L'heure des comptes / ft Œil Glacé

L'HEURE DES COMPTES

Lune 1211

Territoire du Clan de la Lune

Camp du Clan de la Lune

Ft Œil Glacé

Une nouvelle journée banale semblait se profiler à l’horizon. Tu étais parti de bonne heure avec la patrouille du matin, et cette fois-ci vous n’aviez rencontré personne : après tout, on ne peut pas croiser des solitaires sur le territoire tous les jours, Hiver – et d’ailleurs, tant mieux ! – Tu ne raffolais pas tant que ça de faire la connaissance de nouveaux solitaires chaque jour, et le fait que la patrouille n’ait surpris personne en train de rôder sur le territoire te rassurait un peu. Une fois votre travail accompli, toi et tes camarades de patrouille avez décidé d’un commun accord de rentrer au camp.

Mais tu avais décidé que la pause serait de courte durée : après t’être reposé quelques instants, tu t’es mis en tête de te rendre à nouveau utile. Après un moment, tu as fini par rejoindre un petit groupe qui s’apprêtait à partir chasser dans la forêt. La mission s’est finalement révélée être un franc succès, puisque vous aviez tous réussi à prendre des proies sans avoir eu à passer une éternité à leur courir après, ce qui correspondait pour toi, Hiver, à la définition d’un franc succès. La journée n’allait peut-être pas être aussi banale que tu le pensais, après tout…

Tu es de nouveau rentré au camp, et après avoir déposé ta prise au tas de gibier, tu t’es parti te poser dans la tanière des guerriers, pour pouvoir réfléchir à comment t’occuper ensuite. Tu t’es étiré – en fin de compte, tu aurais peut-être dû faire durer la pause entre les deux activités un peu plus longtemps… -, puis tu t’es allongé, ton cerveau réfléchissant toujours à la marche à sui…

Qu’est-ce que- ? Ah. En ouvrant les yeux, tu as vite compris ce qui était arrivé : à peine allongé, le sommeil a dû te prendre de court. Bon, en soi, cela n’était pas très grave. On ne pouvait pas dire que tu avais passé la journée les pattes croisées à ne rien faire, et si tu avais réussi à t’endormir sans même t’en rendre compte, c’était que tu avais vraiment eu besoin de souffler.

Tu es sorti de la tanière, pour balayer le camp du regard. Le camp était légèrement plus animé que d’habitude, mais sans être grouillant d’activité non plus. Quelques allées et venues ici et là, d’autres étaient visiblement en pleine discussion. La routine à la Lune, quoi. Soudain, l’idée d’occupation que tu semblais chercher désespérément t’est venue : pourquoi ne pas retourner chasser ? Même si cela n’était pas ton fort d’habitude, tu avais l’air d’être en veine, aujourd’hui. Après tout, ce serait dommage de ne pas en profiter.

Alors que tu as commencé à marcher, tu as jeté un deuxième coup d’œil, car quelque chose avait retenu brièvement ton attention. Une fourrure noire comme la nuit, que tu as rapidement identifiée comme étant celle d’Œil Glacé, semblait se diriger d’un pas décidé vers toi. En effet, c’était étrange. Tu savais qu’elle ne te t’appréciait pas vraiment, et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’était réciproque. Non, impossible. Tu devais avoir mal vu. Pourquoi Œil Glacé, qui était probablement celle qui t’appréciait le moins dans le Clan à l’heure actuelle, se dépêcherait de venir de te voir ? Ça n’avait pas de sens…

Tu as de nouveau jeté un œil, pour en avoir le cœur net. Pas de doute, c’est bien vers toi qu’elle se dirige. Et en plus de ça, elle n’a pas l’air ravie de te voir. Oh misère… Tu allais vraisemblablement te faire passer un savon, mais tu ignorais pourquoi. Tu as fouillé ta mémoire un court instant. Tu ne lui avais rien demandé récemment, et tu étais bien trop occupé en ce moment pour lancer des rumeurs sur elle, comme certains anciens ou apprentis sans cervelle seraient tentés de le faire.

Non, vraiment, tu ne savais pas ce que tu avais pu faire, et qui aurait pu lui déplaire à ce point-là. Et en même temps, tu n’allais pas tarder à le comprendre…

L'heure des comptes

La noiraude c'est levé un peu tard aujourd'hui. Raconté des histoires aux chatons qui ne veulent pas allez ce coucher, ça fatigue ! Surtout qu'ils ne manquent pas d'énergie.

Elle ce lève, quelques guerriers dorment. Elle décide d'aller chasser, comme ça le Clan aura de quoi manger ! Les plantes qui cache l'entrée de la tanière lui chatouille le museaux. Le soleil brillent dans le ciel, les guerriers du Clan partent pour une patrouille, notamment Hiver Éternel. Elle n'y prête aucune attention. Ne prenant même pas la peine de manger, elle sort du camp et fonce vers la forêt de bouleaux. Là, elle attrape un mulot et une souris. Le Clan mangera a sa faim !

La chatte aux yeux glacés rentre la première, la patrouille n'est pas en vue. Elle pose des proies sur le tas et y prélève une givre qu'elle déposé dans la pouponnière, un mulot qu'elle donne aux anciens et une souris a la guerrisseuse. Elle s'apprête à se poser, quand elle entend des pas. La patrouille est rentrée. Tournant la tête pour voire ce qu'ils ont rapporté, elle croit voir les guerriers la regardé, méfiant. Ha non ! Trop, c'est trop ! Elle ce dirige d'un pas décidé vers le mâle cendré.

«Ça t'amuse hein !?»

Glace et Hiver
Lune 1211
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Lune 1211

Territoire du Clan de la Lune

Camp du Clan de la Lune

Ft Œil Glacé

« Ça t’amuse, hein !? »

Pas de salutations, pas d’explications. Droit à l’essentiel. Mais en même temps, ça ne t’aidait pas vraiment. Tu avais continué à te creuser la tête, et tu ne voyais toujours pas ce qu’elle te reprochait. Tu avais espéré que sa fureur l’amène à te cracher tes quatre vérités au visage, mais ce ne fut pas le cas. Tu coinçais encore. Ça avait définitivement l’air très sérieux, et pourtant, rien ne semblait te venir à l’esprit. Tu étais donc si éloigné des nouvelles du Clan que cela ?

La flamme de la rage dans ses yeux semblait brûler encore plus fort que d’habitude. L’espace d’un instant, lorsqu’elle t’a approché, tu as cru qu’elle allait délibérément te foncer dedans : cela ne t’aurait guère surpris de sa part. Mais elle était venue s’arrêter juste devant toi, avant de feuler ces trois mots, qui résonnaient encore comme une énigme indéchiffrable dans ton esprit. Tu l’avais régulièrement vue en rogne (c’est-à-dire presque à chaque fois que vous vous êtes adressé la parole), mais jamais à ce point. Et toujours la panne sèche dans tes neurones. Bon…

Un court instant, ton esprit encore légèrement embrumé de ta petite sieste inopinée t’a soufflé de la rembarrer poliment, mais tu as vite chassé cette idée. Au rythme où les choses allaient, tu craignais fort de prendre un coup de patte en pleine figure si tu tentais d’esquiver la conversation. Et pas question non plus d’envenimer encore plus la situation : tu n’avais aucun problème à t’expliquer entre quatre yeux avec tes camarades en dehors du camp, mais dans l’enceinte du camp, ton mot d’ordre était clair : les bagarres, c’est niet. Mais bon, même sans savoir de quoi il en retournait, il fallait bien que tu lui répondes.

Tout en continuant de la fixer d’un air mi-interrogatif mi-circonspect, tu espérais que ta camarade au pelage noir comme la nuit précise le fond de sa pensée. Mais tu n’avais que comme seule et unique réponse une paire d’yeux bleus furieux qui semblaient vouloir te noyer au plus profond d’un lac. Tant pis, il va falloir que tu le découvres par toi-même…

Tu as fini par répondre :

« Ravi de te voir aussi, Œil Glacé. Quel est le problème ? »

Voilà. Tu te doutais un peu que la question ne lui plairait pas énormément, mais elle était sincère. Au moins, tu allais enfin savoir quel méfait tu avais bien pu commettre pour qu’elle soit à ce point proche de t’étrangler. Tu allais bien voir…

L'heure des comptes

Le mâle prend le temps de lui répondre, visiblement surpris. La rage monte de plus en plus pour la femelle au poil noir comme la nuit. La flamme de son regard s'intensifie, prête à brûler la fourrure de son pire ennemi.

« Ravi de te voir aussi, Œil Glacé. Quel est le problème ? »

Elle part d'un rire sadique. Alors, comme ça, il n'a pas compris ? La blague ! Elle s'approche et col ton museaux au sien.

« Tu te crois drôle ? Depuis que j'ai rejoint le Clan tu repends des rumeurs sur moi ! »

Elle a crié sa tirade, si bien que plein de regard se posent sur vous. Il vaudrai mieux régler ça plus loin. D'un signe de la queue elle lui ordonne de le suivre, ils se posent vers l'entrée du Camp, là où il n'y a personne. Ses mouvements sont raides.

Elle continue de le regarder, pleine de dégoût et de rage. Ce mâle la dégoûte vraiment. Il est pire que Renard, l'assassin de ses chatons. Et moi qu'y pensais que les mâles n'étaient pas tous méchante... Se dit-elle. Voilà qu'elle est déçue et résigné a ne pas avoir de compagnon ni de chaton. À finir sa vie seule, sans personne pour la soutenir et l'aider...

Ft Hiver Éternel
Lune 1211

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Territoire du Clan de la Lune

Camp du Clan de la Lune

Ft Œil Glacé

Evidemment, inutile d’être devin pour se douter qu’elle n’allait pas apprécier ta réponse. Et c’est exactement ce qu’il s’est produit. A peine as-tu eu le temps d’achever ta réponse qu’elle a presque aussitôt laissé échapper un rire qui trahissait tout de sa rage et de sa colère. La flamme dans son regard semblait avoir encore gonflé depuis la dernière fois où tu l’avais aperçue. Cette fois, tu allais y avoir droit, à ce coup de patte dans la figure. Elle a continué de planter ses yeux dans les tiens, puis est venue coller son museau au tien, avant de s’exclamer :

« Tu te crois drôle ? Depuis que j’ai rejoint le clan tu répands des rumeurs sur moi ! »

La rage qui semblait l’habiter lui a fait hurler sa tirade, ce qui a amené de nombreuses paires d’yeux à s’intéresser de plus près à votre « discussion ». D’un regard noir, tu as intimé l’ordre aux plus proches d’aller voir ailleurs si tu y étais, avant de reporter ton attention sur elle. D’un signe de la queue, elle t’a fait comprendre de la suivre. Tu as obéi, et tu l’as suivi jusqu’à un endroit plus isolé, vers l’entrée du camp.

Après t’être assis en face d’elle, tu as de nouveau continué à planter ton regard dans le sien, sans dire un mot, une mine sombre installée sur le visage. Il t’a semblé apercevoir une pointe de dégoût dans son regard. Au moins les choses étaient claires maintenant.

Mais que dire ? Depuis son arrivée dans le clan, tu concédais sans peine que la chatte au pelage noir était souvent au cœur des discussions. Et bien souvent, ces discussions étaient très peu élogieuses. Un grand nombre de mâles se plaignaient de son comportement, qu’ils jugeaient très souvent insupportable, et tu ne faisais pas exception à la règle. Mais contrairement à eux, tu ne t’étais jamais permis de balancer ce que tu avais sur le cœur à propos de l’ancienne chatte domestique. Souvenir des Etoiles avait accepté qu’elle reste, et c’est lui qui décidait, alors tu n’avais pas d’autre choix que d’accepter sa décision, point final. Et même si tu en brûlais d’envie parfois, tu as toujours su tenir ta langue.

Mais là, voilà qu’elle te considérait comme le chef de meute des commères ? La bonne blague ! Tu n’étais certes pas parfait, mais alors qu’elle te reproche un défaut bien réel, au lieu d’inventer des histoires à dormir debout ! Elle n’allait quand même pas liguer le Clan contre toi, cette petite peste ! Non mais qu’est-ce qu’il lui prenait, à la fin ?
Alors, pour la première fois, tu as craqué. Tu n’as pas su réprimer l’envie de tout lui balancer à la figure une fois de plus. Ton regard, toujours cramponné dans le sien, s’est mis à se durcir, et les crocs grinçants, tu as fini par lâcher :

« Oooooh, comme c’est surprenant ! Ça te pendait au museau, Œil Glacé : à force de te comporter comme une peste avec tous les mâles du Clan, certains n’hésitent plus à dire ce qu’ils pensent. Tu croyais quoi ? Que t’allais réussir, l’air de rien, à nous monter les uns contre les autres ? T’aurais au moins pu faire l’effort de t’y prendre plus discrètement ! »

Un sourire empli d’ironie et de fureur s’est peu à peu dessiné sur ton visage, laissant apparaitre certains de tes crocs. Tu as poursuivi :

« Et sérieusement ? Tu penses vraiment que c’est moi qui suis à l’origine de tout ça ? »

Tu n’as pu réprimer un petit ricanement, qui est venu interrompre ton discours. Tu as repris :

« Ta naïveté m’épate, Œil Glacé. Tu me vois sans arrêt affairé avec d’autres, toujours occupé à quelque chose, au point que j’ai dû carrément te demander de t’occuper un moment de ma novice pour ne pas prendre de retard dans son apprentissage, et tu penses encore que j’ai le temps de balancer des ragots sur ceux qui ne sont pas dans mon cœur, comme le ferait un apprenti ? MAIS RÉFLÉCHIS DEUX SECONDES, BON SANG ! »

Tu t’es arrêté net, avant de continuer à hurler davantage. Le souffle saccadé par la fureur, tu la fixais toujours à l’affût de sa réaction. Et avant qu’elle ne puisse te répondre, tu as conclu, sur un ton plus calme :

« Libre à toi de me croire ou non. Mais moi, au moins je connais la vérité. »

Plus aucune expression ne parcourait désormais les traits de ton visage visage, hormis une sorte de colère muette qui se lisait dans ton regard. Désormais, tu la fixais, en attendant sa réponse : d’ailleurs, tu étais bien curieux de savoir quel mensonge elle allait bien pouvoir te conter, maintenant.

L'heure des comptes

« Oooooh, comme c'est surprenant ! Ça te pendait au museau, Œil Glacé : à force de te comporter comme une peste avec tous les mâles du Clan, certains n'hésitent plus à dire ce qu'ils pensent. Tu croyais quoi ? Que t'allais réussir, l'air de rien, à nous monter les uns contre les autres ? T'aurais au moins pu faire l'effort de t'y prendre plus discrètement ! Et sérieusement ? Tu penses vraiment que c'est moi qui suis à l'origine de tout ça ? »

La noiraude se tait, attendant qu'il est fini. Son ricanement ne lui échappe pas, mais elle fait de son mieux pour se contenir.

« Ta naïveté m'épate, Œil Glacé. Tu me vois sans arrêt affairé avec d'autres, toujours occupé à quelque chose, au point que j'ai dû carrément te demander de t'occuper un moment de ma novice pour ne pas prendre de retard dans son apprentissage, et tu penses encore que j'ai le temps de balancer des ragots sur ceux qui ne sont pas dans mon cœur, comme le ferait un apprenti ? MAIS RÉFLÉCHIS DEUX SECONDES, BON SANG ! »

Il s'arrête net. Et là, elle se met enfin à comprendre. Sa méfiance a dégénéré. Personne ne lui veut de mal. C'est juste son instinct...

« Libre à toi de me croire ou non. Mais moi, au moins je connais la vérité. »

Le regard d'Hiver est muet. Aucune expression ne parcours son visage. Et la voilà dans de beaux draps ! Quelle cervelle de souris elle fait à toujours voir le mal en tout ! Et puis, elle va devoir s'excuser...

« Écoute... Je... Désolé, je n'aurais pas dû m'inventer des films. C'est à cause de mon passé, mais je ne t'ennuierai pas avec ça...»

Elle baisse la tête, honteuse de la queue au museau.

Ft Hiver Éternel
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Œil Glacé est méfiante en #888888

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Nuage de l'Acacia
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Petit Pyrope

Un grand merci a Indy, Cloud et Nem coeur

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Ft Œil Glacé

Pendant toute ta tirade, elle n’a rien dit. Elle t’a observé, et même si tu as cru pendant un instant qu’elle allait te gratifier de ce fameux coup de patte dans la figure que tu redoutais tant, son expression avait l’air… changée. Tu n’aurais pas su dire exactement ou avec certitude ce qui avait changé, mais quelque chose n’était plus pareil qu’avant.

Et très vite, tout s’est expliqué :

« Ecoute… Je… Désolé, je n’aurais pas dû m’inventer des films. C’est à cause de mon passé, mais je ne t’ennuierai pas avec ça… »

Selon toute vraisemblance, Œil Glacé s’était monté la tête toute seule, avec des histoires qui ne tenaient pas debout. La chatte noire semblait maintenant avoir réalisé son erreur, et avait baissé la tête, honteuse. Sa colère, encore bouillonnante il y a quelques instants, semblait désormais complètement éteinte

Mais un changement semblait s’être opéré en toi aussi, Hiver. Là où, d’ordinaire, tu aurais sûrement été très heureux, satisfait, voire fier d’avoir réussi à lui clouer le bec, à cet instant, tu ne ressentais aucun plaisir de ta « victoire » sur la féline au pelage noir. Presque pire, tu avais comme une sensation… d’inconfort, de malaise, de gêne : tu n’aurais pas su le spécifier exactement, mais cela ressemblait fortement à cela.

Pourquoi t’étais-tu mis à lui hurler dessus ? Cela ne te ressemblait pas. Tout ceux qui te connaissent d’assez près auraient d’ailleurs pu témoigner que tes accès de colère ressemblaient plus à un énervement froid et progressif plutôt qu’à des hurlements soudains et rageurs. Et si avant votre discussion, la vision d’œil Glacé couverte de honte était quelque chose qui t’aurait presque fait jubiler, la voir s’excuser, presque la queue entre les pattes, juste sous tes yeux, ne te procurait que des remords et une vague sensation de mal-être. A quoi étaient dus ces sentiments ? Quel pouvait être leur origine ? Tu n'en avais pas la moindre idée.

Toi aussi, à ta manière, tu te sentais honteux. Honteux de t’être emporté de cette manière, honteux d’avoir provoqué autant d’inconfort chez ta camarade… Tu ne l’aurais jamais avoué à personne, mais tu étais honteux, Hiver. Alors la moindre des choses à faire, c’était de s’excuser. Tu as donc adouci ton regard, et tu as pris un ton sincère, mais qui laissait paraître sans peine ton inconfort :

« Non, ce… Ce n’est pas ta faute, Œil Glacé. Je... Je ne sais pas ce qui m’a pris, de hurler comme ça, je… J’aurais dû t’expliquer ça plus calmement, je… Pardon. Je suis désolé. »

Ton regard a peu à peu dévié sur tes pattes, trop gêné pour fixer celui de ta camarade. Tu repensais avec gêne aux accusations sans fondement que tu as lancé à son encontre. Sérieusement ? « Nous liguer les uns contre les autres » ? Ça n’avait aucun sens, et tu le savais très bien, en plus ! Mais qu’est-ce qui t’a pris, enfin ?

Mais très vite, tu as de nouveau regardé la chatte au pelage noir, l’air étonné. Tu venais de repenser à ses dernières paroles, qui avaient réussi à piquer ta curiosité. Son « passé » ? Elle ne voulait pas « t’ennuyer » avec ça ? Pour qu’elle élude aussi vite le sujet, cela devait faire référence à quelque chose de sensible. Tu en savais quelque chose, Hiver, pour toutes les fois où on t’avait questionné sur « ton » passé… D’habitude, tu n’étais pas vraiment curieux : tu te contentais de ce que les autres te racontait d’eux-mêmes, et cela te suffisait amplement. Mais là, c’était l’occasion ou jamais. Depuis son arrivée dans le clan, tu t’étais posé mille et une questions sur son attitude, sur sa vie « d’avant », sur ce qui l’avait poussé à vouloir vous rejoindre, et tu n’avais jamais eu de réponse. C’était peut-être une occasion unique qui se présentait devant toi. Alors, timidement, et le visage marquant ton incompréhension tu as demandé :

« Mais… Pour-Pourquoi ton passé m’ennuierait-il, Œil Glacé ? »

Après réflexion, tu étais légèrement réticent à poursuivre dans cette voie. Poser des questions aussi intimes à quelqu’un après avoir failli le traiter de tous les noms n’était peut-être pas la meilleure idée que tu aies eue. Mais tu voulais savoir. Tu voulais avoir tes réponses. Alors, encore hésitant, tu as essayé de reprendre un ton aussi chaleureux et avenant que possible, et tu lui as annoncé :

« Ecoute, je… Je sais qu’au vu de notre relation… Enfin, je veux dire… Je comprendrais que tu ne veuilles rien me dire, et ça serait même logique… Mais… »

Tu t’es imposé toi-même un temps de silence, comme pour rassembler tes pensées. Puis, tu as continué, avec un peu plus de sérieux retrouvé :

« Je te promets que… Si tu veux me dire quoi que ce soit, ça restera entre nous. A jamais. Je ne me permettrai jamais de l’utiliser contre toi, et je ne m’en servirai jamais pour lancer des rumeurs sur toi. Je te le garantis. »

Tu as davantage adouci ton regard, et tu as même commencé à esquisser un très léger sourire, qui se voulait cependant on ne peut plus sincère. Tu ne savais pas si cela allait vraiment fonctionner, mais en tout cas, tu l’espérais de tout cœur. Tu espérais vraiment que la situation puisse continuer à se détendre, en tout cas. Et tu espérais… Même si tu ne l’aurais jamais avoué ou reconnu à voix haute, tu espérais aussi… que votre relation puisse repartir sur d’autres bases. Oui, ça, tu l’espérais plus que tout.

L'heure des comptes

« Non, ce… Ce n'est pas ta faute, Œil Glacé. Je... Je ne sais pas ce qui m'a pris, de hurler comme ça, je… J'aurais dû t'expliquer ça plus calmement, je… Pardon. Je suis désolé. »

La femelle relève la tête, surprise. Il... Il s'excuse ? Mais... Enfin... Elle ne sait pas quoi penser. Ce qui se passe ici et maintenant la surprend.

Le regard du mâle s'adoucit. Il baisse la tête, apparemment aussi honteux qu'elle. Mais il l'a redresse vite.

« Mais… Pour-Pourquoi ton passé m'ennuierait-il, Œil Glacé ? »

Pourquoi ? Parce que tout le monde s'en fiche, non ? Le mâle a l'air d'hésiter sur la marche à suivre. Continué sur cette voie ou s'arrêter ?

« Ecoute, je… Je sais qu'au vu de notre relation… Enfin, je veux dire… Je comprendrais que tu ne veuilles rien me dire, et ça serait même logique… Mais… »

Silence. J'ai fait quelques choses de mal ? Mais, enfin ! D'habitude elle n'est pas comme ça ! À douter d'elle devant un mâle !

« Je te promets que… Si tu veux me dire quoi que ce soit, ça restera entre nous. A jamais. Je ne me permettrai jamais de l'utiliser contre toi, et je ne m'en servirai jamais pour lancer des rumeurs sur toi. Je te le garantis. »

Elle commence alors à changer d'avis sur les mâles. Ils ne sont peut-être pas si mauvais que ça, si ?

Elle en a marre de tout garder pour elle, alors, elle craque :

« J-je suis tombé amoureuse d'un exilé du Tonnerre qui m'a manipuler et qui a tué nos chat...»

Elle ne peut finir sa phrase, éclatant en sanglots. Replonger dans ses souvenirs la mets dans toud ses états.

D'habitude, elle aurait eu honte de craquer devant un mâle et encore plus devant lui. Mais là, il y a quelque chose. Quelque chose qui la fait se sentir bien devant lui. Bizarre ? Oui. Ce n'est pas possible de changer en une discussion ? Si ?

Ft Hiver Éternel
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Ft Œil Glacé

Un bref instant de silence a suivi la fin de ta phrase, mais pour toi, cet instant a semblé durer une éternité. Chaque seconde de plus à attendre qu’elle s’exprime te paraissait démesurément longue, au point où tu en retenais presque ta respiration. Comment allait-elle prendre tes dernières paroles ? Et si tu étais allé trop loin ? Tu essayais tant bien que mal de chasser ces pensées parasites : ce n’était vraiment pas le moment de céder à la peur et à la panique.

Et soudain, alors que tu ne l’attendais presque plus, l’explication est arrivée :

« J-je suis tombé amoureuse d’un exilé du Tonnerre qui m’a manipulé et qui a tué nos chat-... »

Un sanglot, puis des pleurs emportent la fin de sa phrase, mais tu as deviné sans peine la fin de l’histoire. Et tout, ou presque, semblait s’éclairer. Sa défiance envers tous les mâles qu’elle semblait croiser, ses vagues récits sur sa vie d’avant. Il avait visiblement suffi d’une rencontre avec la mauvaise personne pour tout faire basculer. Tu l’as regardé sangloter un moment, l’air interdit, paralysé par la nouvelle que tu venais d’apprendre, et incapable de prononcer le moindre mot.

Tu n’as jamais été très doué lorsqu’il s’agit d’essuyer les pleurs de tes camarades, et à vrai dire, d’ordinaire tu fuyais ces situations comme le mal vert, mais cette fois-ci encore… c’était différent. Au lieu de ressentir le traditionnel inconfort qui t’accompagnait lorsque tu avais le malheur d’assister à une conversation larmoyante, tu avais l’impression… de pouvoir partager la peine de ta camarade. Comme si cela t’était également arrivé, tu avais senti ton cœur se serrer à l’écoute de ses paroles, et tu avais l’impression de pouvoir ressentir toi aussi toute la tristesse et le malheur qu’elle semblait éprouver. Décidément, cette conversation avec Œil Glacé continuait de te déboussoler.

Même si tu avais évité ta principale hantise, c’est-à-dire te faire rembarrer comme un malpropre, faire pleurer ta camarade n’était pas non plus le but que tu cherchais à atteindre. Et d’ailleurs, tu t’en voulais terriblement. Parce que c’était toi qui avais lancé ce sujet. Parce que c’était toi qui, d’une certaine manière, l’avait forcé à ressasser ses mauvais souvenirs. Parce que tu imaginais très bien que ça aurait pu être toi, à sa place. Et tu t’en voulais affreusement, à un point que tu n’aurais même pas soupçonné. Alors, pour tenter de faire taire la culpabilité, tu as repris, d’une voix légèrement honteuse :

« Je suis désolé, Œil Glacé, je ne savais pas… enfin, je ne voulais pas- je ne voulais pas te faire pleurer, mais c’est ma faute. Je n’aurais pas dû te forcer à parler de ça, je- je suis désolé. Pour tes… Pour tout ce que… Je suis désolé. Je ne sais même pas quoi dire d’autre, je… Je suis désolé. Je n’aurais pas dû. »

Peu à peu, durant ta tirade, tu as senti une autre émotion qui prenait le pas sur la tristesse. Peu à peu, un genre… un genre de colère sourde montait en toi. Une colère sourde, qui avait une seule cible : Lui. Lui, qui l’a utilisé comme un jouet. Lui, qui avait dû lui infliger des souffrances inimaginables. Lui, qui avait osé massacrer ses chatons – ses propres enfants – puis qui avait dû l’abandonner à son sort, comme un jouet cassé que l’on finit par délaisser, la laissant seule avec une tristesse que tu ne souhaitais même pas à ton pire ennemi. Intérieurement, tu avais le sentiment d’avoir une nouvelle mission, que tu comptais bien accomplir, coûte que coûte. Le regard sévère, mais rempli de détermination, tu t’es légèrement rapproché d’elle, avant de lui confier, d’un ton péremptoire :

« Il le paiera, Œil Glacé. Tôt ou tard. Parce que je m’occuperai personnellement de son cas. Je te le promets. »

Tu ne savais rien de ce fameux exilé du Tonnerre, mais tu comptais bien faire sa connaissance au plus vite. Rien que d’imaginer le fait qu’il ait pu se servir d’elle, pour ensuite assassiner sa propre descendance, te mettait dans une colère noire. Parce que tu ne supportais pas l’idée qu’il ait pu lui faire autant de peine et lui causer autant de douleur. A n’importe qui susceptible de te faire la remarque sur ton état actuel, tu aurais répondu que c’était normal, que tu ne faisais que ton devoir, qui était de défendre ton Clan et tes camarades, mais entre nous, Hiver… Tu es sûr que ce n’était pas un autre sentiment, qui commençait peu à peu à apparaître ?

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Merci à Grisou, Sabrou, Idy, Sil, Archy et Aë pour leurs œuvres !
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L'heure des comptes

« Je suis désolé, Œil Glacé, je ne savais pas… enfin, je ne voulais pas- je ne voulais pas te faire pleurer, mais c'est ma faute. Je n'aurais pas dû te forcer à parler de ça, je- je suis désolé. Pour tes… Pour tout ce que… Je suis désolé. Je ne sais même pas quoi dire d'autre, je… Je suis désolé. Je n'aurais pas dû. » Dit-il d'une voie légèrement honteuse.

Glace se stoppe. Plus un bruit. Son regard est figé dans le vide. Sa bouche ouverte. Il s'en veut. Cela se voit. Des flashs de souvenirs lui reviennent à l'esprit. Son père qui s'excuse de la même manière avant de mourir. Hiver est comme son père. Il s'excuse pareil. Est-ce un signe ? Un signe qui lui dit de ne plus être aussi méfiante ?

« Il le paiera, Œil Glacé. Tôt ou tard. Parce que je m'occuperai personnellement de son cas. Je te le promets. »

Elle redresse la tête. Elle se perd dans son regard. Son regard est un labyrinthe dans lequel elle se perd. Sa belle fourrure cendré éclairé par la lumière. D'un coup, Hiver Éternel lui paraît gentil. Beau et gentil. Gentil et beau. Cela ne lui est arrivé qu'une seule fois. Une seule fois de trop. Est-elle prête à lui donner sa chance ? Oui. Mais elle ne le lui dira pas en face. Pas maintenant en tout cas. Elle a besoin de réfléchir. De remettre ses idées en place.

« J... Je... Enfin... Merci. Tu... Tu n'es pas si méchant que ça, finalement.» Dit-elle sur un ton qu'elle veut taquin.

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Ft Œil Glacé

Très vite, tu peux sentir que tes paroles ont eu de l’effet sur la chatte au pelage noir. Son regard perdu dans le vide, elle commence à ouvrir la bouche, mais aucun son n’en sort. L’espace d’un instant, tu as craint d’avoir réveillé à nouveau par mégarde la douleur dans son esprit, et qu’elle ne se remette à sangloter. Tu avais déjà dépassé les bornes une fois, et tu ne souhaitais surtout pas que cela ne devienne une habitude.

A ton grand soulagement, aucune nouvelle larme ne semblait couler sur le visage de ta camarade lorsqu’elle a redressé la tête. Son regard a vite trouvé le tien, et vous êtes resté quelques instants l’un face à l’autre, sans rien dire, perdus dans vos pensées respectives. Alors que son regard se noie dans le tien et inversement, une vague de sentiments contraires semblait déferler dans ton corps et ton esprit. Ton cœur battait à tout rompre dans ta poitrine, si bien que tu avais l’impression d’être essoufflé, et tu avais également l’impression d’avoir de plus en plus chaud au fil des minutes, alors que la météo de la journée n’avait rien de tropical : Bon sang, mais qu’est-ce qu’il m’arrive ?

Alors que tu t’attachais à ne rien laisser paraître aux yeux de ta camarade, Œil Glacé a de nouveau pris la parole :

« J… Je… Enfin… Merci. Tu… Tu n’es pas si méchant que ça, finalement. »

Malgré les quelques hésitations du début, tu avais bien saisi la touche ironique de sa phrase. Le regard amusé, un léger sourire a commencé à se dessiner sur ton visage, alors que tu as rebondi sur la phrase de la chatte au pelage noir avec un ton taquin et ironique :

« Mince alors, moi qui croyais être un félin antipathique à l’égo surdimensionné… Mes rêves s’écroulent. »

Toute la rancœur et le ressentiment que tu semblais avoir accumulé contre elle au fil des jours semblaient avoir tous deux fondus comme neige au soleil. La preuve, alors que dans le passé, sa remarque t’aurait sûrement ennuyé, voire agacé, à présent, cela te faisait sourire, et tu prenais même plaisir à plaisanter avec elle. S’il avait pu voir ça, l’Hiver Eternel du passé n’en aurait pas cru ses yeux et ses oreilles…

Alors que tu as jeté un bref coup d’œil autour de toi, tu as remarqué une silhouette qui semblait te faire signe. Si tes yeux n’ont pas tout de suite compris la scène, tu as fini par reconnaitre la silhouette de Rayon de Soleil, qui cherchait vraisemblablement à ce que tu viennes le voir. Tu as d’abord plissé les yeux en signe d’incompréhension, avant que la solution ne vienne soudainement illuminer ton esprit. Crotte de souris ! Tu avais bien failli l’oublier, ça !

Tu t’es de nouveau tourné vers Œil Glacé, afin de t’expliquer :

« Désolé, mais je vais devoir te laisser. Je viens de me rappeler que je dois m’occuper de la patrouille du soir avec Rayon de Soleil et Spectre des Cimes, et si je continue de les faire attendre, ils vont vraiment finir par croire que je les ai laissé en plan. On se reparle quand je rentre ! »

Un hochement de tête ayant accompagné la fin de ta phrase, tu as pris congé de ta camarade, avant de commencer à te mettre en route pour rejoindre tes camarades de patrouille. Mais une pensée, plus bruyante que les autres, a réussi à te stopper après quelques pas. Tu t’es retourné vers ta camarade, qui était encore là, puis tu as rajouté :

« Je… Je crois qu’il fallait vraiment qu’on ait cette discussion tous les deux, Œil Glacé. Et je ne sais pas pour toi, mais… ça me rend vraiment heureux qu’on ait fini par l’avoir aujourd’hui. »

Après lui avoir adressé un sourire bienveillant, et un dernier hochement de tête en guise de « à plus tard », tu as repris ton chemin. Tu ne le réalisais pas encore totalement, Hiver, mais cette discussion allait avoir de nombreuses conséquences pour vous deux, à l’avenir…

HRP:

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Merci à Grisou, Sabrou, Idy, Sil, Archy et Aë pour leurs œuvres !
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L'heure des comptes

« Mince alors, moi qui croyais être un félin antipathique à l'égo surdimensionné… Mes rêves s'écroulent. »

Elle éclate de rire. C'est vrai qu'il n'est pas si méchant. Plutôt gentil.

« Mais tu l'es toujours ! Juste un peu moins !» Dit-elle avec un clin d'œil.

Du coin de l'œil, elle remarque une patrouille qui s'apprête à partir. Rayon de Soleil fait signe à l'Hiver.

« Désolé, mais je vais devoir te laisser. Je viens de me rappeler que je dois m'occuper de la patrouille du soir avec Rayon de Soleil et Spectre des Cimes, et si je continue de les faire attendre, ils vont vraiment finir par croire que je les ai laissé en plan. On se reparle quand je rentre ! »

Sur ce, le félin se retourne et part en direction du mâle. Mais, d'un coup, il se retourne. L'espace d'un instant, elle se fige.

« Je… Je crois qu'il fallait vraiment qu'on ait cette discussion tous les deux, Œil Glacé. Et je ne sais pas pour toi, mais… ça me rend vraiment heureux qu'on ait fini par l'avoir aujourd'hui. »

La jeune guerrière regarde le cendré partir. Son cœur chavire. Elle se sent légère. Elle se sent bien. Elle se sent belle. Elle se sent amoureuse ! Mais cela, elle ne le découvrira pas tout de suite...

Ft Hiver Éternel
Lune 1211
Œil Glacé protège en #888888

Spoiler:

» Rivière de glace!
» # Eclat de Glace
» Fleur de Glace
» Pas à pas || Ft. Gris & Glacé
» Nuage Glacé