Dénouement de l'Event de la Horde - Bataille

HRP:

HRP2:

Difficile de dire si son intervention avait été utile ou non ; la réplique de la chatte du tonnerre lui apporta cependant une information supplémentaire : le chat noir et blanc se dénommait Mouette Rieuse. A peine eut-elle achevé ses courtes phrases - elle gagna quelques points dans son estime de par son verbe clair et succinct, sans nul doute - qu'une voix familière résonnait derrière eux, à peine audible dans le fracas des combats qui ne s'arrêtaient pas autour. Les prunelles claires du solitaire se tournèrent et rencontrèrent la silhouette vacillante du chef du clan de la Lune. Le regard du grand mâle parut s'adoucir une brève seconde, avant de reprendre son habituel détachement.

Il capta d'autres noms aux mots du meneur ; Plume de Mésange était celui de la chatte du tonnerre, Papillon Ephémère de la guérisseuse qu'ils devaient chercher. Les prunelles du solitaire s'étrécirent lorsque le chat clair tenta de soulever Mouette Rieuse, aussitôt aidé par la femelle rayée. Fort bien ; son rôle implicite ainsi que celui du grand chat gris serait de les extirper de ce bourbier pour les sortir du coeur des combats. Sa large silhouette les contourna de quelques pas pour se placer un peu en retrait. Lui ne pouvait pas les guider, il ne connaissait pas les chats dont ils parlaient ; il se contenterait donc d'assurer leurs arrières dans leur dangereuse traversée.

Traversée brève, puisque celle qu'ils cherchent arrive visiblement rapidement à leur rencontre. Bizarrement, aucun des attaquants ne porta trop d'attention à leur groupe. Les combats tout autour étaient de féroces duels, des poursuites s'achevant dans la combe d'une manière ou d'une autre, mais visiblement le gros de la bataille ne se déroulait pas dans le vif sur leur chemin - et c'était sans doute mieux ainsi.

Ils se groupèrent donc autour d'une femelle écaille de tortue à la voix douce et autoritaire, qui savait visiblement ce qu'elle faisait - pourtant, l'expression qu'elle avait arboré en voyant le meneur dans un état si déplorable ne l'aurait pas laissé penser. Elle distribua à chacun des tâches à faire qui n'étaient pas de retourner se battre comme des brutes. Archange ne pipa mot et se contenta d'emboîter le pas au mâle gris. Alors que son regard quittait le groupe pour s'accrocher à celui azur de son coéquipier de fortune, il marqua un arrêt.

Une image, soudain venait de surgir sur ses rétines, pour se superposer à la réalité, troublant sa vision, troublant tous ses sens. Un désagréable frisson courut le long de son dos alors que la silhouette grise devant lui plantait son regard dans le sien. Ce fut comme s'il savait ce qu'il allait dire lorsqu'il ouvrit les babines, les moustaches légèrement hérissées, le corps tendu sous son pelage lourd.
"Nos ancêtre ne veillent pas sur les traîtres. Je suis l'Archange désormais. Et toi tu n'es rien. Ne l'oublie pas."

Son échine se gonfla légèrement. Et la vision disparut soudain alors que cette voix qu'il connaissait bien peu résonnait à ses oreilles, dissipant l'apparition pour le plonger à nouveau au coeur de l'action dans laquelle il prenait part. Son coeur battait la chamade, et il lui fallait un instant pour se ressaisir et répondre d'un signe de la tête au mâle gris. Tous les deux s'engouffrèrent dans les alentours, un peu en retrait de la bataille. Le solitaire prit un peu de distance afin qu'ils couvrent un peu grand terrain - et aussi pour que lui seul fut témoin de la préoccupation qui occupa un instant durant l'éclat de ses claires prunelles. Voilà longtemps qu'il avait tiré un trait sur le passé.
Mais ce chat qui lui ressemblait tant l'avait fait douter, un instant durant, d'en être vraiment sortir.

Alors qu'il enroulait les toiles d'araignées humides qu'il trouvait sur son passage autour de l'une de ses larges pattes, il s'efforça de chasser ces pensées. Son visage avait retrouvé sa froideur habituelle lorsqu'il reprit la route sur trois pattes pour rejoindre son camarade, et qu'ils repartent ensemble vers Papillon Ephémère.

Spoiler:

                                                                                       
Petit Onyx - Nuage d'Onyx - Fragments d'Onyx
                                   

                                               

— Lune 1212 — Mon sang pour les Étoiles — Ft. Les Clans - La Horde —

Une marée noire s’avance dans les terres, glisse entre les arbres, les rochers et collines sans un bruit. Lentement, sûrement, au rythme du lever de la lune, elle lèche les plates-bandes de la Horde, les mordille, puis se stoppe. Un silence assourdissant écrase la scène. Pas un oiseau, pas un insecte ne se risque à l’interrompre. Seuls les cœurs de la masse anonyme percent la nuit.

Je n’ose respirer. Je ne m’en sens plus capable. On m’a appris à me battre. Pas à guerroyer. Mais ce soir, il n’est pas question d’hésiter.

Je ferme les yeux. Entrouvre ma gueule. Inspire profondément. Les différents effluves explosent sur ma langue, la fraicheur des rivières, le sucré de la sève des pins, l’intensité de la mousse de chêne, la douceur des fleurs de la lande et la vivacité caractérielle des bouleaux. Je les laisse imprégner ma gorge, mes poumons, mon cœur. En cet instant, les barrières tombent. Nous ne faisons qu’un.

L’alerte retentit. L’armada de chats bondit en direction du camp adverse tel un fauve titanesque prêt à verser le sang pour sauver sa progéniture. L’une de ses pattes s’en détache pour se diriger vers les tunnels. Parmi l’escadron, je sais la présence d’une calico au regard déterminé. Ramène-les-nous, ma sœur, et reviens-nous saine et sauve.

Au bout de quelques secondes, je ralentis pour laisser la foule me devancer. Ma première vraie bataille, il fallut que ce soit une guerre. Mais je ne suis pas unique dans ce cas ni seule pour l’affronter. Plutôt que de m’apitoyer sur mon sort, voilà l’occasion d’apprendre.

La vague de félins se brise sur les premiers Hordeux venus l’accueillir. Les cris déchirant l’air hérissent mes poils et envoient dans mes veines des pulsions glacées. Soudain, tout me parait plus clair, plus limpide. Comme si j’ouvrais mes yeux pour la première fois. Bien vite, le vacarme n’est plus qu’un bourdonnement lointain, noyé par le flux de pensées qui envahit mon crâne.

Supprime le superflu. J’oublie la notion même de Clan, seul compte les alliés et les ennemis.

Reste en mouvement. Je louvoie parmi les corps entremêlés, n’hésitant pas à changer de direction.

Observe. J’analyse le combat d’une vétérane, une femelle de l’Ombre au poil tout juste discernable sous le sang de ses opposants, mais dont les iris bleus tranchent la nuit. La beauté de sa danse macabre me fascine un instant, avant que je me ressaisisse. Je doute d’être déjà capable de telles prouesses. Une idée germe alors dans mon esprit.

Viens en aide.

Plutôt que de me focaliser sur un adversaire, le premier venu, j’embrasse l’affrontement dans son entièreté. Je m’appuie sur deux cadavres hordeux afin de prendre un peu de hauteur. Un chat en détresse au loin. Souvenir des Étoiles ? Mon cœur s’affole, mais je l’étouffe aussitôt. Plusieurs alliés se précipitent déjà à son secours. Là n’est pas mon combat.

Je replonge dans la masse afin de ne pas devenir une proie évidente. Je sais où l’on a besoin de moi : le flanc gauche, en train d’être éventré par nos ennemis. D’une épaule, je déséquilibre un solitaire qui harcèle un Riveux. D’un croche-patte, j’aide un Venteux à faire chuter son agresseur. Après une seconde d’hésitation qui me brûle la nuque de honte, je prête mes griffes à une rousse du Tonnerre le temps de repousser un opposant déchaîné.

Non loin, je reconnais la montagne d’argent qu’est mon frère. Ma mâchoire se serre quand j’aperçois ses blessures, mais l’étrange calme qui règne en moi guide mon regard sur celui dément de son adversaire. Ce dernier attaque tel un chien fou, sans plus réfléchir. L’issue ne fait aucun doute.

À quelques longueurs de queues, un chat noir est plaqué au sol. Je plante sans hésiter mes crocs dans la peau du cou du Hordeux qui l’écrase et je tire, je me cambre, je tends chacun de mes muscles pour l’en détacher. Soudain, la sangsue lâche sa proie, ma force m’emporte en arrière, mais j’utilise son poids pour retrouver mon équilibre. L’Ombreux en profite pour labourer le ventre de notre adversaire de ses griffes aiguisées pendant que je le maintiens au-dessus du sol. Au bout de quelques secondes, je le balance par terre, avant qu’on ne lui vole sa vie. Il a eu son compte.

Je relève la tête à la recherche de Chant d’Antan. Sans surprise, le voilà qui s’éloigne d’un pas tranquille, scannant avec attention le champ de bataille.

Attends.

Laissant derrière lui une flaque de sang, le Hordeux cinglé engloutit la distance le séparant mon frère comme s’il s’était vu pousser des ailes. Mon cœur rate un battement. Mes pattes se mettent en mouvement d’elles-mêmes.

« Antan ! »

Mon cri se noie parmi les autres. J’étends mes membres autant que possible, je contracte mes muscles à m’en faire mal, mais rien n’y fait. Je n’arriverai pas à temps. J’enjambe les corps sans une considération, j’ignore le feu dans mes poumons, mais rien n’y fait. Je n’arriverai pas à temps. J’en appelle aux Étoiles, aux mille et un alliés qui nous encerclent, mais rien n’y fait. Je n’arriverai pas à temps.

Sauf si…

Je dévie ma route vers l’argenté, plus proche d’une enjambée et surtout en contrebas depuis ma position. Je dévale la pente en ignorant les gravillons qui égratignent mes coussinets. Je me replie sur moi-même, j’écrase la terre de mes pattes et… je m’envole.

Le temps semble se stopper. Le brouhaha de la guerre s’évanouit, l’adrénaline et l’euphorie engloutissent mes sens. L’expression de Chant d’Antan est si… curieuse. Elle me tirerait presque un sourire. Je suis arrivée à…

Impact.

Ma gueule s’ouvre en un hurlement égorgé par la douleur. Je suis projetée sur le torse de mon frère qui m’accueille avec la douceur d’un roc. Un gout de cuivre et de terre baigne ma langue, tandis que je relève la tête, dans les pattes du Luneux. Je rampe hors de son chemin à l’aide seule de mes membres antérieurs, sans quitter du regard le chien galeux qui a osé s’en prendre à ma famille.

« Termine-le, mon frère. Je surveille tes arrières. »

Des sifflements plus que des mots, mes poumons peinent à trouver de l’air. Je me remets avec difficulté debout, ignorant l’inquiétant liquide chaud qui cascade de ma cuisse jusqu’au sol. Ma vision est trouble, mon pas incertain, mais la souffrance est bien loin en cet instant, noyée par l’adrénaline. Une haine glaciale inscrit des paroles brûlantes dans mon esprit tandis que je toise le Hordeux.

Mon sang pour les Étoiles. J’en sacrifierai chaque goutte sans hésiter pour protéger les Clans. Encore plus pour ma famille.

Luciole Nuageuse

HRP:

Les ennemis se succédaient, êtres de chair, de sang, de crocs et de griffes. Tous portaient les mêmes visages déformés par la haine, les yeux sanguinaires. Ou étaient-ce ses propres yeux, sa propre vision qui était déformée ? Peu importe. Mélodie des Etoiles ne les regardaient pas. Les seuls visages qu’elle voyait étaient ceux de ses enfants qu’on lui avait cruellement arrachés, qui avaient vécus une lune loin d’elle, loin de tout ce qu’ils connaissaient. Bientôt, ils seraient réunis.

Alors elle virevolte, mue par la folie meurtrière, ses pas guidés par les tambours de guerre. Est-ce son sang où celui de ceux qu’elle a combattu qui vient alourdir son pelage ? Elle ne le sait pas. Les combats font rage, mais ici et là les signes de fatigue se montrent. Des guerriers claniques portés vers un guérisseur débordé, des hordeux qui s’enfuient en claudiquant dans les fourrés. Mais ils ne peuvent pas s’arrêter. Ils ne se stopperont que lorsque le dernier des hordeux sera mort ce soir. Oublié, le code du guerrier, oublié l’honneur. Les règles du jeu ont depuis longtemps été rejetées, les clans les récupéreront lorsqu’ils auront récupérer leurs fils, leurs filles, leurs enfants, leur avenir. D’ici là, tout est permis.

Alors elle tourne, ses yeux cherchant sa prochaine cible, sans même sentir son propre chancellement, son centre de gravité qui semble se dérober sous ses muscles fatigués. Mais elle trouve ce qu’elle cherche. Un regard qui semble lui répondre de toute sa folie et son désespoir, des yeux verts semblables à ceux d’un serpent, des yeux à avaler le monde et qui en redemanderaient encore. Ayant trouvé sa proie, la meneuse bondit.

Elle est une Etoile qui brille ce soir, une Etoile qui ne se laissera pas éteindre, qui ne s’effacera pas devant la Lumière. Elle frappe, et frappe, et frappe encore, sans sentir les coups en retour. L’autre au pelage assombri de sang et de terre pouvait bien lui arracher les deux oreilles et les deux yeux avec si elle le voulait. Mélodie des Etoiles ne se battait pas pour voir ses ennemis partir la queue entre les pattes. Elle se battait pour mettre le feu à un monceau de cadavres, et elle danserait devant le bûcher. Elle avait déjà tué, et elle tuerait encore. Alors, ignorant les griffes meurtrières qui s’enfonçaient profondément dans sa chair, elle avait coincé Lumière sous son poids et plongea vers sa jugulaire, sentant avec satisfaction le sang dégouliner de sa gueule.

Spoiler:

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Fourrure rousse funèbre teintée d'un rouge sombre, poisseux jusqu'au bout de la truffle, des crocs aux nuances ivoires claquant dans ce décor lugubre, d'un bruit sec et effrayant, un feulement rauque, un corps qui tombe, un regard glacial, meurtrier. Etoile Embrasée avait abattu son premier ennemi, et il ne pouvait pas s'arrêtait là, aveuglé par la rage et la vengeance qui le consumait à petit feu, ce braisier éternel qui s'étendait en lui comme les flammes d'un incendie caniculaire, aveuglé par tout un tas de sentiments qui le rongeait jusqu'à la moelle de ses os, il était comme une armée à lui seul, qui cheminait avec férocité, écrasant tout ses ennemis sur son passage, il était comme un orage grondant que le vent ne faisait qu'accroître, de ci, de là, il prêtait patte forte à ses alliés, à ses compagnons, à ses amis, de ci, de là, il infligeait à ses ennemis une plaie superficielle, une blessure profonde, le coup de grâce. Ceux persuadés d'avoir déjà vu Etoile Embrasée déchainer le plus incendiaire de ses courroux, découvrait aujourd'hui le visage même de la haine. Et ce visage était laid, déformé par un désir brut de nuire, d'extraire des vies, d'anéantir des âmes. Parce qu'il n'était plus qu'un pantin, asservit par ses émotions, une machine de guerre prête à se ternir pour arriver à ses fins. S'empourprant du sang de ses ennemis. Qui striait son visage de peinture de guerre. Ses longs poils roux sombre nageaient dans les marres obscures et poisseuses, sans même se retourner, sans même attribuer un regard, pas penaud d'avoir fait du mal, pas non plus désolé d'avoir blessé, non, les regrets et la compassion n'avaient plus leurs places dans son cœur qui s'était enveloppé d'un voile sombre. Noires étaient ses pensées, rouge était sa vision, et vide était son cœur.

Dans ce visage, se dévoilait trois félins bien distinct.

Celui à l'air héroïque, dont le feu d'une folie meurtrière brûle à l'intérieur de ses yeux de glace, miroir d'un géant invincible qui écrasaient ses ennemis comme de vulgaire mouches, et que rien n'aurait pu l'atteindre, que rien n'aurait pu le ralentir, que rien, ni personne n'aurait pu lui faire recouvrir la raison.

Celui à l'air pathétique, qui était ce gros pantin sans cervelle qui n'agissait plus par sa raison ? Une créature écervelée qui n'écoutait plus que ses gros muscles ? Qui se laissait mener à la baguette, par un sentiment instinctif et animal de vengeance, misérable être, esclave de ses maux, esclave de son passé, entravé par les souvenirs douloureux des corps des siens qu'on lui avait enlevé ?

Et enfin,  celui à l'air triste, ce pauvre meneur en perdition de lui même. Et quand ? Quand allait-il s'arrêter ? Sa course folle s'achèverait-elle lorsque le dernier de ses ennemis seraient tombés, où ira-t-il chercher sa vengeance ailleurs ? Jusqu'où était-il capable d'aller ? Jusqu'où pourrait-il déverser son flot de terreur ?

Et soudain, une ombre familière surgit dans son champ de vision, il se stoppa net, encore tremblant des assauts qu'il venait de mener, si sa vision était à moitié flou, embuée par le sang séchée de ses ennemis et les mouvements saccadés de son corps piquée d'adrénaline, à cet instant, il n'eut aucun doute quand à la propriétaire de la robe qui venait de passer sous son nez. Electrisé par une nouvelle flamme de rage, il se redressa entièrement de toute sa hauteur et plongea ses yeux bleus nuit dans ceux violacées de son ennemie jurée. Elle était là, face à lui et bien réelle. Vestige d'une beauté déchue depuis bien longtemps, la Belle Belladone devenu la mixture d'une toxine ravageuse. Sa fourrure écaille de tortue était striée de sang également, lui donnant un air encore plus macabre que ce qu'elle avait déjà, des protubérances rosâtres qui pendaient à ses lèvres, ruines des ravages du poison, avaient étés saccagés par la bataille, ses yeux étrécis en deux fente ténébreuses étaient vidés d'émotions (en était-elle seulement capable ? De ressentir des choses ?) ses crocs, abîmés et jaunâtres se balançaient au rythme de sa mâchoire qui elle même, expulsait une haleine fétide et nauséabonde, dirigée par les mouvements de sa respiration.

Elixir de Belladone se tenait au dessus d'un corps inerte & sans vie, se léchant la patte d'où suintait un liquide pourpre, lorsque la féline reconnut son nouvel adversaire, un long sourire carnassier s'étira sur ses babines. Etoile Embrasée fit un mouvement en avant, jetant son corps vers son adversaire, les crocs et les griffes contractés dans sa direction, son corps immense allait l'écraser, mais le petit corps agile de la femelle se mouvait avec plus de précision et de rapidité, elle le contourna en un mouvement gracile et glissa sur le côté, son corps râpa brutalement contre le sol dur pour éviter l'assaut du géant roux, lui arrachant une grimace de douleur, elle se ramassa aussitôt sur elle-même puisant dans la force de ses pattes arrières, c'était le jeu de la vie et de la mort, tout deux le savaient, aucun répit n'était envisageable, alors que le meneur du Clan du Tonnerre retombait sur le vide, contrarié, il fit aussitôt volte-face afin d'affronter son assaillante

La patte en l'air parée à écraser le crâne de la femelle avec violence, mais celle-ci avait déjà anticipée son coup, et déploya elle aussi une patte écartée, griffe tendue sur son flanc à lui, se rendant compte immédiatement de la dangerosité de la situation, le géant pivota de justesse et seuls les bouts des griffes d'Elixir de Belladone effleura sa peau, tandis que son poing à lui s'écrasait contre sa joue. Une dose infime de poison s'infiltra malgré tout dans sa nouvelle plaie. La féline fut propulsée plus loin et perdit aussitôt connaissance, assommée par la violence du choc. Au même moment, la mince dose de poison commença à se propager dans les veines du félin roux, et le paralysa presque instantanément, d'abord, il tituba en écartant la mâchoire voulant crier à l'aide, ses muscles lâchèrent sous lui, épuisé et lessivé par tout les combats qu'il avait mené jusqu'à présent, et le peu d'adrénaline qu'il lui restait, fit contre-coup dans son cerveau et l'assomma.  

Le grand félin tomba à la renverse, emporté par sa propre force qui le cloua au sol, petit à petit sa vision se flouta, jusqu'à ce que le tableau s'assombrisse pour ne laisser qu'un néant, il se retrouva dans un endroit étrange, une vallée brumeuse et humide, les limbes, se dit-il. Pourtant, cet endroit là, n'avait rien à voir avec la combe lumineuse habituelle des terres du Clan des Etoiles. Cet endroit là, était enveloppé dans un épais brouillard. Et là, dans la fumée nuageuse, des corps brumeux se dessinèrent, d'abord il reconnut Elixir de Belladone et sa mâchoire se crispa, il se para au combat, prêt à en découdre, mais la scène qui se déroulait, était comme le vestige d'un souvenir passé, la femelle était dans un décor autre que là où il se trouvait quelque minutes auparavant, comme si, on lui montrait quelque chose de lointain, elle préparait quelque chose à la sortie d'un tunnel, il reconnut des baies de belladone ainsi que deux pics de bois aiguisés, puis les images s'accélérèrent et se brouillèrent, un autre visage familier surgit, et il reconnut Petite Brise, sa chère petite, son corps était famélique et se mouvait d'une étrange façon dans l'obscurité d'un tunnel étroit, ses yeux bleus vairons affichaient une expression étrange, comme si, elle avait complétement perdue la tête, sa course effrénée semblait l'emmener loin où ses yeux ne pouvaient voir, et n'avait aucune limite, comme si la raison elle-même l'avait abandonnée, elle ne semblait pas vouloir s'arrêter, et ses cris hystérique résonnaient dans l'obscurité du tunnel, faisant ricocher sa voix d'un sombre écho sur les parois terreuses. La succession d'images prit soudainement un sens dans son esprit, et Etoile Embrasée comprit ce qu'il allait se passait, il tenta de lui hurler de s'arrêter, mais seul un cri muet s'échappa de sa gorge tandis qu'il tentait de courir dans sa direction mais rien ne lui permettait d'avancer, ses pattes battaient dans un vide sidéral, et des larmes cristallines s'amoncelaient aux creux de ses yeux sombres, il ne put qu'observer, impuissant, sa petite se faire embrocher par un des pics, puis la vision s'arrêta brusquement sur le petit corps convulsant dans une marre de sang de son propre sang. Et il rouvrit brusquement les yeux à la réalité, comprenant que le Clan des Etoiles lui avait simplement envoyé cette vision pour le prévenir de ce qu'il s'était produit un peu plus tôt, il n'avait pas perdu de vie, la dose de poison était bien trop faible comparé à ce qu'il avait déjà assimilé par le passé.

Etoile Embrasée reprit ses esprits, choquait des images qu'il venait de voir, Petite Brise était donc morte ? Après Passion Ardente, c'était la petite de sa dernière portée qu'elle lui avait arrachée ? Galvanisé d'une vague nouvelle de haine encore plus violente que tous ce qu'il avait ressenti jusqu'à maintenant, il se redressa sur ses pattes, à présent seul un tableau noir intense et macabre persistait dans sa vision, guidé par un désir brut de vengeance qui le dévorait de l'intérieur, il se pencha près d'elle tandis qu'elle reprenait à son tour ses esprits, lorsque ses yeux croisèrent ceux sombre et vide du meneur, Belladone grimaça, elle ne reconnaissait plus le félin face à elle, il n'y avait aucune once de colère dans ses yeux, pas même le cillement d'un sourcil qui se fronce, non, ce qu'elle voyait était encore plus terrifiant. Un regard qui l'engloutissait dans une mer de terreur, elle se voyait noyée dans une substance noire et visqueuse qui l'étouffait, elle crachait à pleins poumons mais ne parvenait plus à respirer, et lorsqu'elle abaissa les yeux, elle remarqua qu'elle était entrain de s'étouffer dans son propre sang qui s'échappait d'une plaie béante qui striait son cou, se déversant par les orifices, ainsi que sa gueule béante de surprise, et de son nez pissant d'un sang sombre et poisseux, elle leva les yeux, terrorisée en se rendant compte de la situation, à quel moment l'avait-il égorgée ? Elle n'avait rien vu venir. Etoile Embrasée s'abaissa un peu plus à sa hauteur.


" - Toute ta vie, tu as été une insignifiante créature sans amour, alors meurs comme tel, je ferais en sorte que plus personne ne prononce jamais ton nom, tu seras l'Oubliée, et comme personne n'a jamais éprouvés aucune reconnaissance à ton égard, personne ne voudra jamais se souvenir de toi. Meurs, à l'image de ta personne, misérable et seule. "

Ses mots baignèrent les dernières pensées d'Elixir de Belladone d'une sinistre sensation de vide, elle s'écroula complètement au sol, son corps tenta une dernière tentative de survit dans un énième sursaut et elle parvint à articuler quelques mots que seul Etoile Embrasée parvint à entendre, celui-ci fronça des sourcils, en lui hurlant de répéter ce qu'elle venait de dire, sa fourrure entière s'était hérissée à ses funestes dernières paroles, hélas, elle se noyait déjà dans son propre sang, étouffée par son propre sort, elle jeta un dernier regard à une petite créature qui la guettait là tout près, dans l'obscurité où personne ne pouvait la voir, jusqu'à ce que son corps tout entier soit projeté de violence sur celle-ci sans que personne n'ai pu la remarquer. Ses yeux se voilèrent pour de bon.

Résumé et +:

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I don't wanna be fooled again,
so this spirit doesn't break

lune 1212 - plume de mésange et les clans vs la horde

Les gestes étaient lents. Répétitifs. Appuyés. Peut-être un peu trop, mais ses pattes ne connaissaient pas les bons gestes, malgré qu'elle ait vu son frère reproduire ces même mouvements des dizaines de fois. La litanie de paroles de la guérisseuse se mêlait avec le brouhaha des combats en contrebas, agressant ses oreilles toujours un peu plus. Ses sens, constamment stimulés depuis qu'elle avait posé une patte dans cette combe sablonneuse, n'avaient de cesse de quémander le moindre répit. L'odeur âcre du sang ne titillait plus ses narines ; elle faisait corps avec sa fourrure poisseuse, désormais zébrée par de nouvelles rayures qu'elle savait indélébiles. Elles seraient les premières d'une - peut-être - longue liste, témoins silencieux de sa participation à ce sanglant incident.

Tandis qu'elle tendait aux blessures de Souvenir des Etoiles, elle papillonna plusieurs fois des paupières, essayant de chasser les derniers grains de sable de l'attaque qui l'avait envoyée rouler par terre. Chaque clignement amenait une nouvelle perle d'eau salée, purificatrice, qui coulait ensuite le long des traits qui encadraient ses yeux. Lorsqu'elle eut finit d'appliquer l'entièreté du baume sur la gorge du chat crème, elle tourna le regard, focalisant son attention sur le reste de son corps. Rien d'aussi grave que sa plaie à la gorge. Passant de coupures en éraflures, la guerrière rayée ferma son esprit à tout autre sollicitation, focalisant son attention sur ses gestes et rien d'autre. Oubliant par la même occasion ses propres blessures, certes bien moins graves mais tout autant douloureuses.

La sensation était étrange. Sous ses pattes, les plantes mâchées tâchaient le pelage clair, recouvrant chaque petite ouverture de l'odeur acidulée du mélange médicinal. Mais elle n'était pas inconnue. Cette sensation, elle l'avait eu lorsqu'elle avait écouté les derniers souffles de sa mère. Car après chaque pression, cette résistance naturelle du corps disparaissait petit à petit. Du corps vivant.

Tombe, petite goutte.

Elle fut comme foudroyée. Sursauta, même. La dernière larme tomba au sol et lorsque son regard se baissa, ce fut pour la voir disparaître dans une étendue sombre, aux nuances rougeâtres, qui s'étendait paresseusement aux pattes du meneur. Au milieu de cette substance aux abords visqueux se trouvait les restes du cataplasme qu'elle avait posé quelques instants auparavant, joliment dispersés en de petites arabesques et à jamais inutiles. Elle releva violemment la tête. Ignora le tournis qui la pris quelques secondes pour entendre ces quelques paroles murmurées à l'unique attention de Mouette Rieuse. À l'unique attention de celui dont Souvenir des Etoiles savait qu'il serait le premier à se blâmer. Ses pattes bientôt ne supportèrent plus son poids et il s'affaissa faiblement, fermant par la même occasion ses pupilles vitreuses. Scellant son sort pour quelques longues minutes.

L'inspiration de la féline fut longue, méthodique. Un brin contrariée, mais personne ne vint lui en faire la remarque. Elle n'était pas arrivée à temps. Elle avait agi, certes, mais pas assez rapidement. Ses pattes s'étaient peut-être enfoncées trop profondément dans le sol quand elle avait couru pour le rejoindre. Elle n'avait peut-être pas fait assez attention pour se trouver un chemin dégagé jusqu'au lui—. Non. Elle secoua la tête. Elle ne tomberait pas dans ce piège de son esprit. Les pattes raides, elle se décolla du sol pour contourner le corps inanimé de Souvenir des Etoiles. Le visage fermé, elle se pencha vers la flaque de sang et entrouvrit la gueule pour récupérer une partie des herbes médicinales encore intactes. Elle ne savait pas comment opéraient les vies octroyées par leurs ancêtres. Elle ne savait pas si elles soigneraient la profonde coupure entièrement et si elles la refermerait juste. Sans jeter le moindre coup d'œil autour d'elle, elle appliqua une nouvelle fois le remède, poussant son museau ensanglanté contre la forme gisante de Souvenir des Etoiles. L'épanchement s'était semble-t-il calmé mais loin d'elle l'idée de parier sur une seconde vie perdue ce soir. D'aucuns auraient jugé son acte inutile, mais ils ne seraient pas dans sa tête les prochaines nuits lorsque ses rêves prendraient et transformeraient cette scène.

Elle n'était pas armée pour plus que cela, et au fond d'elle, la guerrière le savait. Une fois sa tâche accomplie, elle recula de quelques pas avant de poser un regard sombre et expressif sur la silhouette de Mouette Rieuse. Pour une fois, elle voulut bien concéder que sa présence n'était plus désirée, et surtout l'accepter. « J'y vais. » Je sais que tu seras là pour lui, quand il reviendra à lui. Il n'y avait rien d'autre qu'elle puisse faire en restant ici.

Ce ne fut qu'après s'être éloignée qu'elle se rendit compte que l'engourdissement qu'elle ressentait était dû à ses blessures toujours béantes. Un tch crispé lui échappa. Les mots de la guérisseuse résonnèrent à nouveau dans son crâne fatigué : « ...ensuite il te fera la même chose. » Au temps pour moi. Elle ne se voyait pas débouler à nouveau auprès des luneux pour quémander - à nouveau - les soins de Papillon Ephémère. De plus, son corps n'habitait pas encore un cadavre en devenir ; elle pouvait tenir encore un peu.

Plus loin encore, la féline croisa le chemin du guérisseur de la Rivière, une lueur fiévreuse et passionnée dans son regard. Tout en la noyant sous un flot inintelligible des paroles, le mâle pansa rudimentairement la plaie suintante de son dos avant de lui tourner autour—pour m'assurer que ton esthétique fourrure ne se retrouve pas piétinée à cause d'une blessure habilement - et bêtement s'entend - cachée sous couvert d'un héroïsme mal placé—avant de laisser s'en aller.

La tache rouge qui colorait le sol que Plume de Mésange laissa s'éloigner derrière elle laissa un goût amer dans sa gueule.


après avoir assistée, impuissante, à la perte d'une vie de souvenir des étoiles, mésange prend congé du groupe de luneux avant de se faire choper par le guérisseur de la rivière (autour) pour la soigner et repartir aider ceux qui en ont besoin.

HRP:

Tout n’était que chaos, dans ses oreilles, devant ses yeux, de chaque côté. Après la pénombre, les doeurs moites et apeurées des autres chatons, celles familières de la maladie sur sa propre peau et celle des autres, après le calme des premiers instants d’enfance, le chaos s’était abattu sur eux d’un seul coup, comme une patte les maintenant dans un étau sans échappatoire.

Il y avait eu la lumière qui l’avait aveuglé, la sensation d’un sol différend sous ses pattes, moins froid, plus meuble, qui semblait vouloir la faire trébucher à chaque pas. Il y avait eu les cris qui s’étaient engouffrés dans ses oreilles comme un torrent, et les corps en furie qui lui avait barrés. Elle avait crié, mais tous ses frères et soeurs avaient sûrement la même cacamphonie dans la tête, un seul l’avait-il entendu ? Elle était muette au milieu de la tourmente, paralyzée.

Puis il y eu la pénombre, une pénombre lourde, étouffante, qui l’écrasa physiquement en un instant. Une pénombre qui portait des poils et puait le sang. La petite créature tenta de ramper, mue par un instinct de survie primordial qu’elle ignorait même posséder, sentant ses os qui ne pouvait supporter cette charge sur le point de céder, avalant de la poussière et des caillous, crachant et pleurant avec désespoir. Elle essayait tant moins que mal de relever le museau, de respirer malgré l’impossibilité de soulever son corps. C’est à cet instant qu’elle les croisa du regard, floutés par ses larmes. Les deux pupilles bleues-violettes, écarquillée et happées par le vide déjà. L’enfant ne reconnaissait pas là le visage de sa mère, pourtant il était impossible à confondre avec un autre. Mais la torpeur de la mort aspirait déjà la lumière vivace qui régnait depuis toujours dans ces yeux. Elixir de Belladone hoquetait, s’étouffait, et la petite fille ne pouvait qu’écarquiller les yeux en réponse à ce spectacle. Qu’était t-elle censée faire ? Sa mère devait se réveiller pour venir la sortir de là, et pourtant elle tombait, ineroxablement, le sang s’écoulant à grand flot de sa gorge sectionnée. Le chaton ne saurait dire ce qui arriva en premier, les éclaboussures du sang chaud sur son visage, l’odeur familière de la fourrure de sa mère qui l’éttouffa, le poids de son corps inerte qui acheva de rendre impossible tout espoir. Bientôt, la froideur de la mort, sa noirceur et la viscosité du sang aspireraient tout, lavant son être de tout ce qu’il avait jamais été, jusqu’à son nom. Elle accepta la mort comme un malade accepte un sommeil bienfaiteur, dans la dernière étreinte sordide que lui offrait sa maman.

— Lune 1212 — Mon sang pour les Étoiles — Ft. Les Clans - La Horde —

Ma vision vacille. Mes pattes tremblent. Chaque respiration me brûle la gorge. Un gout familier me caresse le palais. Celui du cuivre, du combat, de l’agonie. Ce mélange de terre, de sueurs et de sang. Dans ma chute, j’ai dû me mordre ma langue, en plus de la poussière. Pourtant je ne sens rien. Pas même ma lèvre fendue ni la douleur qui devraient accompagner le flot écarlate qui glisse de ma cuisse. Un frisson étrange me parcourt l’échine, une sensation inconnue pulse dans mon cœur et menace de noyer mes pensées. Concentre-toi. Je plante mes griffes pour m’accrocher à la réalité.

« Je ne fuirai jamais un combat contre une vermine comme toi. Comme je ne fuirai jamais mon devoir de protéger les miens de votre cruauté. »

Jamais je n’ai entendu mon frère accorder tant de mots à un adversaire. Lui, d’habitude aussi silencieux qu’un roc, offre un chant hivernal aux oreilles de ce chien galeux qui n’en mérite pas autant. Mais derrière ce mur de glace, ces muscles tendus et ses pupilles rétrécies, je devine un déferlement de rage sans précédent. Sa colère, sa passion protectrice palpable imprègne ma fourrure, la hérisse, se glisse sous ma peau jusqu’à mes veines et s’y déverse comme si elle était mienne.

« As-tu des dernières paroles, chat des ténèbres ? »

Trop d’honneur. Il a raison, bien sûr. Cette noblesse d’esprit, c’est ce qui nous différencie d’eux. Nous ne prenons pas la vie par plaisir, mais par nécessité.

« T’en fais pas… Je vais te les faire visiter, les ténèbres. »

Un rire froid s’étouffe dans ma gorge. Essaie toujours ! Quand le noir s’élance une seconde fois au cou de mon frère, je détourne aisément sa patte de la mienne. Le molosse ne se décourage pas pour autant, bien au contraire. Emporté dans une folie frénétique, il claque des dents, feinte, déchaine une tempête de griffes et de crocs sans un regard pour ses blessures.

Je laisse mon adelphe, plus expérimenté, mener la danse face à cet ouragan qui menace de nous engloutir. En retrait, j’analyse, je colmate nos brèches, nos ouvertures, et tâche de lire ce cyclone imprévisible. Comment lui reste-t-il tant d’énergie ?

J’esquive ses canines d’un pas sur le côté, frappe le vide à quelques centimètres de son museau pour le dissuader d’approcher l’épaule de mon frère, ignore ses serres sur ma joue et lui assène les miennes sur son torse ainsi dégagé.

Mon cœur s’emballe. Un nouveau frisson me caresse. Je me sens vivante. Mon corps se meut avec une facilité déconcertante. Tel un poisson dans l’eau, chacun de mes gestes me vient avec un naturel enivrant. J’ai l’impression d’être plus éveillée que jamais, de pouvoir compter chacun des poils du Hordeux et lire chacune de ses intentions dans le tressautement de ses muscles. Ma survie en dépend, après tout. Sa fureur dégouline de sa truffe et s’égare dans sa sueur avant de glisser sur mon pelage quand il m’étreint pour tenter d’atteindre ma nuque. Je le repousse puis repars à l’assaut de concert avec mon frère. Par les Étoiles, que je me sens vivante !

« Élixir de Belladone est morte ! La Horde a perdu ! »

Les mots se propagent sur le champ de bataille tel l’aube sur une nuit d’encre. Et, avec eux, un message limpide. Les chatons sont sauvés. Le cauchemar est fini.

Une image s’inscrit dans mon esprit. Celle d’un félin titanesque, composé des corps des cinq clans, feulant sur les restes pitoyables des charognards. L’adrénaline s’injecte dans mes veines à cette vision, me grise, m’ensorcèle, me porte sur des ailes et des forces dont je ne soupçonnai pas l’existence. Soudain, mon instinct attire mon attention sur un point. Une ligne se dessine sous mes yeux. Telle une constellation envoyée par les Étoiles, elle révèle un chemin que mes griffes s’empressent d’épouser sans en connaitre la destination. Mes serres s’enfoncent dans la peau douce, et déjà bien attendrie, du molosse. J’attends une résistance qui ne vient pas. Je m’enlise dans sa chair, encore et encore. Mes crochets finissent par se caler derrière une tige, si semblable à celle d’un chiendent. Je tire.

Et sectionne.

Une giclée me surprend au visage. Un liquide chaud coule sur mon oreille droite. Hein ? Le Hordeux recule. D’un pas. Puis un second. Un gargouillis infâme se propage de sa gorge alors qu’elle se contracte à la recherche d’un second souffle. Il s’effondre. La fureur qui habitait ses yeux se recouvre lentement d’un voile blanc. Ses pattes pataugent vainement dans son sang, avant de se figer.

Vaincu.

Il est mort. Je souris. Merde. Je me mords les lèvres pour le ravaler. C’est nerveux, calme-toi. Mes propres pensées me reviennent à l’esprit. Nous ne prenons pas la vie par plaisir, mais par nécessité. Ça va de soi, pas vrai ? Le Clan des Étoiles, le Code, aucun des deux entrent en contradiction avec mon geste.

Ma vision vacille. Mes jambes tremblent. J’ai pris une vie. Je frissonne. Encore. Je comprends enfin pourquoi. Merde. Mes veines se glacent. J’ai pris une vie. Mon cœur s’emballe. Un sentiment répugnant m’émeut. M’émeut ?

Non. Non. Non.

Un fluide tiède lèche ma patte droite. Je baisse les yeux. Ma tache blanche a totalement disparu, avalée par le sang du molosse. De ma victime. Est-ce que je l’ai voulu ? La réponse vient d’elle-même. Oui. Mon frère aussi, autrement il ne lui aurait pas demandé ses dernières paroles. Nous savions bien, tous les trois, que cet affrontement ne pouvait s’achever que par la mort. Mais… Est-ce que je l’ai voulu ?

Je lève ma patte à hauteur de mes yeux. Même les creux de mes coussinets ont disparu sous une couche écarlate. Une goutte tombe. Son cri alors qu’elle heurte la flaque résonne à mes oreilles pendant de longues secondes.

Est-ce que je l’ai voulu ?

Cet étrange, abject sentiment qui m’étreint depuis le début de cette danse mortelle, fait trembler la commissure de mes lèvres et menace de la soulever si je cesse de la maintenir de mes crocs.

Merde.

Luciole Nuageuse

HRP:

HRP:

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I don't wanna be fooled again,
so this spirit doesn't break

lune 1212 - plume de mésange et les clans vs la horde

Les secondes s'étiraient, infidèles camarades auxquelles elle ne pouvait plus se fier. Comme autant de comètes à l'apparente immobilité dans le ciel, ces mesures du temps parcouraient l'espace avec une liberté qu'elle commençait presque à leur envier, aussi intangible qu'elles soient. Ses pas ne l'avait pas menée bien loin, au final. Ces traîtresses n'avaient parcouru qu'une courte distance avant que leur rythme ne s'altère, puis ne cesse définitivement. Perdue dans l'immensité de son esprit, la guerrière rayée commanda une fois, puis deux, trois fois—mais seul le néant lui répondit. Vides de toute énergie, ses membres ne renvoyèrent que des échos vagues et insignifiants. Ses plaies pansées, ses crocs souillés, ses griffes aux étuis limés... Déjà son corps accusait le coup, une avance immanquable sur sa tête. La pause aux côtés du guérisseur de la Rivière avait semble-t-il sapée ses dernières forces.

« Je ne pense pas qu'il soit nécessaire pour toi de te jeter à nouveau dans la joyeuse mêlée qui s'ébat plus loin. » Quand on parle du loup. Saisie par la voix qu'elle venait à peine de quitter, elle détourna son visage des combats pour se retrouver épinglée par deux yeux scrutateurs. Silencieuse, elle suivit du regard la direction indiquée par le guérisseur d'un ample mouvement de queue. Ses yeux vert cherchèrent parmi la masse des pelages quelque chose que ses oreilles furent les premières à percevoir. La Horde venait de perdre sa meneuse, et avec elle la bataille.

Les paroles relayées par les guerriers de tous clans ne soulevèrent en elle ni soulagement ni réconfort. Et à en juger par l'expression du guérisseur anonyme, il en allait de même pour lui. Ce qu'elle comprenait, si elle prenait pour exemple ses blessures. Ou celles de Souvenir des Etoiles. Comme son frère, il aurait fort à faire, une fois de retour au camp. « Nos guerriers et apprentis sont en train de finir les derniers membres de la Horde encore debout. Ils n'ont pas besoin du sacrifice - même hypothétique - d'une guerrière inconnue pour on-ne-sait quelle sombre raison. » La logique de ces paroles, son esprit pragmatique ne pouvait l'ignorer. Et pourtant, elle y rechigna un instant avant de s'avouer vaincue, la fatigue prenant peu à peu son lot. Je plains ceux qui viennent te voir, avait-elle dit en guise d'au revoir, se tournant à la recherche de membres du Tonnerre. Jusque-là, je n'ai eu aucun problème, s'était élevée en réponse la voix goguenarde du guérisseur.

La féline n'avait pas voulu se rapprocher de cet endroit, pas vraiment. Et pourtant elle était de retour, là, à écouter les remerciements que le meneur de la Lune - indéniablement vivant - leur adressa à elle et Archange. Il y avait quelque chose de profondément étrange de voir ses flancs se soulever à nouveau, animés par la pulsation régulière de ses poumons. Ses yeux jaune dont le voile vitreux avait disparu. Le sang sur son museau était toujours présent, saturant sans arrêt son odorat de ses relents secs et ferreux. La prochaine fois, par les étoiles, évite de ne rien dire quand tu sens une de tes vies filer entre tes pattes. La guerrière n'eut pas besoin de se retenir. Ce ne fut pas l'expression criblée de regret de Souvenir des Etoiles, ni celle, apathique, de Mouette Rieuse. Pour la première fois, les mots refusèrent de sortir.

Plume de Mésange inclina la tête, réduite au silence par le sort des étoiles.


l'action des derniers combats rattrape plume de mésange, la vidant de toute son énergie. autour des cimes lui explique que le plus gros des combats est fini et qu'il ne sert à rien d'y retourner. elle finit par revenir auprès de souvenir des étoiles, entendant ses remerciements.

Alors que les deux grands chats gris traversaient de nouveau les affres de la bataille pour rejoindre la guérisseuse, celui qui prenait la tête se figea. Archange vit son visage se décomposer et suivit son regard ; mais il n'était pas très difficile de comprendre ce sur quoi il allait tomber. Lorsqu'ils rejoignirent la silhouette de Souvenir des Etoiles, celui-ci n'était plus. Une ombre passa dans le regard du grand solitaire ; ce chat avait été l'un des seuls à ses montrer réellement sympathique avec lui depuis son arrivée à Valeemar, et il ne pouvait nier le pincement au coeur que lui provoqua la vision de son corps inerte et ensanglanté. A côté de lui, le dénommé Mouette Rieuse semblait être dans un état second. Archange secoua les toiles d'araignées de sa patte pour les déposer non loin de la guérisseuse - elles pourraient toujours servir pour quelqu'un d'autre, même s'il était trop tard pour le chat clair.

L'expression impassible et le regard sombre, il releva les yeux lorsque le chat bicolore leur ordonna de retourner au combat. Certes, le chat argenté n'avait pas vraiment d'ordre à recevoir de lui, mais il comprit sans peine que l'esprit de Mouette Rieuse devait être embrumé par suffisamment de choc pour ignorer les provenances de ceux qui se trouvaient devant eux. Il voyait sans doute une troupe de chats capables de combattre un ennemi qui venait de terrasser son chef. Et qui devait continuer jusqu'à faire disparaître cet ennemi.

La suite fut flou, brutale, des coups de griffes, des poils qui volaient, des mâchoires qui crachaient, du sang en pluie sur le sol. Et soudain, un cri qui annonça la victoire. Archange poursuivit le chat qu'il combattait sans réel désir de l'achever - ils avaient gagné, inutile de faire plus que de simplement l'effrayer, et la carrure du solitaire suffisait en général à effrayer ceux qu'il prenait en chasse. Puis il s'arrêta à la bordure du champ de bataille et contempla un instant la débandade. L'air était saturé de l'odeur du sang et de la peur, mais il éprouva le temps de quelques battements de coeur la satisfaction du travail accompli.

Mais alors qu'il redescendait dans la combe dans laquelle le groupe éphémère auquel il avait participé s'était retrouvé... Une vision le fit se stopper. La silhouette de Souvenir des Etoiles se redressait avec difficulté, maculée de sang mais bel et bien vivante. Ses pupilles s'étrécirent tandis que son coeur manquait un battement. Il s'approcha comme un fantôme, le museau crispé. Et pour la première fois depuis des lunes, ses prunelles exprimaient clairement ce qu'il ressentait : une méfiance surprise, dans laquelle se dessinait petit à petit les volutes d'un air horrifié. Il s'arrêta à quelque distance, sans savoir réellement pourquoi il s'était approché. Même de loin il avait été certain de ce qu'il avait vu.
Souvenir des Etoiles était mort. Puis ressuscité.
Bon sang.

Lorsque le miraculé se tourna vers lui comme si de rien n'était pour le remercier, c'en fut trop. Il n'entendit même pas les mots que prononcèrent ses babines qui gouttaient encore de son propre sang, ne parvint pas à capter la réelle gratitude qu'exprimaient ses yeux clairs.
Il était mort.
Puis ressuscité.

La vision était insoutenable, et la réalité se mêla à des souvenirs qu'il aurait préféré ne jamais revoir. Il fit volte-face et s'enfuit en un éclair argenté.
Loin.
Vite.
Comme s'il pouvait oublier ce qui venait de se passer.