Sujet: nightfall •• pluie d'étoiles Ven 17 Mai 2024 - 15:30
nightfall
FT. pluie d'étoiles
Le soleil commençait à disparaître derrière les cimes solitaires, et Patte Nocturne regardait le ciel se voiler de la couleur qui constituait principalement son pelage. La brise était douce, elle permettait de ne pas souffrir de la chaleur estivale et de passer de bonnes nuits de sommeil. Couchée, les patounes à moitié sorties de la pouponnière — elle n'irait pas bien plus loin avec la nuit qui approchait à grands pas — la chatonne se trouvait bien embêtée. Son regard inquiet trahissait le mouron qu'elle se faisait pour Petit Astre, qui n'était toujours pas rentrée d'une de ses escapades. Bien sûr, elle n'allait jamais bien loin du haut de ses cinq petites lunes, mais Patte Nocturne la préférait lovée à ses côtés quand le ciel s'assombrissait. Les sourcils froncés d'une manière dont les enfants ne devraient même pas le faire à un si jeune âge, la noiraude fixait les alentours, espérant chaque seconde voir le petit corps gris de sa sœur se dandiner dans sa direction avec un air satisfait.
Ce fut plutôt la carrure puissante de son père qu'elle vit au loin, comme plongée dans les ténèbres à cause du contre jour. Ce n'était pas Petit Astre, mais c'était ce qui se rapprochait le plus du réconfort qu'elle pourrait trouver ; Pluie d'Étoiles la rassurerait sûrement, lui affirmant avoir vu sa jumelle non loin du tas de proies ou en visite à Tortue des Nuages dans la tanière des apprentis.
« Papa ! » lança-t-elle, maîtrisant étrangement l'art de crier en chuchotant. Patte Nocturne détestait attirer l'attention.
Quand elle vit son père se rapprocher d'elle, elle repris, l'air inquiet : « Papa, Petit Astre n'est pas avec moi. Et si elle s'était faite croquer par un gros monstre ? » La noiraude frissonna à l'idée. Comment évolurait-elle dans un monde sans sa sœur chérie ?
Pluie d’Étoiles avait passé toute la journée hors du camp. Dès l’aube, il avait pris la tête de la patrouille qui se rendait aux Faux, accompagné de Salamandre des Grottes, Tâches de Faon et Tonnerre du Lion. Il s’était dit que cela pouvait être amusant pour les trois jeunes guerriers de pouvoir effectuer une patrouille de fratrie ; d’ailleurs, le meneur avait à l’origine souhaité les envoyer seulement tous les trois mais il aurait alors fallu en désigner un comme chef de l’expédition. Pensant qu’il était plus sympathique pour eux d’être sur une patte d’égalité, Pluie avait décidé de prendre lui-même la tête de leur petite compagnie.
Lorsque le soleil eût atteint son zénith, il avait rejoint Buse des Nuages près de l’Arbre Fendu pour un entraînement au corps-à-corps. Le fils de l’ancienne meneuse se révélait excellent à la chasse, mais il avait encore besoin de faire des progrès en combat. Pluie était loin d’être le meilleur combattant du clan, bien qu’il ait suffisamment de connaissances en la matière pour offrir une formation correcte au jeune mâle. Pendant leurs efforts, il prit note mentalement d’organiser bientôt un entraînement de groupe pour diversifier les compétences des novices. La session ayant duré plus longtemps que prévu, mais le chef n’étant pas si fatigué, il s’était autorisé une petite séance de chasse en solitaire avant de finalement rentrer au camp dans la soirée.
Le voilà donc qui rentrait, deux souris entre les crocs. Il déposa l’une des proies sur le tas de gibier et s’installa devant sa tanière pour en déguster une autre. C’était un avantage non négligeable de l’été ; le clan mangeait à sa faim. Jetant des regards satisfaits autour de lui, profitant du calme ambiant, le matou remarqua les deux petites pattes noires qui dépassaient du seuil de la pouponnière. Le tigré enterra les restes de son repas, et se dirigea vers sa fille, un sourire attendri sur le visage.
Lorsqu’elle le vit arriver, Patte Nocturne s’exclama à voix basse. Papa. Décidément, ce mot était indéniablement puissant. Lui qui pensait s’y habituer un jour, il était pourtant secoué par le même frisson de bonheur à chaque fois que ses filles l’appelaient de la sorte.
« Papa, Petit Astre n'est pas avec moi. Et si elle s'était faite croquer par un gros monstre ? »
Pluie d’Étoiles se força à ne pas rire devant l’imagination du chaton. Après tout, pour elle, il s’agissait de quelque chose de très sérieux, d’une peur réelle et tangible. Il ne voulait certainement pas lui faire croire qu’il était ridicule d’être effrayé, surtout lorsque l’on craignait pour le bien-être de ceux que l’on aime. Il s’assit près d’elle et lui passa un petit coup de langue entre les oreilles.
« Ne t’en fais pas ma chérie, ta sœur ne doit pas être bien loin. Et tu sais, même si elle s’était faite croquer par un gros monstre, j’irai la récupérer dans son ventre ! Je ne laisserai rien vous ar- »
Sa phrase mourut dans sa gorge. Ses yeux se perdirent dans le vide. Comment osait-il ? Comment pouvait-il se tenir là, face à la prunelle de ses yeux, fier de sa blague stupide et lui dire qu’il ne laisserait jamais rien arriver à elle et sa sœur ? Il leur était arrivé quelque chose. Il avait failli à sa tâche une fois, comment pouvait-il promettre que cela n’arriverait plus ? Quelle garantie avait-il à offrir ? Quelle bonne raison Patte Nocturne avait-elle de le croire ?
Son attention se reporta sur elle. Elle était si adorable, toute noire parsemée de blanc, la bouille innocente. Elle le fixait de l’or de ses yeux. Il ne pouvait pas revenir en arrière. Il ne niera jamais ce qui était arrivé. Il s’en voudra toute sa vie. Mais pour l’heure, il devait vivre dans le présent, se faire une figure forte et rassurante.
« Je ne laisserai plus jamais rien vous arriver. Est-ce que tu veux qu’on aille chercher Petit Astre tous les deux ? »
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Je remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont participé à cette signature pour leur temps et leur talent,
Sujet: Re: nightfall •• pluie d'étoiles Jeu 23 Mai 2024 - 11:38
nightfall
FT. pluie d'étoiles
Patte Nocturne buvait les paroles de son papa. Ses grands yeux de chaton, presque disproportionnés en comparaison avec son si petit corps, avalaient chaque trait du visage du chef de l'Ombre avec l'avidité que seul un amour inconditionnel pouvait justifier. Ses mots se voulaient rassurants, jusqu'à ce qu'il se stoppe net en plein milieu d'une phrase. La chatonne passa évidemment à côté de la subtilité cachée derrière un arrêt si brutal, et son esprit fut plus facilement dirigé vers une entité sombre et inconnue qui aurait interrompu son père dans son apparition sinistre. Patte Nocturne se retourna brièvement pour regarder derrière elle où les yeux de son père s'étaient perdus brièvement et eut un hoquet d'effroi ; elle ne pouvait pas voir ce que papa voyait !
« Quoi, papa ? QUOI ? QUOI ??? Tu as vu un fantôme, c'est ça ? Ou un gros oiseau méchant ? JE NE VOIS RIEEEEEN ! » paniqua-t-elle en s'empressant de se réfugier à reculons dans les pattes puissantes et protectrices de son père, la tête maintenant enfouie dans la fourrure de son poitrail.
À ce si jeune âge, la noiraude croyait encore que si elle fermait les yeux, les atrocités du monde disparaissaient derrière la barrière de ses paupières. Comme lorsque l'on jouait à cache-cache et que l'on se cachait simplement en couvrant ses yeux et en se faisant tout petit. Son esprit a quelque peu effacé les grandes lignes du traumatisme qu'avait été son kidnapping, mais elle pensait se rappeler de nombreuses fois où elle s'était simplement recroquevillée sur elle-même, fermant les yeux pour être à nouveau en sécurité dans son petit monde à elle. Encore aujourd'hui, elle pensait que cette technique imparable l'avait sauvée. Ça, et la bataille infernale qui s'était déroulée à quelques queues de renard de la pouponnière improvisée, évidemment.
Quand Pluie d'Étoiles reprit la parole, Patte Nocturne osa un petit œil courageux — c'était là que son courage à elle commençait, en ouvrant un œil sur le monde froid et dangereux — sur les alentours avant de lever la tête vers son père. Quand il lui proposa d'aller chercher Petit Astre à ses côtés, la noiraude eut un moment d'hésitation ; le monde extérieur la terrifiait de par tous ses dangers et ses incertitudes, mais la menace semblait se dissiper à l'instant où le puissant chef était à ses côtés. Comme si elle était prête à conquérir toutes ses peurs. Ce semblant de courage se volatilisait bien sûr instantanément quand elle retrouvait sa solitude certes appréciée, mais peut-être peu bénéfique à sa prise d'initiatives.
« Oui, s'il te plaît... commença-t-elle d'une petite voix. On aurait pu se demander si la force du cri quelques secondes plus tôt lui avait réellement appartenue, maintenant qu'elle était redevenue toute frêle. Mais si tu dois aller la chercher dans le ventre du monstre, je devrai me retourner ! »
Je fais déjà assez de cauchemars comme ça surprit-elle à dire la petite voix consciente dans sa tête. D'où venait-elle ?