Porter secours aux plus jeunes [Harfy]

De bon matin, je m'étais mise en mouvement, prête à chasser. Toujours prête à rendre service pour ma patrie. Et si, par la même occasion, je pouvais éviter le gros du clan.. Et l'agitation de milieu de matinée. C'était vraiment bénéfique pour moi. Cela se voyait, la journée commençait bien et allait continuer dans ce sens.

Pour chasser, ayant un peu chaud. Je m'étais dirigée près de la rivière delta, frontière commune avec le clan de la Rivière. Et si, la chaleur me faisait tourner la tête, je pourrais toujours plonger une tête pour me refroidir. Mais avant de penser au repos et la récompense, il fallait se mettre en chasse et ramener de quoi sustenter une partie du clan. Je me passais un coup de langue sur le poitrail pour lisser poil et retirer les brindilles de la barrière de ronce, ce qui me permettrait d'éviter de me prendre d'avantages dans les ronces ou autre. Je m'étirais ensuite longuement, il ne faudrait pas se choper une crampe en pleine effort. Enfin prête, je me redressais, à l’affût du moindre bruit.

Cela faisait bien un bon quart d'heure que j'étais en chasse et hormis un mulot maigrichon, je n'avais rien trouvé d'intéressant. Mais la journée si bien débutée aller changer du tout au tout. Après avoir débusqué un écureuil, j'entendais un martèlement de pattes venant de l'autre côté de la rive. Assez loin, mais très bourru. Pour trouver d'où le son venait pendant que mon écureuil se faisait la malle, j'avais collé mon oreille gauche contre le sol. Les pas venaient de la frontière. Et le temps que je m'approche de celle-ci pour menacer le félin qui ne semblait pas près de s'arrêter, je voyais un petit matou sautait dans l'eau et nageait jusqu'à ma rive. Je préparais mes griffes et mes crocs avant de remarquer qu'il était poursuivi par un gros chat mal entretenu et couturé de cicatrices, loin d'un chat de clan.. Et puis, pourquoi un guerrier de la Rivière poursuivrait le pauvre apprenti ?

Je me mettais près de la rive, regardant la scène pour savoir comment agir en conséquence. Le novice remontait sur le bord du rivage, haletant. Je m'approchais de lui, me mettant au dessus de lui avant de lui dire avec une voix peu accueillante :

"-Bouge pas. T'es sur les terres du Tonnerre. On va voir si ton poursuivant ose se jeter à l'eau."

HRP:

HRP:

Je n'étais pas connu pour ma délicatesse et encore moins face à un clanique externe au clan du Tonnerre. Mais le savoir en danger suffisait à attirer mon attention et lui porter, potentiellement secours en cas de besoin. Le petit garnement bicolore s'était ratatiné sur lui même, honteux de se trouver face à moi. Il se redressait, s'approchant du rivage en bredouillant des excuses et m'informait qu'il retournait sur ses terres et qu'il n'avait jamais eu l'intention d'en sortir.

Fixant l'autre côté de la rivière, tout comme le Riveux, nous découvrons le matou prendre son élan avant de sauter à l'eau. Parcourant avec férocité les quelques mètres qui lui restait. Je me préparais à l'accueillir avec mes griffes. Le solitaire trébuchait, coulant quelques temps sous l'eau avant de rejoindre la berge. Je me positionnais devant le novice et tout en grondant, lâché une réplique cinglante à l'étranger :

"-Solitaire, tu n'as rien à faire là. Sur mes terres. Part tout de suite ou tu finiras sous les griffes."

Le solitaire loin d'être impressionné, faisait doubler de volume son pelage bien vite imité par ma personne. Il me montrait les crocs avant de lâcher :

"-Je vais ou bon me semble. Ce n'est pas toi ou le poids plume qui me dirait ce que j'ai à faire."

Sa queue claquait l'air d'agacement, il était près à se jeter dans une bataille. Je reniflais bruyamment lâchant une dernière réplique avant de lui sauter dessus :

"-On va bien voir si tu iras encore où bon te semble."

Le solitaire n'était pas sans défense, il savait s'y prendre en combat mais était loin d'être à ma hauteur. Je repoussais la plupart de ses assauts brouillons. J'avais clairement l'avantage de l'expérience de mon côté. Mais je n'étais pas du genre à vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Tant qu'il pouvait se battre, il était une menace pour le clan du Tonnerre.. Et par extension le petit Riveux derrière moi. En parlant du Riveux.. Après s'être séparé l'un de l'autre, le Riveux s'était jeté sur le solitaire, le surprenant grandement. Tout comme moi d'ailleurs. Avec un peu de mal, le solitaire se débarrassait du novice qui s'était un peu plus loin. Je le regardais, vérifiant qu'il n'avait rien avant de tourner de nouveau mon regard vers le solitaire. Ce dernier fixait le novice. Je m'approchais de lui pour lui flanquer une claque. Son regard furieux passait du novice à moi. Je l'accueillais avec un grondement sourd et plusieurs coups de patte. Furax, il en évitait quelques uns et me flanquait un coup au flanc. M'obligeant à reprendre mon souffle. Il en profitait pour s'approcher du petit. Plantant mes griffes dans le sol, je courais vers lui et l'entraînais au sol. Nous roulons jusqu'au environ de la rivière, manquant de tomber dedans, j'avais planté mes griffes dans le rivage. Le problème s'était le poids supplémentaire qui s'était accroché à mon arrière train. Le solitaire avait planté ses griffes dans mon postérieur, me faisant lâcher un grognement. Je lui lâchais ensuite :

"-Tu vas me lâcher, petit con."

Je serrais les crocs, essayant d'oublier la douleur et de réussir à me hisser sur le rivage. Mais pour cela, j'allais devoir me débarrasser du poids mort sur mon dos vue qu'il ne semblait pas vouloir choir tout seul. Je donnais des petits coups de patte dans l'estomac du matou qui feulait à chaque contact. Mais ce bougre restait tout de même accroché à moi. Puis, d'un seul coup, le poids avait disparu et un « plouf » se faisait entendre. Je me hissais sur la berge, contente de ne plus avoir des griffes plantaient dans le postérieur mais bien vite, je me rendais compte de la situation.. Le petit avait sauté sur le solitaire et était tombé à l'eau en sa compagnie. Inquiète, je suivais la houle qui emporte l'âme de l'apprenti. Je courrais sur le rivage, attendant de pouvoir atteindre le petit pour le ramener au plus vite sur la terre ferme. Le courant était pourtant trop rapide pour moi, il avait bien trois longueurs d'avance quand il s'échouait sur la berge pendant que l'autre abruti hurlait à la mort en moulinant des pattes. Je lâchais quelques mots à son attention :

"-Bien fait, sale con prétentieux !"

Je me tournais ensuite vers le novice, trottinant jusqu'à lui et vérifiant qu'il respirait toujours. Je n'avais aucune connaissance poussée dans les soins, je me contentais donc de rester à ses côtés, essayant de le secouer un peu. Il était à demi conscient, mais bien vivant. Ce petit était admirable. Il m'avait impressionné. Il avait eu du cran pour se jeter à ses risques et péril sur l'autre. Je lui en faisais d'ailleurs part :

"-Tu t'es bien battu petit. T'es un brave gaillard. Dommage que tu sois pas de mon clan. Je t'aurais aussitôt pris sous mon aile."

Je n'avais pas pour habitude de faire des éloges encore moins quand il s'agissait d'un voisin, d'un clan rival. J'étais assez avare en conseil et compliment. Si le travail était mal fait par contre.. J'allais le faire remarquer mais dans le cas contraire, je me contentais d'hocher la tête ou de ne rien dire. Je ne voyais pas l'intérêt de féliciter quelqu'un pour une tâche facile qui faisait parti de nos devoirs.. Enfin bon. Je m'égare là.

Le petit, à moitié présent, se mettait à toussoter pour recracher l'eau qui s'était accumulé dans sa trachée. Son petit corps était secoué par bon nombre de soubresaut avant qu'il retrouve une contenance classique. Le novice me demandait ensuite avec une petite voix si je l'autorisais à rester sur mes terres. Je n'étais pas délicate, ni la plus intelligente de mon clan mais je n'étais pas sans cœur et hypocrite. La réponse était pourtant évidente. Avant d'entendre ma réponse évidente, le petit reprenait avec un regard reconnaissant. Me disant que par sa faute, je m'étais retrouvée dans la mêlée. Une mêlée qui ne me concernait pas. S'excusant également des blessures que j'avais pu subir, à la dérobée, je jetais un regard à mon postérieur et mon poitrail, couvert de coup de griffes. Le jeune félin finissait par me demander comment il pouvait me remercier. Je lui répondais aussitôt, répondant dans un premier temps à sa première question avant d'achever par la seconde :

"-Tu peux rester. Reste en vie déjà. Ce serait de bon remerciement. Je ne veux pas t'avoir sauver pour rien, petit. Sinon, je m'appelle Rivière Gelée."

HRP:

C'était bien là les seules remerciements que j'attendais. Qu'il ne meure pas précipitamment. Le solitaire avait été coriace et le petit avait tout donné. Certes, il avait eu besoin de mon aide mais au moins nous l'avons mis en déroute. C'était le principal. Il ne fallait jamais oublier que nous pouvions toujours avoir besoin d'aide. Les autres clans étaient aussi là pour ça, les ententes existaient pour de bonnes raisons tout comme le code du guerrier.

Il souriait, me demandant de le prévenir en cas de problème. Lors d'assemblée par exemple. J'hochais la tête, ne trouvant rien à redire à cela. Nous étions en train de créer un lien de confiance entre nos deux êtres. Le petit novice tentait ensuite de se relever et manquait de retomber. Il était encore trop faible pour retourner sur ses terres. Il devait sans doute traverser la rivière une nouvelle fois.. Après avoir retrouvé un bon équilibre et quelques pas hésitants, il plantait son regard dans le mien et se présentait. Nuage Vagabond qu'il s'appelait. Après avoir incliné poliment la tête, il me remerciait une nouvelle fois avant d'annoncer son départ. Le petit Riveux s'avançait ensuite vers moi et se pressait contre moi. Je restais sans bouger, ne sachant pas quoi faire. J'étais assez surprise par le geste mais je ne le repoussais pas finalement.

Après ses au revoir houleux, Nuage Vagabond s'approchait de la rive avant de s'y introduire et de commencer à nager. Je m'assurais qu'il arrive de l'autre côté avant de commencer à m'éloigner. Il me saluait une ultime fois avant notre séparation. Nous retournons tout les deux à notre vie quotidienne.