ratface (teenage dirtbag) ft. patte sauvage

nuage de némésies & patte sauvage - lune 1214
C'était une mauvaise journée pour Nuage de Némésies. Elle était en ce moment souvent hantée par des cauchemars—de mauvais songes toujours habité par une figure blanche, que ce soit celle de Rage de l'Amour ou celle de Ninja. Souvent, son attention était posée sur les graines de pavot qui pourraient l'aider dormir, l'une des premières choses qu'Epine lui a appris depuis le début de son apprentissage quelques jours plus tôt—un apprentissage qui lui semblait compliqué, d'autant plus que la relation entre la vieille guérisseuse et la génitrice de Nuage de Némésies, qui est sa copie conforme, étaient peu positive. Peut-être bien que son aînée voyait Rage de l'Amour en son apprentie ; après tout, cette dernière était bien la preuve vivante des erreurs de la guerrière, et Nuage de Némésies commençait petit à petit à le comprendre depuis son retour dans le Clan après le plan de la Horde.
En plus d'un sommeil agité par de mauvais rêves, Nuage de Némésies commençait la journée par le traitement de tiques des anciens. Super. Le soleil n'était même pas encore à son zénith que la novice était de mauvaise humeur et ne voulait que retourner dormir—ou peut-être plutôt se prélasser au soleil pour éviter l'apparition de cauchemars.

Dans un soupir, la novice sortit de la tanière des anciens, une boule de mousse remplie de bile de souris dans la gueule, lui donnant un goût âcre dans la gueule. Elle avait encore l'impression d'entendre la voix rauque de l'un des anciens qui lui racontait une histoire qu'elle écoutait à moitié alors qu'elle posait la bile sur ses tiques en grimaçant. Alors qu'elle contournait le centre du campement pour retourner à la tanière de la guérisseuse—tanière qui semblait être une libération, une entrée pour le paradis après cette tâche désagréable—l'abyssin aperçut une petite forme noire près de la pouponnière qui était droit dans son chemin. Et Nuage de Némésies ne changerait sa trajectoire pour personne, surtout pas pour un chaton qui sentait encore les poubelles. L'un des petits ramenés par Ardeur de la Tigresse. Fronçant les sourcils, la novice fixait la petite boule de poils—enfin, "poils" était un grand mot ; le chaton semblait à moitié nu. Il ressemble à un rat. La ressemblance au rongeur était frappante, au point où Nuage de Némésies en doutait presque. Bien que Pluie d'Etoiles était un meneur sage et bon, et que le Clan de l'Ombre a souffert du combat contre la Horde, ils n'étaient pas désespérés au point de recruter des rats dans leurs rangs, si ? D'un regard exaspéré, la novice lâcha un "Tsk" avant de lâcher sa boule de mousse en grimaçant de nouveau au goût âcre. Pourtant, elle regardait encore le chaton avec cette même grimace tandis qu'elle lui adressait la parole. « Bouge de là, petit rat. » Son ton hautain accompagnait son regard plissé qui était toujours posé sur le chaton. Elle retint l'envie de le frotter avec la boule de mousse de bile de souris ; peut-être est-ce que ça pourrait désinfecter ce déchet. « Tu comprends le chat, ou il faut te parler comme le font les rats ? » dit-elle toujours aussi hautainement. Pauvre petit, victime de la mauvaise humeur de la novice—bien que son comportement trop honnête et hautain était quotidien.

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— Lune 1214 — ratface — Nuage de Némésies & Patte Sauvage —

Des ronces. Partout. Il marche entre elles, le museau au sol à la recherche du chemin qui mène à son nid. D’un trot nonchalant, il louvoie parmi les lianes aux crocs acérés, sous le regard vigilant des fleurs bleues dont les motifs rappellent un œil plissé par la méfiance. Il a l’habitude. Sans leur prêter attention, il relève la tête sans ralentir, renifle en quête d’une fragrance familière. Mais rien.

Alors il accélère. Il ne s’est pas tant éloigné, ça ne devrait pas être si difficile de rentrer, non ? Les griffes, qu’il pouvait négliger jusque-là, commencent à se faire de plus en plus hautes. De plus en plus resserré. Il contracte son ventre pour en esquiver certaines, se plaque au sol pour les suivantes, puis sprinte pour survoler les prochaines.

Non, il n’a pas pu passer ici, impossible. Il doit faire fausse route. Confus, il se résout finalement à faire demi-tour. Mais elles sont là.

Les ronces.

Plusieurs font fi des maigres poils qui ornent son torse et l’attrapent par le col. Il tente de les retirer avec précaution, mais d’autres rampent jusqu’à ses pattes, toutes aussi fragiles et dégarnies. Non, non, non, lâchez-moi ! Il s’arrache de leurs étreintes. Elles l’encerclent. Du sang coule le long de son cou. Ne voyant pas d’échappatoire, il fonce, droit devant lui, la tête baissée. Dans la gueule du tigre. Laissez-moi !

Un bruit strident retentit. Un crissement. Un monstre. Il a tout juste le temps d’apercevoir la lumière de ses yeux inonder sa prison. Impact.

*

« … ! »

Le Petit halète ses yeux écarquillés vissés sur le plafond de la pouponnière. Une sueur désagréable plaque ce qu’il lui reste de pelage contre sa peau poisseuse. Parfois, il aimerait pouvoir se l’arracher jusqu’au dernier poil, tant elle lui est inutile. Trop parsemée pour le protéger, suffisamment pour l’étouffer. Il avait déjà essayé, une fois. Ou deux. Elle revient toujours. Frustré, il va pour se laver lorsqu’il remarque sa sœur, son miroir, blotti contre lui. Sans un bruit, il s’écarte, puis traine sa minuscule carcasse à l’extérieur. L’avantage d’être si dégarnie, si petit, c’est que c’est facile d’être discret.

Sous le ciel gris dont les nuages semblent pleins à craquer, il commence sa toilette. Ou il essaie. D’un geste maladroit, il lèche son torse, puis ses pattes. Il leur donne quelques coups pour la forme, avant d’observer ses coussinets. Doit-il en laver les creux ? Il n’en sait rien. Une goutte de sueur lui chatouille l’arrière de l’oreille. Dans un grognement agacé, il cherche à la déloger, mais ne fait que l’étaler, ce qui l’irrite plus encore.

Une odeur nauséabonde s’écrase dans la terre devant lui.

« Bouge de là, petit rat. »

Bien que la jeune femelle soit plantée devant lui, le Petit l’ignore au profit de la mousse à l’odeur infecte qu’il espère voir vite disparaître tant ses effluves empoisonnent sa langue et l’empêche de se laver en paix. La grise ne peut pas être suffisamment stupide pour le confondre avec un rongeur, non ?

« Tu comprends le chat, ou il faut te parler comme le font les rats ? »

Le Petit relève la tête vers elle, agacé qu’elle parle à son museau alors qu’il n’en a rien à faire. Puis il croise son regard. Son dégout. Son dédain. Si sa sœur était là, à sa place, l’aurait-elle toisée ainsi ? Oui.

Son sang ne fait qu’un tour. Du bout des crocs, il s’empare de la boule et la balance de toutes ses forces au visage de l’inconnue. Sans même attendre qu’elle s’y écrase dans un bruit humide, il se glisse sous son ventre et plante ses canines dans l’une de ses pattes arrière.

« Chest toi ! Chest toi qui pues le rat ! » gronde-t-il sans lâcher prise.

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