Les bonnes choses arrivent à ceux qui savent attendre [Nuage d'Orage]

Le soleil était encore haut dans le ciel, lorsque la petite patrouille de chasse commença à s'aventurer dans la pinède. Malgré les drames récents, tout était calme, paisible. Et ce silence ambiant aurait presque pu devenir inquiétant, mais l'ancien guérisseur savait que chaque feuille, chaque buisson ne pouvait cacher un solitaire hostile. Il était inutile de se faire des poils blancs avec de telles idées. Bien que, il se demandait chaque jour si leurs chatons dérobés allaient bien. Si jeunes, et si loin de leurs mères... une telle chose ne devrait pas exister. Chaque jour, il adressait une prière silencieuse au Clan des Étoiles pour que la situation s'améliore. En attendant, il ne fallait pas oublier le reste du clan, et c'est bien pour ça que les quelques ombreux guettaient attentivement la moindre proie à cet instant précis. À défaut d'être bon au combat, le matou tigré se débrouillait pour la chasse, ce qui faisait désormais partie de ses activités favorites. Au fil des minutes, il remarqua que les autres guerriers s'étaient éloignés, certainement pour suivre des pistes. Il ne restait plus que lui et le jeune Nuage d'Orage. Un novice très prometteur, à l'esprit très vif aussi. Le Clan dans l'Ombre s'en sortirait très bien, avec une telle relève assurée. Le jeune matou était aussi son neveu... Du moins, Esprit n'était pas certain de mériter le titre d'oncle, vu son absence depuis le début. Qui sait, peut-être qu'il pourrait se rattraper un jour ? Seulement, étant le dernier guerrier à ses côtés, Esprit des Marais savait qu'il s'en trouvait en quelques sortes responsable. Cette idée ne le réjouissait pas en général, mais il savait que l'apprenti n'était pas du genre à faire des vagues.

Venant aux côtés du plus jeune, il murmura gentiment. « On dirait que les autres sont plus chanceux que nous, aujourd'hui... » Chance ou pas, le tigré n'avait ni vu ni flairé la moindre proie. La saison des feuilles nouvelles venait d'arriver, mais... cela pouvait rester frustrant. Lui le vivait bien, ayant accumulé pas mal de patience au fil du temps, mais il se demandait comment Nuage d'Orage vivait les choses. « Nous devrions essayer un peu plus loin. » poursuivit-il aussi bas tout en recommençant à avancer. Peut-être que leurs camarades avaient attrapé quelque chose un peu plus loin. Dans tous les cas il ne servait à rien de tergiverser dans cette direction. « Quel serait le meilleur endroit, selon toi ? » le questionna t-il alors. Le matou avait sa petite idée, mais ce serait l'occasion pour Nuage d'Orage de s'expérimenter un peu aussi. Qui sait, il penserait peut-être à une zone qui sauverait cette partie de chasse infructueuse ! C'était ce que l'ombreux espérait, autant pour la pile de gibier, que pour l'égo du petit matou. On a jamais trop confiance en soi, à cet âge là !

Les bonnes choses arrivent à ceux qui savent attendre

ft Esprit des Marais

La truffe au vent, Nuage d’Orage humait les alentours, concentré sur sa recherche de proie. Une légère brise caressait agréablement son épaisse fourrure blanche et charriait jusqu’à ses narines les odeurs des bois. Feuilles mortes en décomposition, terre humide, humus frais. Mais aucune trace d’une proie potentielle. L’apprenti baissa la tête et fit la moue. La mauvaise saison s’était terminée depuis peu et le gibier commençait peu à peu à pointer le bout de son museau en dehors de sa tanière mais les proies restaient encore timides. Si le clan ne mourrait pas de faim, le tas de leur tribu de chasse peinait toutefois à se remplir. Et chaque membre avait besoin de se nourrir convenablement au vu de la tâche qui les attendait: retrouver les chatons et faire payer à leur ravisseur de s’en être pris au futur guerrier du clan.
Il en était là de ses réflexions lorsqu’une voix vint murmurer près de lui:

- On dirait que les autres sont plus chanceux que nous, aujourd'hui...

Nuage d’Orage cilla, lança un coup d’œil au félin qui venait de s’adresser à lui - son oncle, Esprit des Marais - puis tourna la tête à droite et à gauche, à la recherche de leurs compagnons de patrouille. Il vit ces derniers s’éloigner dans un bruit, visiblement concentrer sur leur tâche.

- Nous devrions essayer un peu plus loin, poursuivit l’aîné en prenant la tête de leur duo. Quel serait le meilleur endroit, selon toi ?

Le novice lui emboîta le pas et réfléchit à la question. Le Ruisseau Rocheux était une bonne source d’eau fraîche mais les proies y étaient assez rares. Les marécages étaient peuplés de grenouilles et autre amphibien, ce qui en faisait un endroit de choix pour la chasse. Hélas, un membre de leur patrouille s’était déjà éclipsé dans cette direction.
Le jeune chat eut soudain une illumination:

- On pourrait aller du côté du Champ de Fougères? Les proies pullulent de ce côté de nos terres généralement?

Il tourna un regard interrogateur vers son parent puis indiqua la direction du bout de sa queue et commença à les guider vers l’endroit qu’il avait choisi. Non pas qu’il doutait de la capacité d’Esprit des Marais à se repérer dans la pinède, mais il savait que la disposition des apprentis à prendre des décisions pour un groupe et à mener une patrouille faisait partie des compétences attendus pour tout novice.
Alors qu’ils cheminaient ensemble, le jeune félin jeta un coup d’œil sur son voisin. Bien qu’étant de sa famille, il n’avait que peu fréquenté son oncle jusqu’ici. Esprit des Marais n’avait pratiquement pas visité la pouponnière du temps où Innocence des Limbes y vivait avec sa portée et, depuis le début de son apprentissage, Nuage d’Orage n’avait jamais eu l’occasion de se retrouver avec un membre de sa famille.

- C’est la première fois que l’on se retrouve en patrouille ensemble, lança-t-il innocemment. J’espère que je te ferais une bonne impression!

Il lui adressa un grand sourire. Certes, il aurait peut-être dû montrer un peu plus de respect à un de ses ainés mais le matou était un parent, il pouvait se permettre d’être plus familier avec lui, non?

L'apprenti prit quelques instants pour réfléchir à la question posée, tandis que le guerrier avançait plus doucement dans l'attente de sa réponse. Finalement, il ne lui fallut pas bien longtemps pour désigner le Champ de Fougères. Il était vrai qu'à cette époque, il s'agissait d'une zone intéressante pour la chasse. Qui plus est, aucun de leurs camarades n'était déjà parti dans cette direction. Cela démontrait que Nuage d'Orage était un bon observateur. Une belle qualité, pas forcément présente chez tous les apprentis, qui fonçaient parfois tête baissée. Alors que le novice désignait du bout de la queue la direction choisie, Esprit hocha doucement la tête. « C'est une bonne idée, allons-y, histoire de ne pas rentrer bredouilles. » Ce qui serait plutôt gênant, en sachant à quel point le clan avait besoin de toutes les forces possibles en ce moment. S'il fallait faire un peu plus de route que prévu pour ramener au moins quelques proies, ce ne serait pas cher payé. Les deux ombreux se mirent donc en route vers la zone concernée, les yeux et oreilles tout de même alertes si jamais la moindre proie se présentait en chemin.

Bien que naturellement sociable, le matou tigré ne sut quoi dire pour briser le silence qui régnait alors. Il était un peu gêné, car s'il avait toujours été proche de sa famille par le passé, il avait en quelques sortes laissé de côté Truffe de Charbon et ses petits. Tout ça, car il était trop obnubilé par ses propres problèmes. D'un côté, il se disait que c'était préférable, car il n'avait pas grand chose à leur apporter. Mais de l'autre, ça ne pouvait pas lui paraitre normal. La famille, ça compte. Ce sont même les sentiments familiaux, qui ont bouleversé sa vie, comme quoi ! Il fut donc soulagé d'entendre son neveu prendre la parole le premier. Celui-ci souriait, il semblait sincèrement heureux d'être ici avec lui. Esprit s'était attendu au contraire. En général, on ne rencontre pas les membres de sa famille aussi aléatoirement au cours d'une patrouille. Il n'aurait pas été surprenant que Nuage d'Orage ne veuille pas avoir grand chose à faire avec lui. Surprit, il ne sut d'abord comment répondre. « Je... euh... je suis heureux  d'enfin passer un peu de temps avec toi. » C'était plutôt maladroit. Devrait-il s'excusait ? Il y pensait, mais craignait que cela ne jette un froid entre eux. À la place, il esquissa un léger sourire. « C'est déjà le cas. Tu sais, ton mentor n'a que du bien à dire à ton sujet. » Mirage des Océans pouvait être un peu sévère, mais Esprit disait surtout cela car il avait gardé un oeil éloigné sur son neveu. Il ne préférait pas en parler, toutefois, et joua donc la carte des discussions entre guerriers au sujet des apprentis !

Quant à la manière peu conventionnelle dont l'apprenti s'était exprimé, le guerrier ne la releva même pas. Il était lui-même à peine un demi guerrier, et ne recherchait pas un respect particulier auprès de ses camarades les plus jeunes. Pour continuer sur leur lancée, il poursuivit. « C'est pour ça que j'me suis dit que si tu choisissais notre destination, on serait sûrs de capturer quelque chose ! Et toi, Nuage d'Orage, tu n'es pas trop impatient de devenir guerrier ? » C'est un sentiment qui semble naturel pour tous les membres des clans. Les chatons veulent devenir apprentis, et les apprentis rêvent du jour où ils seraient nommés guerrier. Est-ce que l'apprenti au pelage immaculé était aussi patient qu'il en avait l'air ?

Les bonnes choses arrivent à ceux qui savent attendre

ft Esprit des Marais

Esprit des Marais sembla d’abord dérouté par sa remarque.

- Je... euh... je suis heureux  d'enfin passer un peu de temps avec toi, bafouilla-t-il, cherchant visiblement ses mots.

Nuage d’Orage s’amusa de la maladresse de son oncle. C’était la première fois qu’il patrouillait en compagnie en un guerrier peu assuré. D’habitude, c’était lui qui balbutiait face à ses aînés. De plus, le léger malaise du matou tigré lui rappelait son frère Chaos des Nuages, lui même parfois malhabile avec son corps et ses paroles. Le jeune chat avait souvent pensé que ce trait de caractère venait de leur mère, dont la naïveté et les enfantillages tendaient à la rendre maladroite. Peut-être que son adelphe tenait plus du côté de leur père finalement?
Esprit des Marais reprit, visiblement plus sûr de lui:

- C'est déjà le cas. Tu sais, ton mentor n'a que du bien à dire à ton sujet.

Nuage d’Orage ronronna d’amusement. Il doutait sincèrement que Mirage des Océans ne fasse que chanter ses louanges, grognonne qu’elle était. Mais peut-être trouvait-elle effectivement du bon en lui? Il ne pensait pas être un mauvais élève. Il était seulement très bavard et parfois un peu trop spontané au goût de son mentor.
Son oncle poursuivit:

- C'est pour ça que j'me suis dit que si tu choisissais notre destination, on serait sûrs de capturer quelque chose ! ( Le novice releva fièrement la tête, touché par le compliment.) Et toi, Nuage d'Orage, tu n'es pas trop impatient de devenir guerrier ?

A ces mots, l’intéressé sautilla sur place.

- Évidemment que si! s’exclama-t-il avec entrain. Devenir guerrier est mon rêve depuis que je suis une boule de poils. J’ai hâte de pouvoir servir le clan comme il se doit. (Il marqua une pause et se calma, reprenant une allure plus raisonnable.) Pour l’instant, j’ai encore tellement à apprendre, je ne peux pas être aussi utile que je le devrais. Mais je vais apprendre vite et je deviendrai bientôt suffisamment qualifié pour subvenir aux besoins du clan!

Il offrit un grand sourire éclatant à son aîné. Il se rappela soudain que son oncle n’avait pas toujours été un guerrier. Il ne savait que très peu sur la réorientation d’Esprit des Marais, seulement qu’il était auparavant guérisseur avant de décider de rejoindre son frère dans la tanière des chasseurs.
Curieux, Nuage d’Orage pencha légèrement la tête et demanda:

- Est-ce que c’est aussi pour ça que tu as demandé à devenir guerrier? Pour chasser et défendre? Enfin, soigner c’est très bien aussi hein, c’est tout autant de se rendre utile! Heureusement qu’Epine est là, une fois Nuage d’Ange s’était mise à tousser quand elle était encore chaton et maman avait peur que ça ne s’aggrave. Épine l’a rassurée et a soigné la toux d’Ange. Juste… je ne me verrais pas attendre dans la tanière du guérisseur toute la journée qu’un patient arrive, je préfère courir sur nos terres.

Réalisant à quel point sa question était intrusive, le jeune chat maudit intérieurement sa curiosité maladive.

- Désolé, s’excusa-t-il avec un sourire penaud. Je suis parfois trop curieux et je parle sans réfléchir, Mirage des Océans me le reproche souvent. Ne réponds pas à ma question si elle est trop personnelle.

Après tout, ils ne se connaissaient que très peu. Même si Esprit des Marais était de sa famille, rien ne l’obligeait à s’ouvrir à son neveu concernant son passé et sa vision du clan.
Afin de changer de sujet, l’apprenti pointa sa droite du bout de sa queue:

- On arrive au Champ de Fougères, c’est par là-bas!

Puisqu'ils passaient du temps ensemble pour la première fois, Esprit avait bien envie que son neveu passe un bon moment. Que cette partie de chasse infructueuse leur apporte au moins d'autres choses positives. Il ne savait pas trop comment les choses se passeraient ensuite. Pour sûr, il ne pouvait pas revenir dans la vie de ses proches en un claquement de doigts, mais il espérait qu'un jour la situation serait meilleure pour eux tous. Peut-être devrait-il aller s'excuser auprès de Truffe de Charbon, pour commencer. L'ancien guérisseur mit cette idée de côté, souhaitant se focaliser sur l'instant présent. Son compliment sembla plaire au novice, et celui-ci sautilla sur place, faisant sourire son ainé. Sa réponse n'avait rien d'étonnante, mais il était agréable de voir un jeune matou si impatient d'évoluer. Au final, il semblait plutôt mature, pour réaliser qu'il devait encore évoluer pour atteindre le niveau supérieur. Et penser aux besoins du clan avant les siens était très honorable. Le guerrier était fier d'avoir un neveu aussi bien dans ses pattes, et en connaissant son mentor ainsi que ses parents aussi bien, il trouvait que Nuage d'Orage était plutôt bien tombé. « Tu es déjà très utile, mais tu verras, on ne cesse jamais d'apprendre tout au long de notre vie. » Bien sûr il y avait les choses élémentaires comme celles qui concernaient la chasse, les patrouilles ou même le Code du Guerrier. Puis il y en avait d'autres, que seule l'expérience, ou bien encore les échanges avec autrui pouvaient inculquer. Mais en tant qu'apprenti, Nuage d'Orage remplissait déjà sa part du travail. Il n'était peut-être pas aussi autonome qu'un guerrier, mais les proies qu'il rapportait chaque jour étaient importantes pour le clan.

La question du novice au sujet de sa réorientation le prit un peu de court. En général, c'était un petit peu tabou au sein du Clan de l'Ombre, et Esprit des Marais devait avouer qu'il était le premier à ne pas trop aimer en parler. Mais de toute évidence la question de son neveu était innocente. Il ne connaissait pas la vérité et était curieux d'en savoir plus. Toutefois, Nuage d'Orage réalisa de lui-même que la question était peut-être intrusive, et s'excusa. Il n'y avait pas de mal dans sa question en vérité. Du moins, Esprit n'en voyait pas même si tout cela ne le mettait pas à l'aise. Ils partageaient le même sang, et d'une certaine façon le matou blanc méritait de connaitre la vérité. Le tigré lui adressa un sourire rassurant, mais n'eut le temps de répondre, puisqu'ils arrivaient effectivement déjà au Champ de Fougères. « Bon, tâchons de trouver quelque chose à rapporter au camp... » lâcha t-il en humant déjà les alentours à la recherche d'une odeur particulière. Il essayait de se concentrer, mais le sujet abordé puis clôturé par le novice lui restait à l'esprit. S'il ne disait rien, peut-être que Nuage d'Orage aurait toujours l'impression d'avoir été intrusif, et ce n'était pas ce qu'il souhaitait. « Tu sais, je pense que tu mérites de savoir la vérité. » reprit-il donc avec une voix plus basse, pour ne pas risquer d'effrayer les proies aux alentours. « Je n'ai jamais voulu devenir guerrier, même s'il s'agit d'un titre respectable. C'est juste que dans certaines situations, un guérisseur ne peut pas conserver son rôle. Je ne pense plus le mériter en tout cas. » Sa tristesse était difficile à voiler, mais il ne voulait pas la transmettre à son neveu, qui lui avait une belle carrière devant ses quatre pattes ! « Mais c'est vrai qu'il est aussi amusant de parcourir notre territoire et de le défendre ! » Peut-être qu'aux côtés de sa famille, le matou tigré pourrait y trouver goût ? De toute manière, c'est sa volonté de rester utile qui le poussait à se lever chaque matin pour contribuer. Les oreilles dressées, il s'immobilisa en croyant repérer un ronger dans les fougères. Enfin, ce n'était pas trop tôt...

Les bonnes choses arrivent à ceux qui savent attendre

ft Esprit des Marais

Lorsque son ainé huma les alentours en revenant à leur préoccupation principale - la chasse, Nuage d'Orage comprit qu'il acceptait son changement de sujet. Il chassa la pointe de déception qui lui titilla le cœur d'un hochement de tête et s'éloigna de quelques pas, la truffe en l'air. Il venait tout juste de rencontrer son oncle, il ne pouvait pas s'attendre à ce qu'ils se livrent mutuellement l'un à l'autre. Truffe de Charbon, son propre père, n'était pas un grand bavard et n'était pas un adepte des épanchements d'émotions. Oh, le félin au poil immaculé n'avait jamais douté de l'amour paternel. Mais il savait qu'il ne pouvait guère se tourner vers son père dès qu'il était question de sentiments ou des petits tourments du quotidien. Seulement pour des questions d'apprentissage, de chasse ou de combat. Peut-être Esprit des Marais partageait ce trait de personnalité avec son frère?

-  Tu sais, je pense que tu mérites de savoir la vérité.

Cette phrase lancée à voix basse parvint presque difficilement jusqu'à l'apprenti. Pourtant, ce dernier tourna immédiatement la tête vers son ainé, ses prunelles électriques brillant déjà de curiosité.

- Je n'ai jamais voulu devenir guerrier, même s'il s'agit d'un titre respectable, commença le matou tigré, une pointe de tristesse teintant sa voix. C'est juste que dans certaines situations, un guérisseur ne peut pas conserver son rôle. Je ne pense plus le mériter en tout cas.

Nuage d'Orage fronça légèrement les sourcils. Qu'est-ce-qu'Esprit avait bien pu faire pour ne plus mériter sa place de guérisseur? Il en aurait entendu parlé s'il avait fait une faute impardonnable, non? Il se promit de questionner sa mère ou Dent de Sabre à ce sujet une fois rentré au camp.
Voulant sûrement faire contre mauvaise fortune bon cœur, son oncle reprit avec un peu plus d'entrain:

-  Mais c'est vrai qu'il est aussi amusant de parcourir notre territoire et de le défendre !

Le jeune chat esquissa un léger sourire, mi-amusé par la volonté de son vis-à-vis de garder un ton léger, mi-attristé par la situation de son ainé.
Alors qu'il allait lui répondre, le guerrier pointa les oreilles vers un buisson, visiblement attiré par un bruit. L'apprenti huma l'air et reconnut le fumet familier d'une souris. Il s'écarta sur la pointe des pattes, laissant sa proie à son oncle et cherchant lui-même de quoi chasser. Il aperçut soudain le bout de la queue d'un lézard. Se mettant en position, il approcha doucement, se fondant parmi les fougères, puis sauta sur sa cible et l'acheva d'un coup de croc. Il revint ensuite vers son partenaire de patrouille, le reptile dans la gueule. Une fois qu'il se fut assuré qu'Esprit ne traquait plus de proie, il posa le lézard sur le sol et lança avec une pointe de malice:

- Tu verras, rien ne vaut une bonne patrouille en bonne compagnie!

Il haussa les sourcils d'un air joueur, signifiant par là qu'il se considérait comme la bonne compagnie en question. Nuage d'Orage plaçait toujours le clan en premier dans son esprit. Il vivait, chassait et se battait pour lui. Mais s'il y avait bien une chose qui était plus important encore que le clan à ses yeux, c'était la famille. Il ne supportait pas de voir un de ses proches mal en point et se faisait un devoir sacré de leur venir en aide. Et il avait dorénavant une nouvelle mission: aider son oncle à s'épanouir dans son rôle de guerrier. Il ne comprenait pas très bien en quoi le rôle de guérisseur pouvait être plus attrayant que celui de guerrier et chasseur mais il se promit d'en parler avec Epine à l'occasion afin de mieux cerner le problème d'Esprit des Marais.
Soudain, une sensation désagréable sur son épaule lui provoqua un frisson. Comme si quelque chose lui ébouriffait lentement le pelage. Le novice jeta un coup d'œil sur la zone incriminée et vit une silhouette longiligne et brune disparaitre hors de son champ de vision en un ultime rampement provocateur. Le matou écarquilla les yeux, pris d'une panique irrépressible bien que déraisonnable.  

- Chenille! Chenille! Chenille! couina-t-il en ruant sur place avant de se jeter au sol et se rouler dans la poussière dans une vaine tentative de se débarrasser de l'insecte  inopportun.  

Esprit des Marais était bien conscient que les informations qu'il donnait à Nuage d'Orage n'étaient pas complètes, et ne lui permettraient pas de tout comprendre. Mais pour une première discussion, cela lui paraissait bien. En plus, il n'avait pas la sensation que parler d'une chose aussi grave que la mort soit le mieux à faire pour un apprenti comme lui. Le temps allait passer, et un jour, son neveu connaitrait l'entière vérité, et pourrait se faire son propre avis sur toute cette histoire. En attendant, le matou préférait rester positif, surtout en la compagnie d'un camarade aussi jeune. Ce n'était pas une mauvaise journée, et en se motivant un peu, ils devraient parvenir à rendre cette partie de chasse aussi fructueuse. À ce même instant, le guerrier flaira d'ailleurs une proie et se mit en position. Il entendit à peine le pas léger de Nuage d'Orage qui s'éloignait, se focalisant entièrement sur se traque. C'était maintenant ou jamais, et Esprit fut soulagé lorsque ses crocs se plantèrent dans la nuque du rongeur. Quelque chose à rapporter au camp, enfin. Il se serait senti coupable de revenir bredouille alors que les proies commençaient à revenir. À peine eut-il le temps de ressortir du buisson avec sa prise, que Nuage d'Orage revint à son tour avec un lézard dans la gueule. À croire que la chance leur avait sourit à tous les deux en même temps ! Les paroles du plus jeune lui réchauffèrent le coeur, et il opina du chef. « Je commence à le voir, oui. » répondit-il dans un sourire, conscient de la malice de son neveu. Il trouvait qu'il faisait effectivement une très bonne compagnie. Il fallait dire qu'Esprit en était venu à redouter les patrouilles, à force de recevoir des commentaires de la part de ses camarades.

Oui, il se sentait vraiment bien avec Nuage d'Orage, et pour une fois il avait bien envie de prolonger la partie de chasse. « Il y a sûrement d'autres proies dans le...  » Il s'interrompit, réalisant que l'apprenti semblait chercher quelque chose sur son pelage. Cela, quelques secondes avant que celui-ci ne se jette au sol en gémissant. Une... chenille ? Il savait bien que personne ne pouvait contrôler ses phobies, mais il n'avait jamais vu un chat qui craignait ce genre d'insecte. Il aura donc apprit une chose de plus au sujet de son neveu aujourd'hui ! Mais trêve de réflexions, il n'allait quand même pas laisser ce pauvre Nuage d'Orage ainsi ! Se penchant vers lui, il attrapa l'insecte du bout de la griffe, réalisant qu'il ressemblait désormais plus à une tige écrasée qu'à une véritable chenille. Alors, il ne put s'empêcher de rire. Sincèrement, et sans réelle volonté de se moquer. Il fallait tout de même admettre que la situation était originale ! « Je crois que tu l'as exterminé ! » D'un geste fluide, il balança le corps de l'insecte un peu plus loin. « Il faudra que tu m'enseignes cette technique de combat, elle a l'air mortelle ! » Il espérait que cette petite touche d'humour l'aiderait à redescendre en pression, malgré tout. C'était certainement drôle pour lui, mais l'apprenti cachait peut-être un traumatisme derrière sa peur panique. « Tu sais... » Il se pencha pour être au niveau du jeune matou, comme pour lui confier un secret. « Il me semble que ton père a lui aussi eu des ennuis avec une chenille, lorsqu'il était apprenti. Elle ne voulait pas se détacher de son pelage, et ça le rendait fou...  » Truffe de Charbon n'avait pas peur, mais la situation était quand même plutôt amusante pour tous ceux présents. Nuage d'Orage avait-il déjà entendu cette histoire ? Qui sait, peut-être qu'il pourrait apprendre à tourner l'apparence de cet insecte en ridicule.

Les bonnes choses arrivent à ceux qui savent attendre

ft Esprit des Marais

Lune 1212

Nuage d’Orage se tortillait sur le sol en gémissant, sa panique grimpant en flèche lorsqu’il perdit toute trace de la chenille. Où est-ce qu’elle était passée? S’en était-il débarrassé? Ou l’insecte avait-il fini par ramper dans son oreille, prêt à le dévorer de l’intérieur? L’apprenti couina de frayeur et se releva, cherchant sur son épaule tout trace de la larve. Esprit des Marais s’approcha alors de lui et, d’un coup de griffe, retira quelque chose de brun et plat de son pelage. Une feuille?

- Je crois que tu l'as exterminé ! s’exclama son oncle en riant, confirmant qu’il s’agissait bien là d’un parchemin de chenille plutôt qu’une foliation. Il faudra que tu m'enseignes cette technique de combat, elle a l'air mortelle !

L’intéressé agita les oreilles, gêné, et rentra un peu la tête dans les épaules, souhaitant disparaître dans le sol à ce moment même. Il savait bien que sa peur du rampant était ridicule et n’avait pas lieu d’être mais cette angoisse s’était installée en lui depuis un très jeune âge et il n’arrivait pas à s’en défaire. Le grand guerrier terrassé par une chenille. La honte.
Alors que le novice se dandinait sur place, étrangement silencieux, Esprit des Marais se pencha vers lui et lui lança sur le ton de la confidence:

- Tu sais... Il me semble que ton père a lui aussi eu des ennuis avec une chenille, lorsqu'il était apprenti. Elle ne voulait pas se détacher de son pelage, et ça le rendait fou...

Nuage d’Orage releva la tête et croisa le regard de son oncle. Le grand et fort Truffe de Charbon mis à mal par un insecte? Il avait du mal à se l’imaginer. Son père paraissait toujours si digne, si intouchable. Si parfait.

- Je ne connais pas cette histoire, miaula timidement le félin à la fourrure de neige. Papa… euh Truffe de Charbon semble toujours si imperturbable

Son géniteur avait été son tout premier modèle. Matou aguerri, respecté dans son clan, à la parole sage et à l’acte réfléchi. Dès qu’il eut l’âge de marcher, Nuage d’Orage - à cette époque encore Petit Orage - avait voulu prendre exemple sur lui. Depuis lors, il n’avait eu de cesse de vouloir prouver sa valeur, montrer qu’il était bien le digne fils du valeureux félin. Hélas, la fougue de la jeunesse et sa curiosité sans faille - qu’il tenait de sa mère - le poussaient de temps à autres à piétiner les règles, lui valant des remontrances de la part de son père, là où il cherchait tant des encouragements et des compliments.
Alors l’idée même que Truffe de Charbon ait connu des ennuis avec une chenille - créant ainsi un point commun entre lui et son fils - lui apportait du baume au cœur. L’apprenti tourna la tête vers l’endroit où Esprit des Marais avait lancé ce qu’il restait du pauvre insecte et marmonna, légèrement maussade:

- Je sais que ma peur des chenilles est ridicule et indigne d’un guerrier. Tout ça à cause de cette stupide histoire qu’on m’a raconté chaton…

Il fixa le vide pendant un instant puis s’ébroua, refusant de se laisser aller à la mauvaise humeur alors qu’il passait un si bon moment avec son oncle. Retrouvant sa malice habituelle, Nuage d’Orage poursuivit d’un ton beaucoup plus léger:

- Mais bon, maman m’a créé un peu trop parfait, il fallait bien que j’ai un petit défaut, ça n’aurait pas été juste pour les autres sinon

Il remua des moustaches d’un air joueur, son petit coup de cafard complètement derrière lui.

- Tu m’as livré un de tes secrets, tu connais un des miens, on est quitte maintenant!

La gêne du novice était évidence, suite à ce petit épisode de peur panique à cause d'une chenille désormais écrasée. S'était-on déjà réellement moqué de lui pour ce genre de chose ? Le matou espérait que non. Tous les guerriers nourrissaient leurs propres peurs, et il était inutile de les juger pour cela. Ce fut ce qui le poussa à raconter ce petit souvenir avec Truffe de Charbon, pour lui montrer que dans la vie, personne ne pouvait toujours avoir l'air parfait. Nuage d'Orage le découvrirait lui-même au fil du temps, et l'ancien guérisseur espérait que cela l'aiderait à ne pas avoir honte pour si peu. Le jeune matou ne tarda pas à relever la tête pour le toiser, ayant apparemment du mal à imaginer son père dans une telle situation. En même temps... Truffe de Charbon arborait effectivement toujours ce même air sérieux. Mais il ne fallait pas oublier que tous les vétérans ne naissaient pas tels quels, alors même son père avait eu ses propres moments ! Il espérait que cela lui mettrait du baume au coeur, et si besoin il serait même en mesure de plonger dans d'autres souvenirs, pour lui prouver qu'il n'en était pas moins un apprenti prometteur.

Ses paroles lui arrachèrent un regard compatissant, et il vint lui donner une petite pichenette du bout de sa queue. « Ne dis pas ça, tous les guerriers ont peur de quelque chose. Et puis, tu sais ce qu'on dit : sans crainte, il n'y a pas de courage. » Il lui adressa un sourire, espérant qu'il tâcherait au moins de s'en souvenir. Après tout, le tigré se disait souvent que ceux qui ne craignaient rien, ne faisaient au final jamais preuve de courage. Cela ne les rendait pas plus admirables que les autres. Comme pour chasser son humeur maussade, Nuage d'Orage s'ébroua, faisant ronronner son ainé. Peut-être que sa capacité à rebondir ainsi était liée à sa jeunesse, mais Esprit des Marais voyait cela comme une importante qualité. Savoir passer au dessus du négatif, et même le transformer en quelque chose de positif, ne pourrait que l'aider à avancer dans son apprentissage et dans la vie en général. « Effectivement ! » Ça n'avait pas été intentionnel, et le guerrier n'était pas du genre à compter les points, mais il était vrai qu'au final ils en avaient équitablement appris sur l'un et sur l'autre aujourd'hui. Il envisagea alors leurs deux proies du regard, se disant qu'après tout ce bruit, il s'avérerait peut-être complexe de prolonger encore la chasse. Toutefois, il n'était pas particulièrement pressé de rentrer au camp. Ici, il pouvait respirer. « Mais s'il te plait, ne dis pas à Truffe de Charbon que je t'ai raconté ça. Il n'en serait pas ravi. » ajouta t-il en souriant. Il s'agissait d'humour, même s'il se disait au fond que, son frère préférait sûrement oublier cette histoire. « Ce sera un autre de nos secrets ! » Rien de bien méchant évidement. Qui sait, cela pourrait être le début d'une sorte de complicité entre eux ? « Et il se pourrait même que je t'en raconte d'autres, les prochaines fois...  » hasarda t-il alors, l'air malicieux. Il espérait qu'il y aurait des prochaines fois, même s'il n'était son mentor, et qu'il ne choisissait pas les patrouilles. Heureusement, leur monde à eux n'était pas si vaste.

Les bonnes choses arrivent a ceux qui savent attendre

ft Esprit des Marais

Lune 1212

Son oncle acquiesça, semblant accepter sa tentative de changement de sujet. Il ajouta toutefois d’un air malicieux:

- Mais s'il te plait, ne dis pas à Truffe de Charbon que je t'ai raconté ça. Il n'en serait pas ravi

Nuage d’Orage lâcha un ricanement amusé, imaginant l’air que prendrait son paternel s’il lui parlait de sa petite découverte du jour. Serait-il outré? Paniqué? Le connaissant, Truffe de Charbon serait un poil agacé et ignorerait simplement la boutade de son fils, trouvant mieux à faire. Pas de plaisanterie, pas d’anecdote croustillante à léguer à sa progéniture. Seulement une attention légère, un assentiment périodique et un amour distant. C’était parfois à se demander comment la fougueuse et pétillante Innocence des Limbes en était venue à aimer le calme et stoic Truffe de Charbon. Les opposés s’attirent disait-on.
Alors qu’une douce mélancolie s’installait de nouveau dans le cœur de l’apprenti à la fourrure de neige, Esprit des Marais reprit:

- Ce sera un autre de nos secrets ! Et il se pourrait même que je t'en raconte d'autres, les prochaines fois...

Aussitôt, les oreilles du novice se redressèrent et ses prunelles électriques pétillèrent.

- Vivement notre prochaine session de chasse ensemble alors! miaula-t-il, sincère.

Il n’en revenait de faire connaissance avec un membre de sa famille après déjà 6 lunes d’existence. Lorsqu’il était à la pouponnière, son monde tournait autour de Petit Chaos, Petit Ange et Innocence des Limbes (et de temps à autres Truffe de Charbon). Dent de Sabre était leur unique visiteur.
Mais il ne regrettait en rien de s’être retrouvé ce jour-là avec son oncle. Le matou tigré dégageait une chaleur bienveillante et une douceur qui apaisait les mœurs. Nuage d’Orage appréciait être à son contact.
Le félin au pelage clair avisa leur deux proies et jeta un petit coup aux alentours.

- J’ai du faire fuir toutes les proies du coin avec ma bataille acharnée. Je ne pense pas qu’on arrivera à poser la patte sur quoique ce soit d’autre ici. (Il lança un regard interrogateur à son aîné.) On rentre déposer ce qu’on a au camp et on voit si Coeur de Pluie à une autre mission à nous confier?

Cette partie de chasse était peut-être terminée mais il comptait bien se retrouver de nouveau en compagnie du guerrier. Une patrouille ou une simple promenade, maintenant qu’il avait fait connaissance avec son oncle, il oserait peut-être plus aller à sa rencontre dorénavant.

Le matou tigré était déjà impatient de partager d'autres moments avec Nuage d'Orage, cela même s'il savait qu'une relation ne pouvait être construite dans la hâte. Là n'était pas son objectif, il était bien évidemment prêt à prendre tout le temps nécessaire. Mais, il ne pouvait pas non plus réprimer la joie éprouvée lors de ces dernières minutes en compagnie de l'apprenti. Il esquissa un sourire en voyant les yeux pétillants de son neveu, se disant que pour un premier échange entre eux, les choses s'étaient plutôt bien passées. Il avait inconsciemment redouté ce moment, comme bien d'autres, et s'était au final fourvoyé dans ses appréhensions. Du moins... c'était l'impression que cette petite partie de chasse lui laissait, et il espérait ne pas se tromper à nouveau. En tout cas, il ne pouvait donner tord à Nuage d'Orage : il y avait peu de chances pour qu'ils arrivent à attraper autre chose ici. En plus, ils s'étaient éloignés de leur patrouille d'origine, et les autres ne devraient pas tarder à rentrer au camp. Autant essayer de les retrouver, ou au moins de ne pas rentrer trop en retard par rapport à eux. Ainsi, Esprit des Marais hocha doucement la tête. « Oui, rentrons au camp  avant que les autres ne commencent à nous chercher. » Deux proies, ce serait déjà ça de plus sur la pile de gibier. Le guerrier espérait tout de même que leurs camarades avaient été un peu plus chanceux, histoire que tous les estomacs soient remplis à la fin de la journée. « Je suis certain qu'il sera ravi de te voir aussi déterminé. » ajouta t-il en parlant de leur lieutenant, Coeur de Pluie. Il y avait toujours quelque chose à faire au camp, et selon le matou, il n'y avait pas de tâche ingrate. Même s'il ne s'agissait que de changer la litière des anciens, ce n'était pas moins important que le reste. Chacun d'entre eux serait heureux de voir la faveur leur être retournée, une fois l'heure de la retraite venue.

Il embarqua donc sa propre proie, laissant Nuage d'Orage faire de même, avant de prendre la direction du camp. La journée était loin d'être terminée, c'était une évidence, mais le matou se disait justement qu'en ayant commencé aussi bien, le reste devrait être aussi agréable. Le Champ de Fougères ne les séparait que de quelques minutes supplémentaires du camp, et le guerrier se tourna une nouvelle fois vers le plus jeune, tentant d'articuler sans lâcher sa proie. « J'ai beaucoup aimé chasser avec toi, nous verrons tes progrès la prochaine fois ! » Heureusement, le rongeur immobile entre ses crocs était suffisamment petit pour que ses mots soient compréhensibles, bien que s'entendre parler l'avait fait sourire. Il n'avait aucun doute sur le fait que Nuage d'Orage serait un guerrier prometteur, et encore plus important : quelqu'un de bien, ce qui se révélait parfois être une qualité d'autant plus rare et précieuse. Ils pénétrèrent dans le camp quasiment à la suite du reste de leurs patrouilles, et le brun déposa sa proie sur la pile déjà raisonnablement remplie. Il adressa un dernier sourire à son neveu, avant de tourner les talons et voir si de l'aide était nécessaire quelque part dans le camp. Tout cela, le coeur léger. Comme si la bienveillance de Nuage d'Orage auréolait encore autour de lui et le protégeait de la négativité des autres.