Autour des Cimes (fini)

CARACTÈRE
- Comment tu décrirais le caractère de ton perso ? : Il est des choses que l'on peut deviner au premier abord. Qui, qu'elles soient conscientes ou non, permettent de mieux appréhender une personnalité, un être dans son ensemble. Ces manies qui guident le regard et informent, dans le silence d'un corps, l'autre. Parfois, il est question de les comprendre et de deviner ce qui se cache derrière ; d'autres fois ce sont des choses sans importance, sans aucun sens caché, qui font sourire ou bien lever les yeux au ciel. Autour des Cimes est un chercheur, un insatiable observateur. Ces petites manies, il les guette, les traque presque. Elles lui apportent une aide ; quelques fois un pouvoir ; souvent une confiance qui va combler le fossé avec autrui et l’aider à apporter ses connaissances aux plus nécessiteux.
Cette consciente de l'autre, cette considération en quelque sorte, il ne s'attend pas à l’avoir en retour. Ni par charité ni pour aucune autre raison. Il est son seul et unique responsable, et personne ne peut répondre de lui que lui-même. Cela peut amener les autres à voir en Autour des Cimes quelqu'un d'égocentrique, de hautain. Créer des malentendus. Frustrer. Sa nature taquine et facétieuse fait qu'il n'a pas la langue dans sa poche et son humour parfois caustique n'épargne personne, de même que sa façon de parler, châtiée et grandiloquente. Il en est pleinement conscient et en joue soit pour amuser, soit pour provoquer. Il n’aime pas être percé à jour. Être compris. Il sera toujours volontairement insaisissable, se réfugiant derrière des faux-semblants, des phrases longues et bien trop grandioses qui ont pour seul but de perdre son interlocuteur. Sous tous ces masques qu’il porte se cache un félin qui simplement déteste être vulnérable.
Même si c'est l’impression qu’il donne, il n’est pas non plus égoïste. Il est fier de ses connaissances certes, et se sent pousser des ailes si on lui demande d’expliquer. Néanmoins sa voix ne se teintera jamais de nuances condescendantes. S’il se perd en élucubrations, l'interruption ou la remarque sera votre meilleure alliée pour le remettre sur le droit chemin. Il n’en prendra pas ombrage, ne s’excusera peut-être pas d’office et essayera même d’y faire attention pendant les cinq prochaines minutes. Autour des Cimes est juste... un peu trop enthousiaste parfois. Expansif dans la futilité ; à l’inverse, réservé dans ce qui compte. Sa vie privée est ce petit jardin étoilé qu'il cultive secrètement. Ses amours, ses peines, ses joies, ses vulnérabilités, ses affections, il les garde pour le couvert des arbres, l'ombre de sa tanière et les rivages éloignés.
Autour des Cimes n’a évidemment pas que des bons côtés s'il en est ; il est un fieffé menteur, rancunier et hyperactif, perfectionniste et pourtant une irrémédiable tête en l’air. Avide du moindre savoir, ses premières lunes d’apprentissage ont été éprouvantes. À trop vouloir se remplir la tête… Les choses avaient parfois tendance à se bousculer dans ce petit crâne qu'est le sien. Quand les choses n'allaient pas dans son sens, il s’est souvent retrouvé à broyer du noir, seul dans son coin, irascible boule de poils hirsutes, maugréant et pestant contre la vallée entière. Une mauvaise habitude qui l’accompagne depuis toujours et dont il a du mal à se sortir seul, le rendant insupportable et... proportionnellement chiant. Son attention fluctuante, au bon plaisir de ce qui va piquer son intérêt, à tout autant tendance à être irritante. Il déteste certes l’ennui mais pas l’inactivité, tant que son cerveau a de quoi pédaler. Ce qui est probablement une des raisons de sa curiosité maladive. Il aime profondément ses congénères en tant qu’ensemble mais a une conscience aiguë de ce qu’est la fidélité et d’à quel point cette notion peut varier d’un chat à un autre, agir sur les intérêts de tout à chacun.
Peu de choses comptent véritablement dans sa vie. Il y a sa routine, faite de soins anodins et de balades nocturnes, qu’il aime plus que tout. Il y a toutes ces paroles échangées avec d’autres, toutes ces présences dont il aurait bien du mal à se passer. Ses sœurs, qu’il aime d’un amour vache mais sincère. Et il y a toutes ces petites choses qu’il ne remarque pas et qui font marcher son monde. À le voir fourrager, marmonner, retourner ses réserves, perdu dans ses pensées dans cette tanière qu'il connaît sur le bout des griffes malgré sa récente nomination, il est évident que sa place est là, quelque part entre les ballots d’orties et les baies de genièvre qui jonchent le sol.

coquet + a un amour excessif pour les bains + mais ne supporte pas le froid + oiseau de nuit + tient souvent conseil avec les étoiles dans les reflets de l'eau + a des difficultés à se lever tôt et à tendance à traîner au lit (si tant est que la notion de lit existe) + donc taciturne et ronchon au réveil + lunatique + véritable pie voleuse + a décoré sa tanière avec des breloques rejetées sur la plage + collecte ces choses comme le ferait un orphelin avec les souvenirs de ses parents + sensible et pourtant l'honnêteté n'est pas son point fort + joyeux bordélique
- Quels sont ses projets ? Veiller sur la vie de ses sœurs. Amasser le plus de connaissances possibles.
- Et au contraire, sa plus grande peur ? Il ne se souvient plus du sentiment de terreur primitive qui l'a envahi lorsqu'il s'est envolé dans les airs. Seul persiste la tétanie qui le prend, lors des mauvais jours, quand une large ombre ailée le survole ; et cet étrange cauchemar. Mêlant des brides de souvenirs, de son imagination a surgi une sombre silhouette qui ne cesse de le poursuivre. Ses membres disproportionnés, son cou inexistant, sa figure éternellement souriante, sa gueule toute en dents acérées et son unique œil orange. Chaque réveil le laisse mal à l'aise et de mauvaise humeur, et chaque journée nécessite l'isolement pour en chasser les rémanences.
- A-t-il un point de vue sur les rivalités claniques ? En tant que guérisseur, son avis sur la question importe peu. En tant qu'individu, il en reste conscient et en joue de temps en temps. Néanmoins le point de vue de son rang est celui qui prévaut dans la plupart des situations.
- Quel est son point de vue sur le Clan des Étoiles ? Les étoiles sont les guides de ses nuits perturbées. Leurs visions, des secrets qu'il doit comprendre. Cependant, Autour des Cimes aime joue au chat et à la souris avec eux. Tantôt révérencieux, tantôt moqueur, cela dépend des jours et de son humeur. Mais les étoiles ne manquent jamais de le remettre sur le droit chemin. Au fond, il leur porte un profond respect.
- Quel est son point de vue sur les terres de Valeemar ? Charmantes, vraiment.
- Et sinon, quelle réputation a-t-il : au sein du clan, dans l’ensemble de la forêt ? Autour des Cimes est souvent considéré comme un guérisseur un peu trop flamboyant pour sa profession, surtout lorsqu’on le compare avec ses paires. Amical, un poil trop expansif et loquace, parfois un peu chiant, mais au global il reste plutôt bien perçu.

PHYSIQUE
- Ton personnage, il a quel type de pelage ? Le reflet du bras de rivière dans lequel il aime se regarder de temps à autre lui renvoie chaque jour une image différente. Cette réfraction aurait certainement plus de choses à dire sur lui qu’Autour lui-même. La fierté qui se dégage de son visage à la forme légèrement triangulaire et strié d’infimes cicatrices. Le soin apporté à son pelage, entièrement brun si ce n’est pour n’est pour la tache blanche qui recouvre le haut de son poitrail et une petite partie de son visage. Cette dernière s’étale le long de ses bajoues avant de remonter sur son front pour y former un petit carreau, faisant un écart pour laisser son museau brun. Autour des Cimes n’est pas un chat d’habitude. Les épis rebelles de son poil en sont un parfait exemple : tantôt bien peignés, tantôt laissés pour compte si son esprit de puce s’est perdu en chemin, sa toilette n’a de limite qu’avec ses envies et sauts d’humeur sporadiques. L’ombre de sa longue queue qui fouette la brise, aussi fournie que le reste de son corps, et qui fait souvent office de nettoyeuse dans sa tanière, laissant s’emporter feuilles et tiges qui s’y retrouvent coincées.
- Et il a de beaux yeux ? Ses pupilles orange vif, héritage paternel, lui valent de temps à autre un regard appuyé pour qui ne l’a jamais rencontré.
- Il est plutôt grand, de taille moyenne, ou petit pour son âge ? Il est un peu petit pour son âge, comme si sa croissance s’était stoppée. Ses pattes sont légèrement plus hautes que la moyenne.
- Et au niveau de sa corpulence ? Mince et longiligne, ses muscles peu aguerris se cachent sous son pelage semi-épais.
- Quant à ses habilités, il est plus ou moins bon en quoi ? Là où il n’était pas mauvais en course et se débrouillait admirablement bien lorsqu’il s’agissait de pêcher, ses capacités ont drastiquement baissé après sa rencontre avec les serres du rapace (puis le ciel, puis le sol). Il peut courir à pleine vitesse mais sur une très courte distance ; la nage lui pose également problème lorsque le courant de la rivière est plus important que la normale. Le combat, à son plus grand désarroi, lui est aussi devenu un peu compliqué. Son handicap est avant tout musculaire, dû aux lésions provoquées par les serres qui l’ont fauché. Ses aptitudes résident désormais dans la dextérité de ses pattes avant et sa faculté à reconnaître la flore qui l’entoure.
- Pour finir, a-t-il des signes particuliers ? Difficile de passer à côté de ses nombreuses cicatrices. Il y a d’abord celles qu’il arbore sur sa tête, comme d’infimes éclats, notamment proches de ses yeux et de son museau. Puis celle sur sa patte antérieure gauche, doux souvenir d’une fracture. Il a réussi à récupérer la majorité des mouvements, mais il ne peut pas dormir dessus (la formation « roulé en boule avec la patte repliée sous lui » c’est finito :c). Viennent enfin celles de son dos et flanc droit : des lacérations fines mais profondes qui lui strient le pelage, bien visibles aux endroits où le poil n’a pu repousser.

HISTOIRE
- Ton perso est-il de sang pur ou de sang mêlé ? Sang pur
- Et ses parents, ils venaient d'où ? Rivière
- Les liens familiaux de ton perso : Autour des Cimes est le dernier né d’une fratrie qui compte lui et ses trois sœurs. En tant qu’aînée, c’est à Hellébore des Neiges qu’est revenue la charge de prendre la tête de la famille. Avec la mort de leurs parents, c’est aussi elle qui s’est occupée d’élever Autour lorsque ses crocs étaient encore petits et fragiles. Valse des Embruns et Chant des Ruisseaux sont les deux jumelles, parfaits miroirs de corps, reflets ondulés de cœur. Et lui, Autour des Cimes, est le petit dernier ; il l’aurait été en compagnie de sa jumelle, Petite Crécerelle, si elle n’était pas morte quelques temps après leur naissance.
- Pourquoi porte-t-il ce nom ? /
- Raconte-nous un ou des événement(s) particulier(s) de sa vie (naissance, baptême, cérémonie, ...) :

« Que la fortune des ombres t’accompagne ! »

La voix de sa sœur aînée s’éleva dans les airs. Son rire de crécelle accompagna la fin de sa phrase et elle lui fit un discret signe de la tête, comme pour le saluer. Petit Autour se mit à son tour à glousser, laissant éclater au grand jour toute la joie d’un chaton de quatre lunes. La phrase était une petite formule qu’ils avait trouvée et s’amusaient à se lancer lorsque l’un d’entre eux partait en expédition dans tout le camp. Hellébore des Neiges était la seule à rester jouer avec lui. Ses deux autres sœurs étaient déjà parties, les abandonnant à ce petit jeu qu’ils avaient inventé ensemble. Devenus voleurs, ils dérobaient des choses – un morceau de bois flotté, un joli caillou qui traînait par-là, une belle baie, un bout de roseau – pour garnir leur propre cache à trésors – c’est-à-dire sous sa propre couche, dans la pouponnière. C’était idiot, vraiment. Mais ça suffisait à les faire rire, du moins jusqu’à ce qu’une voix sévère ne leur parvienne aux oreilles. Hellébore cessa de fureter et lança un regard que Petit Autour connaissait bien : reste là, je m’en occupe. Il observa d’un œil fébrile sa sœur aînée se diriger vers là d’où était venue la voix. Bien sûr, il n’attendit pas plus de deux minutes avec de la rejoindre.


Autour des Nuages a six lunes quand il comprit que le regard froid de son père n’avait rien à voir avec les bêtises qu’il pouvait bien faire. Cette fois-ci, le grondement caractéristique de la voix de son père n’était pas là pour le disputer, lui. Il était là pour demander pourquoi sa deuxième sœur perdait son temps avec lui. Caché derrière le promontoire, Autour tendit la tête, espérant entendre un peu mieux ce qui se disait. Mais son père l’avait déjà renvoyé deux fois à la tanière, et s’il se faisait encore prendre… Ses oreilles risqueraient de siffler. Il se contenta alors de fermer les yeux et de se concentrer sur les bruits qu’il percevait. « … d’autr—choses impor—. Concentre-toi… —alse des Embruns. Il n’— … pas l—. » Ne percevant plus aucune parole, un silence relatif l’accueillit. Il sortit des ombres de sa cachette et remarqua que son père et Valse avaient bougé de place pour se diriger vers l’entrée du camp. Autour resta comme cela un instant, se tâtant entre les suivre et rejoindre sa litière. Son visage afficha une petite moue pendant quelques minutes, absorbé par ses pensées, puis se détendit, ayant pris sa décision. Il partit en direction de la tanière des apprentis.


C’était idiot. De la bêtise pure et simple. Son prétexte avait été, au-delà d’être bancal, la pire excuse qu’il avait inventée. Ils étaient trop près de la frontière, avait-il expliqué entre deux quintes de toux. Ils chassaient sur nos terres, s’était-il retenu de mentir. Le courroux de sa dernière sœur était déjà bien assez terrifiant comme ça. Chant des Ruisseaux avait fondu sur lui pendant qu’il se faisait soigner par la guérisseuse. Pétale de Nacre, intelligente, lui avait tout de suite laissé la place. Il savait, pourtant, qu’il ne gagnerait pas cette fois-ci, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Dans un bel élan de confiance excessive, il lui lança : « Si c’est la vengeance que tu cherches, laisse tomber—. » Il n’eut évidemment pas le temps de terminer. Chant des Ruisseaux lui flanqua un coup de queue sans ménagement sur la tête et se pencha sur lui, le regard furibond. « N’aggrave pas ta stupidité avec un mensonge, petit frère ! Pensais-tu vraiment qu’il pourrait ressortir quoi que ce soit de positif d’un acte si profondément imbécile ? As-tu seulement réfléchi, ou bien t’es-tu précipité à l’aveuglette comme tu l’as toujours fait ? » Ses mots lui firent bien plus mal que les blessures infligées par les deux autres apprentis. Penaud, il perdit toute sa superbe et baissa le regard. Ses pattes étaient plus intéressantes, mais il se garda bien de commenter là-dessus. Au bout d’un moment, il entendit sa sœur soupirer. « La prochaine fois que tu ressens le besoin de prouver ta valeur à notre père, tu nous en fais part avant, c’est compris ? » Surpris de sentir des larmes enfler sous ses paupières, Autour des Nuages murmura : « J’essaierai. » Sa sœur allait partir quand elle décida d’enfoncer la griffe. « Tu sais très bien que tu n’as pas besoin de recourir à ce type de subterfuge pour compter à nos yeux. »


Son hurlement se perdit dans la plaine, retenu par les hautes herbes et la brise paresseuse. Sa peur se mua en une boule compacte qui écrasa sa trachée, l’empêchant de respirer. Les plaies qui parcouraient son visage disparurent quand une douleur sans pareil éclata dans ses flancs et sur son dos. Le souffle court, ses veines s’enflammèrent, ses muscles s’affolèrent, martyrisant chacun de ses nerfs. Il bougea sporadiquement la tête de droite à gauche, la douleur ébranlant tous ses sens. Les serres du rapace venaient de percer sa peau, l’enveloppant d’une étreinte mortelle.

Ah, pensa-t-il, affaibli.

Tandis que son corps se mettait à trembler violemment dans le vent – vent ? – des plumes tombèrent mollement devant ses yeux avant de continuer leur course, plus bas. Il vit le petit buisson – petit ? – devant lequel il s’était arrêté pour chasser. Plus bas ? Autour des Nuages baissa les yeux une seconde fois. Son corps devint glace. Et ses hurlements de terreur emplirent ses propres oreilles, par-dessus les piaillements stridents de l’oiseau qui tentait de s’envoler.


Le premier visage qu’il rencontra, lorsque ses yeux s’ouvrirent, fut celui de ses deux sœurs jumelles. L’expression de la cadette, éternellement fermée, le rassura. Si Chant des Ruisseaux arborait toujours sa mine aux sourcils froncés, c’était que tout allait bien. « Arrête de faire le mort, tu veux. » Autour papillonna des paupières devant l’aigreur du ton de sa sœur. Tout n’allait peut-être pas aussi bien que ça, finalement. « Tu as assez dormi. La guérisseuse nous a dit de te donner ça si jamais tu te réveillais. Mâche. » En silence, il prit le ballot de feuilles qu’elle lui tendait et se mit au travail, grimaçant à mesure que son corps se réveillait, en même temps qu’une myriade de petites douleurs. Il en était perclus.

Du coin de l’œil, il vit Valse des Embruns jeter un regard à sa jumelle avant de porter son attention sur lui. Devant son air inquiet, il tenta de sourire. « Cette fois-ci, je n’y suis pour rien. » Sa gorge sèche et sa voix râpeuse firent mauvais ménage, le forçant à tousser – ce qui irrita à nouveau sa gorge. Cependant, le regard qu'elle lui renvoya le fit se taire. « Si un guerrier n’était pas arrivé à ce moment-là, nous serions peut-être en deuil à cet instant. Ta patte avant gauche est fracturée. Pétale de Nacre a fait ce qu’elle pouvait, mais il te faudra du temps avant de marcher sur tes quatre pattes à nouveau. » Son ton, bien que loin d’être larmoyant, était suffisamment sérieux pour que son sourire ne se flétrisse. C’était donc la raison de la douleur sourde qu’il sentait pulser depuis son réveil. Entre toutes les autres. « De plus… » Son attention revint de suite vers sa sœur. Elle inspira un grand coup. « On ne sait pas à quel point tes muscles ont été touché par l’attaque. Jusqu’à ce que tu puisses bouger et marcher. Il est possible que tu aies des séquelles plus graves que de simples cicatrices. »

Il l’imita.


D’une oreille, il écoutait ce que Nuage d’Espoir marmonnait. De l’autre, il entendait les sons d’approbation de Pétale de Nacre. Silencieux, il se contenta de les observer, avide de la moindre de leurs interactions. Cela faisait à peine plus d’une lune qu’il avait décidé de continuer son apprentissage auprès de la guérisseuse et de son apprenti – désormais jeune camarade – et pourtant, chaque jour le voyait les crocs découverts par un immense sourire de satisfaction. Oui, il avait une tête à faire peur, et oui, il s’en fichait. Il n’avait pas regretté un seul instant sa décision.

De sa démarche encore un peu claudicante, il s’avança à petits pas vers la réserve. Son odorat reconnut l’odeur âcre et immanquable de la bile de souris, gardée précieusement en hauteur, à l’abri des petites pattes curieuses. Ses yeux perçurent l’éclat vert pâle des baies de genêts. Ses coussinets, la mousse dont ils se servaient pour y imbiber de l’eau et parfois, certains remèdes. Son esprit fourmillait de toutes ces nouvelles connaissances, et il discernait, petit à petit, l’infinité des possibilités qui s’offraient à lui. Il était comme un chat privé d’eau pendant plusieurs jours, lapant jusqu’à la moindre goutte qu’il trouvait. Certains du clan avait vu dans son changement de cap un abandon, une défection marquée jusque dans sa chair. D’autres étaient prompts à oublier qu’il avait – presque, à une lune près – terminé son apprentissage en tant que guerrier. Lui y avait vu une étape, une transition nécessaire. Ces deux lunes qu’il avait passées, alité et inactif, avaient fait autant de merveilles à son esprit qu’elles n’avaient créé de mauvais jours. La première matinée où il avait posé une patte en dehors de la tanière de la guérisseuse était aussi celle où il aurait dû recevoir son nom de guerrier. Mais désormais, tout cela n’avait plus d’importance.

« Autour des Nuages ? Peux-tu me m’apporter de la bourrache pour Devise de Jade et ses petits s’il te plaît ? Leur fièvre subsiste encore un peu malgré le remède contre la Marée Noire. »

Sans perdre de temps, celui qui venait de devenir apprenti-guérisseur à quatorze lunes s’exécuta, une nouvelle détermination brillant dans ses yeux orangés.


Ses pas s’enfonçaient dans le voile laiteux, guidés par le seul astre qui lui inspirait tant de pensées contrastées. Éparses, les bancs de brume flottaient au gré de la petite bise qui soufflait cette nuit-là. Tantôt ils s’avançaient, tantôt ils reculaient brutalement, comme appelés par une voix inaudible. Ils façonnaient des formes aussi changeantes que celle qui habitait son esprit au plus profond de son sommeil. D’un discret signe de la tête, Autour des Cimes signifia son départ au guerrier qui gardait l’entrée. Simples ombres, aucun des deux ne brisa le silence, pas même lorsqu’il reconnut la figure d’Hellébore des Neiges. Aucun sourire ne perça son visage. Preste, il s’éclipsa de sa vue, happé par les mouvements d’un énième banc.

Lorsque ses pattes touchèrent la berge humide de la rivière, il s’arrêta. La solitude lui fit autant de bien qu’elle lui plantât une graine d’inquiétude, faible mais néanmoins tenace. La frénésie de ces derniers jours était arrivée à son terme aujourd’hui avec la silhouette de Chant d’Espoir s’éloignant petit à petit. Ils avaient discuté. Enfin, il avait surtout écouté le mâle noir et blanc s’excuser auprès de lui, excuses qu’il avait aussitôt balayées. Ils se connaissaient depuis suffisamment longtemps pour que Chant d’Espoir ne fasse pas cas de son injonction à passer le bonjour au guérisseur du Tonnerre, ne lui répondant que par un sourire timide mais heureux. Et c’était ce qui comptait.

Les échos lumineux des étoiles qui l’entouraient ne parvinrent pas à chasser les réminiscences de la journée. Mais leur présence portait la marque de leur reconnaissance. Couché dans une position maladroite qui soulageait la douleur fantôme de sa patte, il accueillit les premiers assauts de l’eau avec autant de frissons. Elle était glaciale. Rien ne justifiait une telle folie, à part peut-être sa propre stupidité, mais personne n’était là pour le voir. Autour des Cimes resta là jusqu’à la limite de l’engourdissement. Yeux ouverts, l’esprit en veille, il observa la faible lueur d’une étoile filante, traçant le ciel nocturne.

Accepte ce que les porteurs d’étoiles t’envoient et sois reconnaissant.

EVOLUTION
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(à ne pas remplir à l'inscription, sert à mettre à jour l'évolution de votre personnage au fil des événements qu'il aura traversé en RP)