Sortie interdite et rencontre inattendue [Ft. Brume Argentée]

La saison des feuilles vertes a l'avantage d'offrir une météo très agréable aux chats de la vallée de Valeemar. Généralement, le ciel est bleu et les rayons du soleil sont doux comme des rayons de miel. Parfois, il peut arriver que le ciel se couvre, que le vent souffle fort et qu'il pleuve. Mais cette journée était à mi-chemin entre les deux. Certes le ciel était couvert de nuages gris clairs mais ils ne semblaient pas chargés de pluie. Aussi le vent soufflait légèrement, à en croire la cime des arbres qui ondulait légèrement il venait du territoire du Clan de la Rivière. Et le soleil quant à lui semblait jouer de temps en temps à cache-cache avec les nuages. Il devait être assez pudique aujourd'hui puisqu'il ne se montrait que rarement et seulement quelques instants. Au sein de la clairière bordée par des arbres verdoyants se trouvait le camp. Et ce camp semblait fonctionner de pair avec le temps actuel. Les chatons restaient la plus part du temps dans la pouponnière d'où émanaient leurs rires et cris, puis, de temps en temps, ils sortaient discrètement à la manière des rayons du soleil. Mais disparaissaient rapidement quand les reines se rendaient compte de leur sortie. Les apprentis auraient pu être comparés au vent, ils se déplaçaient en marchant rapidement dans le camp alors qu'ils faisaient des aller-retours devant récupérer de la mousse pour les différentes tanières. Et finalement les anciens étaient comparable au ciel gris clair. Ils étaient aigris à cause de leurs rhumatismes comme usuellement mais rien de foncièrement méchant.

Tôt ce matin Neige Incandescente avait reçu pour mission de rejoindre la patrouille près de la frontière avec le Clan de l'Ombre. Aucun incident n'avait été à déclarer, tout était en ordre. Ensuite il a été contraint de garder l'entrée du camp. Cette tâche est très importante, d'autant plus par les temps qui courent, il en a bien conscience. Mais quelle plaie de devoir rester planté là à attendre une attaque ou autre qui n'arrivera pas... Pendant un moment il a réussi à se contenir et est resté assis. A un certain moment, à force de surveiller la forêt qui se tenait face à lui il se mit à tressaillir. Ces muscles commençaient à manquer d'activité, ses sens se perdirent dans la forêt. Ses pattes sentaient le sol meuble dans lequel il plantait puis enlevait les griffes. Des petits trous s'étaient rapidement formés. Le bruissement des feuilles et des branches prenait toute la place dans ses oreilles qui sursautaient quand une branche craquait. Les odeurs des sous-bois remplissaient aussi sa truffe, l'herbe, les arbres, les proies, les plantes... Il imaginait le goût d'une proie succulente, la chaire tendre et chaude, le craquement de ses os. Ses muscles se contractaient puis se relâchaient doucement comme son souffle qui était calme et profond. Son regard était perdu dans le vide, il regardait droit devant lui. Ses yeux ne voyaient plus rien. Tout ses sens étaient désormais captivés la forêt. Il resta dans cette situation un long moment. Un clan tout entier aurait pu passer devant lui pour attaquer son clan qu'il ne l'aurait pas vu. Puis, d'un coup, il sursauta. Il se remit rapidement sur ses quatre pattes. Il lui arrivait régulièrement de se perdre à écouter la forêt. Il aimait cette forêt car elle est vivante, elle respire. Et ses sens lui permettaient de le ressentir. Il avait besoin de se dépenser mais il devait attendre encore. Alors il se mit à marcher devant l'entrée. Il commença par faire des aller-retours sur une même ligne tout en observant les alentours. Puis il se mit à décrire une ellipse. Sa queue fouettait l'air tellement il s'impatientait. Une guerrière arriva derrière lui et lui annonça qu'elle devait le remplacer. Il la remercia dans un soupir de soulagement.

Enfin ! Il ne tenait plus en place. Il allait pouvoir quitter le clan. Mais d'abord un regard dans le camp. Il était quasiment vide. Il avait besoin de courir. Étoile Embrasée avait interdit les tonnerreux de sortir seuls du camp. Il ne tenait plus en place. Personne n'allait accepter de l'accompagner. Tant pis, il allait désobéir mais qui s'en rendrait compte ? Nul. Discrètement il s'approcha d'un petit passage qui n'était pas gardé et se faufila au dehors. Avant de filer dans les sous bois il devait encore s'écarter pour ne pas se faire repérer. Il renifla l'air et ne sentit aucune odeur. Il avança prudemment, prenant soin de ne marcher sur aucune branche. Encore quelques longueurs de queues de renard... Parfait, il était à distance suffisante. Ne reniflant même pas à nouveau pour vérifier si la voie était libre il parti en trombe. Il courut, courut, courut... A chaque fois qu'un de ses coussinets touchait le sol alors la patte correspondante poussait le plus possible. Il se sentait tel l'être le plus rapide, il avait l'impression de voler au-dessus du sol. Ses pattes le portèrent près du delta de la Rivière. Cela faisait partie des endroits auxquels il avait l'habitude de venir en courant. Neige Incandescente connaissait un arbre à l'orée de la forêt qui offre une vision directe sur la rivière. Dans un dérapage il en prit la direction. Il arrivait dessus très rapidement, freina autant que possible avant de sauter dessus. Encore une fois il était arrivé trop vite et eu le souffle coupé à cause du choc. Après une respiration il grimpa jusqu'à une branche basse. Elle se situait à environ deux queues de renard de haut. Il était presque totalement caché par le feuillage épais, si bien qu'il aurait fallu se tenir au-dessous de l'arbre pour le voir. Il planta ses griffes dans la branche. Son souffle était court mais il se sentait vivant. Il se sentait bien après ces courses effrénées, le vent caressait son pelage. Il repensa à //

Plouf ! Neige Incandescente sursauta. Ses yeux étaient grands ouverts et ses poils blancs se dressaient sur son échine. Il huma l'air... L'odeur de la Rivière ! "Crotte de souris" marmonna-t-il. Peut-être que ces fichus cervelles de moineau viennent nous attaquer imagina-t-il. Il ne voyait pas grand chose au-travers du feuillage de l'arbre. Il tenta de deviner, grâce aux odeurs, le nombre d'ennemis. Bien qu'il n'en n'était pas sûr et qu'il trouvait ça surprenant il n'arrivait qu'à sentir une seule odeur qui lui était apportée par le vent. Bizarre... Après tout il n'avait entendu qu'un seul bruit d'eau... Il rassembla son courage et se dit qu'il devait agir. Même si c'était pour fuir alerter le camp il devait prendre une décision. Personne en bas de l'arbre. Il sauta sur le tronc et atterrit par terre. Le pelage hérissé il posa son regard sur une femelle à la fourrure grise argentée plaquée contre son corps à cause de l'eau. Elle avait une carrure légèrement plus robuste que celle de Neige. Elle était peut-être aussi légèrement plus âgée. Tout en récoltant ces informations le jeune guerrier feula :

"Ne bouge plus !" il marqua une pause "Que fais tu sur ce territoire ?" grogna-t-il.

La chatte ne l'impressionnait pas tant que ça mais il préférait éviter le combat. Certes pouvoir raconter qu'il a défendu la frontière de l'envahisseur aurait gonflé son égo mais il sera sermonner si l'on apprend qu'il est sorti seul du camp. C'était déjà une chance que ce ne soit pas un des redoutables solitaires. Prêt à combattre mais aussi à sauter rapidement sur un côté en cas d'attaque, il attendait une réponse.