Je veux apprendre ! Ft Saul Pleureur

Les journées ont toujours été plus difficiles et plus longues à vivre que les nuits, pour le guérisseur. Indétrônable insomniaque du Clan, il vivait de la même façon qu’une chauve-souris. Profitant de la fraîcheur nocturne, des hululements hypnotisant des quelques hiboux. Il connaissait un endroit duquel on pouvait apercevoir la lande dans son intégralité. Parfois, si les étoiles le voulaient, il observait une famille d’animaux sauvages. Que ce soit la biche et son daim ou le lapin et son lapereau. Il se faisait nostalgique, comme à chaque fois que la lune était haute dans le ciel. Son regard balaya le firmament, espérant pouvoir y lire une information, un message... Mais il n’y avait rien. Ses ancêtres étaient silencieux et peut-être était-ce mieux ainsi. Il essayait de se faire à l’idée d’être sans parents, depuis bien des lunes. Avec le temps, lui disait-on, les choses iraient mieux. Et il répondait, de son éternel ton cassant, que ce ne sera jamais comme avant, qu’il emmerdait le temps, et qu’il voulait juste oublier. A l’instar d’un mauvais cauchemar, y penser au réveil et puis... Juste faire disparaître ces quelques bribes de souvenirs. Les yeux de Pin Sylvestre lui rappelaient cependant que c’était impossible. Son regard était terrible à tenir, parfois. Il ne devait même pas s’en douter, le connaissant.

Lorsque l’aube pointa le bout de son museau, Saule Pleureur se mit en route vers le campement, laissant son vague à l’âme voguer à travers les plaines. Il s’en débarrassa en s’ébrouant, laissant ses remords et sa mélancolie dans cet endroit dont lui seul avait le secret. Un léger nuage s’échappa de sa gueule tandis qu’il soupira. A son arrivée, il n’y avait que la cacophonie des ronflements qui faisait vibrer le camp. Dans son antre, il s’engouffra, profitant d’une maigre sieste après avoir mâché une graine de pavot, faisant s’envoler ses angoisses. Il se réveilla peu après, ayant un sommeil léger. Dans son éternelle routine inchangeable, il mit une patte hors de son antre. Il marchait sans véritablement faire attention à où il mettait les pattes, se disant que peu de ses camarades devaient être éveillés. Mais une petite boule de poils vint percuter l’une de ses larges pattes. Le Guérisseur poussa un grognement, tandis que son regard se pencha vers le chaton tout excité. Mh... Patte de Givre.

Il fronça le museau, pas tout à fait certain de comprendre ce qu’elle racontait. Apprendre ? Était-elle seulement assez âgée pour mâcher seule sa nourriture... Saule Pleureur l’éloigna d’un coup de queue, gardant sa trajectoire fixe. Il ne prit pas la peine de lui répondre. Il attrapa un lapereau qu’il partagea avec un guerrier avant de s’éloigner pour manger en paix. Enfin, c’était sans compter sur la présence anxiogène d’une petite créature insupportable. En arrachant la chaire de l’animal, il dévisagea la grise. La fille de Colombe... Cette même reine ayant donné naissance à la guerre. Le grand entreprit des étirements félins, puis finit par enfin accorder un brin d’attention à sa cadette :



Il lui donna un petit coup de patte sur l’oreille. Il mentirait s’il disait qu’il détestait les chatons. Il les trouvait touchants et ils restaient les futurs protecteurs de ce Clan. Néanmoins, il n’avait pas la patience ni le social pour ce genre d’interactions.