Sujet: the golden of your eyes • luciole nuageuse Ven 26 Jan 2024 - 20:21
the golden of your eyes
FT. Luciole Nuageuse
Le soleil commençait tout juste à descendre derrière les montagnes. Chant d'Antan appréciait cette ambiance de fin de journée, ces tons orangés qui rebondissaient d'arbre en arbre et qui se reflétaient parfois dans les flaques d'eau les jours où il avait plu. Ce jour-là en faisait partie ; la pluie tout juste passée laissait place à un beau ciel dégagé, mais les feuilles lourdes d'eau pourraient encore témoigner de son passage si elles savaient parler. Peut-être qu'elles le peuvent, pensait parfois l'argenté. Peut-être que nous n'avons simplement pas encore appris à les écouter...
Le géant se déplaçait en silence, comme à son habitude, ne pouvant s'empêcher de lorgner les quelques proies qui restaient sur le tas prévu à cet effet. Il n'avait pas mangé ce midi, trop occupé à patrouiller aux frontières. Les temps étaient durs, les chatons encore disparus obligeaient de redoubler de vigilance et Antan était incapable de se poser. À chaque fois qu'il jetait un œil à la pouponnière vide, son esprit se perdait à imaginer ce que ça lui aurait fait, si ça avait été Luciole, Éclipse ou Lumière. Alors tous les jours, il redoublait d'efforts pour rendre aux mères brisées les petits qu'elles avaient perdu. Mais tous les soirs, il revenait bredouille ; et s'en voulait toujours un peu plus de ne pas avoir été là à temps, de ne pas avoir su protéger son Clan comme il l'avait promis le jour où il est devenu sentinelle.
Chant d'Antan détourna le regard. Ces proies ne sont pas pour lui ; il doit s'assurer que tout le monde ait mangé, et surtout que ses sœurs aient eu leur part. Il partit à la recherche de la rousse et de l'ébène, trouvant la première allongée près d'un arbre. Éclipse et Lumière semblaient avoir déjà mangé. « C'est bien. », avait-t-il répondu simplement avant de repartir. Pourquoi s'handicaper de mots inutiles ?
Il fut plus compliqué de trouver Luciole Nuageuse. Lorsqu'il y parvint enfin, il lui lança un regard entendu, avant de poser une question dont il connaissait, il en était certain, déjà la réponse. « As-tu mangé aujourd'hui, Luciole Nuageuse ? » Ses yeux plongèrent dans une rivière qu'il connaissait bien. Une rivière d'or qui passait trop de temps à longer le sol, jamais trop sûre de ses remous.
Sujet: Re: the golden of your eyes • luciole nuageuse Lun 29 Jan 2024 - 16:17
— Lune 1212 — the golden of your eyes — Ft. Chant d'Antan —
La musaraigne tombe en un bruit sourd sur la pile, puis roule jusqu’à se coincer dans l’aile d’un merle, une fine trainée de sang dans son sillage. En constatant le faible nombre de proies, une vague de honte remonte le long de mon échine, glace mes veines et serre ma gorge. Je n’ai rien attrapé, une fois encore. Je n’ai fait qu’aider mes compagnons de chasses à porter leurs trouvailles. D’un battement de cil, je ravale ces sentiments déplacés et félicite le jeune apprenti qui nous accompagne pour ses prouesses. Débusquer un rongeur sous la pluie, c’est digne d’éloges !
« Sers-toi donc, tu l’as bien mérité. »
Je l’invite d’un sourire à rejoindre ses amis avant de me figer. Ce n’est pas ma place de faire ça, non ? Mais personne ne semble s’en offusquer, alors je me contente de hausser mentalement mes épaules et de m’éloigner du groupe après avoir refusé poliment leur proposition de repas. Comment aurais-je pu après un si piètre résultat ? Le Clan a plus que jamais besoin de forces afin de retrouver les chatons, et voilà que je ne lui rapporte rien après une après-midi complète de chasse.
Afin de ne pas attirer l’attention, je me glisse entre les bouleaux à la limite du camp, loin des discussions en cours. Les derniers rayons du soleil se meurent parmi les branches sombres des arbres, se noient dans les larmes que le ciel a versées un peu plus tôt et s’éteignent derrière les montagnes qui bordent notre territoire. Le monde s’embrase une ultime fois avant de succomber à la nuit, mon moment préféré. J’aime cette période où le temps s’arrête et me donne l’occasion de faire le tri dans mes pensées, de finalement respirer. Mes soucis semblent toujours si insignifiants devant la grandeur de l’étendue étoilée, et il m’arrive régulièrement de me réveiller avant l’aube pour aller les admirer.
Le firmament est cependant encore rouge lorsqu’une ombre vient se mêler à la mienne. Je me retourne pour faire face au géant qui m’examine de ses deux iris cristallins. L’immense félin qui faisait bien le double de ma taille au début de mon apprentissage ne me dépasse aujourd’hui plus que d’une bonne tête. Je me redresse pour une fois de toute ma hauteur afin d’épargner sa pauvre nuque.
« As-tu mangé aujourd’hui, Luciole Nuageuse ? »
« Oui. »
Non. Même ce matin je n’avais pas osé me servir en voyant les patrouilles de recherches se préparer et la pile si petite. De toute façon, ce corps bien trop grand dont le Clan des Étoiles m’a fait cadeau a l’inconvénient d’être un gouffre sans fond. Il ne cesse de s’étirer à l’infini, en muscles tout comme en hauteur, et me réclame toujours plus de pitances. Quitte à avoir faim, autant que ce soit avec la satisfaction de savoir les autres bien nourris.
Je ne peux cependant m’empêcher de remarquer que le nombre de proies semble inchangé, et son haleine est dépourvue des odeurs caractéristiques de la viande.
« Et toi, Chant d’Antan ? »
Certains doivent nous trouver étranges, à échanger de façon si brève et distante, mais il en fut toujours ainsi entre nous deux.
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Sujet: Re: the golden of your eyes • luciole nuageuse Mar 30 Jan 2024 - 19:38
the golden of your eyes
FT. Luciole Nuageuse
La grande apprentie répondit d'un "oui" qui se voulait convainquant. Si elle s'était adressée à quelqu'un d'autre, elle aurait peut-être réussi sa duperie ; mais c'était dans les yeux azuréens du géant d'argent que ses yeux s'étaient logés. Chant d'Antan admira l'effort, mais déplora surtout le temps perdu par l'ébène. Temps perdu, en effet, car si elle pensait pouvoir duper son propre grand frère qui l'avait vue naître, grandir (et grandir, et grandir...) et devenir la belle apprentie qu'elle était aujourd'hui, elle se mettait une griffe dans l'œil. Il était sur le point de lui expliquer l'inutilité de sa tentative, quand Luciole Nuageuse lui retourna la question. Pris à son propre piège... cependant, Chant d'Antan n'allait pas laisser sa petite sœur s'en sortir de la sorte. Rose Dorée et elle, elles étaient la prunelle de ses yeux. Si la première avait mangé, il n'y avait pas de raison que la seconde fasse sa difficile.
« Non, pas encore. Je voulais d'abord m'assurer que mes sœurs s'étaient nourries. Malheureusement, je ne peux pas aller piocher ma part sur le tas de proies parce que l'une d'entre elles est en train d'essayer de me faire croire qu'elle a mangé, et de changer de sujet. » dit-il sur un ton de reproche qui traduisait plus une certaine inquiétude qu'une véritable colère.
Luciole Nuageuse avait tendance à se détourner des siens quand ça n'allait pas. Non pas par la trahison, mais par une sorte d'enfermement personnel : elle se piégeait elle même en compagnie de ses démons. Savait-elle au moins qu'elle possédait la clé de sa propre cellule ? Chant d'Antan avait beau la connaître presque par cœur, il lui était incapable de percer ce mystère. Seule Luciole Nuageuse pouvait vraiment aider Luciole Nuageuse. Et quelque part, ce sentiment d'impuissance brisait la carapace du géant un peu plus chaque jour. En plus de se distancer de ses proches par la pensée, elle réagissait parfois physiquement quand quelque chose la tracassait. Son grand frère faisait partie des rares chats sur cette terre à être capable de lire le langage corporel de l'ébène, car elle excellait en l'art de le dissimuler au reste du monde. Quelques uns de ses muscles se tendaient, et elle regardait dans une autre direction, semblant fixer un invisible qui ne l'était pas tant à ses yeux. Chant d'Antan donnerait sa vie et son âme pour être capable de la sortir de cette torpeur qui ne durait pas que ces quelques minutes à la tombée du jour, mais qui semblait s'être éprise d'elle à la mort de Pic du Sapin.
« Luciole Nuageuse... commença-t-il en s'approchant d'elle, contournant son corps élancé pour se planter devant le démon invisible qu'elle aimait tant fixer quand il lui fallait échapper à la réalité. Je ne sais pas ce qui te fait croire que tu n'es pas méritante de ta part du butin. Ne faisais-tu donc pas partie du groupe de chasse de cet après-midi ? »
Pour une fois, Chant d'Antan avait posé une question dont il connaissait la réponse. D'habitude, il ne s'handicapait pas de ce genre d'inutilités. Mais aujourd'hui, il ne pensait pas que la question était de trop ; il était certain qu'elle permettrait à sa petite sœur de se rendre compte qu'elle avait tort de rester le ventre vide. Il l'avait bien vue partir avec ses compagnons de chasse, plus tôt dans la journée. Il ne savait cependant pas ce qu'elle avait réellement ramené, elle.
Sujet: Re: the golden of your eyes • luciole nuageuse Sam 3 Fév 2024 - 15:01
— Lune 1212 — the golden of your eyes — Ft. Chant d'Antan —
Pendant un instant, j’ai la certitude que mon regard droit et mes paroles fermes ont trompé mon frère. Mais s’il y avait bien un chat que mon expression impassible ne peut duper, c’est bien lui…
« Non, pas encore. Je voulais d’abord m’assurer que mes sœurs s’étaient nourries. Malheureusement, je ne peux pas aller piocher ma part sur le tas de proies parce que l’une d’entre elles est en train d’essayer de me faire croire qu’elle a mangé, et de changer de sujet. »
La réprobation est à peine sous-entendue, le souci, lui, colle à chacun de ses mots tels une tique sur la peau. Mon menton ploie d’un iota sous le poids de la culpabilité, mais je n’en démords pas pour autant. Si mon comportement peut sembler extrême, il n’en reste pas moins parfaitement contrôlé. Je me force toujours à enfoncer dans ma gorge quelques bouchées de viandes avant une mission importante, et je ne laisse pas plus de deux jours s’écouler avant de me sustenter. Mon but n’est pas de mourir de faim, mais juste de réduire ma consommation à son minimum. Je suis fine et endurante, il faut en profiter. Et puis, honnêtement, je n’ai pas envie de manger. Mon appétit fond comme neige au soleil à la vue de mes résultats.
« Luciole Nuageuse… »
L’immense matou me dépasse d’une démarche tranquille. Je tourne avec lui lorsque sa fourrure vient se mêler un instant à la mienne, pour ensuite s’en détacher et fusionner avec le gris tigré de noir des bouleaux plongés dans le crépuscule. Il se stoppe entre les arbres que j’observais quelques secondes auparavant, et j’en arrive à me demander depuis combien de temps il m’étudie.
« Je ne sais pas ce qui te fait croire que tu n’es pas méritante de ta part du butin. Ne faisais-tu donc pas partie du groupe de chasse de cet après-midi ? »
Chacune de ses paroles est telle une épine venue perforer mon cœur. L’ignore-t-il vraiment ? J’en doute. Mais s’il est au courant, alors pourquoi remuer la griffe dans la plaie ? Mon frère n’a jamais été du genre à se perdre dans des tirades sans fin, il choisit chacun de ses mots avec soin et n’en prononce pas un de trop. Nos discussions sont ainsi toujours aussi efficaces que brèves, et c’est la première fois que je l’entendais s’exprimer autant. Pourquoi alors ?
Je détourne le regard un instant pour fixer mes pattes, hésitante, et, quand je le relève, Chant d’Antan n’est plus seul. Ce n’est plus une, mais deux paires d’yeux perçants qui me détaillent, sans jugement, attendant une réponse qu’ils connaissaient déjà. Dans l’obscurité, les rayures sombres de la Sentinelle se prolongent et dessinent les marquages marron du pelage d’une chasseuse aux temps révolues. Les derniers rayons de soleil mourant parmi les feuilles lui prêtent leurs lueurs pour décrire deux iris intenses venus m’évaluer une nouvelle fois. Pic du Sapin… Vous connaissez tous les deux ma médiocrité. Pourquoi me l’imposer ? Peut-être pour que je ne l’oublie pas.
« Je n’ai rien ramené, Chant d’Antan. »
Ma réponse est sèche, presque hargneuse. Je ne cherche pour une fois ni à prendre de détour ni à dissimuler la déception que j’éprouve à mon égard. Je plante mes yeux dorés dans les orifices illusoires de Pic du Sapin, puis ceux tangibles de mon frère. Est-ce que ça vous va ? C’est ça que vous vouliez tant entendre ?! Je m’assois, droite comme un piquet, et enroule ma queue autour de mes pattes afin de me calmer.
« Doux Nuage, lui, oui. », je rajoute sur un ton plus clément.
Curieusement, parler de la réussite de nos camarades m’apaise et réchauffe mon cœur d’espoir. Un soupir remonte le long de mon ventre, mais je garde ma mâchoire fermée, et me contente de poursuivre :
« Je ne m’affame pas, mon frère. Je ne serais jamais utile au Clan si je suis affaiblie. Mes échecs ne sont dus qu’à ma seule incompétence. Les autres n’ont pas à les subir, voilà tout. »
HRP:
Ne cherche pas qui est Doux Nuage, j'avais juste besoin du nom d'un apprenti (ici, il s'agit de l'apprenti qui a ramené un rongeur et que Luciole félicite dans ma précédente réponse)
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Sujet: Re: the golden of your eyes • luciole nuageuse Sam 3 Fév 2024 - 19:22
the golden of your eyes
FT. Luciole Nuageuse
Pendant que Chant d'Antan parlait avec sa sœur, cette dernière semblait happée par quelque chose que le mâle ne pouvait voir. Ses iris jonglaient entre l'azur de celles de son frère et l'obscurité de la nuit. Mais pour Luciole Nuageuse, l'immensité du vide avait l'air de vouloir dire quelque chose, de représenter quelque chose de réel à ses yeux. Le géant ne pouvait pas mettre la griffe dessus, comme il ne pouvait pas mettre la griffe sur ce qui rongeait les entrailles de sa petite sœur exactement depuis la mort de son mentor. Bien sûr, il savait que cette perte l'avait grièvement impactée, mais ne pouvait comprendre ce qui menait Luciole Nuageuse à se penser inférieure que tous les autres, à ne pas se sembler méritante. Il donnerait n'importe quoi pour qu'elle se voie dans les yeux de son grand frère, toujours si fier d'elle.
Puis Luciole reprit la parole. Plutôt que des mots, c'était du venin qui semblait s'échapper d'entre les dents serrées de sa petite sœur. Antan prit une grande inspiration. Un autre chat aurait pu mal le prendre ; un autre chat aurait pu s'énerver pour des paroles prononcées avec tant d'irrespect. Mais Chant d'Antan savait que ce n'était là pas de l'irrespect ; plutôt un manque de respect pour elle même. Elle n'appréciait pas les efforts qu'elle fournissait. Dès qu'elle faisait quelque chose de bien, elle n'y apportait pas assez d'importance. Dès qu'elle faisait une petite erreur, une montagne semblait se dresser devant elle. Si elle n'avait rien attrapé aujourd'hui, elle attraperait demain, non ?
« Je ne pense pas que ce soit la façon la plus intelligente de gérer ton alimentation, Luciole Nuageuse. Mais tu es grande maintenant ; je ne te forcerai en rien. » dit le mâle d'un ton calme et posé.
Ce n'était pas là une quelconque tentative de manipulation ou de culpabilisation. Les paroles d'Antan ne cachaient jamais rien. Elles disaient toujours ouvertement ce qu'il pensait, si le contexte l'obligeait. Si Luciole Nuageuse ne voulait pas manger à sa faim, il n'allait pas la materner pour que ce soit le cas ; il savait que forcer quelqu'un à faire quelque chose était non seulement impossible, c'était également la meilleure façon de les mener à faire le contraire.
Sujet: Re: the golden of your eyes • luciole nuageuse Dim 24 Mar 2024 - 11:31
— Lune 1212 — The golden of your eyes — Chant d'Antan —
« Je ne pense pas que ce soit la façon la plus intelligente de gérer ton alimentation, Luciole Nuageuse. Mais tu es grande maintenant ; je ne te forcerai en rien. »
Mon masque impassible se détache sous ses mots, glisse le long de ma joue, chute et disparait dans mon ombre. Je dévisage mon frère avec une surprise et une confusion non dissimulée. Une vague de soulagement auquel je ne m’attendais pas se faufile dans ma gorge jusqu’à venir remplir mon ventre et mes poumons. J’ai l’impression de respirer pour la première fois depuis des jours. Lentement, je cligne des yeux à l’égard du grand Guerrier pour le remercier. Quand je les rouvre, Pic du Sapin s’est volatilisée dans le crépuscule.
« Merci. »
Je tourne la tête vers le camp, et observe nos deux sœurs en train d’échanger ensemble sous un arbre, leurs uniques pattes blanches se touchant presque. On a beau être de la même portée, toutes les trois, j’ai parfois le sentiment qu’on ne pourrait pas être plus éloignées. Ce n’est pas pour rien que je suis la seule apprentie. Mais il ne s’agit pas que de ça. Ce n’est pas un absurde complexe d’infériorité. Au contraire, c’est ma propre incompétence qui me ronge, et non leur lumière.
C’est un peu comme si… J’étais née plus tôt. Ou plus tard. Le décalage est tel entre nos façons de penser et d’évoluer dans ce monde que ça en devient déstabilisant. Je souhaite les protéger tout en voulant leur ressembler. Elles me paraissent si vives et pourtant si fragiles. Deux éblouissants soleils qu’une brise pourrait éteindre.
Avec Antan c’est plus simple. Un gardien, une force de la nature, un chêne, toujours là, à veiller sur ses camarades depuis les hauteurs. Parfois, oui, parfois, comme en cet instant, tandis qu’on observe côte à côte le reste de notre fratrie, j’ai l’impression d’être son miroir. Le second pic au sommet d’une chaîne de montagnes.
Mais, de la lumière ou du roc, quelle forme le Clan aurait-il besoin que je revêtisse ?
« Dis-moi, Chant d’Antan… Pour toi, qu’est-ce qui constitue un bon Guerrier ? Quelles qualités sont nécessaires, en ces temps troubles ? »
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Sujet: Re: the golden of your eyes • luciole nuageuse Sam 11 Mai 2024 - 11:43
the golden of your eyes
FT. Luciole Nuageuse
Chant d'Antan avec cette capacité à lire dans les gens comme dans un livre ouvert. Son empathie, mêlée de sa sagesse si caractéristique, le menait souvent à recueillir les confessions les plus intimes de ses pairs, lorsqu'ils se sentaient prêts à ouvrir leur cœur et à en déposer quelques fragments vulnérables dont la Sentinelle prenait soin. Mais avec Luciole Nuageuse, ça avait toujours été différent ; son instinct de grand frère lui disait qu'elle portait un masque constant et rempli de douleur, mais aucun autre indice ne lui permettait de le prouver. Ce n'était qu'un ressenti au fin fond de son âme, et maintes fois il avait confié ses peines au Clan des Étoiles, pour qu'ils puissent lui montrer la voie vers laquelle guider sa petite sœur ; il n'en parlerait à personne d'autre. Il ne se permettrait jamais de confier ses doutes à une âme qui pourrait les répéter à quiconque voudrait bien les entendre. Il respectait trop Luciole pour cela, trop le lien qu'ils partageait. Il l'aimait trop pour ça.
Et pourtant, malgré ces nombreuses lunes passées à n'entendre que le silence lui répondre lors de ses prières, le Clan des Étoiles sembla envoyer une perche à Chant d'Antan ; une perche que seul lui avait la capacité de saisir. Il vit le masque de sa sœur se fêler, très légèrement. Un fêlure qu'elle réparerait presque aussitôt, il n'en avait pas le moindre doute, mais au moins il avait maintenant la preuve tangible qu'il avait eu raison, toutes ces lunes : Luciole Nuageuse souffrait, et avait besoin d'aide. Une aide que, bien qu'elle le nierait sûrement, elle venait inconsciemment de demander à son frère.
« Je pense que tout guerrier qui se pose cette question en est un bon, Luciole Nuageuse, commença-t-il en clignant doucement des yeux. Le simple fait de t'inquiéter de tes capacités à être bénéfique à ton Clan indique ta dévotion à le servir de la meilleure façon qu'il soit. »
Un mince sourire se dessina aux extrémités des babines de l'argenté. Il connaissait bien Luciole ; il savait pertinemment que cela ne lui suffirait pas. Il lui fallait une réponse directe, quelque chose qui l'empêcherait de se tourner et retourner dans sa tanière aux heures tardives de la nuit, incapable de trouver le sommeil car les questions lui taraudaient l'esprit.
Mais Chant d'Antan ne lui donnerait pas. Plutôt, il lui donnerait une raison d'espérer. Une raison d'y croire. Une raison d'avoir envie de chercher la réponse elle même.
« Tu es une apprentie précieuse, Luciole Nuageuse, commença-t-il en plantant ses yeux d'azur dans le doré de ceux qui le fixaient en retour, parfois fuyants, parfois intenses. Et tu feras une excellente guerrière. J'en suis certain. »
Sujet: Re: the golden of your eyes • luciole nuageuse Ven 21 Juin 2024 - 0:49
— Lune 1212 — The golden of your eyes — FT. Chant d'Antan —
À chacun de nos mots, un rayon s’éteint à l’horizon. Le ciel, si flamboyant une seconde auparavant, n’est plus qu’une fine ligne jaune pâle tendant vers un bleu tout aussi fade. Le soleil se meurt, parmi le murmure des feuilles dans la brise, et du chant des criquets dans la forêt. L’astre succombe, oui, mais laisse place à une myriade d’autre, qu’on commence tout juste à distinguer au sommet de la voute céleste.
« Je pense que tout guerrier qui se pose cette question en est un bon, Luciole Nuageuse. Le simple fait de t’inquiéter de tes capacités à être bénéfique à ton Clan indique ta dévotion à le servir de la meilleure façon qu’il soit. »
Mais quelle est-elle ? Voilà six lunes, que je m’entraîne. Que j’écoute, non pas un, mais deux mentors, et m’abreuve de leurs enseignements si complémentaires. À mon âge, bon nombre ont quitté les nuages pour s’élever au rang de guerrier. Pourtant, je n’ai pas l’ombre d’une réponse, sur le chat que je souhaite devenir. Sur celui dont le clan a besoin.
« Tu es une apprentie précieuse, Luciole Nuageuse. »
Deux perles aussi pâles que le ciel au-dessus de nos têtes plongent dans mes iris. La rare lueur du soir qui s’y reflète leur confère une aura mystique, presque irréelle. Parfois, j’ai l’impression que mon frère peut sonder les âmes. Je me sens mise à nue devant lui, dépossédée de ma fourrure, de mes masques et des mensonges que je dispense sans plus même y prêter attention. Je me sens perdue et trouvée à la fois.
« Et tu feras une excellente guerrière. J’en suis certain. »
J’incline respectueusement la tête à sa réponse. Venant de beaucoup, elle aurait été tel l’arc-en-ciel dans l’écume, une douce illusion, sans aucune valeur autre que son charme. Mais mon frère ne se pare pas de belles paroles. Il s’exprime avec son cœur, d’une voix claire et franche, aussi limpide que ses yeux.
Peut-être a-t-il raison. Une graine frémit, au fond de ma poitrine. Une graine plantée par l’amitié timide d’Arôme de Cassis une lune plus tôt, qui fut ensuite arrosée par la confiance de Papillon Éphémère, et enfin entretenue longuement, avec patience, chaque jour, par Souvenir des Étoiles. Alors que les constellations se dessinent autour de nous et que la nuit s’installe, un ultime rayon de soleil brille dans mon cœur. L’espoir.
« Merci. »
Un mot si simple. Employé si souvent sans réfléchir, sans émotion. Mais en cet instant, dans les ombres, je ne cherche pas à ravaler mes pensées. Ni le léger tremblement de ma lèvre ni le reflet humide de mes yeux.
J’hésite à m’approcher de lui. C’est si stupide. De tous les chats, s’il y en a bien un auprès duquel je peux être moi-même c’est lui. Jamais il n’a posé sur moi un quelconque jugement. De mes réussites à mes échecs, de mes qualités à mes défauts, il m’a toujours accepté dans mon entièreté. Une timide patte après l’autre, j’efface la distance qui nous sépare. Arrêtée devant lui, je me sens bête. Engourdie, rouillée, incapable de me souvenir de ce geste qui me venait si naturellement des lunes auparavant.
Je pose maladroitement ma tête contre son épaule, là où elle arrive. Et je ferme les yeux. Dans le silence le plus complet, j’écoute le frottement de sa fourrure contre la mienne. Le bruissement des feuilles de la forêt de bouleaux. Le souffle, lent, calme, de mon adelphe. Et son cœur, battant en harmonie.
« Je t’aime, mon frère. »
Depuis combien de temps ne lui ai-je pas avoué ? Le début de mon apprentissage ? Nos jeux en famille dans la neige ?
Lui ai-je seulement dit un jour ?
Peu importe. Tant qu’il le sait ce soir.
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Sujet: Re: the golden of your eyes • luciole nuageuse Sam 9 Nov 2024 - 17:11
the golden of your eyes
FT. Luciole Nuageuse
Tandis que les dernières lueurs du jour mouraient avec le crépuscule, c’était comme si Luciole Nuageuse renaissait. L’obscurité des alentours tranchait avec la lueur d’espoir qui brillait dans ses yeux, éclairant le visage d’encre de la femelle. Une douce chaleur s’installa au creux du ventre de l’argenté, satisfait d’être visiblement parvenu à remonter le moral à sa petite sœur. Elle n’aurait pas toutes les réponses dans l’immédiat, c’était certain, et Chant d’Antan pensait de toute façon qu’il était nécessaire de se perdre à un point dans sa vie pour réussir à mieux se retrouver. Luciole Nuageuse ressortirait de ces temps difficiles plus forte, plus sûre d’elle, et bien plus épanouie. Il en était certain. Il donnerait tout ce qu’il avait pour que ce soit possible. Chant d’Antan, lui, n’avait encore jamais connu de telle incertitude ; il ne s’était encore jamais égaré, ou même éloigné du chemin tout tracé qu’était sa vie. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’un tel égarement pourrait tout bouleverser… jusqu’à son âme elle-même.
Les yeux azuréens du géant ne quittaient pas ceux de la plus jeune. Le sourire tendre qui s’était dessiné aux coins de ses babines quelques minutes plus tôt n’avait pas disparu - peut-être s’était-il même élargi. La noiraude se leva, et les pupilles de l’argenté furent contraintes de sortir de leur torpeur pour la suivre, attirées par l’extrémité immaculée qui se mouvait désormais en sa direction. Bientôt, la patte blanche disparut sous son propre corps et une tête hésitante se posa sur l’épaule de la Sentinelle. À cet instant, plus rien n’existait. Ils ne faisaient qu’un, comme s’ils avaient partagé le ventre de leur mère au même moment et pas avec quelques années d’intervalle. Les mots, si confus et pourtant si clairs, se frayèrent un chemin depuis les babines d’ébène jusqu’aux oreilles d’argent. Ils prirent Chant d’Antan de court ; non pas qu’il ne les croyait pas, mais plutôt qu’il ne se rappelait pas de la dernière fois où ils s’étaient matérialisés devant lui via autre chose que des indices corporels. Le Clan des Étoiles en était témoin, il l’aimait aussi. Il l’aimait tant. Cette relation qu’ils avaient, jamais il ne l’avouerait à voix haute, mais elle était plus spéciale qu’avec ses autres sœurs. Peut-être la comprenait-il un peu plus ; peut-être s’était-il fait Sentinelle de sa petite sœur avant de promettre sa protection à son Clan. Il ne pouvait pas l’expliquer.
« Je t’aime aussi, petite sœur. »
Ils restèrent ainsi, silencieusement, pendant plusieurs minutes. La douce lueur de la lune liait leurs deux corps en une seule ombre statique. Bientôt, il serait l’heure d’aller se coucher… mais pas tout de suite. Chant d’Antan voulait profiter de ce moment, de cette intimité qui était devenue rare après qu’ils aient grandi. Les responsabilités n’avaient jamais empiété sur l’amour, elles l’avaient seulement incité à se taire.