La racine du conflit | Ombre des Chouettes

Requiem du Silence se surpris à se perdre dans ses pensées alors qu'il longeait le territoire son clan, à la recherche d'odeurs suspectes ou d'éventuelles traces d'intrusion. Même si la patrouille était déjà passée, il se disait qu'on ne pouvait jamais être trop prudent, et s'en trouva presque honteux d'être aussi paranoïaque. Les traces de la Grande Guerre étaient encore bien trop récentes, Requiem du Silence sursautait à chaque bruit un peu étrange, et il avait horreur de ça. Il savait que cela allait prendre encore un peu de temps avant qu'il ne se détende entièrement, et que les choses reviennent à la normale... si elles le pouvaient. On ne pouvait effacer les traces d'un aussi important conflit, après tout, et les guerriers des différents clans resteraient encore pendant un bon moment sur leurs gardes.

Sans surprise, Requiem du Silence appréciait énormément ces moments seuls avec lui-même. Pas qu'il était un expert en rétrospection, mais il aimait sortir du camp pour réfléchir. Il se perdait cependant rarement dans ses pensées alors qu'il s'était promis d'être attentif, mais il réalisa qu'il avait parcouru une certaine distance sans s'en rendre compte. Il soupira... peut-être qu'il avait juste besoin d'une balade... il se souvint qu'il avait le droit de se le permettre, maintenant, que la guerre était terminée, que même s'il fallait rester prudent, les chats de clan avaient le droit de respirer un peu... il avait l'impression de ne pas l'avoir fait depuis des lunes, et il se força à repousser la vague de culpabilité qui l'assagissait subitement. Ce genre de choses, il se le permettait rarement, et il avait fallut être convaincu par certains de ses camarades pour pouvoir se dire qu'il pouvait s'autoriser du temps pour lui-même, une fois qu'il avait accompli les tâches de son clan. Et c'est ce qu'il faisait, toujours aussi fidèlement et sérieusement que depuis qu'il avait été nommé guerrier. Il prenait son rôle très à cœur, surtout en vu de son statut d'Escadron, ce qui faisait que, parfois, il l'était un peu trop... même si ce n'était pas nécessaire. Requiem du Silence n'était pas du genre à savoir se détendre, pas du tout, et il lui fallait fournir de gros efforts pour le faire.

« Il y a quelqu'un ? »

Requiem du Silence avait dressé les oreilles à l’affût d'un bruit, et se tendit automatiquement... avant de réaliser que le bruit venait de l'intérieur de son territoire, et qu'en plus les deux chats n'arrivaient pas discrètement... et portaient l'odeur de son clan. Il salua d'un geste de queue le guerrier et l'apprenti qui étaient sûrement dans le coin pour un entraînement, et repris sa route en pestant contre lui-même de stresser pour rien.

L'Escadron réalisa avec dépit qu'il ne parviendrait pas à se détendre s'il restait en bordure de territoire. Il n'avait définitivement aucune envie de sociabiliser ou de parler avec qui que ce soit, et ne pris donc pas le chemin retour vers le camp. A la place, il entreprit de se diriger vers un lieu peu fréquenté, la Clairière Enchantée. Il n'avait pas quitté les terres de son clan depuis la fin de la guerre, peut-être que ça pourrait lui faire du bien.

Une fois arrivé, il prit bien soin de rester le plus loin possible des champignons qui se trouvaient là. Il savait que certains étaient dangereux mais n'avait aucune connaissance qui lui aurait permis de les identifier. De toute façon, il n'était pas venu pour ça.
Il n'y avait effectivement personne quand il arriva, et c'était exactement ce qu'il cherchait. Plus détendu que précédemment, il se trouva un coin non loin d'un des arbres entourant la clairière, le plus loin possible des champignons, et s'y allongea, contemplant le vide devant lui, détendant ses muscles et prenant enfin le temps de respirer un peu. Malheureusement, cette paix ne dura pas bien longtemps.

L'odeur du clan du Tonnerre lui fit hérisser les poils avant qu'il se souvienne qu'il se trouvait en territoire neutre. Néanmoins, il ne relâcha pour autant pas son attention, et se contenta de s’asseoir, bien droit, histoire de ne pas paraître non plus menaçant. Il n'avait rien à craindre, en principe, mais on ne savait jamais sur qui on pouvait tomber.