Told you not to worry, but maybe that's a lie | Ft. Faucon d'Argent

Told you not to worry, but maybe that's a lie

Trois lunes s’étaient écoulées depuis ma dernière rencontre avec Nuage d’Orage, chaque jour qui passait rendait son absence encore plus insurmontable. Je ne rêvais que de sa présence nuit et jour, je me questionnais encore et encore : comment était-ce possible ? Comment est-ce qu’il pouvait être vivant ? Comment était-il arrivé au Clan de l’Ombre ? Pourquoi est-ce que l’image de son corps sans vie continue à me hanter ?

Le soleil se levait, perçant difficilement le plafond nuageux quand je me décida enfin. Il était temps, je ne pouvais plus repousser l'échéance, je ne pouvais plus me priver de le voir, il fallait que j’aille parler à Faucon d’Argent. Je me leva difficilement, les pattes encore engourdis par le sommeil, ce sommeil agité par mes pensées incessantes, par toutes mes questions sans réponse. Il fallait le reconnaître, j’étais épuisée, autant sur le plan physique que psychologique. Je m’étais promis de ne pas le revoir avant d’avoir parlé à ma sœur, et cela faisait maintenant trois lunes que je n’arrivais plus à lui parler, qu’à chaque fois que j’avais l’intention de lui en parler, les mots restaient bloqués dans ma gorge. Comme si quelque chose m’empêchait de lui dire, comme si les étoiles me criaient de ne rien lui dire. Pourtant, je devrais être heureuse de lui dire, j’aurais même dû lui dire tout de suite. Notre frère, que l’on pensait mort il y a des lunes et des lunes, était en fait en vie, et elle n’était même pas au courant. Comment pouvais-je lui cacher quelque chose d’aussi important ? Pourquoi est-ce que je n’arrivais pas à lui dire, alors que ça devrait être si facile ? Mon ventre se crispa une fois de plus à la simple pensée de lui en parler, j’avais l’impression que mon corps refusait d’écouter mon esprit, qu’il me hurlait que c’était une mauvaise idée, que j’avais tort de vouloir lui en parler. Alors que pourtant, j’avais toutes les raisons possibles et imaginables de lui faire part de la nouvelle.

Je poussais délicatement du museau le corps endormi de Faucon d’Argent, couché tout près de moi, comme toujours. C’était le moment et cela ne pouvait pas attendre, je savais que le temps était enfin venu que je lui révèle tout. Comment allait-elle réagir ? Allait-elle me demander de me conduire à lui ? Allait-elle me croire ? Soudainement, tout se bousculait à nouveau dans ma tête, est-ce que je prenais la bonne décision ? Oui, oui.

”Faucon d’Argent ? Réveille-toi s’il te plaît ma sœur, j’ai besoin de te parler c’est important.”

Lorsqu’elle fut enfin tirée de son sommeil, je lui glissa dans l’oreille de me rejoindre quand elle sera prête juste devant le camp. Nous serons plus tranquilles là-bas, suffisamment éloignés de nos camarades pour être sûr que personne ne nous entende. Après tout, ça ne regardait que nous.
Je trottina jusqu’à l’orée du camp, résistant à l’envie presque irrésistible de m’enfuir loin, de courir dans la lande et de ne pas revenir avant la tombée de la nuit. Pourquoi était-ce si difficile ? Je pris soin de m’éloigner de l’entrée, m'asseyant à quelques longueurs de queue, à un endroit au Faucon d’Argent me trouverait directement lorsqu’elle arriverait. Au fond de moi, j’espérais qu’elle mettrait la journée à me rejoindre alors que je ne cessais de questionner les étoiles : pourquoi était-ce si difficile ? Pourquoi lui annoncer que notre frère était envie sonnait comme un malheur ? C’était la meilleure chose qui pouvait nous arriver !

Lune 1216

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Petite Foudre - Nuage Foudroyant - Foudre Noire

Told you not to worry, but maybe that's a lie
Ft Foudre Noire

La guerrière du Vent faisait toujours le même rêve. En pleine nuit, elle courait dans la lande, sans s'arrêter pour rechercher une proie. Jusqu'à être à bout de souffle. Elle ne semblait pouvoir trouver satisfaction, sans pour autant savoir ce qui pourrait apaiser son esprit. Parfois, ses pattes finissaient par la ramener au camp. D'autres fois, elle tombait sur Aurore Boréale, à peine reconnaissable. Et ça s'arrêtait là, tout simplement. Faucon d'Argent avait plusieurs fois réfléchi à l'interprétation qu'elle pourrait lui donner, mais sans jamais y trouver une réponse claire. Peut-être que ça reflétait son sentiment d'insatisfaction par rapport à l'organisation du clan ? Ou bien, sa sensation de ne plus autant connaitre sa vieille amie ? Non, décidément, rien de tout cela n'était clair. Elle essayait donc de ne pas trop y penser, mais ça n'empêchait pas le rêve de revenir. Il y avait tant à faire dans le monde réel, alors pourquoi ses songes ne pouvaient-ils pas la laisser en paix ? Cette nuit-là ne fit pas exception, en tout cas. Le même rêve. La même course. Seul le réveil fut quelque peu différent, puisque c'est un contact sur son corps endormi qui la tira des bras de Morphée. Foudre Noire ? Les yeux encore endormis, la guerrière sombre vit que le soleil se levait doucement. Était-elle supposée rejoindre la patrouille de l'aube ? Elle n'en avait pas le souvenir. Mais, elle comprit aux paroles de sa soeur qu'il s'agissait d'une toute autre chose. Une chose importante. Foudre Noire alla l'attendre à l'extérieur du camp, tandis qu'elle se redressait doucement en baillant. La curiosité faisait qu'elle se sentait déjà bien réveillée, et elle quitta discrètement la tanière des guerriers pour rejoindre sa soeur.

Depuis plusieurs lunes déjà, Foudre Noire avait une attitude plutôt étrange. Faucon d'Argent éprouvait des difficultés à entretenir une conversation avec elle. Pourtant, elles étaient si proches avant... La guerrière se demandait si elle avait dit ou fait quelque chose de mal, mais aucune idée ne lui venait à l'esprit. Alors, si ce matin-là, se présentait une occasion de tirer les choses au clair, elle n'allait pas la refuser. Une fois devant l'entrée du camp, elle trouva la chatte tigrée assise à quelques longueurs de queue. Elle semblait stressée, ce qui fit naitre une pointe d'inquiétude dans sa poitrine. « Je suis là. Alors dis moi, Foudre Noire, de quoi as-tu besoin de me parler ? » La conversation semblait nécessiter une certaine intimité, qui plus est... sinon, rien ne les aurait empêché de rester au sein du camp. Foudre Noire n'avait jamais été du genre à se montrer si mystérieuse. Pas plus que Faucon d'ailleurs. Elles aimaient toutes les deux aller droit au but, au moins lorsqu'il était question d'elles deux. Elles avaient toujours tout partagé, et encore plus depuis qu'il ne restait plus qu'elles de leur famille. Faucon d'Argent avait toujours estimé qu'il s'agissait d'une relation bien plus forte que celles que la plupart des frères et des soeurs pouvaient connaître. « Rien de grave, j'espère ? » Au delà de sa crainte d'avoir fait quelque chose de mal, la guerrière redoutait aussi que sa soeur aille tout simplement mal. Mal, au point de ne lui avoir rien dit jusqu'ici. Mais dans ce cas, ce serait sûrement un peu de sa faute aussi. Pour ne pas avoir insisté plus que ça, malgré le temps qui s'écoulait. Elle avait été focalisée sur d'autres choses, plutôt que sur la distance qui se creusait doucement entre elles de part le silence de Foudre Noire. Ce jour-là, elle allait y mettre fin. Elle allait lui parler et comprendre ce qui pouvait la tourmenter à ce point. Et à partir de là, selon la situation, elles trouveraient des solutions. Elles en trouvaient toujours. Elle était toutefois loin de se douter de ce que sa soeur allait lui annoncer...

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Faucon d’Argent finit par arriver après un court moment, le regard emprunt de curiosité.

« Je suis là. Alors dis moi, Foudre Noire, de quoi as-tu besoin de me parler ? Rien de grave, j’espère ? »

Foudre Noire retient son souffle quelques secondes, elle qui n’était pas d’ordinaire sensible, sentait les larmes lui monter. Comment savoir comment se comporter ? Comment lui annoncer la nouvelle ? Pourquoi est-ce que ses sentiments étaient si contradictoires ? Elle reprit son souffle, fermant les yeux quelques secondes, se préparant à lui faire cette annonce qu’elle repoussait depuis des lunes à présent.
Son regard se posa sur le corps élancé de sa sœur, avant de se plonger dans l’infinité de bleu qui arpentait son regard perçant, lui rappelant l'étendue du ciel recouvrant le territoire du Vent. Il était temps, elle ne pouvait plus faire marche arrière, elle n’avait plus le choix. Elle n’allait pas passer par différents chemins, elle allait aller droit au but, lui donner la vérité comme elle l’était, sans détour, sans mensonge. Elle allait tout lui raconter du début à la fin pour que Faucon d’Argent comprenne, sans se méprendre, sans douter des paroles de Foudre Noire, qu'elle allait lui donner les faits tels qu’ils étaient.
Son cœur se serra violemment dans sa poitrine alors qu’elle prit la parole, la voix fébrile. Elle paraissait si différente, sa fierté habituelle avait laissé place à une fébrilité qu’elle n’avait jamais porté, elle paraissait non plus forte et caractérielle, mais petite et fragile. Comme si elle n’était plus elle-même, même ses yeux devenaient troubles, comme si elle s’était perdue en chemin.

« J’aimerais que tu me laisses parler sans m’interrompre, que tu m’écoutes jusqu’à la fin même si je sais que cela va être difficile pour toi. »

La féline rayée risqua un regard vers sa sœur avant de détourner directement les yeux, comme si elle trouvait un soudain intérêt au bout de ses pattes blanches, enfoncés dans l’herbe grasse sous elle. Elle n’attendit pas de réponses avant de reprendre :

« Il y a quelques lunes, j’ai fait la rencontre d’un apprenti du Clan de l’Ombre près de la frontière entre le Clan du Vent et les Territoires Libres. Au début, j’allais le chasser, tu me connais, jamais je n’aurais laissé un chat étranger sur notre territoire. Cependant, quand je me suis élancée en avant pour l’attaquer, je n’ai pas pu. Je n’ai pas pu parce que c’était lui, c’était exactement lui. La même fourrure, le même regard, le même nom, même son odeur lui ressemblait, bien que masqué par le goût âcre de l’ombre. »

Chaque mot lui coûtait étrangement, elle ne cherchait plus à comprendre pourquoi. Elle devrait sauter de joie, hurler, partager ce bonheur avec sa sœur. Mais son cœur était lourd, son corps l’était tout autant, comme dissonant de son esprit, comme si la liaison entre les deux s’était brisé.

« C'était lui, c'était Petit Orage. Enfin, Nuage d’Orage maintenant. Au début, je n’ai pas voulu le croire, je suis partie, je l’ai fuis. Mais je n’ai pas pu m’empêcher d’y retourner, d’en avoir le cœur net. Alors je suis allée sur la frontière tous les jours, toutes les nuits en attendant de le revoir. Et il est revenu, de la même façon que moi. Je n’ai pas pu fuir la réalité, c’était lui, notre cher frère ! Il était là, en vie, devant moi, enlevé sauvagement à nous par le Clan de l’Ombre. Tu te rends compte ? Notre frère est en vie Faucon d’Argent ! Je peux t’emmener le voir dès que tu seras prête. Je ne peux attendre que l’on soit à nouveau tous les trois, comme avant, quand tout allait bien, avant que notre monde entier ne s’écroule. »

Quelque chose se brisa encore plus en Foudre Noire, et son visage se métamorphosa. Un large sourire prit place, ses yeux s’illuminèrent alors que son poil se dressait d’excitation. c’était ça, ils allaient de nouveau être réunis tous les trois. Comme si rien ne s’était passé, comme si tout leur monde ne s’était jamais écroulé le jour de la disparition de Petit Orage. Elles allaient de nouveau pouvoir être heureuses, se retrouver, vivre normalement. Une vague de chaleur inonda le cœur gelé de la femelle, qui laissa échapper un ronronnement sonore.

Lune 1216

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Petite Foudre - Nuage Foudroyant - Foudre Noire

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Ft Foudre Noire

Plus les minutes passaient, et plus Faucon d’Argent trouvait l’attitude de sa sœur étrange. Pourquoi devrait-elle l’écouter, et ne surtout pas l’interrompre ? Cela ne paraissait pas normal, et c’était presque si la guerrière s’attendait à ce que Foudre Noire lui annonce son départ du clan. Ça, ou pire. En fait, elle s’attendait désormais à quelque chose de grave. Se sentant mal à l’aise, la venteuse finit malgré tout par acquiescer. Elle n’en avait pas vraiment le choix, de toute manière. Cette situation ne pouvait plus durer alors elle se devrait d’écouter Foudre Noire sans broncher. La chatte rayée débute alors son récit, évoquant la frontière et l’apprenti du Clan de l’Ombre. S’efforçant de ne pas déjà la questionner, Faucon fronça les sourcils. Pourquoi ne pas l’avoir chassé ? À qui cet apprenti pouvait bien lui faire penser ? Elles n’avaient aucun lien avec l’Ombre, rien qui puisse justifier une telle attitude. Et puis, Foudre poursuivit. Elle parla de lui. D’Orage. Leur frère disparu bien trop tôt dans leurs vies, et qu’elles ne pouvaient espérer retrouver avant d’elles mêmes rejoindre le Clan des Étoiles. Les yeux écarquillés, Faucon observait sa sœur avec stupeur. Que racontait-elle ? Son sourire semblait si sincère. Foudre Noire était de toute évidence convaincue d’avoir retrouvé Petit Orage. Mais, comment cela pourrait-il être possible ?

Les poils de la nuque hérissés par la nouvelle, Faucon d’Argent ne savait quoi dire ou faire. Elle avait envie d’y croire. Elle en avait tellement envie. Son frère lui manquait chaque jour. Foudre Noire avait l’air plus heureuse que jamais, ronronnant à la perspective d’être de nouveau réunis tous les trois. Mais elle ne pouvait pas, y croire. Que ferait leur frère dans le Clan de l’Ombre ? Même si celui ci avait été capturé par ces derniers, cela n’aurait pas passé inaperçu. Pourtant, elle savait que sa sœur n’était pas stupide. Elle savait déjà tout ça. Alors, devait-elle refuser de la croire ? Briser ses espoirs ? Hésitant, Faucon d’Argent décida d’abord d’essayer de tout comprendre. « Mais… comment cela serait possible ? Petit Orage est mort, nous l’avons vu… je veux dire, il y a eu une veillée… » C’est vrai, tout le Clan du Vent avait assisté à ce moment. S’il y avait eu le moindre doute sur la mort de leur frère, ça n’aurait pas été le cas.

Soucieuse de ne pas froisser l’autre chatte, Faucon d’Argent détourna les yeux, jouant distraitement avec la terre sous ses coussinets. « Est ce que… est ce que cet apprenti a dit quelque chose que notre frère aurait pu dire ? » Elle sentait que si elle n’accordait pas de crédit à ce que pensait Foudre Noire, elle la perdrait. Et puis, une part d’elle avait aussi envie d’en apprendre plus sur la situation. Si seulement tout cela pouvait se révéler vrai… peu importe les raisons, peu importe la logique, Faucon d’Argent le souhaitait sincèrement. Mais, elle ne pouvait pas s'accrocher à des espoirs infondés. Et elle ne laisserait pas non plus sa soeur croire en des illusions. Faucon d'Argent espérait que, grâce aux explications supplémentaires de Foudre, elle pourrait mieux se situer dans cette histoire.

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Spoiler:

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« Mais… Comment cela serait possible ? Petit Orage est mort, nous l’avons vu… je veux dire, il y a eu une veillée… »

La joie intense et irrépressible, laissa soudain place à la désillusion, à la colère ainsi que la déception profonde. Le sourire qui parcourait le visage de Foudre Noire, s'effaça aussi rapidement qu’il ne s’était dessiné. Son regard noisette était dorénavant recouvert d’un voile d’ombre alors que celui de sa sœur se couvrait d’inquiétude à son égard. Sa voix se faisait douce, soucieuse de ne pas froisser la femelle grise tigrée, mais le mal était fait, le charme s’était rompu, l’anxiété qui arpentait l’esprit de la guerrière du Vent depuis si longtemps n’avait pas été vain. Faucon d’Argent avait exactement la réaction tant crainte, brisant un peu plus le cœur et l’esprit de sa sœur. Comment pouvait-elle remettre ses paroles en question ? Ne pouvait-elle pas prendre la réalité comme elle était, sans douter ? N’avait-elle pas confiance en sa sœur, qui ne lui avait jamais menti jusqu’ici ? pourquoi lui mentirait-elle à propos d’un sujet aussi important que celui-ci ? Elle n’est même pas capable de me regarder dans les yeux, a-t-elle honte de moi ? Pourquoi ne me fait-elle pas confiance, au même titre que je le voue une foi inébranlable ?

« Est ce que… est ce que cet apprenti a dit quelque chose que notre frère aurait pu dire ? »

La frustration montait violemment dans le corps de la féline, provoquant des fourmillements dans ses membres, la faisant se dandiner d’une patte sur l’autre, serrant la mâchoire pour tenter de réprimer ses émotions. Nuage d’Orage n’avait pas eu besoin de faire ou de dire quoi que ce soit, pour lui démontrer qu’il était leur frère. Elle l’aurait reconnu entre mille, jamais elle ne pourrait confondre, se méprendre face à son identité. Il était leur frère, elle en était sûre et persuadée, pourquoi Faucon d’Argent ne pouvait-elle pas juste accepter la réalité et être heureuse ?
Le ton qu’employa Foudre Noire fu véhémen, tranchant, respirant toute sorte de sentiments entre-mélangés les uns avec les autres :

« N'as-tu pas entendu ce que je viens de te dire ? Petit Orage est vivant ! N’est-ce donc pas tout ce qui compte ? Crois-tu que je ne serais pas capable de le reconnaître parmi tous les chats qui occupent cette forêt, me prends-tu pour une idiote Faucon d’Argent ? Tu devrais être heureuse de la nouvelle ! Il est vivant ! »

Le monde tournait autour de la chatte, elle était contrainte de planter ses griffes dans le sol pour ne pas basculer, pourquoi devait-elle rendre tout cela si compliqué ? Pourquoi réagissait-elle de la sorte ?

Lune 1216

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Petite Foudre - Nuage Foudroyant - Foudre Noire

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Ft Foudre Noire

La joie sur le visage de Foudre Noire était rarement autant exprimée. Faucon d'Argent s'en sentait mal à l'aise de devoir douter, même si elle le faisait tout en douceur pour ne pas blesser sa soeur. Malgré tout, malgré tout le tact dont elle avait essayé de faire preuve, l'autre guerrière vit son sourire disparaitre brutalement. Plus que ça, Foudre Noire semblait dévastée, comme si elle subissait à nouveau la disparition de leur jeune frère. Comme si elle subissait une trahison. La venteuse avait tout fait pour éviter une telle réaction, mais il fallait croire que les sentiments de la chatte sombre envers ce qu'elle pensait vrai étaient très forts. Faire preuve de logique pour essayer de décrypter la situation n'était donc peut-être pas la meilleure approche. Mais laquelle serait meilleure ? C'était une situation totalement inédite, que Faucon n'aurait pu imaginer même dans ses rêves -ou cauchemars- les plus fous. Elle avançait en terres inconnues, et craignait surtout de voir sa soeur souffrir de toute cette histoire. Celle-ci semblait bouillonner de l'intérieur. Elle, qui était si froide d'habitude, voir irritable, mais jamais en présence de Faucon d'Argent. Leur relation était si fusionnelle d'ordinaire, que la nuance était d'autant plus grande à cet instant. Faucon n'osa rien rajouter de plus, et ne put que subir les paroles crues de sa soeur. La surprise la cloua sur place. Elle n'avait jamais vu Foudre ainsi. Jamais. Et elle aurait préféré continuer sur cette lancée. Pourtant, le destin... ou une mystérieuse apparition, en avaient décidé autrement.

Elle semblait complètement hors d'elle, hors de la réalité, à relâcher toute sa rage et sa frustration ainsi. Faucon se trouvait choquée par sa réaction et ne sut quoi en penser au premier abord. Ce n'était pas juste. La chatte n'allait pas culpabiliser d'être logique et prudente, et elle n'avait jamais remis en cause l'intelligence de Foudre. Ses sourcils se froncèrent légèrement, alors qu'elle fixa durant de longues secondes sa soeur. Celle-ci semblait à bout, les griffes plantées dans le sol comme pour se maintenir en équilibre. Faucon comprenait bien que, la situation devait être dure pour elle. Mais, ce n'était pas une raison pour accepter toutes ses paroles. Si elles commençaient ainsi, Faucon avait le sentiment que ça ne pourrait pas bien se terminer. « Je t'ai très bien entendue. Et je ne t'ai jamais traitée d'idiote, que je sache. Foudre Noire, je suis de ton côté, alors ne te mets pas dans cet état. » Et puis, si elle s'énervait autant, c'est bien que quelque chose devait clocher dans cette histoire, n'est-ce pas ? Et si quelque chose clochait, Foudre aurait besoin d'aide pour y remédier. « J'essaie simplement de comprendre la situation. Ce n'est pas une question de confiance, reconnais qu'il n'est pas commun de voir des chats revenir à la vie ! Alors dis-m'en plus, je t'écoute. » Elle avait gardé une voix ferme mais teintée de compassion. Elle serait là pour Foudre, quelles que soient ses raisons et croyances. Les deux soeurs étaient liées depuis leur enfance, et il n'était pas question que cela change. Déjà, du fait de s'être éloignée, la chatte rayée lui avait manqué. La savoir seule et dans cet état était encore bien pire à ses yeux. Il ne fallait donc pas qu'elle la laisse s'éloigner, s'isoler à nouveau. Elle n'en ajouta pas plus, craignant d'en dire trop et de braquer encore plus l'autre venteuse. La tension qu'elle éprouvait pouvait se remarquer à ses poils hérissés au niveau de sa nuque, ainsi qu'à ses griffes qui rentraient et sortaient sans cesse pour se planter dans le sol. Pourtant, son regard ne trahissait qu'une profonde attention entièrement dédiée à Foudre Noire.

Désillusion

Foudre Noire aplati ses oreilles en arrière, luttant pour garder patience face à la situation, fronçant le museau. Elle n’avait jamais été douée pour gérer sa frustration, et Faucon d’Argent la mettait à rude épreuve. Pourquoi est-ce que cela devait-être aussi compliqué, alors que cela pouvait être si simple ? Il n’y avait pas de question à poser, rien à raconter, il n’avait qu’à voir et vivre. Rentrant ses griffes et prenant une grande inspiration, la guerrière du Vent tenta d’ignorer le brouillard qui menaçait son esprit, de se concentrer uniquement sur les faits : Petit Orage était en vie. C’est tout ce qui comptait. Puis elle se leva, plongeant son regard noisette dans les yeux de sa soeur :

« Il n’est pas revenu à la vie, il n’est jamais mort, nuance. On partira le voir ce soir, quand le camp sera endormis. Que tu me croies ou non, tu ne pourras pas nier son existence une fois qu’il sera devant toi. »

Elle ne laissa pas le temps à Faucon d’Argent de lui répondre, elle craignait trop une protestation de sa part. Elle ne prit pas la direction du camp, mais s’engouffra dans la Lande de Bruyère, laissant ses pattes la guider loin de sa sœur et de l’agitation générale. Ses pensées tournaient en boucle, se posant encore et encore les mêmes questionnements, remettant encore et encore en doute ses propres affirmations. Est-ce que Nuage d’Orage sera à la frontière ce soir ? Et si il n’était pas là ? Non, les liens du sang qui les unis le poussent à venir, il saura que ses sœurs ont besoin de lui, que Faucon d’Argent a besoin de le voir, que Foudre Noire a désespérément besoin qu’ils se voient, qu’ils soient enfin réunis. Elle laissa s’échapper un profond soupir, le cœur battant toujours rapidement dans sa poitrine. Pourquoi est-ce que c’était aussi compliqué ? Et si…? Non. Elle refusa à son esprit d’émettre une nouvelle fois cette hypothèse. C’était lui, c’était leur frère, il n’y avait pas de questions à se poser.
Ils allaient être tous ensemble, ce soir, c’était la seule et unique chose à laquelle elle devait penser.

Lune 1216

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Petite Foudre - Nuage Foudroyant - Foudre Noire

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Ft Foudre Noire

Il semblait que Foudre Noire essayait de maîtriser sa colère, mais Faucon d’Argent se doutait que ce n’était pas facile. Surtout après s’être mise une telle chose en tête et avoir fait face aux doutes de sa propre sœur. Mais qu’y pouvait-elle ? Faucon n’était pas une menteuse et elle n’allait pas faire semblant de se réjouir alors qu’elle peinait encore à croire à tout cela. Et elle aussi, devait lutter pour ne pas succomber à la colère. Il ne lui ressemblait pas de laisser quiconque s’adresser à elle sur ce ton, mais sa sœur faisait bien partie des quelques raisons pour lesquelles la guerrière sombre pouvait mettre de côté sa fierté. Alors elle l’avait fait, demandant simplement à sa sœur de lui offrir plus de détails sur la situation. Peut être qu’avec ça, elle serait en mesure de comprendre. Ou de raisonner Foudre Noire. D’un seul coup, celle-ci se leva, comme avec détermination. Difficile de savoir à quoi s’attendre vu la tournure des événements, alors Faucon ne put que la toiser avec une pointe d’incertitude.

Et puis, vinrent ses paroles. Elle ne se laisserait pas contredire. Elle n’accepterait pas de refus. C’était évident, et de toute façon, Faucon ne laisserait pas passer une occasion de tirer tout cela au clair. Si quelqu’un essayait de manipuler ou de tromper sa sœur, elle se devait de le découvrir. Et si Foudre se berçait d’illusions… elle devrait aussi y faire quelque chose. L’autre chatte ne lui laissa même pas le temps de répondre et commença à s’enfuir vers la lande. Faucon n’essaya pas de la retenir. Elle ne savait pas quoi dire ou faire de plus pour le moment. Il lui faudrait attendre de voir, de comprendre. Et elles allaient devoir quitter le camp en pleine nuit pour rejoindre un membre du Clan de l’Ombre… cette idée ne la réjouissait pas, et elle se demandait si sa sœur avait déjà fait une telle chose par le passé. Si quiconque l’apprenait, elles pourraient avoir des problèmes… leurs camarades les penseraient folles. Et, Faucon ne pourrait totalement leur donner tord. Cette histoire était complètement folle.

Lâchant un soupir, la chatte sombre fit demi tour pour se diriger de nouveau vers le camp. Elle aussi, avait envie d’être un peu seule à présent. Peut être qu’elle irait simplement se blottir au fond de son nid, et qu’elle pourrait réfléchir à tout cela à tête reposée.

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