j'ai à peine mal. Pas besoin d'embêter Chant d'Espoir. Ça va guérir. Je crois. »