Saw you turn around, but it wasn't your face | Ft. Chant du Chaos

Saw you turn around, but it wasn't your face

Lune 1218 Ft. Chant du Chaos

Foudre Noire courait à grande foulée au travers de la lande, ses coussinets foulant à peine la bruyère envahissante du territoire du Vent. La nuit était tombée sur Valeemar, chassant la lumière et apportant l’angoisse de l’obscurité. La féline rayée d’éclairs noirs avait ressentis une fois de plus le besoin irrépressible de s’enfuir, de courir, de partir loin de ses pensées oppressantes. Cela fait deux lunes qu’elle peinait à dormir, que le sommeil ne l’attendait plus le soir, que son esprit fatigué ne trouvait plus le repos. Elle avait beau essayer, elle ne comprenait pas, comment est-ce que c’était possible ? Elle retournait le problème encore et encore dans sa tête sans pouvoir trouver de réponses à ses interrogations. Alors elle sortait, au crépuscule, au beau milieu de la nuit, avant l’aube, à chaque fois que ça devenait trop pour elle. Elle laissait ses pattes la guider naturellement à ce lieu où elle l’avait revu pour la première fois, dans l’espoir fou et fugace de le retrouver une fois de plus, que ce soit bel et bien lui. Combien de fois avait-elle fait ce chemin, combien de fois avait-elle été habitée par cette envie flamboyante de retrouver son odeur et ses contours ? Son frère, Petit Orage, Nuage d’Orage ? Elle voulait, elle avait besoin de le voir à nouveau, de s’assurer que c’était toujours bien lui, qu’il allait bien. Mais le visage de sa sœur Faucon d’Argent tournait en boucle dans sa tête à chaque fois qu’elle adressait ses pensées à l’Orage, son visage tourné d’incompréhension et de colère. Comment avait-elle pu lui faire ça ? Comment pouvait-elle douter d’elle à ce point là ? Elle laissa son hurlement briser le silence, s’élever vers le ciel couvert de nuages, pourquoi est-ce que c’était aussi compliqué ? Pourquoi tout ne pouvait pas être toujours simple ? Comme quand ils étaient chatons. Oui, quand ils étaient encore tous les trois, c’était ça, elle devait juste faire voir la réalité à Faucon d’Argent, elle devait juste réunir sa famille pour que tout rentre dans l’ordre, c’était ça.

Bondissant au-dessus des larges pierres, elle finit par arriver proche des terres libres. Elle s’arrêta non loin de la frontière, analysant les alentours. Elle leva la truffe et huma l’air : quelqu’un était là, elle en était sûre. Les yeux réduits à deux fentes, elle parcourut l’endroit plongé dans l’obscurité. Avant de le voir, lui, son frère. Oui, il était là, il était venu, lui aussi avait pensé à elle et eut envie de la revoir ? Tout n’était pas que mensonges, Faucon d’Argent se trompait, elle avait bel et bien raison. Lui aussi avait douté, c’était pour ça que la dernière fois il était parti, l’abandonnant seul sur la frontière. Mais il était revenu ! Cela ne voulait dire qu’une chose : il allait revenir chez eux au Clan du Vent et tout allait rentrer dans l’ordre. Le pelage blanc de Nuage d’Orage se découpait parfaitement dans ma pénombre alors que Foudre Noire déboula à pleine vitesse, folle de joie. Tout allait bien aller.

« Nuage d’Orage ! Je suis là ! »

Mais la guerrière du Vent, dans un dérapage contrôlé, se stoppa net. Non, non ! Ce n’était pas son odeur, ce n’était pas lui. Le chat qui se tenait devant elle n’était pas lui, il ne portait pas son odeur et arborait des tâches marrons, il n’avait pas le pelage uni de l’Orage. Pourtant, pourtant sa silhouette était tellement semblable, Foudre Noire avait été persuadée que c’était lui, que c’était son frère. Son regard s'assombrit et son pelage se hérissa sur son dos.