Personne pour hurler [PV Révolte des Vents]

Cela faisait deux lunes que Révolte des Vent avait de nouveau rejoint la tanière des guerriers. Après six lunes passées dans la pouponnière, entourée de ses quatre petits, la femelle noire et blanche se sentait épuisée. Pourtant, son devoir avait repris et elle devait être plus forte que jamais. Lorsqu’elle était à la pouponnière, il lui était arrivé souvent de se perdre dans ses pensées en étant impatiente de pouvoir à nouveau chasser et combattre. Pourtant, depuis qu’elle était séparée de ses petits, tout ce qu’elle ressentait c’était comme un vide à l’intérieur d’elle. Être guerrière lui avait toujours rempli le cœur et elle savait que sa destinée était de s’occuper de son clan, à son échelle. Mais depuis 8 lunes, son but de vie ce n’était plus seulement cela. Elle n’était plus seulement une guerrière. Elle était guerrière et mère, et cela changeait beaucoup de choses. Révolte ne s’était autrefois jamais imaginé donner naissance à des petits, elle avait toujours cru que ce n’était pas pour elle et qu’elle n’était pas faite pour ça. Pourtant maintenant, ses petits étaient la chose la plus précieuse de son monde et c’était les voir grandir qui la remplissait de joie et de fierté. En fait, il semblait qu’elle ait juste besoin d’un peu de temps pour s’habituer de nouveau à ses devoirs de guerrière, tandis qu’elle devait maintenant s’endormir seule tous les soirs. Les ronronnements de ses petits et la chaleur de leurs corps lui manquaient. Bien-sûr, elle n’en dirait jamais rien à personne. Révolte était bien trop fière pour cela et de toute façon elle n’avait pas d’amis ici à qui confier ses pensées. Elle qui croyait qu’elle allait être soulagée de pouvoir enfin reprendre une vie de guerrière ! Elle était heureuse, oui, mais une partie d’elle ressentait aussi un petit pincement au cœur. Elle espérait en tout cas que ses enfants, eux, soient heureux d’avoir commencé leur apprentissage.  

La nuit était tombée depuis plusieurs heures et le camp se vidait petit à petit tandis que tous les chats allaient se coucher. Un petit vent froid traversa le camp plongé dans l’obscurité. La saison des feuilles mortes se faisait sentir et les températures baissaient chaque jour. Révolte des Vents avait passé l’après-midi à chasser et avait fait ensuite partie de la patrouille du soir. Ses membres étaient endoloris. Tandis que la sentinelle s’installait à l’entrée du camp, Révolte des Vents fut l’une des dernières à pénétrer la tanière des guerriers. Faisant attention de ne marcher sur personne, elle atteignît son nid et s’y roula en boule. Le vent soufflait à l’extérieur, faisant chanter les feuilles mortes des arbres.  C’était un soir à l’atmosphère étrange, presque un peu inquiétant. L’obscurité et le froid donnaient au camp un air différent des douces nuits d’été. Révolte des Vents s’endormit, l’esprit préoccupé.

Des miaulements la sortirent de son sommeil. Son sommeil léger avait toujours été frustrant, cette nuit encore plus tant elle était fatiguée. Sans prêter attention à ce qui pouvait se passer dehors, elle poussa un soupir et garda ses yeux fermés. Quand elle entendit la sentinelle miauler « Nuage Idyllique ! », Révolte des Vents sursauta et ouvrir les yeux. Son instinct maternel prenant le dessus, elle se leva immédiatement et sortit de la tanière des guerriers à toute vitesse. Interrogeant le garde d’un regard inquiet, Révolte trottina vers la sortie du camp en cherchant sa fille des yeux. Le guerrier en charge de la surveillance lui expliqua qu’il l’avait vue sortir en courant, sans rien dire et sans écouter ses rappels. Sans attendre un instant, Révolte s’élança alors dehors et sentit l’odeur fraîche de Nuage Idyllique. Qu’allait-elle faire dehors en pleine nuit ? Courant aussi vite que possible, la guerrière bicolore ignora ses pattes fatiguées qui la suppliaient de rentrer dormir.

Les pas de sa fille n’étaient pas très difficiles à suivre puisqu’elle venait à peine de passer. Après quelques temps, Révolte des Vents aperçu la surface du lac où la lune se reflétait. Ralentissant sa course, elle ne tarda pas à reconnaître le pelage tricolore de Nuage Idyllique. Son pelage, aussi épais que celui de son père, brillait sous la lueur de l’astre de nuit. Révolte des Vents s’approcha doucement en marchant. Sa fille semblait absorbée par la surface de l’eau et fixait un point que Révolte ne su identifier. Elle ne quitta pas la novice du regard et quand elle fût assez proche elle miaula, inquiète :

« Nuage Idyllique … Tout va bien ? Que fais-tu ici ? »

RÉVOLTE DES VENTS

Tandis que Révolte des Vents s’approchait de sa fille, cette dernière sursauta. Elle semblait surprise de ne pas être seule et son regard était rempli d’inquiétude et de honte. Nuage Idyllique recula de quelques pas. Révolte s’approcha plus près d’elle et écouta sa fille lui partager ses tourments. Le cœur de la féline noire et blanche se serrait de plus en plus à mesure que Nuage Idyllique parlait. Les émotions de sa fille lui faisaient de la peine. Ou plutôt, le fait que sa fille puisse être si triste et pleine de doutes la rendait triste. Révolte des Vents posa son museau sur le front de l’apprentie tricolore et lui lécha le côté de l’oreille, comme une mère avec son chaton. Elle savait que depuis qu’ils étaient apprentis ses chatons ne la laissaient plus être aussi affective qu’elle avait pu l’être avec eux dans la pouponnière, mais cette-fois c’était plus fort qu’elle. Révolte voulait se blottir contre sa fille et lui promettre que tout allait bien.

« Oh ma chérie … Tu n’es rien de tout cela. Ce n’est pas stupide et égoïste ! C’est normal d’avoir peur, d’être perdue parfois. »

Sa voix était douce et affectueuse. Révolte n’avait jamais été douée pour comprendre les sentiments des autres autrefois mais maintenant qu’il s’agissait de sa progéniture c’était comme si elle était capable de ressentir toutes les émotions de sa fille. Elle laissa un petit silence planer et frotta sa tête contre celle de l’apprentie.

« Je suis fière de toi, n’en doute jamais. Ton père l’est aussi. J’aimerais qu’il vous le montre et dise davantage à toi et tes frères et sœurs, mais je sais qu’au fond de lui il est aussi fier que moi. Quoi que tu fasses, Nuage Idyllique, nous serons toujours fiers de toi. Toute notre petite famille. »

Révolte des Vents était parfois un peu en colère contre Matin Embrasé qui partageait si peu ses émotions. La guerrière du Tonnerre avait grandi avec un père complètement absent – qui pourtant était dans le même clan qu’elle – et elle ne voulait absolument pas que ses chatons ressentent ce qu’elle avait pu ressentir autrefois. Révolte posa son regard dans celui de sa fille et sourit doucement pour la réconforter.

« Tu es parfaite à mes yeux. » La guerrière marqua une pause et se leva. « Viens, nous allons marcher un peu. Rien de mieux qu’un petit tour nocturne pour extérioriser ses émotions. »

Tandis que Révolte commença à marcher en suivant la bordure du lac, elle tourna les yeux vers sa fille pour s’assurer que cette dernière la suivait. La lune brillait au-dessus d’elles.

« Qu’est-ce que tu as d’autre sur le cœur ? Je sais que ce n’est pas toujours vers sa mère que l’on a envie de se tourner mais … Je suis là pour toi, pour te guider et pour t’aider. »

Révolte des Vents posa doucement sa queue sur l’épaule de sa fille tout en continuant de marcher.