Fraicheur d'automne [Petit Automne]

Les images la hantent, comme un cercle sans fin. Elle ne peut s'en défaire, elles lui collent à la peau comme si elle venait d'arpenter un chemin goudronné. Ces visages si innocents du Tonnerre, qui avaient placé toute leur confiance en elle et qui s'étaient ainsi retrouvés entre les griffes d'Elixir de Belladone. Elle s'en voulait encore et toujours, considérant que le chemin de la rédemption était flou voire inexistant. Son image d'hordienne lui collerait à jamais à la peau. Cannelle était ainsi condamnée à vivre une vie d'exil ou pire encore, à devoir enfanter les chatons de Noisette.

Ces images, ces pensées lui tordaient le ventre au point où rester en alerte était mission impossible. Sa concentration s'était envolée, au même titre que toute pensée positive. Son père étant de garde cette nuit-là à ses côtés, lui avait intimé de faire un tour auprès des chatons, voyant bien-là son manque de concentration face à l'ennemi. Rottweiler avait toujours été bon, et était sûrement l'un des êtres qui la connaissait le mieux. Peut-être l'un des seuls qui ne la jetterait pas dans la gueule du loup, par rapport au reste des hordiens. Etre déconcentrée à ses côtés avait quelque chose de plus rassurant, bien qu'elle s'était empressé d'adresser un signe d'excuse à son paternel.

Sa mission ayant été ordonnée, ses pas la guidèrent vers cette antre cachée des claniques. L'endroit transpirait la peur et le sang pour les moins avertis d'entre eux. A pas feutrés, elle s'osa un jeter un coup d'œil, priant pour que ces petits êtres dorment paisiblement, n'ayant aucunement le goût d'affronter leurs regards qui la hantaient déjà bien assez. Heureusement quelque part, tous avaient le ventre se soulevant à rythme régulier de quoi la soulager. Mais soudainement, une petite masse pâle se mouva en sa direction. Sa queue fouetta l'air, se prétendant aussi féroce que ses compagnons sanguinaires. « Tu ferais mieux de dormir. » siffla-t-elle entre ses crocs, de sorte à ne pas réveiller les autres.