Telling wonderful stories || Ft. Flocon de Neige

Ce matin, je m'étais réveillée peu avant l'aube, encore secouée par le cauchemar de la nuit que je venais de passer. Je revoyais encore le corps fragile et sans vie de ma mère, qui avait succombée aux suites d'une maladie, ou de la grande inondation qui avait sévit sur l'ancien territoire des Clans, la forêt de Cerfblanc, nous n'étions pas tout à fait sûr de la cause de sa mort, noyée ou malade, ou les deux... dans ce même cauchemar, apparaissait ensuite le corps désarticulé de mon fils, Matin Cendré, qui avait péri lors d'une terrible chute en voulant sauver sa sœur, Brume Argentée, à l'époque, j'avais dû faire preuve de beaucoup de sang-froid pour ne pas peiné mes petits qui étaient eux même sous le choc du décès de leur fraternel, je n'avais pas réalisé à quel point c'était néfaste de tout garder pour soi.

Aujourd'hui, alors que les rayons du soleil n'avait même pas encore traversé la voûte de la tanière des anciens, je ne parvenais plus à fermer les yeux, redoutant encore de me retrouver face à ses terribles images.

Suite à la guerre, ma fille avait elle aussi était terriblement blessée, au point où je n'avais cessée de m'inquiéter pour sa vie. Heureusement, son jeune demi-frère qui était aussi le guérisseur du Clan, prenait grand soin d'elle, et à mon grand soulagement il ne la tenait pas en vigueur de son mauvais caractère. Car oui, depuis la mort de son frère, Brume n'avait plus jamais était la même, son côté rebelle s'était renforcé, mais pas dans le bon sens de terme, elle était devenue cette créature froide, dénuée de sentiments qui aimait un peu trop regarder de haut tout les chats sur son passage. Je soupirais, excédée par les événements, je ne savais ce que j'avais fais au Clan des Etoiles pour mériter des enfants si compliqués, quand je voyais Grâce du Cygne qui peinait à se faire apprécier, car c'était miss "je veux être absolument parfaite pas comme ma teigne de sœur!", et au final en devenait bien souvent détestable, ou Plume du Nord, qui aimait se la jouait solitaire et orgueilleux, j'avais des enfants qui me donnaient bien du fil à retorde.

J'entendis du mouvement du côté du camp et m'étira de tout mon long avant de sortir de ma litière de mousse, une patrouille se formait, la première de l'aube et l'envie de me dégourdir les pattes me prit, ma santé étant devenue plus fragile depuis quelques lunes, je n'avais plus la même force et énergie qu'avant  pour pouvoir remplir mes devoirs de guerrière, alors j'avais préférée rejoindre la tanière des anciens. Mais il m'arrivait encore parfois de participer aux patrouilles, je n'étais tout de même pas encore une vieille branche incapable de chasser. Je décidais donc de me joindre à celle-ci dans le but de pouvoir ramener quelques prises à mes compagnons de litières.

La matinée se déroula sans encombre, ma fourrure s'étant épaissie à l'arrivée du givre et de la neige de la mauvaise saison, me permettait de pouvoir me promener sans trop souffrir du froid saisissant. Malheureusement, la rivière avait commencée à geler, et le tas de gibiers du Clan de la Rivière allait devoir renoncer à ses habituelles poissons, si il y avait bien un avantage au fait que ma mère m'avait abandonnée petite, c'était que j'avais dû apprendre à chasser avec les chats errants et solitaire, j'étais donc une excellente chasseuse à défaut d'être une piètre pêcheuse, j'étais l'exception qui confirmait la règle des pêcheurs du Clan de la Rivière.

Je m'exécutais à mon travail et dégota quelques prises intéressantes, lorsque la patrouille décida de rebrousser chemin, je marchais paisiblement aux côtés de mon fils, qui faisait parti de la patrouille lui aussi. "Tu as pu parler à ta sœur ?" Lui dis-je innocemment, je savais que celui-ci avait cessé de lui parler depuis l'incident de leur frère lorsqu'ils étaient apprentis. "Je t'ai déjà dis de me laisser tranquille avec ça, mère, je n'ai pas envie de lui adresser la parole, elle est égoïste et irresponsable, tu crois vraiment que j'ai envie d'avoir à faire à quelqu'un comme ça ?" Je baissais la tête déçu, décidément, Brume Argentée n'avait vraiment pas bonne réputation au sein du Clan. "Mais c'est ta soeur, et elle a était grièvement blessée lors de la guerre, je penses qu'un peu de soutiens de ta part pourrait lui faire du bien, et qui sait ? Peut-être qu'elle pourrait se montrer plus docile maintenant que tous ces événements se sont produit, tu ne pens..." "Ca suffit Flocon, arrête de te voiler la face, elle ne changera jamais." et sur ces mots, il me tourna le dos en prenant de l'avance parmi le groupe de patrouilleurs.

On arrivait au camp, mais une expression triste baignait mon visage, je déposais mes proies sur le tas de gibiers, lorsque soudain une petite boule de poils blanche vint s'immiscer dans mon champ de vision, et une voix enfantine se mit à piailler joyeusement. « Bonjour Flocon de Neige ! » Il s'exprimait fort, et je reconnus le rejeton de ma cheffe, Petite Eau, j'esquissais un sourire ravit. « Tu as chassé des méchants de nos terres aujourd'hui ? » Un ronronnement s'échappa de ma gorge et je me penchais à sa hauteur, me couchant sur le sol, à ses côtés.

La petite boule de poils qui me ressemblait très portrait détenait un handicap qui le rendait si adorable lorsqu'il penchait sa tête de côté à cause de la surdité d'une de ses oreilles. Je souriais en posant ma patte sur sa petite tête, les chatons avaient toujours était un remède efficace pour mon cœur mélancolique ; « Bonjour Petite Eau, tu as bien dormi ? Tu n'es pas avec ta maman ? Il ne faudrait pas qu'elle s'inquiète. » Enfin bon, tant qu'il était dans la sécurité du Camp, il ne risquait rien. « Eh bien non, mais comme tu as pu le voir, j'ai attrapée des proies bien juteuses, comme ce mulot, ce merle et cette musaraigne, tu m'aides à les apporter aux anciens ? Leurs ventres doivent gronder de faim ! » Je m'occupais de porter le mulot et le merle, étant des proies bien trop grosses pour le petit bout, et je lui laissais porter la musaraigne tout en gardant un œil attentif sur sa démarche gauche de chaton turbulent.

J'esquissais un sourire malicieux lorsque le chaton tourna autour de la musaraigne, il fit remarquer à quel point elle possédait un étrange faciès, et j'éclatais d'un petit rire chaleureux, après tout, la spécialité de la Rivière c'était le poisson, et ce n'est qu'en saison des neiges comme à présent qu'on était obligé de chasser, le petit ne devait pas voir souvent de musaraigne et l'animal avec son museau étroit et long était loin d'être aussi mignon que son cousin campagnol, mignon mais appétissant il fallait le dire, les campagnols étaient rares durant cette saison et leurs chairs tendres et juteuses manquaient à mes papilles gustatives. Je remerciais malgré tout le chaton qui s'émerveillait devant mes "prouesses" en chasse, je n'étais pas mauvaise pour une guerrière de la rivière, et malheureusement mes talents étaient dû à ma vie difficile dans la rue lorsque je n'étais encore qu'un chaton. Au souvenir de ce passage de ma vie mes yeux se voila de tristesse, mais le sourire revint rapidement lorsque le chaton sautilla entre mes pattes après avoir poser sa proie et saluer son oncle et l'autre ancienne.

« Qu'est-ce que tu vas faire maintenant Flocon de Neige, tu vas te reposer un peu ? »

Il est vrai que je n'étais plus toute jeune même si j'avais encore l'âge d'être guerrière, mais ma décision de rejoindre les anciens était tout autre, ma santé était fragile, je ne savais pas si c'était dû à ma vie passée dans la rue, où au près des bipèdes lorsque j'étais une chatte domestique, peut-être le fait qu'ils m'avaient administrés des traitements spécial faisaient que ma santé à l'état sauvage était beaucoup plus sensible à présent ? Je n'en avais aucune idée, mais je n'étais plus la fière guerrière que j'avais pu être lorsque j'étais arrivée à Cerfblanc, guidée par la prophétie des étoiles.

« Eh bien, je vais d'abord manger, puis faire ma toilette, et tous ça je peux le faire en te racontant une histoire de ma vie passée ? Tu savais que j'étais née pendant l'ascension de la Meute et que ma propre mère m'avait abandonnée dans la rue avec les chats errants ? »

A présent, je souriais, mais à l'époque, je me souvenais de mon désespoir, les images nettes du visage de ma mère, mouillait par les larmes, ses yeux bleus cristallins teintés de peine et de douleur, lorsqu'elle m'avait posée dans ce carton au milieu de la ville. Je me souviens encore, des monstres à bipèdes qui fusaient non loin, vrombissant dans un vacarme assourdissant, des chiens qui hurlaient à la mort, des autres chats qui se battaient, leurs feulements sinistres qui résonnaient dans la nuit noire éclairait par les étranges brindilles lumineuses que possédait la ville. Et moi, seule, tremblotante, terrorisée, blottie au fond de ce carton. Et puis ce chat est arrivé, il se faisait appelé Brutus, frère de Fureur. Pour un chat errant, il avait su être clément avec moi, il m'avait appris à fouiller les ordures des bipèdes, à m'infiltrer dans leurs maisons et voler leurs nourritures, il m'avait même appris à me battre, férocement, parce que dans la ville, il n'y avait pas de code du guerrier, c'était la loi du plus fort qui régnait, quand bien même il fallait tuer pour ça. Il m'avait appris tous ce qu'il y avait à savoir sur la vie en ville, et je lui avais été très reconnaissante.

Je reportais mon attention sur le chaton immaculée, qui me rappelait moi-même à son âge, moins maigre et moins misérable certes, mais le même pelage épais et blanc et les mêmes yeux vairons, enfin presque, l'une de ses pupilles n'était pas verte comme l'une des miennes mais d'un joli doré, rappelant celui de ma fille Brume Argentée.

« Mais c'est trop triste d'être abandonné par sa maman ! »

Je fis une moue attendrie lorsque la voix nasillarde du bébé atteignit mes oreilles, oui c'était triste, mais c'était une autre époque, un autre temps, une autre forêt. L'expression choqué du chaton se mua en curiosité, et une nuée de questions s'échappa de sa petite bouche ; « Qu'est ce que c'est la meute, et qu'est ce que c'est la rue ? » Il marqua une énième pause, sa petite tête penchée sur le côté prenant un air songeur. « C'est pour ça que tu parles bizarrement par rapport à nous ? » J'en oubliais bien souvent, que mon accent étrange s'entendait encore dans ma voix, même après plusieurs années passées dans mon Clan natal, cet intonation venant de loin persistait dans mon langage, freinant sur mes mots comme une mélodie mystérieuse.

Je dépeçais ma proie, prenant soin de réfléchir à ce que j'allais répondre à la petite boule de poils immaculés, savourant la chaire fraîche, le sang pourprait mes pattes et mon museau blanc de neige, et une fois quelques bouchées prises, je me léchais les babines avant de reprendre ;

« Eh bien, la meute existait lorsque les Clans vivaient encore sur nos anciens territoire à Cerfblanc, c'était un groupe de chats sanguinaires qui avait prit possession du Clan de la Rivière, ils étaient cruels et sans pitié, à l'époque, ma mère, qui me portait dans son ventre, avait décidée de mettre bas loin du camp, parce que ce qu'on réservait aux chatons là-bas, n'étaient pas très joyeux. Alors ma mère, qui était bien désespérée, a donc pris cette dur décision de me laisser dans la ville, c'est là que vivent les bipèdes, je suis sûre que Tonton Orage à dû déjà t'en parler non ? Ce sont d'étranges bêtes grandes et longues qui marchent sur deux pattes arrières, leurs corps est dénudés de poils, aussi bien qu'ils se vêtissent d'étranges peaux de bêtes. Enfin bref, du coup ma mère, qui se nommait Perle de Neige, une brave guerrière malgré la peur qui la taraudait le cœur, elle a prit son courage à deux pattes en se disant qu'elle me réserverait peut-être une meilleure vie en me laissant dans la rue, avec une chance qu'un bipède m'adopte et m'apporte une vie confortable de chat domestique, ce qui m'arriva, mais bien plus tard, avant que je rencontre ma petite humaine, j'ai vaincu pendant des lunes durant dans les rues sales et puantes de la ville, j'ai été formée par un chat de la rue qui s'appelait Brutus, il était étonnamment gentil pour un chat errant, il m'avait tout appris, comment chasser du rat, éloigner les chiens, voler les bipèdes, et toutes les choses utiles qu'il faut savoir pour vivre dans la rue. Je me perdais dans mon récit en me remémorant mes souvenirs ; Je me souviens, un jour j'ai voulu voler de la viande qu'ils faisaient cuire sur le feu, oui les bipèdes font cuire leurs nourritures avant de la manger, il y avait un espèce de bac bizarre avec du charbon dedans et par dessus des toiles métalliques, et sur ces toiles métalliques, ils faisaient griller de la viande, j'ai attendu que les bipèdes qui discutaient, ne regardent pas dans ma direction, pour essayer de voler au dessus du bac, seulement je n'avais pas vu le petit chien qui dormait non loin, lorsqu'il m'a vu penchée au dessus de la viande, il a jappé de sa petite voix pénible, ce qui a alerté les bipèdes qui ont hurlés en faisant des grands gestes, j'ai sursauté et je suis tombée dans le bac, me cramant les poils et les coussinets, je suis partie en feulant, les larmes aux yeux, Brutus a dû me soigner pendant plus d'une semaine, je ne pouvais par marcher tant mes coussinets me faisait mal, et plus jamais je ne me suis approché d'une de ses constructions étranges qu'utilisent les bipèdes durant l'été dans leurs jardins pour faire cuire de la viande.   »

Après avoir conté cette histoire, je souriais, j'étais si jeune à l'époque, pas même encore l'âge d'une apprentie, je devais avoir cinq lunes à peine, je n'avais pas connu l'insouciance des chatons, les jeux auxquels on s'adonnait, heureux et enfantin. Non, je n'avas rien connu de tous cela, seulement la faim, la peur et le désespoir de survivre au lendemain.

« Pour ce qui est de mon accent étrange, c'est une tout autre histoire... »

Je disais avec une lueur de malice dans les yeux.

Le petit semblait bien captivé par mon histoire, et lorsque j'eu terminé, il s'empressa de m'assaillir de questions, pas étonnant, c'était de sacré information que je lui avais révélée après tout.

« Qu'est ce qu'ils faisaient aux chatons la meute ? Et comment tu fais pour faire peur aux chiens ? D'après Tonton Orage il peuvent faire deux fois notre taille et notre longueur ! »

J'eus une expression amusée tout en relevant d'un sourcil, quel énergie ! Voilà bien longtemps que je n'avais plus toute cette fougue.

« Je peux voir tes coussinets s'ils sont encore brûlés ??! »

Je m'exécutais en lui montrant mes coussinets roses, qui n'avait plus rien de ses blessures passées, à part la dure vie de clan qui les avait marquée et encore quoi que depuis que j'avais rejoins la tanière des anciens, ils reprenaient cette texture douce et lisse. Je souriais.

« Comme tu vois, je n'ai plus rien, et c'est grâce aux nombreux bipèdes guerisseurs que m'emmenait voir ma famille bipède quand j'étais chatte domestique, ahah, ça c'est une autre histoire. »

Mon regard changea d'une expression plus sinistre lorsque je repensais à la meute et je prit la parole, avec une pointe grave dans la voix.

« Je ne peux pas tout te raconter, tu es encore trop jeune pour savoir les choses horribles qui peuvent se produirent en ce monde, mais ils étaient maltraités, voir tués, finis-je intérieurement. Mais tu n'as pas à t'inquiéter, il y a bien longtemps que la Meute a été dissoute et n'existe plus, et puis c'était sur nos anciennes terres, tu n'as aucune chance aujourd'hui de rencontrait l'un de ses anciens membres, si il en reste. »

Je finissais ma toilette en prenant soin de mon épaisse queue, recrachant instantanément les nombreux poils qui s'accrochaient à ma langue râpeuse. Puis reprit la parole.

« Eh bien ces sacs à puces galeux sont bêtes comme leurs pieds pour la plupart, il suffit de se gonfler et de cracher et eux même prennent peur, c'est simple si tu ne leurs montre pas que tu es intimidé, ils deviennent hésitants et font demi-tour, par contre si tu te mets à courir comme un lapin, leur instinct primitif de chasseurs va s'activer et ils vont devenir fou et te poursuivre. Donc la marche à suivre, si tu croises un chien, ne lui tourne pas le dos, hérisse toi de tout ton corps et feule comme un effronté, tu verras, bien souvent ça marche. Après il existe des exceptions dans ce cas là, il faut prendre immédiatement les hauteurs, ils sont tellement maladroits et patauds qu'ils sont incapables d'utiliser leurs griffes pour grimper ! »

Je lui fis un clin d'œil complice, malgré j'espérais que le jeune chatte ne croiserait jamais un de ces canidés inhabiles.

« Tu penses que j'arriverai à effrayer un chien moi, dit Flocon tout neigeux tout douuux »

J'affichais un grand sourire attendrie, puis à nouveau, lui donna une pichenette affectueuse, ébouriffant un peu sa fourrure épaisse par la même occasion.

« C'est rigolo comme on se ressemble ! »

J'acquiesçais et ordonna au petit de se rapprocher, en lui donnant un coup de langue sur sa fourrure en bataille, à force de s'agiter dans tout les sens, le rejeton nécessitait déjà une nouvelle toilette, et puis c'était un peu de me faute aussi, je m'amusais un peu trop à l'embêter.

« La vraie question que tu dois te poser, c'est, est-ce que tu t'en sens capable ? Parce que si tu pars, avec la peur dans le ventre, il le sentira, mais si tu te présentes, avec la vaillance l'un lion, il fuira, la queue entre les jambes ! Je lui fit un clin d'oeil, puis ajouta ; oui on se ressemble beaucoup, on est assortis au décor de la saison des neiges ! »

Le petit ajouta à nouveau ;

« Est-ce que ça veut dire qu'en grandissant je vais guérir et être comme toi, avec mes deux oreilles ? »

Un voile de tristesse s'abattit sur mon regard vairons que je m'empressais de repousser immédiatement, je n'avais pas envie que le chaton sente ma peine, et qu'il croit que je le considérais en pitié, parmi tout les chats blancs aux yeux clairs, je faisais parti des chanceux, car d'autres naissaient avec l'handicap de la surdité ou de la cécité, Petite Eau, en faisait parti, étant sourd d'une oreille, et le fait d'avoir ma compagnie devait lui rappeler tout les jours que d'autres n'avait pas cet handicap, je ne voulais pas lui mentir en lui faisant des promesses qui n'aboutiraient certainement jamais, j'espérais même que sa surdité ne s'arrêterait qu'à une oreille, car pour d'autre, l'handicap s'empirait avec l'âge, j'avais déjà dû rassurer Mélodie des Etoiles lorsqu'elle s'était confiée à moi, craignant que Petite Eau ne soit un jour trop malheureux si celui-ci prenait d'autre ampleurs.

« Il ne faut pas vouloir être comme moi, Petite Eau, tu es toi, avec ce que tu représentes, et tes faiblesses feront tes forces, moi quand je suis arrivée dans les Clans, je ne savais pas parler votre langue, j'ai du apprendre ou plutôt réapprendre, toi, comme moi, tu vas faire face à des obstacles, et tu auras la fierté d'avoir accompli tes propres exploits ! Sois fier de ce que tu es, car personne d'autre ne possède ta volonté et ta force ! »

J'espérais que mes mots apaiseraient ses doutes et ses inquiétudes et qu'il se sentirait encourager à réaliser ses propres combats. Je n'avais pas envie qu'il se sente inférieur aux autres parce qu'il possédait un handicap qui l'empêcherait de s'épanouir correctement, si il le fallait, je serais même son mentor, afin de lui rappeler tout les jours à quel point il était précieux et important. J'en avais vu des guerriers avec des handicap, étant borgne, ou avec une patte en moins devenir malgré tout, de redoutable guerriers.

« A quoi ça ressemble la belle saison dit, Flocon de Neige. J'aime bien l'hiver, mais c'est long et morne, moi je veux découvrir les beaux jours, et la jolie plage sous le soleil ! »

Je souriais devant sa mine enthousiaste, il était déjà passé à autre chose, décidément ce chaton regorgeait d'énergie ! Je me remémorais les beaux jours, nostalgique. Durant la belle saison, les territoires du Clan de la Rivière étaient particulièrement agréable à vivre, la rivière qui s'éveillait sous les rayons chaud et agréable, les poissons qui nageaient sous l'eau, reflet d'argent, aux écailles arc-en-ciel, les roseaux qui s'élevaient dignement sur les rives régnaient dignement de part et d'autre dans le camp également, la végétation alentours était florissante, les fleurs parsemées la Vallée, la brise était agréable, les oiseaux piaillaient joyeusement, pas de famine ni de maladie, juste la chaleur tiède des jours ensoleillés.

« Si je te racontes tout maintenant, tu n'auras pas la surprise ! Dit toi juste que c'est une belle surprise, et que tu vas beaucoup apprécié ! »

Je savais que ce n'était pas la réponse qu'attendait le jeune chaton, mais je n'avais pas envie de lui décrire en détails tous ce que je savais, l'idéal était qu'il le découvre par lui même et il ne serait absolument pas déçu !

« J'espère que je serais aussi brave que toi, je veux devenir un guerrier important pour le clan moi aussi ! »

Une expression attendrie brillait à présent dans mes iris vairons et je ne pu m'empêcher de sourire, encore, chaleureusement, ce petit était touchant, et me rappelait mes propres enfants lorsqu'ils étaient chatons, Brume avait été une enfant comme ça, turbulente, pleine d'énergie et de questions, j'avais toujours du mal à croire qu'elle était devenue cette créature froide et distante, où était passée ma petite Brume pleine de vie ?

« Je n'ai aucune doute sur le fait que tu le deviendras, et bien meilleur que moi qui plus est ! Tu feras la fierté de ta maman, elle vous aime tellement toi et tes frères et sœurs. »

J'observais le chenapan qui ne tenait toujours pas en place et une idée me traversa l'esprit.

« Tu me montres comment tu débusques des guerriers ennemis ? Je veux voir comment tu fais, peut-être que tu pourrais m'apprendre des trucs, qui sait... »

Je m'affalais complètement, enroulant ma queue autours de mes pattes, attendant la démonstration de la boule de poil blanche.

Je regarde le chaton prendre position, son assurance contraste avec la maladresse de son mouvement et un énième sourire amusé se dessine sur mon visage, l'adorable chaton se lance alors dans une traque à l'ennemi et je l'observe attentivement.

« Oh ! J'ai flairé une inconnue sur les terres de la Rivière ! »

Il prend une position de ce qui se rapproche le plus d'un chasseur je présume et je m'amuse devant la ferveur avec laquelle il se prête au jeu.

« Sus à l'ennemiiiiiii ! »

Il s'élance maladroitement et très vite ses pas s'emmêlent, la boule de poils trébuche et atterrit droit dans mon flanc, rattrapé par le volume de ma fourrure épaisse, je m'assure malgré tout qu'il n'a rien de cassé, celui-ci se redresse avec la même énergie, me donne quelques coup de langues à l'endroit où sa tête s'est cogné, puis plante ses yeux vairons dans les miens avec un brin de fierté dans son regard enfantin et enjoué.

« Alors, c'est comme ça que tu fais ? Je n'aimerais pas te voir en colère, tu dois faire très peur ! Moins que Légende Guerrière mais quand même... Contre qui tu t'es fâchée la dernière foiiiiiis ? »

Je souris chaleureusement, toute cette énergie qui déborde, ça me rappelle mes propres enfants lorsqu'ils étaient chatons, pour sûr Brume Argentée devait débordée de la même énergie, et son frère Matin Cendré ne manquait jamais de la suivre dans ses bêtises. Un voile de nostalgie s'abat sur mon regard, et je me remémore des souvenirs qui me paraît encore bien douloureux. Je me concentre sur les paroles du petit pour chasser les pensées qui m'attriste. A ce que je vois le petit a déjà rencontré la farouche Légende Guerrière, celle-ci a toujours eu un tempérament impétueux ce qui a le don de la faire paraître intimidante. M'enfin, je me souviens encore quand ce n'était qu'une chatonne turbulente, ça m'amuse de me dire que j'ai vu quasiment tout les chats de mon Clan grandir, enfin presque.

« Eh bien tu sais, je ne me mets pas souvent en colère, c'est une émotion que je trouves néfaste parce qu'elle altère ton jugement et ne te permets pas de prendre des décisions lucides, alors je prône le calme la plupart du temps, et puis ça me permet de perdre moins de poils, parce qu'il y a un dicton qui dit que la colère fait perdre ses poils avant l'heure ahah ! Je souris à nouveau chaleureusement, malgré tout, je penses que pendant la grande bataille, j'étais très en colère, non pas contre les autres Clans, mais contre la stupidité de la situation, pourquoi faire couler le sang quand on peut arranger les choses par le débat ? Je suis contre la violence tu sais, je ne penses pas être le meilleur exemple de guerrière, après tout, nous sommes nés pour être combattants, mais moi je n'aime vraiment pas ça.  »

J'attrape Petit Eau et le ramène contre moi afin d'effectuer une petite toilette, au vu de sa précédente prestation, il s'était sali de poussière et de brindilles traînant au sol. Sa fourrure duveteuse à l'odeur de lait m'émeut un sentiment de réconfort et je ronronnes bruyamment.