La sentinelle en action [Pv Lune Ancestrale]

Je m'étais réveillée assez tôt, avant le soleil, n'étant toujours pas régler sur les horaires claniques.. Je déambulais dans le camp avant de m'installer dans un coin, adossé contre la roche. Mon frère Shawn dormait toujours et semblait beaucoup mieux s'adapter à la situation que moi. Soupirant longuement, j'attendais avec impatience le lever du soleil.

C'est qu'après une longue et pénible attente que mon vœu se réalisait. L'astre du jour se trouvait à présent au dessus de ma tête, laissant de belles couleurs chaudes illuminaient le camp. Pendant que je regardais le spectacle, la chef était sortit de son antre et trônait sur le promontoire. Elle m'interpellait par la suite. Je me retournais vers ma nouvelle leader, attendant de savoir ce qu'elle attendait de moi. Elle m'informait que j'étais désigné pour cette première patrouille et que je devais prendre Lune Ancestrale avec moi. Je me redressais, lui faisant un signe poli de la tête avant de m’exécuter. Allant dans un premier temps chercher Lune Ancestrale. Je l'appelais depuis l'extérieur de l'antre des guerriers.

Les premiers rayons du soleil percent à travers l’antre des guerriers et j’enfoui rapidement mon museau sous la mousse pour faire disparaître la lumière qui menace de me réveiller. Je ne suis pas du matin, absolument pas du matin. J’aime profiter d’une bonne partie de la nuit, assurer les patrouilles nocturnes et profiter du silence et de la solitude du camp.  Je me sens beaucoup plus à l’aise enveloppée de mon manteau d’obscurité que vulnérable dans la lumière. C’est pourquoi je ne suis vraiment pas du matin néanmoins, je ne refuse jamais une mission, peu importe l’heure. Alors, quand j’ai entendu mon nom à l’entrée de la tanière, je me suis réveillée en sursaut et je suis sortie en précipitation pour tomber nez à nez avec Faucon des Prairies. Encore un peu ensommeillée, le pelage emmêlé et la voix pâteuse, je m’ébroue pour tenter de chasser les dernières bribes du sommeil et paraître un peu plus fraîche.

«  Bonjour Faucon, tu as besoin de moi ? »

Je m’écarte un peu de lui et adopte une attitude respectueuse, le grand matou est bien plus âgé que moi d’une part et c’est une sentinelle aguerrie, qu’il ait été un solitaire ou pas n’y change rien, au contraire, la vie de solitaire ne doit pas être facile. Que serais-je sans mon clan ? Sans ma famille ? Je m’imagine un instant devoir me débrouiller seule et je frissonne, perdue dans mes pensées. A l’instant où j’imagine mon chemin croiser celle de ses grandes bêtes grises dont parle les anciens, les blaireaux, celles qui ont des crocs plus grands que mes pattes et des griffes de la taille de mon corps, je sors brusquement de ma rêverie pour revenir à l’instant présent. Je baisse aussitôt le regard pour le fixer sur mes pattes, retenant des excuses pour mon inattention.

«  Alors, c’est pour la patrouille matinale ? Si oui je suis prête, on peut partir tout de suite. »

En réalité j’avalerai bien un petit morceau pour prendre des forces mais le boulot d’abord et le réconfort plus tard. Et puis une belle journée s'annonce, si l'occasion se présente j'attraperai une ou deux proies.

Je n'avais pas vraiment fait attention aux autres guerriers de la tanière et certains se tournaient vers moi à moitié endormi, d'autres me lançaient un regard dur de reproche. Je laissais mes oreilles se coller sur mon crâne, honteux, cherchant toujours du regard la guerrière. Heureusement que la guerrière ne m'était pas longtemps à me rejoindre, ce qui me permettait de m'éloigner de cette tension. Elle me demandait si j'avais besoin d'elle. Je l'informais donc, lui disant qu'on partait ensemble patrouiller, en duo. Restant figée, elle ne semblait pas vraiment m'écouter. Je m'arrêtais donc de parler. La guerrière, pataude, baissée le regard vers le sol avant de parler :

"-Alors, c’est pour la patrouille matinale ? Si oui je suis prête, on peut partir tout de suite."

J'hochais la tête, l'entraînant vers la sortie du camp. Je passais devant le garde en faisant un signe poli, me disant qu'il y avait de grandes chances pour qu'il me le renvoie.. Il n'y avait pas tant de dissident anti-solitaire dans ce clan après tout.. Le garde me rendait mon signe de politesse avec une certaine réserve. Je passais la barrière d'ajoncs suivit par ma partenaire. Une fois de l'autre côté, je lui annonçais :

"-J'ai un petit creux, pas toi ? On pourra chasser sur le chemin si ça te dit."

Je lui lançais un clin d'oeil avant de me lancer sur le chemin de patrouille classique.

Si rougis de honte lorsqu’il remarque que j’ai perdu le fil de la conversation et s’arrête de parler, me coupant dans mes pensées. Heureusement que mon épaisse fourrure empêche le guerrier de voir ma gêne. Il ne fait pourtant aucun commentaire et se contente d’acquiescer avant de prendre la direction de la sortie du camp. Je profite qu’il se retourne pour rabattre quelques épis de poils qui se rebiffent sur mon dos puis je le rattrape en trottinant. Je salue moi aussi le gardien du camp d’un signe de tête respectueux puis je m’élance à la suite du guerrier, me questionnant sur les relations d’un ancien solitaire avec les autres membres du clan. La Lune est assez conservatrice si bien que je ne suis pas sûre qu’il soit bien accepté et bien intégré mais je suis bien trop polie pour oser lui poser la question. Et puis, je ne comprends pas cette aversion pour l’étranger, pour ce qui est différent. Les clans ont prouvé qu’ils pouvaient se côtoyer et s’entraider et pourtant, ils persistent à vivre séparément et à délimiter des frontières, se disputant pour du gibier et quelques portions de terres. Pas que je m’imagine vivre différemment mais parfois, mes amitiés du voyage me manquent.

« Si, je meurs de faim. »

Sa proposition chasse aussitôt la nostalgie de mes souvenirs. En voilà une excellente idée : chasser ! Je meurs de faim et c’est une discipline dans laquelle j’excelle. Je ne risque normalement pas de faire de bourdes, enfin, ne jamais dire jamais. Je me sais capable de tout. Trottinant jusqu’à la hauteur du guerrier pour regagner mon retard, je le dévisage un instant, cherchant quelques différences qu’il pourrait exister avec les chats nés dans les clans. Je n’en vois aucun, quelles raisons donc de le mettre à l’écart ? Je ne comprends.

« C’est difficile de vivre seul ? D’être un solitaire ? Tu n’as pas l’air très bien intégré alors… »

Celle-là, elle est sortie toute seule, je l’ai pensée trop fort. Je grimace en ralentissant le pas pour repasser derrière lui. Encore cette fichue spontanéité. Combien de fois est-ce que je me suis répétée de tourner ma langue 7 fois dans ma bouche avant de parler ? Des centaines et des centaines de fois. Et à chaque fois c’est pareil, pas le temps d’y penser que je regrette déjà.

« Je ne voulais pas dire ça, désolé. Tu es… Enfin pour moi tu es un guerrier du clan à part entière mais certains chats… Enfin… »

C’est ça, continue de t’enfoncer.

« Je ferai mieux de me taire. »

Comme une bonne sentinelle que j'étais, j'observais avec une grande attention les environs. C'était devenu presque inné chez moi.. Je faisais déjà cela en temps que solitaire bien qu'à présent cela soit plus pousser que jamais. Je ne protégeais plus ma petite personne et parfois les membres de ma famille mais plutôt tout un clan avec des chatons en bas âge.

Toujours focalisé sur mon observation, Lune Ancestrale n'avait pas grand mal à me rattraper en quelques foulées, je lui offrais un petit sourire sans quitter ma position. La guerrière me demandait ensuite, curieuse :

"-C’est difficile de vivre seul ? D’être un solitaire ? Tu n’as pas l’air très bien intégré alors…"

Gênée par sa propre réplique, la guerrière ralentissait le pas repassant derrière moi. Nullement contrarié, j'haussais les épaules, simplement surpris par la soudaine question de la féline. Voulant corriger le tir, Lune Ancestrale reprenait la parole en bredouillant :

"-Je ne voulais pas dire ça, désolé. Tu es… Enfin pour moi tu es un guerrier du clan à part entière mais certains chats… Enfin… Je ferai mieux de me taire."

Je ralentissais à mon tour, la laissant ainsi me rattraper sans qu'elle accélère le pas. Je lui faisais un grand sourire, lui tapant dans le dos avant de prendre la parole à mon tour :

"-Soit pas si gênée ma grande ! C'est une question légitime.. Après tout nos mondes sont différents non ?"

Je reprenais ma marche, prenant deux ou trois foulées d'avance avant de reprendre, tournant légèrement la tête vers la guerrière en retrait :

"-Pour répondre à ta question.. Et bien, on peut dire que la vie de solitaire et différente mais est ressemblante aussi. Je ne vivais pas seul. Tornade de Blizzard, mon frère et mes sœurs.. Nous vivions ensemble. Mes sœurs ont décidés de rester solitaire pendant que Tornade de Blizzard et moi rejoignons le clan de la Lune."