Viser la lune [PV Vestale/Périple/Mouette]

Souvenir Irréel

L'aube pointe. Le soleil se lève doucement sur le camp qui se réveille peu à peu. Souvenir Irréel sort lui-même de la tanière des guerriers avant de s'étirer. Il a encore un peu de temps avant que l'entraînement de son apprenti et celui de Vestale Céleste ne commence. La veille au soir, ils ont proposé aux novices un entraînement double. Les deux frères s'entendent heureusement plutôt bien, d'où aussi l'intérêt. Ils pourront s'aider mutuellement si l'un a plus de facilité que l'autre tout en évitant un concours d'ego de celui qui réussit le mieux. Si la Sentinelle a hâte de commencer, il reste encore un peu fébrile. Doutant parfois de ses capacités, il a réellement peur de ne pas être un bon mentor pour Nuage de la Mouette. Mais s'il a été désigné pour s'en occuper, c'est qu'on comptait sur lui et qu'on lui faisait confiance. Alors il veut faire de son mieux pour en être digne. Surtout que le père du petit est un de ses amis ; il veut donc aussi lui faire honneur et ne pas le laisser tomber. Il fera de son fils un grand guerrier, il se l'ait promis.
Bondissant sur un rocher près de l'entrée du camp, il profite de la brise fraîche du matin pour se détendre avant que le soleil ne soit plus fort dans le ciel. Il laisse une petite heure passer durant laquelle il regarde ses camarades sortir de leurs antres respectives. Puis, quand il aperçoit Vestale Céleste apparaître à son tour, Souvenir Irréel saute de son promontoire pour aller la saluer après s'être éclaircit la gorge.

« A-Alors, prête pour aujourd'hui ? Je vais aller les réveiller. »

Le guerrier aux yeux dorés se faufile ensuite dans la tanière des apprentis pour joindre le geste à la parole. Il aurait pu les sortir de leurs songes dès que lui-même s'en était extirpé, mais il avait souhaité leur laisser encore un peu de sommeil. La lune était haute quand leur nomination a eu lieu mais il espère que Périple des Nuages et Nuage de la Mouette avaient eu assez de repos. Il s'approche à pas feutrés de ses derniers pour ne pas être trop brusque. De sa voix chaude et douce, il se penche vers les deux frères en posant ses pattes sur leurs épaules.

« Il est l'heure, chers apprentis. Votre entraînement pour devenir des guerriers commence dès maintenant. »

Naturellement, Souvenir Irréel a toujours été plus tendre et plus à l'aise avec les plus jeunes. Durant des batailles, il a toujours eu plus de mal à affronter un novice qu'un guerrier même si, en temps de crise, il sait au fond de lui qu'aucune distinction ne doit être faite, et qu'il est bien sûr important, dans tous les cas, de ne pas tuer un ennemi de sang-froid. Une leçon qu'il n'a pas hâte d'enseigner à Nuage de la Mouette mais qu'il devra faire tout de même. Le sang doit être épargné autant que possible

J'ouvre les yeux lorsqu'un poids me pèse sur les épaules, je cligne plusieurs fois des paupières en sursautant, mais où suis-je ? Où donc est passée mère ? Je secoue la tête dans tout les sens, affolé de ne voir aucune des reines, ni maman, mais je reconnais, blotti contre moi, Nuage de la Mouette, puis en songeant à son nouveau nom, je me souviens que je suis désormais un novice et que je me trouve dans la tanière des apprentis. Mes pupilles s'écarquille, toutes rondes, et je toise la grande créature qui se tient devant moi, m'obligeant à me tasser davantage dans mon lit avec terreur, le guerrier crémeux m'observe avec courtoisie et gentillesse et je tente tant bien que mal d'esquisser un sourire un peu maladroit, ce n'est personne d'autre que le mentor de mon fraternel ; Souvenir Irréel ! J'hoche la tête passif lorsque celui ci nous annonce que notre entrainement va commencer dès à présent et que nous serions très bientôt des guerriers. Sans piper un mot, je me redresse et m'étire doucement, courbant le dos avec plaisir, mes poils s'hérissent en petit pics sur mon échine, je dois certainement ressembler à un hérisson enflammé, je soupire déjà, lassé de cette nouvelle journée qui commence à peine, je vais devoir affronté deux nouvelles personnes et rester concentré... Je m'imagine déjà courir entre les fourrés en compagnie de mon précieux frère, lui me guidant toujours plus loin, et mes yeux s'illuminent en y songeant, je ne serais pas seul !

Seul petit bémol : devoir faire connaissance avec ma mentor, Vestale Céleste, ainsi qu'avec ce guerrier crème qui me lorgne du regard depuis au moins dix minutes, attendant certainement une réponse de ma part. Je panique intérieurement, je dois dire quoi ? Oui monsieur ? Bien sûr maître ? Je n'aime pas être enthousiaste et je n'aime pas beaucoup parler, je préférerais que ce soit Nuage de la Mouette, qui avec son énergie et sa bonne humeur quotidienne, l'assaille à coup de questions diverses et variés, mais pas moi.. Je me faufile lentement derrière le guerrier, espérant être invisible à ses yeux, et je me dirige furtivement vers le tas de gibiers et je tente de prendre une proie sur le tas, quand tout à coup quelqu'un octroie mon passage et se tient fermement face à moi, n'osant pas fixer mon interlocuteur, je fixe le sol, honteux et rouge de timidité.

Heyo !

Elle se réveille en sursaut, pétrifiée d’avoir dormi si longtemps. C’est les pépiements des oiseaux et l’agitation des guerriers en éveil autour d’elle qui l’a tirée du sommeil. La lumière qui filtre à travers les ronces indique que le soleil est déjà bien levé. Lorsqu’elle cherche Souvenir Irréel autour d’elle, il n’est nulle part. Forcément, pense-t-elle. Ils avaient convenu la veille que ce matin prendrait lieu le premier entraînement de Périple des Nuages et de Nuage de la Mouette, qui s’effectuerait en commun. Mais voilà, elle avait trop dormi et avait tout fait raté, elle en était sûre. Elle était restée éveillée longtemps après la plupart des guerriers lors de la soirée précédente, son esprit rêvassant à son nouveau rôle et aux lunes futures qui s’annonçaient. Pathétique. Elle venait d’être nommée mentor mais se trouvait incapable d’agir en adulte responsable. Au lieu de ça elle se couchait tard et mettait tout le monde en retard. Elle secoua la tête pour s’éclaircir les idées et sortie du buisson des guerriers en courant presque.

Elle cherche aussitôt du regard Souvenir Irréel, et se trouve un peu soulagée en l’apercevant. Au moins, elle n’est pas en retard au point qu’il soit parti sans elle. Elle le rejoint du plus vite qu’elle le peut, et lorsqu’elle s’arrête à ses côtés elle est presque essoufflée de son trop brusque réveil.

« Bonjour Souvenir Irréel ! Désolée d’avoir trop dormi… J’espère que tu ne m’attends pas depuis trop longtemps. B-bien sûr je suis prête. »

Elle le regarde s’éloigner vers le buisson des apprentis et profite de cet instant pour faire une rapide toilette. Elle espère que la sentinelle n’a pas remarqué les brins de mousse coincés dans son pelage qu’elle n’avait pas pris le temps d’enlever. Elle est enfin satisfaite de son apparence lorsque les trois félins ressortent ensemble, et respire calmement afin de reprendre confiance en elle après ce réveil catastrophique. Nuage de la Mouette paraît encore avoir redoublé de motivation depuis la veille au soir, mais elle ne voit pas tout de suite Périple des Nua… ah si, il est là. Elle le regarde se diriger vers le tas de gibier tout en glissant un œil vers l’autre duo qui ne parait pas vouloir manger pour le moment. Elle hésite un instant encore avant de se diriger vers lui.

« Bonjour Périple des Nuages, bien dormi ? »

Demande-t-elle d’une voix qu’elle essaye de faire douce pour ne pas brusquer le mâle, avant de reprendre.

« Nous comptions profiter de la matinée pour vous emmener en entraînement ton frère et toi. Mais… »

Elle jette un regard à Souvenir Irréel & Nuage de la Mouette avant d’élever la voix afin qu’ils l’entendent également, elle s’adresse à présent à eux tous. Elle glisse un regard interrogateur au guerrier crème, se demandant si ce qu’elle propose lui posera un problème. Mais cela l’étonnerait au fond.

« La journée est longue, partir le ventre vide ne nous servira pas à grand-chose. Pourquoi ne pas tous manger avant ? »

Elle attend d’avoir leurs accords avant de se servir en premier afin que Périple des Nuages ne se sente pas culpabilisé. Elle préfère qu’ils perdent tous un peu de temps avant le départ plutôt que d’être ensuite interrompus dans l’entraînement par la faim. Elle avale ainsi une maigrichonne musaraigne, car elle est un peu stressée par le déroulement de la matinée à venir. Mais elle va faire de son mieux, il n’y a pas de raisons que quelque chose se passe mal… n’est-ce pas ? Après ce court repas, elle attend que les autres aient également terminés en se léchant les babines et se dirige ensuite vers la sortie du camp. Elle se rapproche de Souvenir Irréel.

« Tu as une idée en tête déjà ? Sinon, on pourrait peut-être commencer par euh… de la chasse ? »

Elle pose la question sur un ton incertain, peu sûre de ses actions. Peu contrariante, elle est prête à se plier à toutes ses idées s’il en a des particulières, mais elle ne veut pas non plus être un boulet et s’efforce de participer du mieux qu’elle peut. Elle espère que Souvenir Irréel ne la voit pas seulement comme un poids… Elle veut prouver sa valeur.

Souvenir Irréel

Laissant Périple des Nuages s'éclipser discrètement, le mentor de Nuage de la Mouette attend que ce dernier se soit à son tour levé pour sortir enfin de la tanière des apprentis et rejoindre Vestale Céleste. Leurs novices respectifs ont au moins l'air très enthousiaste par rapport à leur premier entraînement ; les apprentis le sont en général mais Souvenir Irréel se sent un peu plus confiant en sentant que les futurs guerriers ne vont pas poser trop de problèmes, au moins. Le petit chat noir et blanc, impatient, veut s'enquérir de leur programme du jour. Mais son mentor doit encore s'entretenir avec sa camarade immaculée pour qu'ils se mettent d'accord. Il esquisse un sourire doux au fils de Songe Cristallin, touché par sa détermination à faire de son mieux.

« Je n'en doute pas, Nuage de la Mouette. »

Le félin blanc et crème ronronne d'amusement en apercevant Périple des Nuages près du tas de gibier qui baisse maladroitement la tête en pensant avoir fait une bêtise. Sa mentor le rassure pourtant et je hoche moi-même de la tête pour approuver les dires de mon amie.

« Vestale Céleste a raison. Vous euh... Vous pouvez manger avant de partir en entraînement. M-Mais quand vous irez en p-patrouille de chasse, vous n'en aurez pas le droit avant que les reines et les anciens se s-soient servis. »

La présence de Vestale l'aide au moins à gagner un peu d'assurance lui-même et il s'efforce d'expliquer aux plus jeunes les règles du code du guerrier pour ne pas qu'ils fassent d'erreur. Puis, il s'empare d'une sourire sur le tas de gibier qu'il place aux pattes de Nuage de la Mouette pour l'inviter à prendre sa part et va lui-même se servir par la suite en attendant qu'ils soient tous rassasiés. Ils n'auraient pas été très malins, à donner leur entraînement à leurs premiers apprentis avec le ventre vide. Durant la saison des neiges, c'est une autre histoire, par contre. Il avoue parfois qu'il n'était pas un exemple en essayant de faire le dur et faisant passer en priorité ses camarades quand les proies venaient à manquer alors qu'un chat est moins efficace quand il n'a pas d'énergie. De plus, les bruits d'estomac qui gargouille sont une bonne façon d'alerter les rongeurs et autres oiseaux de leur présence.
Une fois qu'ils ont tous le ventre rempli, Souvenir Irréel se lève et approuve une nouvelle fois les dires de la femelle aux yeux vairons.

« Bonne idée. J'y pensais aussi. »

Sa fébrilité dans ses mouvements, peu à peu, s'habitue à la situation. Il lui arrive d'avoir encore du mal avec la parole mais il sait, au fond qu'il est prêt à enseigner ce qu'il sait et à s'allier à Vestale Céleste aujourd'hui pour faire de ces apprentis les guerriers de demain. C'est vers ces derniers qu'il se tourne ensuite pour leur indiquer ce qu'ils avaient en tête pour aujourd'hui.

« On-On a de la chance, les Clans ne sont pas en tension, ces temps-ci a-alors on va d'abord vous apprendre à chasser. Et-Et puis en même temps, on pourra vous montrer les territoires et les bons coins pour d-dénicher des proies. »

Si Souvenir Irréel n'a pas trop hâte de leur montrer ses piètres techniques de combat, il peut au moins se vanter de ramener de la nourriture au camp régulièrement pour palier à ses maigres autres qualités. La meilleure attaque, pour lui, c'est bien la défense, mais il ne peut pas et ne veut pas obliger le duo de frangins à suivre son exemple. Il est néanmoins rassuré intérieurement de savoir que, au moins, Vestale ne sera pas celle qui se moquera de lui à ce point puisqu'ils se ressemblent un peu là-dessus. À eux deux, toutefois, ils se débrouilleront.
Prenant la tête du groupe aux côtés de chatte céleste, Souvenir Irréel les mène hors du camp tout en jetant des coup d'œil de temps à autre par dessus son épaule pour voir si les apprentis les suivent bien. Il peut aisément comprendre qu'on puisse être distrait par ce qui nous entoure quand c'est la première fois qu'on sort du camp. La lande qui entoure le grand arbre où ils ont établi leurs demeures s'arrête à seulement quelques longueurs de queues de chat à l'entrée d'un bois d'où s'élèvent des grands arbres au tronc blanc et presque lisse avec de hautes branches. Le quatuor pénètre à l'intérieur de cette zone sylvestre que les rayons du soleil levant baignent d'une jolie lumière jaune-orangée peu chaude pour le moment mais douce sur le pelage. Au milieu du terrain boisé, le félin aux yeux ambrés s'assoit en mettant sa queue autour de ses pattes et fixe son regard doré sur les novices.

« Cette forêt de bouleaux est le lieu le plus p-prolifique en terme de proies s-sur notre territoire. On peut dire que... euh... C'est idéal pour un premier entraînement. »

Tout en parlant, sa tête se lève vers les bouleaux en question qui les surplombent les fait sentir d'une petitesse incroyable. S'il aime l'environnement et l'ambiance calme qui règne ici, il préfère grimper aux arbres autour du cottage abandonné qui sont plus petits et sur lesquels il est plus simple de grimper.

« Levez la truffe en l'air pour sentir les parfums de la forêt. Et euh... Si le museau ne répond pas, vous pouvez utiliser votre ouïe. »

La truffe est plus efficace dans la plupart des cas car elle permet de palier la vue ou l'ouïe dont peuvent être dépourvus certains chats à la naissance. Mais personne n'est à l'abri d'un petit rhume des foins...
Souvenir Irréel se prête lui-même au jeu mais devine tout de suite qu'un parfum un peu particulier se fait sentir dans l'air.

« Il y a un éc-... Une proie pas loin, si je ne m'abuse. Vous pouvez me dire où elle se trouve ? »

Oups, il a failli révéler la réponse. Il pensait au départ pouvoir aider un peu les jeunes puisque c'est leur première fois hors du camp, mais il veut d'abord voir s'ils peuvent repérer une odeur qu'ils auraient pu sentir préalablement sur le tas de gibier.

Je relève la tête et me retrouve face à la frimousse blanche immaculée de Vestale Céleste, qui soit dit en passant, ne semble pas du tout contrariée que je veuille prendre une proie sur le tas de gibier, soulagé que celle ci acquiesce lorsqu'elle entend mon estomac gronder.

« Bonjour Périple des Nuages, bien dormi ? »

Je baisse les yeux au sol, car je n'aime pas trop regarder les autres en face, et d'autant plus que les yeux de la guerrière me perturbe d'autant plus qu'ils sont hétérochromes.

« Mo...Oui.. »

Je balbutie, timide et rouge comme une pivoine sous ma fourrure rousse de flamme, je n'ose plus, ni la regarder, ni observer mon frère et son mentor, attendant notre prochain départ, je m'allonge et commence à dépouiller ma proie, une odeur forte s'échappe du tas de gibier, laissant des effluves de charognes dans le Camp, je fronce du nez, un peu dégoûté, ces proies là ne doivent pas dater que de la veille, pourtant, lorsque je regarde le Clan, je ne peux que me dire que l'hivers à été rude pour tout le monde et que notre Clan ne se remet que doucement du froid et de la pénurie précédente de gibiers, je balaye mes mauvais souvenirs et me concentre sur l'étourneau que je suis entrain de manger.

« Nous comptions profiter de la matinée pour vous emmener en entraînement ton frère et toi. Mais… »

Je suis le regard de ma mentor et observe à mon tour les deux autres qui discutent non loin de là, une lueur déterminée brille dans les pupilles de mon fraternel, et je ronronne amusé en me souvenant à quel point il était pressé, la veille au soir de commencer son entrainement, Nuage de la Mouette a toujours été un chaton ambitieux et sûr de lui, et je ne peux qu'admirer sa motivation, il n'avait cessé de gigoter dans son sommeil et j'avais fulminé plusieurs fois contre lui, écrasant mes grosses pattes sur mon crâne.

« La journée est longue, partir le ventre vide ne nous servira pas à grand-chose. Pourquoi ne pas tous manger avant ? »

J'esquisse un sourire effacée, un peu penaud d'avoir commencé à manger avant tout le monde, mais j'avais tout le temps faim ! Maman dit que c'est parce que je promets d'être un guerrier très costaud et imposant, pourtant quand je me regarde, je ne vois qu'un frêle chaton, dotés de grosses pattes et d'une queue bien épaisse. Peut-être que c'est la taille de mes pattes qui lui fait dire ça ? Enfin bref, j'avale à grandes bouchés le reste de mon oiseau, et commence à me nettoyer les babines couvertes de sang.

« Vestale Céleste a raison. Vous euh... Vous pouvez manger avant de partir en entraînement. M-Mais quand vous irez en p-patrouille de chasse, vous n'en aurez pas le droit avant que les reines et les anciens se s-soient servis. »

Souvenir Irréel ne semble vraiment pas à l'aise lorsqu'il parle à son tour, quel équipe de bras cassés nous sommes ! Je ne dois pas dire ça parce que Vestale Céleste et Souvenir Irréel sont de braves guerriers, peut-être pas les plus bavards & confiants, mais n'empêche qu'ils méritent quand même l'admiration de nous autres, apprentis.

« Tu as une idée en tête déjà ? Sinon, on pourrait peut-être commencer par euh… de la chasse ? »

Je tourne la tête de l'un à l'autre, écoutant attentivement leurs conversations, et me relève sur mes quatre pattes, prêts à y aller, ma fourrure hirsute se réchauffe dans les rayons du soleil qui trône avec fierté dans le ciel, il fait drôlement beau aujourd'hui. Je Je ferme les yeux paisiblement afin d’adsorber une bonne dose de vitamines, et me doute que mon pelage doit être de flammes à présent.

« Bonne idée. J'y pensais aussi. »

Le guerrier crème se tourne à présent vers nous, mon frère et moi, et nous scrute du regard un moment.

« On-On a de la chance, les Clans ne sont pas en tension, ces temps-ci a-alors on va d'abord vous apprendre à chasser. Et-Et puis en même temps, on pourra vous montrer les territoires et les bons coins pour d-dénicher des proies. »

Et sur ces mots, nous nous dirigeons enfin vers l'entrée du camp pour trouver un terrain adéquat où nos deux mentors vont nous apprendre les techniques de bases pour la chasse, les deux guerriers prennent la tête du petit groupes de quatre félins, et je me presse contre le matou noir et blanc, assez prêt afin de lui murmurer d'une voix à peine audible.

« Tu... Tu crois qu'il y a des renards et des blaireaux dans cette forêt ? Je marque une pause en jetant des coups d’œil furtifs autour de moi. Tu sais ces bêtes sanguinaires dont nous parlait les anciens dans leurs histoires.. »

Les deux félins à l'avant s'arrêtent enfin, dans une forêt boisée où les arbres y sont majestueux et grands, leurs troncs bien pâles, y sont lisse et épais. J'écarquille les yeux impressionné par la nouveauté et la beauté du paysage qui s'offre à moi, je n'étais jamais sorti du camp avant, bon nombre de chatons ont essayés, mais moi je n'aimais pas ça, préférant le confort de mes songes et du ventre douillet de ma mère.

« Cette forêt de bouleaux est le lieu le plus p-prolifique en terme de proies s-sur notre territoire. On peut dire que... euh... C'est idéal pour un premier entraînement. »

J'hoche la tête en signe d'attention pour le grand matou aux yeux d'ambre et je reste hébété, ne sachant que faire pendant un moment, Nuage de la Mouette semble plus réactif que moi, et Souvenir Irréel nous indique qu'il est préférable de ce servir de son odorat ou de son ouïe, je fais alors un effort monumentale pour fermer les yeux et uniquement me focaliser sur mes deux autres sens, des effluves diverses et variées me titillent les narines tandis qu'une quantité infinie de sons chantent dans mes oreilles, a tel point que je me sens submergé par ce trop plein d'informations, je recule, un peu ébahis, et fixe mon regard sur ma mentor à la fourrure blanche. Mais c'est le guerrier crème qui reprend la parole.

« Il y a un éc-... Une proie pas loin, si je ne m'abuse. Vous pouvez me dire où elle se trouve ? »

Je devine malgré moi, qu'il a voulu dire écureuil, pourtant lorsque je tend le museau en l'air, et les oreilles aux aguets, je ne perçois pas la petite créature rousse, je fronce des sourcils déçu, quand soudain, un petit frétillement sur les feuilles mortes suscite mon intention, je plisse des yeux, et tourne la tête délicatement en direction du bruit en question, je ne vois d'abord rien, le rongeur arborant une fourrure rousse brun similaire au tapis de feuilles mortes sous les racines des bouleaux, mais lorsque celui-ci se gratte frénétiquement les yeux, je me cambre dans une position qui ne me paraît d'abord pas naturelle, mais qui est pourtant celle que je prenais chaton lorsque je jouais avec mon frère, et celle là même que prennent les chats de générations, en générations, position instinctivement gravée dans la mémoire de chacun de nous.

« Je.. Je crois bien apercevoir quelque chose par là-bas.»

Mes poils se dressent sur mon échine et je montre dans une posture bien droite, le petit écureuil qui grignote une noix tombé ici par hasard, que dois-je faire à présent ? Je cherche mon mentor des yeux, le visage peu confiant.

Elle est soulagée de ne pas voir Souvenir Irréel lui s’opposer à ses paroles lorsqu’elle propose à tous de se restaurer, mais le contraire l’aurait étonné de sa part. Si elle a toujours du mal à se rapprocher des autres depuis son baptême de guerrière, Souvenir fait partie des rares qu’elle pourrait presque appeler un ami, et il lui paraît parfois en voyant les hésitations évidentes dans les paroles du mâle crème se voir elle-même. Bizarrement, cela lui permet d’être peu être un peu plus à l’aise avec lui qu’avec d’autres, elle ne se sent pas oppressée ou dépassée. Elle ne sait pas si cela traduit un manque de confiance en lui ou autre chose, mais Souvenir Irréel lui est décidément sympathique. Pas au point pour elle d’oublier qu’il reste plus âgé qu’elle, donc forcément meilleur, donc tout de même un peu intimidant. Pour cette raison, elle est tout de même soulagée qu’il approuve également son choix de la chasse. Si elle était totalement honnête, elle avouerait que c’est aussi car elle n’est pas très douée en combat. Elle préfère se montrer sous son meilleur jour pour le premier entraînement, elle ne veut pas décevoir Périple des Nuages. Et elle a une promesse à tenir.

Elle garde aussi en tête, dans un coin de son esprit, que c’est le fils de Songe Cristallin qui lui a été confié. Si leur relation a connu des instants de troubles, des hauts et des bas, il reste et restera sûrement à jamais son meilleur ami, son meilleur conseiller. Elle l’aime tendrement de tout son cœur, pas comme elle a désespérément essayé de l’aimer pendant un temps, mais pour elle cette relation reste la plus précieuse qu’elle n’ait jamais eu. Elle est heureuse de le voir à présent épanoui. Mais et si elle faisait tout foirer en le décevant par rapport à l’apprentissage de Périple des Nuages ? Elle en tremble.

Elle laisse pendant un moment le guerrier crème guider le petit groupe entre les buissons, approuvant d’un hochement de tête ses paroles. Elle veille sur les apprentis, restant un peu en arrière pour s’assurer qu’ils n’ont pas de mal à suivre la marche. Elle sait que bien des mentors s’en préoccupent peu et pensent qu’il vaut mieux former les plus jeunes « à la dure », en les laissant eux même se dépatouiller avec leurs difficultés et sans les ménager. Mais elle n’en voit pas l’intérêt, surtout pas pour le premier jour. Elle préfère commencer en douceur, à quoi cela sert -il d’être vidé de toute énergie et démoralisé dès la première sortie ? Elle ne voit rien de productif là-dedans. Enfin, des bouleaux épars apparaissent çà et là dans le paysage jusqu’à être partout, et la marche ralentit jusqu’à ce que le groupe s’arrête finalement, au cœur de la forêt de bouleau. Elle laisse Souvenir Irréel leur introduire le lieu et la démarche à suivre pour repérer une proie, et regarde les deux apprentis tenter l’expérience chacun à leur manière. Périple des Nuages a fermer les yeux pour éloigner définitivement la vue, et la guerrière immaculée a tôt fait de remarquer son décontenancement face au flot d’informations auquel il a dû se heurter. Elle aussi de souvient de cette première difficulté.

« Vous risquez parfois de recevoir beaucoup d’informations qui ne vous seront pas utiles de cette manière, c’est à vous de faire le tri. Essaye de reconnaître chacune des odeurs, chacun des sons que vous percevez, et écartez ceux qui ne vous intéressent pas. C’est un travail de concentration qui peut être plus ou moins difficile pour chacun, vous y arriverez de mieux en mieux avec le temps. La formule magique, c’est l’entraînement. »

Pendant qu’elle parlait, chacun a pu prendre le temps de humer l’air, et c’est Souvenir Irréel qui remarque le premier la présence d’un rongeur à quelques longueurs de queues de là, présence qu’elle ne tarde également pas à déceler juste après. Elle attend patiemment qu’un des deux apprentis le remarque, et adresse un grand sourire à Périple des Nuages lorsqu’il perçoit l’écureuil, et prend naturellement une position de chasse plus ou moins correcte. Elle vient à pas feutrés se placer à ses côtés et l’aide à se baisser encore un peu plus afin que son corps frôle presque le sol sans le toucher, et lui indique également la position que doit prendre sa queue, droite et sans traîner au sol également, car le moindre frottement pourrait alerter la minuscule créature. Elle chuchote, ses paroles se faisant un souffle d’air si réduit qu’elles s’entendent à peine.

« A présent, tu dois te rapprocher de ta proie le plus possible et bondir sur elle lorsque tu es suffisamment proche. Mais attention, ils sont sensibles à la moindre vibration, au moindre de tes pas. Tu dois faire glisser tes coussinets sur le sol- regardes plutôt. »

Elle se décale avec précaution, lui montrant elle-même la démarche à suivre en se plaquant au sol et s’avançant à petit pas silencieux et souples. Ses pupilles sont réduites à des fentes tandis qu’elle progresse, témoignant de toute la concentration que demande cet exercice. Elle a confiance sur cette partie-là, elle s’est métamorphosée, elle devient la prédatrice parfaite en un clignement de paupières. Elle se relève avec un mouvement svelte, se tournant vers Souvenir Irréel, se demandant s’il voit quelque chose à ajouter, elle ne sait pas si elle est très douée pour expliquer. Après cela, elle adresse un petit geste à son apprenti, signifiant que c’est à son tour à présent, et avec une proie réelle cette fois. Elle est dans l’attente, elle se demande si oui ou non il arrivera à attraper cet écureuil, qui étaient tout de même parmi les proies les plus compliquées, étant rapides et capables de grimper aux arbres en plus d'être presque aussi sensibles que les souris aux vibrations du sol. Déjà que peu d'apprentis ramenaient une proie le premier jour, mais après tout Périple des Nuages allait peut-être tous les surprendre...

Le jeune matou roux maintenait sa position, pétrifié à l'idée de faire un faux mouvement et de faire fuir la bête couleur brun-roux, il se disait que s'il ratait cette proie, il y aurait un gibier en moins sur le tas ce soir, il déglutit en songeant à cette alternative, qui ne devait pas en devenir une. Surtout pas. Les paroles de son mentor fendirent l'air comme un murmure à peine audible, même le vent et les bruissements des feuilles étaient plus sonores que sa voix, la guerrière était un as dans l'art de la discrétion, et quel ne fut pas sa surprise lorsqu'elle se plaça à ses côtés, félin agile dans son élément. Le frôlement de sa fourrure blanche contre la sienne lui donna des frissons, et le jeune matou se mit à rougir, intimidé par la beauté de la guerrière de glace. Une fois à sa hauteur, Vestale Céleste glissa à son oreille ; « A présent, tu dois te rapprocher de ta proie le plus possible et bondir sur elle lorsque tu es suffisamment proche. Mais attention, ils sont sensibles à la moindre vibration, au moindre de tes pas. Tu dois faire glisser tes coussinets sur le sol- regardes plutôt. » Elle accompagnait ses mots de gestes et montrer au jeune apprenti comment se placer parfaitement pour être le plus invisible des chasseur, il coupa sa respiration, impressionné.

La guerrière immaculée commença une parade réfléchie, tout ses pas semblait être parfaitement maîtrisés, comme si elle glissait comme la couche de glace qui recouvrait la rivière durant la Saison Morte. Il espérait qu'elle finirait sa démonstration jusqu'au bout en tuant le petit rongeur qui ne se doutait toujours pas de ce qui le guettait, tapis dans les arbustes. Mais elle n'en fit rien, se décalant avec la même souplesse et agilité qu'au début, elle attendit patiemment, son regard pesant sur la fourrure du jeune matou tigré roux. Il inspira profondément, la pression était tellement grande qu'il n'osait même plus respirer. Elle semblait le sonder de ses yeux vairons, et lui se sentait épié au moindre de ses gestes. Surement qu'elle l'analysait dans chaque parcelle de ses muscles, ainsi elle pourrait lui donner un bilan à la fin de sa première épreuve. La chasse. Il répéta en boucle ce mot dans sa tête, il était là désormais, dans une position qui devenait très inconfortable, dans une forêt qu'il avait tant redouté chaton, pas pressé de la découvrir, préférant le confort de sa mère et de la pouponnière. Mais aujourd'hui, son mentor avait beaucoup d'espoir en lui, et Périple des Nuages ne voulait pas la décevoir.

Il se concentra à nouveau sur sa prise et tenta un premier pas après une interminable attente, il fit comme son mentor le lui avait indiquée, faire glisser ses pattes, la technique semblait fonctionné car au fur et à mesure qu'il se rapprochait de la bête, celle ci restait détendue et gourmande, dans son habitat de feuilles et de noix. Alors qu'il se rapprochait éminemment du but, sa queue frôla une branche et il s'immobilisa directement, l'écureuil sursauta et leva son petit museau dans les airs, sa tête analysa le décor instantanément, et il ne repéra pas la fourrure rousse du jeune matou qui se fondait si parfaitement bien avec le tapis de feuille morte. Après un laps de temps qui lui parut interminable, le rongeur se remit à son grignotage de graines, et Périple des Nuages poursuivit sa dur tâche. Il voulait y arriver, il devait y arriver. Après ça, même son frère ne le sous estimerait plus, même si celui-ci avait beaucoup confiance en lui, Périple savait ce que les autres pensaient de lui, et jusqu'à maintenant, il s'en souciait peu, mais aujourd'hui il allait devenir un guerrier, et faillir à son Clan était son dernier but dans sa vie.

Il décida, une fois bien rapproché du dit rongeur, que c'était le moment, il se ramassa maladroitement sur lui même, toujours en prenant soin de ne pas poser ses pattes, et dans un bond un peu gauche, il fondit les airs pour atterrir tout prêt de l'écureuil, celui-ci tenta une échappée, mais le jeune apprenti fut plus rapide et sortit ses griffes aussi brusquement qu'il le put pour saisir le corps brun-roux de l'animal entre ses pattes, hésitant et pataud, il l'acheva d'un coup de crocs, et ramena, le corps inerte dans sa bouche, son butin au pieds de son mentor, penaud et honteux, il attendait les remontrances dû à sa dernière prestation qui fut très grotesque. Il savait que les deux vétérans allaient lui dire que la chance avait joué en sa faveur et que sans elle, il n'aurait pas eu son coup. Périple des Nuages ne cessait de douter de lui, les yeux fixant le sol et le corps sanglant de sa toute première proie de toute sa vie.

HRPG :omgomg::

Souvenir Irréel

Périple des Nuages a une piste. Aussitôt, il se met dans la position du chasseur vers la proie dont il a deviné la position. Attentivement, Souvenir Irréel le laisse faire en silence, se demandant si Nuage de la Mouette va essayer d'imiter son frère ou s'il va d'abord l'observer en attendant son tour. La gestuel du novice est maladroite, mais pour une première fois, il s'en sort relativement bien. Avec de l'entraînement et au fil du temps, il parviendra complètement à maîtriser son poids et son équilibre. Souvenir et Vestale sont heureusement de plutôt bons chasseurs au sein du Clan de la Lune alors à ce niveau, au moins, les apprentis n'auront pas de soucis à se faire. Surtout que la guerrière blanche a aussi beaucoup de connaissances et sait expliquer clairement aux deux jeunes ce qu'ils doivent savoir à propos de la concentration. Soulagé de faire équipe avec elle, il regarde sa camarade se placer près du félin roux et blanc pour lui montrer la posture parfaite à adopter. Bien sûr, il ne réussira pas à la copier dans son exactitude (normalement) mais cela lui permet de replacer son corps pour s'en approcher au moins le plus possible. Son murmure presque inaudible file avec le vent pour donner des informations supplémentaires au cadet qui semble l'écouter avec la plus grande attention. Périple des Nuages a vraiment l'être des le plus calme des deux. Lorsque la femelle se détourne légèrement pour faire une demande silencieuse à son allié, la Sentinelle hoche doucement de la tête en souriant. La queue devant ses pattes dans une position assise, il scrute avec attention le jeune chat qui s'avance désormais vers le rongeur roux. À plusieurs reprises, les oreilles aux aguets, le mentor de son frère craint qu'il ne fasse fuir la proie. Mais plus le novice progresse, plus il se détend en s'apercevant qu'il est sur la bonne voie pour réussir son coup. En effet, au moment, finalement, où il bondit, il réussit à tuer l'écureuil au dernier moment juste avant qu'il ne détale. Les yeux dorés brillants, Souvenir Irréel regarde le matou bicolore revenir vers eux avec sa prise qu'il dépose à leurs pattes, attendant probablement leur jugement. D'une voix posée et d'une expression qui se veut la plus neutre possible, la Sentinelle se permet de faire cette fois le commentaire afin que Nuage de la Mouette soit tout aussi attentif à ses paroles.

« Ton arrière-train était encore un peu trop relevé... Pense à bien balancer ton poids pour que tes pattes avants soient plus légères en touchant le sol. Ce sera aussi plus simple pour maîtriser ton saut la prochaine fois. »

Impressionné par la performance de Périple, il ne veut toutefois pas que ce dernier puisse se reposer trop vite sur ses lauriers. Le jeune chat a l'air modeste, mais s'il continue d'avoir autant de succès les jours d'après, ce serait dommage que tout ça lui monte à la tête. Son visage s'adoucit pourtant et un sourire doux apparaît pour encadrer son regard ambré qui porte la même lueur tendre.

« M-Mais pour ta toute première prise, tu t'en es bien sorti. Tes mouvements étaient suffisamment discrets pour ne pas te faire repérer et... et tu as été assez vif afin de tuer l'écureuil avant qu'il ne s'enfuie. Bravo, Périple des Nuages. »

Il ronronne, fier du jeune apprenti qui semble prometteur. Il espère que son frère en fera tout autant, mais nul doute qu'ils auront tous les deux les capacités nécessaires pour devenir de grands guerriers qui feront honneur à la Lune. Souvenir Irréel se penche ensuite vers la prise de Périple en fermant les yeux pour adresser une courte prière.

« Nous remercions le Clan des Etoiles pour cette vie qui nous a été donné... C'est bon, Périple des Nuages, tu peux l'enterrer. Nous la récupérerons sur le chemin du retour. »

Solennel, puisque en plus le Clan de la Lune est le plus proche des Etoiles, la Sentinelle a toujours pris soin de remercier leurs ancêtres pour chaque vie précieusement enlevée afin de nourrir leurs proches. Puis, le guerrier se relève.

« J'ai omis de vous le dire sur le moment, m-mais veillez toujours à vous mettre face au vent pour ne pas qu'il porte votre odeur vers votre proie. Cela vaut pour le gibier... Mais... Mais cela vaut aussi pour les ennemis, si vous voulez les surprendre. »

Oui, Souvenir ne brille pas par ses aptitudes au combat, mais il possède heureusement pour compenser des astuces qui se révèlent plus utiles qu'on ne le croit au moment venu. Pour des novices qui viennent de commencer leur apprentissage, il est primordial, quand ils n'ont pas la carrure adéquate pour faire face à leurs rivaux ou autres, de savoir comment se protéger au maximum quand l'offensive est impossible. Souvent dispensés de combat quand leur baptême est trop rapproché, ils peuvent néanmoins toujours être amenés à se perdre dans une bataille. C'est en pensant à ça que son regard se relève vers le ciel pour apercevoir les branches des arbres qui les entourent. D'un coup de tête, il invite la troupe à le suivre vers un coin où les branches sont un peu plus basses et où l'écorce est moins lisses. Il s'arrête finalement devant le tronc d'un arbre plus foncé, un peu plus petit qu'un bouleau classique. Au-dessus d'eux, des oiseaux volent et chantent librement.

« Nous ne sommes pas aussi bons grimpeurs que le Tonnerre, m-mais... Cela peut toujours s'avérer utile, de grimper aux-aux arbres. »

Pour être certain de ne pas mettre les apprentis sur une mauvaise piste, il tâte l'écorce du bout de la patte afin de s'assurer qu'ils pourront s'y hisser. Quand il sent qu'une des ses griffes arrive à s'y coincer, toutefois, il est tout de suite plus rassuré.

« Je-Je pense que Vestale Céleste pourrait nous être de bon conseil. C'est l'une des meilleures grimpeuses du Clan. »

En ronronnant, il se tourne vers la guerrière blanche aux yeux vairons dont il n'ignore pas les talents. Il est connu que la femelle immaculée aime les hauteurs et il s'agit d'une capacité assez pratique pour chasser dans les arbres. Elle et Fleur de Lys sont sans aucun doute parmi les plus grandes grimpeuses de la Lune, alors l'entraînement en duo est parfait pour ça. Nuage de la Mouette pourra ainsi profiter des enseignements de la jolie chatte nuageuse.

HRP:

Vestale Céleste s’était reculée le plus silencieusement qu’elle avait pu, laissant un grand espace autour de l’apprenti et de sa proie qui se tenait quelques longueurs de queues plus loin, elle ne voulait pas être un obstacle dans ses mouvements. L’apprenti fixait le minuscule mammifère roux avec concentration mais Vestale cru presque au bout d’un moment qu’il s’était tétanisé tant il resta longuement immobile. Peut-être qu’elle lui avait expliqué les choses trop vite, ou pas assez en détails. Elle tenta de rechercher dans ses souvenirs comment son propre mentor lui avait enseigné les mystères de la chasse, mais ce qui lui revient surtout en tête fut la voix de sa mère, cette voix autoritaire mais avec toujours ce qu’il fallait d’amour et de douceur en arrière-plan, les tapettes sur l’arrière-train, les bousculades, toujours derrière elle pour lui faire trouver la bonne position, les soupirs parfois quand ça prenait du temps, que ce n’était pas parfait. Et puis la fierté dans ses yeux lorsque elle y arrivait, elle finissait toujours par y arriver, décevoir Perle de Brume n’était pas une option…

Elle secoua la tête. Il s’agissait seulement d’un premier entraînement. Presser les deux apprentis ne servait à rien. A vrai dire, la guerrière ne s’attendait pas réellement à ce qu’ils ramènent des proies au camp, mais cette journée serait utile pour leur montrer quelles étaient les difficultés de la chasse, à quoi serviraient leurs lunes d’apprentissage. Elle retint sa respiration quand Périple des Nuages commença lentement à se mouvoir, un pas après l’autre, seconde après seconde. Sa position n’était pas parfaite, elle ne pouvait pas l’être, ça venait avec le temps. Mais il semblait avoir saisi le plus important, le silence qui devait régner, les vibrations qui devaient se faire inexistantes. L’écureuil ne percevait pas le danger qui le guettait. A un instant pourtant, Vestale cru bien qu’il serait perdu : un frôlement de queue, un craquement, une détonation dans le silence qui régnait autour d’eux. La guerrière fit ce qu’elle put pour se tapir derrière un bouleau, retenant inconsciemment sa respiration, encore plus stressée peut-être que si elle se trouvait à la place du chasseur. S’il y avait une possibilité que l’écureuil ne remarque pas le pelage roux de l’apprenti, il suffirait qu’il pose ses yeux sur sa blancheur neigeuse à elle pour détaler. Si son apprenti perdait sa toute première proie de sa faute à elle… Seulement imaginer son air déçu la fit culpabiliser. Mais bien heureusement, l’écureuil ne regarda pas assez loin, ou pas assez bien, et continua finalement son festin.

Périple des Nuages put donc reprendre sa lente avancée vers sa proie, et finalement bondir et, malgré quelques cafouillages, l’achever. Vestale Céleste jaillit hors de sa cachette comme un diable hors de sa boite, excitée comme une enfant, comme si c’était sa première proie à elle. Elle venait finalement de se détendre et de reprendre son souffle après tant de minutes passées à le retenir, et des ronronnements se firent entendre.

« Waouh… tu l’as fait ! »

La femelle tente de reprendre contenance pendant que Souvenir Irréel explique aux deux plus jeunes quelles erreurs ont été commises et ce qui aurait pu être amélioré. Devant tant de professionnalisme, elle est presque honteuse de s’être laissé emporter comme si elle aussi était encore une apprentie, s’émerveillant de tout. Elle hoche la tête aux paroles du guerrier crème avant de prononcer quelques mots à son tour également, elle s’en sent obligée maintenant.

« C-C’était très bien pour une première fois Périple des Nuages. »

Toujours un peu perdue après ces quelques instants mentalement éprouvants, Vestale se rend soudain compte que l’entraînement doit continuer. Est-ce qu’ils continuent la chasse ? Il faudrait trouver une autre proie, mais avec son exclamation quelques instants auparavant, s’il y avait des rongeurs dans les environs ils doivent à présent avoir filés. Elle se mord les lèvres à cette réalisation, se préparant à devoir affronter le regard furieux, ou peut-être sermonneur de Souvenir Irréel. Aussi est-elle particulièrement soulagée lorsque il lève les yeux au ciel, proposant au petit groupe une séance de grimpe.

Elle ne s’attendait pas en revanche à ce qu’il la présente comme un modèle à suivre et l’une des meilleures grimpeuses du clan. Disons qu’en cas de combat, Vestale ne serait en effet sûrement pas longue à rejoindre un perchoir plutôt qu’à rester en bas, si seulement sa loyauté ne l’y maintenait pas. Mais la grimpe n’est pas quelque chose qu’elle a réellement appris, aussi se retrouve-t-elle un peu perdue au bas de cet arbre.

« Hum, eh bien… Pour commencer, il faut toujours vérifier avant de grimper que notre perchoir offre assez de prises et est assez solide… On peut commencer à se donner de l’élan et sauter le plus haut possible, surtout si le but est d’aller vite, enfin ça permet de moins se fatiguer à grimper… Ensuite, le conseil que je pourrais vous donner est de toujours vous aidez en plantant également vos pattes arrière pour vous maintenir, si vous maintenant tout votre poids dans vos pattes avant vous allez très vite vous fatiguer. »

Elle doit faire de nombreux efforts pour tenter de trouver quoi dire aux plus jeunes qui pourrait les aider à savoir comment faire, mais c’est compliqué, elle ne pense à rien de tout ça lorsque elle s’élance vers les hauteurs. Aussi finit-elle par se tourner vers Souvenir Irréel, à court d’idées.

« Si l’un de vous deux veut tenter, allez-y, et ne vous inquiétez pas s’il y a le moindre souci on sera juste à côté. Souvenir Irréel pourrait peut-être vous donner d’autres conseils ou vous montrer comment il s’y prend, une démonstration vaut toujours mille mots… Il parle de moi, mais il omet de dire qu’on le voit souvent également se promener dans les branches. Je ne sais pas concernant les meilleures grimpeuses, mais lui doit bien être le meilleur grimpeur. »

Fit-elle en souriant. Elle a l’impression d’avoir pris beaucoup de place dans cet entraînement en duo, aussi est-elle soulagée de trouver le moyen de s’effacer et laisser l'occasion à Souvenir Irréel de s’imposer auprès des deux plus jeunes.

Hrp:

Tandis qu'il essaye de se concentrer sur les indications des deux mentors sur sa mauvaise posture, il visualise en même temps ses erreurs et tente de corriger de lui même, la gentillesse et la patiente avec lesquels lui parlent Souvenir Irréel et Vestale Céleste, l'apaise beaucoup, il se sent à sa place parmi ces gens discret et introverti, et se met beaucoup moins la pression lorsqu'il s'agit de commettre une erreur. Alors qu'il tente toujours de simuler la position  à nouveau, Vestale Céleste commence à donner des explications concernant la grimpette et là, le cœur de Périple des Nuages menace de lâcher , je vais devoir monter tout en haut ? Ses yeux s'écarquillent tel deux billes emplies de terreur et il se recroqueville sur le sol, sa fourrure rousse se fondant parfaitement avec le tapis de feuilles mortes, pourra-t-il disparaître ? Lui qui avait dit se détendre quelques minutes plus tôt se sent désormais tremblant de peur tant la perspective de se voir funambules entre les branches ne l'enchante pas le moins du monde. Il déglutit et fixe les branches les hautes.

« J..Je vais devoir vraiment grimper ? »

Il bégaie tant la peur lui tourne l'estomac, son frère semble un peu moins impressionné que lui, et Périple a envie de montrer un peu plus de courage lui aussi, il inspire un bon coup et se redresse maladroitement, ses longues pattes fines menacent de s'écrouler à nouveau, sous son corps crispé. Il plante ses griffes dans le sol pour retrouver son équilibre, et s'approche d'un arbre, il est décidé à montrer que ce n'est pas un froussard. Il détaille un moment le tronc et ses écorces couleur marron crème, et suit du regard le cheminement d'une fourmi. Si une fourmi en est capable, pourquoi pas moi après tout ?

Périple des Nuages plante vaillamment ses griffes dans le tronc après avoir pris sa respiration, lorsqu'il tente de se hisser un peu plus haut, il se rend compte que ses griffes sont tellement plantés profondément dans la chair de l'arbre, qu'il peine à les déloger, après un énième essai, il parvient enfin à se hisser et ne tarde pas à atteindre la première branche sur laquelle il se cramponne comme il peut, il regarde en bas et menace de rejeté tout son déjeuner du matin sur la fourrure blanche immaculée de sa mentor qui l'observe gentiment. Son regard doux et encourageant lui redonne un peu de courage et il se motive à monter un peu plus, et maintenant qu'il a comprit sa première erreur, il plante docilement ses griffes dans l'écorce, et se hisse en utilisant tout ses muscles, sa queue l'aide à garder un certain équilibre à a ne pas flancher dans le vide. Il arrive enfin à la deuxième branche et, comme à la première, il s'y agrippe fermement. Et là, l'horreur, le vide danse sous ses yeux et Périple s'hérisse de tout son long, oh non je vais.. trop tard, il vomit, et emplit de honte il observe son rejet s'écraser lourdement sur le sol, heureusement celui-ci n'est tombé sur personne. Son ventre se noue davantage et il se sent malade, qu'est-ce qui m'arrive, pourquoi j'ai si peur du vide ? Comment s'appelle ce sentiment ? Comment font les oiseaux ? Et les écureuils ?

Périple des Nuages lâche un petit cris à peine audible alors que son estomac menace de lui faire rejeter à nouveau les restes de son déjeuner. Il se force à regarder face à lui, mais la vision des branches et des feuilles partout, lui rappelle à quel point il est haut, et c'est encore pire dans sa tête, alors il observe ses pattes.

« V-Vestale Céleste.. J-j-je suis coincé, j'-j'ai peur de redescendre, au secours ! »

Le petit chaton timide prend le dessus et il ferme les yeux et s'oblige à compte dans sa tête..1..2..3..

Souvenir Irréel

Le compliment de sa camarade fait chauffer les oreilles du Sentinelle qui ne s'y attendait nullement. Gêné et surpris, il fait mine de se lécher le poitrail, ne sachant pas quoi dire. Il est vrai que Souvenir Irréel est un des meilleurs grimpeurs du Clan, à défaut de briller dans d'autres domaines, mais modeste qu'il est, il n'aurait jamais osé se mettre en valeur ainsi, surtout auprès de leurs apprentis. Pas besoin d'avoir des mentors à la grosse tête, après tout. Mais voyant que Périple des Nuages n'a pas l'air très à l'aise -ce qu'il peut aisément comprendre-, le professeur bicolore se penche vers lui pour tenter de le rassurer.

« S-Surtout, va à ton rythme. Nous sommes là au moins problème. »

Il ne veut pas le forcer. Bien sûr, si jamais c'est trop dur pour lui, ils pourront retenter une autre fois. Le guerrier se souvient avant tout que sa mère lui avait appris à grimper aux arbres comme un des premiers exercices car cela lui permettait de fuir aisément un prédateur qu'il ne pourrait pas repousser à l'époque où c'était un novice fraîchement nommé. Aujourd'hui, il a tellement pris l'habitude de fuir les ennuis que monter sur les branches est devenu aussi facile pour lui que respirer, mais il se rappelle très bien de sa peur profonde du vide les premières fois où il a dit s'essayer à l'escalade. Heureusement, Souvenir a un bon équilibre qui lui a sauvé la mise à de nombreuses reprises. Alors, il observe attentivement le jeune chat se mettre à grimper au tronc. Il se place lentement en-dessous des branches pour pouvoir bondir dès qu'il le faut.

« Tu-Tu peux le faire, Périple des Nuages ! »

Il croit en lui. Le novice est le fier petit de son ami Songe Cristallin. Enfin... Pas aussi fier que son frère Nuage de la Mouette qui a vraiment un tempérament plus fort, mais Périple est tout à fait capable d'atteindre au moins la première branche, Souvenir en est assuré. Et il y parvient, en effet. Le novice prend son courage à deux pattes pour atteindre ensuite la seconde, mais s'arrête une fois parvenue à cette dernière.

« C'est très bien, Périple ! Tu peux redesc-... »

S'il voulait féliciter le plus jeune, il est surpris lorsqu'il rend les restes de tout à l'heure. D'un bond, il s'écarte en poussant un hoquet de stupeur. S'il évite de justesse le projectile, la peur commence à se lire dans ses yeux dorés. Le félin roux et blanc en hauteur semble avoir pris terriblement peur. En le voyant implorer de l'aide et trembler depuis son perchoir improvisé, le guerrier ne veut pas attendre davantage et commence à sauter sur l'arbre à son tour. Mais, à sa grande stupeur, Nuage de la Mouette grimpe à une vitesse hallucinante sur le tronc pour rejoindre son frère à son niveau. Les yeux écarquillés, Souvenir Irréel observe son apprenti faire preuve d'une certaine agilité pour ce qui est pourtant l'un de leurs premiers entraînements. La Sentinelle ne descend pourtant pas tout de suite, attendant de voir comment les deux jeunes chats vont se débrouiller. L'oreille tendue, il n'arrive pas à capter toutes les paroles que le mâle noir et blanc chuchote à son frangin mais croit discerner des mots d'encouragement. Attendri et plus calme, Souvenir Irréel regarde les deux apprentis descendre ensuite toutes les deux de l'arbre comme si de rien n'était. L'air tranquille, son élève lui apprend même qu'une proie se trouve non loin d'ici. Curieux, le guerrier se dit qu'il l'a probablement vu depuis la branche où il était. Il se trouve toutefois étonné de la bonne vision que le plus jeune possède. Et comme si ça ne suffisait pas, Nuage de la Mouette enchaîne en prenant la position du chasseur pour attraper ledit rongeur dont il parlait. S'il rate son coup à cause d'un peu de bruit, il se rattrape toutefois bien vite avec un bond et une morsure rapide qui tue le campagnol d'une traite. Bluffé par les prouesses du bicolore, l'adulte crème et blanc remue les moustaches.

« Im-Impressionnant, Mouette. Bravo à tous les deux pour vos prises respectives. »

Même si Périple a eu un moment de vertige peu glorieux pour lui, le pauvre a quand même réussi à attraper lui-même une proie, et c'est sûr que les anciens et les reines apprécieront de s'en délecter quand il les auront rapporté.

« Et... Et pour avoir mis votre courage à rude épreuve p-pour votre première leçon d'escalade. »

Il s'en veut peut-être un peu d'avoir dû leur faire subir ça, mais ça partait d'une bonne attention et il sait qu'ils en auront besoin un jour ou l'autre. Il est normal que certains chats aient le vertige et que même les meilleurs guerriers aient des peurs comme celles-ci. Il espère juste que cela ne découragera pas l'apprenti de recommencer pour s'améliorer pour atteindre un jour le courage de son frère. Ce dernier est d'ailleurs étrangement à l'aise, mais Souvenir ignore s'il s'agit juste de sa témérité naturelle ou s'il est véritablement doué pour ça. En tout cas, malgré sa maladresse -normale pour leur âge et leur manque d'expérience dans le domaine-, il s'en est également bien sorti, à croire que la Sentinelle n'aura peut-être pas tant de choses que ça à lui apprendre.

« D-D'ailleurs, je propose que nous mettions fin à l'entraînement pour aujourd'hui. Je crois que Périple des Nuages a eu assez d'émotions pour aujourd'hui. M-Mais vous avez b-bien travaillé. Je n'oublierai pas de le dire à vos parents en rentrant au camp. »

Calmement, il attend que les novices aient récupéré leurs proies et reste plus près de Périple des Nuages pour voir s'il se sent mieux. Il est prêt à attendre que le rouquin se remette de son vertige. S'il fut de courte durée, le guerrier peut tout à fait comprendre que cela ne soit pas simple de passer au-dessus, surtout pour une première fois. En voyant les deux jeunes félins l'un contre l'autre, il se rappelle avec une soudaine nostalgie de ses premières journées hors du camp, après avoir enfin été baptisé. Ironiquement, au niveau du comportement, il se rapprochait d'ailleurs davantage de l'apprenti de Vestale Céleste plutôt que du sien. Mais ce n'est sans doute pas un hasard, après tout, si lui et sa comparse ont été mis avec les deux frères. Souvenir Irréel prie le Clan des Étoiles pour être quand même être un bon mentor auprès de Nuage de la Mouette ; car ce dernier semble en savoir plus que ce qu'il ne pensait. Pourra-t-il vraiment lui apprendre quelque chose ?..

Redescendue au sol, elle observe Périple des Nuages s’élever lentement sur le tronc du bouleau. Honnêtement, elle doit admettre qu’il n’a pas l’air de se sentir très à l’aise. Il n’avait pas l’air excessivement enthousiaste déjà quelques instants plus tôt lorsqu’elle leur avait donné quelques astuces, mais elle n’avait pas pensé que cela serait à ce point, elle le voit seulement maintenant à la contraction de ses muscles. Inquiète, elle suit chacun de ses mouvements comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort, se rendant vite compte que même dans cette situation, il comprend ses erreurs et agit en conséquence. Elle sourit en le voyant atteindre la deuxième branche, à présent perché à une hauteur un peu plus conséquente, elle doit tendre le cou pour le regarder et le féliciter à son tour comme le fait Souvenir Irréel.

Elle comprend vite cependant que quelque chose ne va pas, au lieu de redescendre le petit apprenti roux reste recroquevillé sur son perchoir. A peine cette idée eut-elle traversée son esprit qu’à la surprise générale Périple des Nuages vomit. Vestale Céleste se sent paniquée alors que son apprenti lance un cri plaintif du haut de l’arbre. C’est de ma faute, il avait peur et je l’ai forcé… Un tournoiement de pensées absurdes la prit le temps d’une seconde et lorsqu’elle voulut s’élancer au secours du plus jeune il était trop tard, Souvenir Irréel avait déjà commencé à gravir le tronc, ainsi que… Nuage de Mouette ? Oui, c’était sans le moindre doute lui, la silhouette noire et blanche qui rejoignit son frère comme si cela lui était aussi naturel que de courir sur le sol de la forêt. La guerrière immaculée l’observa avec de grands yeux étonnés tandis que le plus extraverti des deux semblait reprendre le contrôle de la situation jusqu’à ce qu’ils atterrissent finalement sains et saufs dans les feuilles.

Elle se précipita vers Périple des Nuages, s’assurant qu’il allait bien, et dans sa précipitation sans y penser lui lécha la tête pour remettre en place ses poils ébouriffés comme l’aurait fait une mère inquiète pour son petit. Se rendant compte trop tard de sa gaffe, elle était mentor bon sang, Périple des Nuages allait sûrement se sentir grandement indigné de ce geste, elle n’eut cependant pas le temps de s’expliquer car Nuage de Mouette semblait avoir sentit quelque chose, et en effet elle put à son tour sentir le fumet du campagnol après un peu de concentration, elle était impressionnée que l’apprenti l’ait décelé dans toute cette confusion. Elle reste immobile tandis qu’il s’approche de sa proie, craint un instant qu’elle ne s’enfuit trop vite lorsque le craquement sec d’une brindille retentit, mais le chat était bien plus vif que le rongeur qui termina bien vite sous sa patte. Elle ronronna devant cette nouvelle performance et laissa Souvenir Irréel féliciter son apprenti tandis qu’elle s’approchait de Périple des Nuages, elle n’avait pas eu l’occasion de lui adresser quelques mots depuis son ascension quelque peu mouvementée.

« Tout à l’heure… Tu t’es très bien débrouillé pour une première fois. La prochaine fois que quelque chose te fait peur tu peux nous le dire d’accord ? Nous sommes là pour t’accompagner Périple des Nuages, mais c’est de ton entraînement dont il s’agit, tu peux nous faire part à tous moments de tes problèmes ou de tes craintes. Rien que tu ne pourras surmonter, j’en suis certaine. »

Elle rejoint vite le groupe au complet après ces quelques mots, son but n’était pas d’infantiliser Périple des Nuages, par le clan des Étoiles, j’espère qu’il ne le prendra pas ainsi, elle aimerait juste lui dire qu’il n’y a rien d’honteux à avoir peur parfois, et qu’en parler peut actuellement aider à dépasser plus vite ce lien qui peut parfois nous maintenir cloué au sol plus sûrement que des chaînes. Ce n’était pas le discours que lui tenait sa mère. Mais en ce moment, Vestale Céleste se dit qu’elle et Perle de Brume ne sont décidemment pas sur la même longueur d’onde sur certains sujets. Et après tout, peut-être que ce n’est pas si grave. Peut-être que sa voie déviera quelque peu de celle qui sa mère avait tenu à lui tracer. Qui sait vers où ou vers qui la vie la mènera ? Sortant de ses pensées, la guerrière acquiesce aux paroles de son partenaire crème.

« C’était une journée bien assez riche pour un premier entraînement je crois, allons goûter à un repos bien mérité ! »

Elle ne ment pas, elle aussi se sent éreintée et réprime avec peine plusieurs bâillements de suite. Elle observe les apprentis récupérer leur proie respective, se souvient de sa première proie à elle, la fierté de savoir qu’elle nourrira un membre de son clan ce soir… Elle a l’impression en devenant mentor que c’est en quelque sorte un nouvel apprentissage qui commence pour elle également.