Dénouement de l'Event de la Horde - Bataille

L'honneur. L'honneur guide les pas feutrés de ceux qui prétendent vivre sous sa souveraineté ; c'est lui qui chuchote aux chats des Clans les multiples leçons de morale censées leur indiquer comment vivre ; comment prier ; comment combattre.
Comment tuer.

Chant d'Antan n'eut aucun mal à l'entendre, ce chuchotement. L'ayant mis de côté quelques minutes plus tôt, il était désormais contraint de se plier à sa dure vérité : le solitaire ne pouvait pas sortir de ce combat vivant. Malheureusement, cette vérité ne semblait pas acceptable auprès du concerné qui, malgré la demande pourtant polie du mâle argenté, n'avait pas dit son dernier mot.

Le combat reprit alors, cette fois-ci rythmé des assistances bienvenues de Luciole Nuageuse. Rien ne les arrêtait, le frère et la sœur qui n'avaient pourtant jamais connu de guerre partagée. Ils se mouvaient à deux comme à une seule personne, comme s'ils partageaient le même esprit. Là où le premier était sur le point de se rendre, la seconde se décalait d'un mouvement fluide ; là où l'une voulait crier attention, l'autre avait déjà esquivé. Là où l'exécution devint inévitable, les deux s'élancèrent d'une même ferveur.
Mais Luciole Nuageuse frappa la première.

Bientôt, Rottweiler ne fut plus. Ses pupilles, encore dilatées de la vie qui venait de le quitter, se teintèrent d'une nuance vitreuse dont l'apprentie semblait se délecter. Chant d'Antan ne pouvait prétendre à remettre en question la morale de sa cadette ; lui même avait déjà ressenti le soulagement d'un combat tout juste terminé, dont l'issue avait été incertaine jusqu'aux dernières secondes. Mais sa petite sœur semblait happée par des démons invisibles, si férocement accrochés à sa peau, tissant un fil transparent entre l'attaquante et sa victime, ne voulant briser leur embrassade. « Luciole Nuageuse ? » tenta Chant d'Antan. Rien. La noiraude ne bougeait pas — respirait-elle ? Rien n'était moins sûr. Doucement, comme apeuré de réveiller un chat pris de somnambulisme lors d'une nuit sans lune, il s'approcha de la prunelle de ses yeux et repris, accompagnant cette fois-ci son chuchotement d'un petit mouvement d'épaule qui rencontra le pelage désormais plus pourpre qu'ébène de la femelle. « Luce ? On rentre ? »

La simplicité de ces paroles sembla sortir la jeune de sa torpeur, mais pas de ses ténèbres. Cet exploit prendrait bien, bien plus longtemps, Chant d'Antan en était certain au vu du regard changé de sa petite sœur. Il leur fallait rentrer, panser leurs blessures, soigner leur cœur. Un moment viendrait où il faudrait revenir pour s'occuper des corps, pour nettoyer cette zone des horreurs récentes sans pour autant oublier ; mais ce moment ne pouvait pas être maintenant. Pas aujourd'hui.
Aujourd'hui, Chant d'Antan voulait oublier.
Où sont mes sœurs ? Comment vont-elles ?
Il lui fallait le découvrir.