Quidam - M - Solitaire.

(Max : 200 x 400)

• Noms du chat ; Quidam. • Age ; 18 lunes. • Mâle ou Femelle ? ; Mâle. • Clan ; Solo à priori. • Rang (Chaton, Apprenti, Guerrier, Guérisseur, Lieutenant, Chef) ;

• Physique du Chat (minimum 3 lignes complètes) ;
Je pourrais passer des heures à le décrire, chaque partie de son corps composant à elle seule une œuvre d’art. Mais qui lirait un roman qui ne toucherait qu’à la beauté extrême de son pelage, à la grâce de ses gestes et à la fascinante ardeur de ses yeux ? Personne, car personne ne s’arrêterait même devant lui. Etrangeté de son physique, il est d’une beauté tellement captivante que nul ne la remarque. Vous ne comprenez pas, n’est-ce pas ? Quidam, l’anonyme que l’on ne voit pas, l’ombre qui se dessine sur les pavés mais qui n’appartient à personne. C’est un soupir, à peine un souffle de son passage, mais c’est l’invisible en personne que l’on voit dans un Quidam. Il n’est pas un corps il en est à peine une image, il est là mais il n’existe pas, voyez-vous ? Toujours pas. Et comme je peux le comprendre. Quidam est à la fois le chat le plus normal de la planète, et le plus extraordinaire. Lorsque l’on aperçoit la silhouette d’un chat, il est rare que l’on détourne le regard et que l’on passe son chemin. En fait, on suit les lignes voluptueuses de son corps, et l’on cherche le propriétaire de la délicate peinture d’ombre que l’on a aperçu sur le sol. Mais Quidam lui ne donne même pas l’espoir d’être vu. Il passe inaperçu dans chaque circonstance, on ne sait jamais s’il est là où s’il s’est déjà envolé. Il n’existe pas vraiment, il ne donne pas de traces, à peine quelques indices de son passage. Son cœur bat au rythme de sa discrétion, son monde est fait de silence et de mutisme. Et pourtant, il est beau. Si vous le voyiez, vous ne pourriez plus détacher vos yeux de son corps. Mais vous ne le verrez pas, jamais. Les quidams sont oubliés, laissés de côté par la banalité qu’ils vous inspirent. Mais peut-être souhaitez-vous tout de même que je le décrive, avec des mots qui ne s’approcheront jamais de la réalité ? A la vérité, je suis sans doute l’une des seules à m’être arrêter devant lui. Car il faut être bien curieux pour oser regarder l’inconnu dans les yeux, et moi j’avais cette curiosité qui m’étreignait le cœur et accélérait ma respiration. La première fois que je l’ai vu, je ne comprenais pas pourquoi mon frère ne lui a pas jeté un regard. Je ne comprends pas très bien encore aujourd’hui, car je suis toujours subjuguée par la beauté qu’il dégage. Mais ce que je sais maintenant, c’est que le carcan étriqué qui nous sert de panorama ne permettra jamais de voir tous ces quidams. Ces quidams qui ne sont peut-être pas si inutiles et anonymes que cela. Regardez-moi, il a changé le peu de vie que j’avais et en a fait un spectacle sans fin, un ballet romanesque et aventureux qui m’amène aux rivages du rêve. Quidam, aux rives du rêve, au seuil de l’ombre, tu valses.

Comment pourrais-je donc vous le décrire alors. Son pelage ? Nuancé de brun et de gris, mélange de zébrures sombres et de tâches claires, toute une toile de couleurs qui semblent ternes les unes sans les autres. Mais sur lui, ces couleurs se mêlent avec joie et forment une ronde de teintes plus éclatantes et vivantes. Les gris sont rehaussés par les broderies mordorées de ses rayures, les noirs sont plus profonds au côté des notes fauves de son cou, et le blanc de son poitrail s’évanouit tendrement dans la fourrure ambrée de ses épaules. Il est beau vous dis-je. Ne me croyez-vous toujours pas ? Autour de ses yeux, de fins traits noirs semblent avoir été peints par le pinceau d’un artiste, ils s’étirent le long de ses tempes et se perdent dans la marbrure de son corps. Ils mettent en valeur les plus beaux joyaux du monde. Les iris d’un chat sont toujours des diamants exceptionnels, regardez un chat dans les yeux et vous y verrez les seuls éclats de Soleil tombés sur Terre. Mais ceux de Quidam sont à part. Tout est à part chez lui de toutes façons, mais son regard n’appartient qu’à lui et ne se classe pas dans des standards. Quelles sont ces deux merveilles dont je vous parle ? Ce sont deux morceaux de jade tombés dans un flot d’étincelles dorées. Le vert de ses yeux se noie dans ce que l’on pourrait comparer à des débris d’étoile. Quelques nuances plus sages calment l’ardeur de son regard, et donnent à son visage une douceur infinie. La folie qui baigne ses prunelles leur confère un scintillement particulièrement fascinant et l’on se laisse volontiers submerger pas la flamme et la puissance de ce vert d’eau aux reflets lumineux. Vous le voyez à présent ? Vous pensez que j’exagère ? Bien sûr que j’exagère, mais que voulez-vous ? Un brin de modestie peut-être ? Jamais ! Un admirateur ne se satisfait jamais de son éloge pour sa passion. Je vous avais prévenu que les mots ne suffiraient pas à le dessiner. Peut-être avez-vous besoin d’un squelette plus pragmatique. Sa carrure n’a rien d’impressionnant. Il n’a pas d’épaules démesurées, de muscles surdéveloppés et de force destructrice. Il a le physique du jeune chat qui a toujours dû se débrouiller seul, qui n’a jamais pu compter sur un autre, et qui en définitif n’a jamais eu besoin que de lui. Il est du genre aventurier, assez fort pour se battre, assez rapide pour fuir, assez agile pour escalader, assez tout pour survivre. Ses mouvements sont fluides et silencieux, sans doute est-ce eux qui lui donnent un aspect qui ne capte aucun regard, qui ne reste jamais en mémoire. Il dégage pourtant un certain charisme qui m’a captivé immédiatement. Je ne suis pourtant pas de celles qui se laissent amadouer par un physique attrayant. Alors pourquoi ? Mais parce qu’il n’y a pas que cela ! Derrière ce masque sauvage, tout un être vit et respire. Et si ce costume n’a toujours pas frappé vos yeux, sans faut-il passer à autre chose. Vous ne devez pas mériter de le connaître. Est-ce donc le destin de tous les quidams ? Sont-ils tous des êtres qui nous frôlent sans un soupir, qui nous croisent comme des fantômes aux allures froides et distantes ? L’inconnu nous fait peur, moi il me passionne. Et j’ai mérité de l’approcher. J’ai touché du doigt la bulle de rêve qui enfermait Quidam, et il s’est ouvert à moi, Alegria. Sans doute ne suis-je pas totalement objective…car enfin, il m’a ensorcelé.

• Caractère du Chat (minimum 4 lignes complètes) ;
Il semblerait que Quidam a tout du fantôme. Passif et inexpressif dans ce qu’il dégage, simplement indifférent au monde qui l’entoure. Il donne l’impression de vivre en dehors de tout ce qui existe, de tout ce qui bouge. La Terre tourne et lui demeure immobile, tranquillement assit tandis que l’agitation s’épanouit autour de lui. Il n’a pas de pensées pour les autres puisque les autres n’ont pas de pensées pour lui. Peu importe ce qu’il peut arriver, il ne se sent pas concerné. Il laisse les autres prendre soin de leur vie tant qu’ils ne s’impliquent pas dans la sienne. Il préfère passer inaperçu et mener à bien ses projets plutôt que d’atterrir sur le devant de la scène et de jouer le comique persuadé d’avoir un rôle important dans la marche du monde. Aussi est-il distant quant aux relations qu’il a avec autrui. Il est assez froid et déconcertant par son attitude je-m’en-foutiste et son visage qui semble vouloir dire « et alors ? » à tout bout de chant. Il ne fait pas partie du monde et le monde le lui rend bien. Mais moi, je sais qu’il n’est pas qu’une statue inerte qui regarde et laisse faire. Moi, je sais qu’il agit, et qu’il le fait bien. Il agit oui mais jamais de face, toujours à la dérobée. Non, ce n’est pas de la lâcheté, c’est plus subtil que ça. J’ai toujours eu l’impression qu’il était mon ange gardien, tout ça parce que ses mots pansent toutes mes plaies, et que ses actions arrangent tous mes problèmes. Il doit avoir un superpouvoir ou quelque chose dans le genre. Toujours est-il que son inaction feinte n’est qu’un masque qu’il pose entre vos yeux et lui pour mieux agir à sa guise. Il vous trompe, et vous ne vous en rendrez jamais compte. Il ment oui, mais toujours pour arriver à quelque chose de meilleur. Il joue, il, feinte, il s’amuse de votre crédulité et vous roule comme un rien. Un peu manipulateur ? Mais il a tous les avantages pour l’être, se priver de vous jouer des tours serait terriblement stupide. Vous ne faites pas attention à lui, vous lui laissez donc le champ libre pour s’adonner à ses petites affaires. Rassurez-vous, il n’est pas méchant…oh non, si peu.
Mais sachez que s’il est capable de vous grimacer dans le dos, et d’afficher son plus beau sourire si vous vous retournez, il ne manquera pas de franchise si vous le prenez entre quatre yeux. Il ne niera rien – ou presque-, il ne mentira pas –quoique-, et il ne vous cachera rien –sauf si…-. Il aime être franc, si vous lui posez une question et lui demandez des explications, il vous les donnera sans broncher. De toute façon, vous ne penserez même pas à ces questions. Il pèsera toujours les conséquences de ses paroles, et il ne vous parlera que parce que son discours vous amènera à agir ou répondre comme il avait envie que vous le fassiez. Et vous n’y verrez que du feu. Il vous manipule vous dis-je. Mais quel bonheur quand son attention se porte sur vous… Cela dit, il n’est ni un dragueur invétéré, ni un psychopathe en liberté. Il s’amuse un peu, simplement. A moins que le jeu en vaille la chandelle, il déploie alors toute une panoplie de rôles et de techniques insoupçonnés pour vous faire tourner en bourrique et arriver à ses fins. Il n’a pas son pareil pour se servir des autres. Il est un peu comme le vent qui fait plier le roseau. Invisible, à peine est-il perçut, mais ses répercutions se sentent. Oui c’est ça, il est comme le vent qui fait plier le roseau… N’essayez pas de vous échapper, il vous retrouvera. Il a une volonté d’acier, et une patience sans limite. S’il n’atteint pas son but du premier coup, il retentera sa chance par un moyen totalement différent et improbable. Il vous étonnera toujours par son ingéniosité à réussir son coup. Moi-même je ne sais jamais ce qu’il va faire, ce qu’il va dire, et encore moins ce pourquoi il agit. Je ne connais pas ses motivations, et a du mal à cerner ses passions. J’espère simplement être l’une d’entre elles.
J’apprends petit à petit à reconnaître ses émotions quand il en vit une, mais il se ferme tellement qu’il est difficile de lire dans son regard et dans son comportement. Il ne tient pas à être lu et découvert, et il se confie rarement. Je ne sais pas si c’est par manque de confiance ou à cause d’une mauvaise expérience, toujours est-il qu’il ne parle pas de sa vie, de ses proches, de ses souvenirs. Je sais pourtant qu’il vit chaque seconde comme si c’était la dernière, et qu’il ressent tout plus intensément que n’importe qui. Mais jamais, au grand jamais, il ne parlera de ses sentiments. Il donnera toujours son opinion, franchement, sans tabou, mais il ne se départit pas de son inexpression quasi-permanente. C’est peut-être pour cette raison qu’il passe tant inaperçu. Toujours en retrait, toujours échappé des émotions des autres… Mais il ne peut pas se cacher éternellement, et même sa cuirasse de passivité tombera. Elle s’effrite déjà à notre contact. Que cherche-t-il donc à cacher ?
Peur de rien, casse-cou, courageux simplement fou. Peut-être tout ça à la fois. Toujours est-il qu’il hésite rarement et que sa curiosité l’emporte à tous les coups. Il aime à vivre de nouvelles sensations, découvrir de nouveaux paysages et rencontrer de nouvelles personnes. Il aime le changement et ne supporte pas l’inaction. C’est donc l’exact contraire que ce que vous ressentez vis-à-vis de lui. Vous ne voyez rien, mais cela ne veut pas dire qu’il n’est rien. Il est même assez enjoué et enthousiaste, un peu comme un adulte qui n’aurait pas refoulé le jeune qu’il était. Il est même assez amusant parfois. Il s’extasie pour quelque chose, puis revient subitement à son visage froid habituel, comme s’il avait eu honte de s’ouvrir aux autres pour quelques secondes. J’adore le faire enrager de cette manière-là. Il est si susceptible…et rancunier ! Il aime se venger, immédiatement ou après quelques temps. Il ne vous loupera jamais, il pardonne parfois mais n’oublie rien. Son cynisme vous atteindra systématiquement et vous rendra au centuple ce que vous lui avez fait subir. C’est un interminable jeu de répliques et de vannes qui s’est installé entre lui et moi… Aucun de nous deux ne veut lâcher le morceau, il n’aime pas perdre, et encore moins ne pas avoir le dernier mot.
Il n’a pas beaucoup de respect pour les contes, les légendes, les histoires, les croyances tout ce qui est écrit et répandu par les anciens et qui revête un caractère mystique. Il ne croit en rien d’autre que lui-même. Je ne sais pas d’où lui vient ce comportement. Mais il estime qu’il est seul à pouvoir diriger sa vie, et que personne n’y mettra les pieds pour le mener par le bout du nez. Son destin n’est inscrit nulle part, et c’est lui qui choisit de la voie qu’il suivra. Je ne peux pas lui donner tort, mais un brin de magie illumine toujours un peu nos vies… Il raillera quiconque osera avancer des théories ésotériques devant lui, et ne prendra pas de gants pour démonter une à une toutes les affirmations qui seront faites et qu’il trouvera profondément stupides. Il est désespérément réaliste et pragmatique, et il ne laisse pas de place aux contes de fées et aux mythes. Dommage. Il y a du réconfort et de l’espoir dans toutes ces histoires, et je pense sincèrement qu’il aurait besoin de croire en autre chose que lui-même. Il n’est pas bon de se refermer sur soi et de ne reposer que sur ses propres épaules. Les vieux le perçoivent comme un impertinent, un insolent sans intérêt à l’attitude bravache et vantarde. Un jeune comme on en fait aujourd’hui qui n’a pas de respect pour ce qu’il y a eu et aucun espoir dans ce qu’il y aura. Le genre de personne égocentrique qui n’apportera jamais rien aux autres. On peut aisément le voir comme un individu prétentieux et arrogant. A vrai dire, c’est son air indifférent et ironique qui donne cette impression. A moins qu’il ne le soit vraiment.
La perfection n’existe pas.

• Liens Familiaux du Chat (Personnes présentes dans l'histoire avec une petite description.) ;
Un père, une mère, deux frères, une sœur. Tous aussi peu présents dans la vie de Quidam.
Alegria : amie. Relation ambiguë, presqu’un jeu entre elle et lui…
Saltimbanco : ami.

• Goûts du Chat (Aime, n'aime pas, déteste, adore...) ;
A vous de voir.

• Craintes, Rêves, Projets ;
Ni rêve, ni projet. A vous de voir.

• Histoire (minimum 5 lignes complètes) ;
« Pourquoi es-tu partit de chez toi petite ombre? Pourquoi as-tu gagné ce royaume de fantômes et d’illusions ? Pourquoi avoir abandonné ces terres qui t’appartenaient, ces vies qui t’aimaient, ces souvenirs qui te composaient ? Pourquoi, petite ombre, es-tu devenu ce Seigneur parmi les Oubliés ? »
Quidam garde pour lui, et lui seul, son histoire. Il n’en a jamais touché un seul mot, et semble même l’avoir complètement oublié. Il ‘en est rien bien sûr, comment peut-on oublier sa propre histoire ? Il est de ceux qui n’ont pas d’origine et qui ne s’en portent pas plus mal. Il est de ceux qui se construisent un futur sur des bases instables ou inexistantes, et qui ne reviennent jamais en arrière. Pourtant, moi je sais. Oh, pas tout, il ne m’en parlera sans doute jamais, mais il n’est pas le seul à jouer avec les gens. Et moi, je sais. Je sais par exemple qu’il a une sœur. Au moins une sœur. Et des parents, et une famille, et un chez-lui qui l’attendent encore malgré les temps qui court. Sa sœur ne lui ressemble pas en grand-chose. Ils n’ont que le regard en commun, ce qui ne peut pas permettre la moindre erreur. C’est elle qui m’a raconté un bout de son passé. Elle me le décrivit comme elle l’avait connu, et son brusque changement quand il avait vu passé 3 saisons. Le portrait qu’elle m’avait peint ne correspondait en rien au Quidam que j’avais rencontré. Quand je posais les questions qui me brûlaient la langue, sa sœur me regardait, puis souriait d’un air énigmatique. C’était le seul deuxième point commun que je pu trouver entre elle et son frère. Elle ne répondit jamais à ces questions. Elle se contenta de continuer son histoire. C’était un matin d’automne, alors que la pluie avait enfin cessé après plusieurs jours de déluge, que Quidam avait disparu. « Il était partit comme on ne part pas, sans un regard, sans un cri ». Les feuilles mortes avaient couvert son départ de leur manteau mordoré et chatoyant. Ces couleurs avaient parût bien fades à sa jeune sœur. Elle avait mis des lunes avant de comprendre ce qui avait motivé cette absence. Mais quand je lui demandais d’aller plus loin, elle me répondit par ce sourire si caractéristique qui l’unirait à jamais à Quidam. C’est sur elle que je remarquais pour la première fois que ce sourire n’avait pas l’air moqueur que je lui avais donné, il était triste, déçu ne pouvoir lâcher les mots que je voulais entendre. C’était un secret qu’il garderait scellé. Comme je me renfrognais, elle enchaîna sur la description de ses parents. Cela aurait pu avoir un intérêt pour moi, mais ça n’en avait pas, et si j’écoutais ce ne fut que par politesse. Tout ce que je voulais savoir était gardé profondément dans son silence.

Alegria ne saura peut-être un jour pourquoi je suis partit ce matin-là. Ma confiance en elle grandit chaque jour un peu plus, mais je n’ai pas envie de ressasser ces souvenirs. Ils ne sont pas particulièrement agréables et la honte qu’ils font peser sur moi est trop importante pour que je la partage. Et puis, elle n’a pas à savoir. Cela ne la concernera jamais, je ne veux pas. Mon histoire n’a pas le moindre intérêt, et je m’amuse profondément lorsqu’elle me scrute de ses yeux ambrés et cherche le moindre indice qui la dirigerait vers mon vécu. Qu’elle cherche, cela ne me motive que plus à garder le silence. Non, elle ne saura pas ce qu’il s’est passé. Elle ne connaîtra pas les actes de mes parents, ni ceux de mes frères, encore moins ceux de ma sœur. Je sais qu’elles se sont parlé, même si elles ont tenté par tous les moyens de me le cacher. C’est si évident. J’avais peur que ma sœur ne parle trop, qu’elle me ramène chez moi, ou pire, que mes parents l’aient suivi. Mais rien de tout ça n’est arrivé, et je suis repartit plus loin encore. Je veux les perdre à tout jamais, et j’y arriverai. Alegria ne comprend pas, ne veut pas comprendre, elle pense pouvoir tout arranger. Si elle savait…mais non. Ce secret est trop lourd à porter, il faut simplement que j’oublie, que je fuis tout ce qui se rattache à lui. La cruauté pour origine, voilà bien mon fardeau. La mort, le sang, la peur, tout ce chaos qui suivait leurs pas…il ne suivra pas les miens. Je n’ai plus rien à voir avec eux. Je suis sorti de leur monde et ne veux plus y retourner. Oubliez-moi, par pitié, laissez-moi dans le bas-côté et continuer votre propre route. Je ne suis plus rien pour vous, je ne suis plus qu’une ombre parmi les ombres, à peine un souvenir dans votre histoire, à peine une épine dans votre cœur. Votre cœur. Ne mentez pas, je n’y habite plus depuis ce fameux matin. Rien d’autre qu’un Quidam sur votre chemin, je ne suis que la sueur froide qui vous fait tressaillir chaque soir. Oubliez-moi, vous n’avez plus d’emprise sur moi.

Je me souviendrai toujours de ma rencontre avec Quidam. Il était seul sur un ponton abandonné par les bipèdes. La surface du lac se plissait à peine sous la brise chaude d’un été agonisant. Le ciel s’embrasait pour le dernier soupir du jour. Il avait l’air d’une ombre perdu dans un royaume de lumière. Saltimbanco ne s’était à peine arrêté devant lui. Il avait continué son chemin jusqu’à une souche sur laquelle il avait grimpé pour observer le fond de l’eau. Moi, je m’étais engagé sur le bois humide du ponton, et je m’étais assise à côté de ce chat gris qui avait si peu sa place dans cette scène. Il n’avait pas bougé. J’entendais à peine sa respiration tant elle était calme. Je regardais devant moi, espérant qu’il réagirait à ma présence. Ce qu’il ne fit jamais. Sous la surface de l’eau, je voyais des formes ondulées gracieusement. Les poissons abondaient, et la faim commençait à me tenailler. Ce devait aussi être le cas de mon frère, puisque ce fut sa chute dans l’eau qui déchira le silence. Quand je me retournais sur lui, on ne pouvait déjà plus distingué que sa fourrure colorée qui s’agitait dans les profondeurs aqueuses. Quidam n’avait pas hésité une seule seconde. Il avait sauté lui aussi, et avant que je n’atteigne la souche, il traînait déjà mon frère vers le rivage. Il s’ébroua et se retint d’éclater de rire. Moi par contre, je n’eus pas autant de tact, et en voyant les yeux exorbités de mon frère, je partis dans un magnifique fou rire. La glace était brisée. Inutile de rentrer plus en avant dans les détails, cela fait maintenant deux saisons que nous voyageons ensemble. Saltimbanco garde de cette rencontre un souvenir froid et humide, pour moi, ce souvenir brûle encore.

Pré-créé © Sang d'Encre