Nightmares. - feat Péridot

Les mêmes images se passaient en boucle depuis des jours.

Il y avait d'abord la combe où se réunissaient tout les clans durant les Assemblées, le ciel était lugubre, donnant un aspect rouge sang à l'océan qui bordait les terres de Valeemar, le vent sifflait d'une symphonie sinistre, un bruit sourd d'orage en arrière plan venait y ajouter des notes graves. Brume Argentée se tenait là, au centre un arbre mort et carbonisé avait tout écrasé sur son passage, il y avait des corps partout, couvert de sang, mais deux corps se démarquaient des autres par leur aura funeste, l'une rousse et blanche, les orbites sur son visage où se trouvaient jadis de beaux yeux bleus, laissant désormais l'espace à un vide noir infini, la masse se soulevait, désarticulée, suivi d'une autre masse blanche immaculé de sang, arborant la même expression effrayante, il n'y avait pas d'yeux. Seulement deux troues béants et vides. Les deux êtres fantomatique qui étaient malgré tout reconnaissable pour Brume Argentée, frôlaient le sol, à une cadence inquiétante et furtive, la jeune guerrière essaya de crier, mais aucun son ne parvenait à sortir de sa gorge.

Tout à coup, elle ne put même plus bouger, elle tenta de se libérer de l'emprise que semblait avoir les deux ectoplasmes sur son corps. L'un des deux se tint juste face à elle, et un son effrayant s'échappa de sa mâchoire, la chose articula ; tu nous as tués, Brume Argentée, tout est ta faute. Le visage de Brume se déforma de tristesse et d'angoisse, l'autre masse blanche ajouta ; tout est ta faute, tu n'as jamais su te montrer responsable, maintenant tout est de ta faute, tout ceci est de ta faute, tu es une meurtrière. Ton égoïsme nous as tués. La guerrière argentée tenta de réprimer ses émotions tant elles étaient intenses, les deux masses se rapprochèrent dangereusement de Brume, et tout les autres corps qui étaient jusqu'à présent inertes sur le sol, lévitèrent brusquement au dessus du sol, ils furent un cercle mural autour de Brume, elle était terrorisée ; No-noon ! Ce.. Ce n'est pas de ma faute ! Je ne suis pas responsable ! Sa voix se brisait dans le silence, et il n'y eu aucune réaction de la part des ectoplasmes. Tous, se mirent à avancer en sa direction, pour l'engloutir, du sang se mit à couler, à flot, inondant le pelage jadis gris argentée de la guerrière, elle tentait de s'échapper mais les masses se faisaient toujours trop nombreuses, elle n'arrivait plus à respirer, elle suffoquait et parvenait à entendre en arrière plan, des murmures sinistres ; assassin, assassin, assassin.. Puis tout noir.

Son corps convulsa de spasmes violent, lorsqu'elle ouvrit enfin les yeux, elle resta inerte sur son lit de mousse que quelqu'un avait installé certainement lorsqu'on l'avait évacuée dans la tanière du guérisseur suite à la bataille. Elle n'avait aucune force, elle parvenait à peine à respirer, ses poumons lui brulaient, elle avait le sentiment que des milliers de lames lui mutilaient la gorge lorsqu'elle aspirer et expirer l'air. Son estomac était si creux qu'elle ne se souvenait plus si elle avait déjà eu aussi faim de toute sa vie, elle ressentait chaque parcelles de son corps, dont les multiples blessures qui lui striés la fourrure, elle tenta d'entrouvrir un peu plus sa mâchoire, dans l'espoir d'humer ce qui l'entourait, ses sens n'étaient pas optimisés, elle était faible, elle avait faim et elle avait mal.

Elle parvint malgré tout à reconnaître un parfum qui lui était très familier, Eclat du Péridot. Il était là ? Elle sentait son odeur mais ne le voyait pas, elle avait si mal à la nuque que lorsqu'elle osa enfin faire un mouvement, son visage se crispa de douleur, elle avait l'impression d'avoir été plongée dans un sommeil profond, pourtant elle n'avait dormi qu'une nuit, non ? La guerre avait cessée, Mélodie des Etoiles était-elle.. vivante ? Tant de questions tourna dans sa tête, et son cauchemar refit surface, ils sont morts ! Elle se souvint des deux masses mystérieuse de son songe, c'était sa meneuse et sa mère. Est-ce que c'était un message du Clan des Etoiles ? Peut-être étaient-elles mortes toutes les deux ? A cause de Brume qui n'est pas parvenu à sauver sa meneuse à temps, et peut-être bien que sa mère avait péri dans la bataille bien avant l'orage et tout le massacre qui s'en ai suivi, elle n'avait pas su protéger sa mère et sa meneuse ? Les larmes montèrent et s'écrasa lourdement sur ses joues. Elle se releva brusquement, grimaçant à nouveau de douleur et éclata en sanglot.

"Elles.. elles sont mortes par ma faute, Flocon de Neige et Mélodie des Etoiles sont mortes à cause de moi.."

La douleur de ses muscles et de ses blessures n'étaient rien à côté de celle naissante de son cœur, elle savait que le Clan des Etoiles l'avait renie à présent, et l'avait punis, ses rêves sombres et lugubres étaient un message, elle avait envie de disparaître sous terre tant elle ne méritait pas de vivre.

Le corps tremblant, la guerrière argentée sanglotait, recroquevillée sur elle même. Lorsqu'une voix familière la ramena à la réalité, elle vit le corps gris cendré de son camarade qui s'allongeait près d'elle pour la consoler et celle-ci plongea son museau dans sa fourrure chaude. Il prononça son nom et elle sut qu'il serait là pour elle, malgré ses doutes et ses peurs, il serait toujours son ami.

« Chht... Tout va bien, tout va bien ! Elles sont vivantes, toutes les deux. Tu n'as rien fait de mal. La guerre est finie. »

Les paroles du guerrier furent comme si on lui retirait une épine tranchante dans le cœur, et elle le fixa de ses grands yeux vairons, avec soulagement. Donc tous ceci n'avait été qu'un simple cauchemar ? Mélodie des Etoiles et Flocon de Neige étaient bien en vie ?

« Tu as perdu connaissance juste après, nous étions très inquiets. Je suis venu te voir tous les jours, mais tu ne te réveillais toujours pas. »

Son cœur se serra lorsqu'elle pensa à ses proches qui avait dû tellement s'inquiéter pour elle, la guerre avait dû emporter tellement de chats au combat. Elle baissa les yeux, triste, et se blotti un peu plus contre son camarde de clan. Ses muscles lui faisaient vraiment souffrir et sa respiration était sifflante, mais elle était bel et bien vivante, elle renifla, puis sécha ses larmes avec sa patte.

Eclat du Péridot semblait être moins blessé qu'elle, mais son corps avait dû endurer beaucoup durant la bataille, elle observa sa fourrure grise, et caressa du bout de sa queue les cicatrices qui striaient son corps, puis réalisant son geste intrusif, retira immédiatement sa queue et retourna la tête, gênée d'avoir trop pris ses aises. Elle tenta de changer de sujets.

« Je suis si contente que vous soyez en vie. Elle le pensait sincèrement. Nous avons perdu beaucoup de camarades ? Son regard s'assombrit, et elle pensa aux veillées et aux enterrements qu'elle avait ratée, je me rends compte que je suis affamée.. »

Elle tenta de se lever, mais ses membres n'avaient pas la force suffisante, et elle s'écroula immédiatement dans un cris de douleur. Mince ! Elle râlait, la guerrière argentée détestait se retrouver dans cette posture, elle se sentait faible et inutile, et elle avait l'impression que toute la grâce qu'elle s'appliquait chaque jour à avoir avait complétement disparue et qu'elle ressemblait désormais à un simple fardeau.

La guerrière regarda le sol tristement lorsqu'il lui annonça que malheureusement il y avait bel et bien eu des victimes durant la bataille. Elle eut envie de lui demander de qui il s'agissait, mais par peur elle préféra garder le silence. Elle n'avait pas envie d'apprendre des mauvaises nouvelles, elle découvrirait bien assez tôt qui il manquait à l'appel et elle irait discrètement faire une prière au Clan des Etoiles afin de veiller sur les guerriers défunts. Soudainement, Eclat du Péridot disparu, prétextant chercher à manger pour la guerrière, elle eut envie de le gronder, non mais ! Elle n'avait pas besoin qu'on l'insiste, elle regarda son corps malmené et du s'avouer qu'elle avait mauvaise mine, et qu'elle était incapable de bouger. Cependant sa fierté brûlait en elle, elle mourrait d'envie de lui donner une pichenette à l'oreille et de lui rappeler qu'elle n'était pas un chaton ou un ancien.

Elle serait très mal placée pour dire ça, et elle le savait, actuellement un ancien ou un chaton serait bien plus capable qu'elle d'aller se chercher une proie sur le tas de gibier, elle râla, mécontente. Mais lorsque le guerrier cendré revint avec un beau poisson fraîchement pêchée, elle saliva et dévora en un instant la créature à écailles. Manger du poisson n'était pas une partie de plaisir sur la préparation, il fallait l'écailler, ce n'était pas agréable du tout d'avaler des petites écailles, elles restaient bloquées dans la gorge et faisait tousser les malchanceux qui n'avait pas bien triés la bête. Cependant, Brume raffolait des poissons, et elle était devenue experte en la matière, alitée ou pas, elle fit un travail de qualité pour pouvoir apprécier la cher tendre de la créature aquatique.

« Moi aussi, je suis content de voir que tu t'es réveillée et que tu n'as rien. C'était... Très dur, tout ça. C'était la première fois que j'assistais à une guerre. » Il marqua une longue pause. « Et je ne crois pas que ce sera la dernière. Nous devons nous tenir prêts. »

Les yeux de Brume Argentée s'assombrirent, la guerre s'était stoppé de façon inattendue, mais ça ne voulait pas dire que les tensions, elles, avaient disparu. Elle n'avait plus envie de voir d'autre chats tombés sur le champ de bataille, personne ne méritait un destin pareille.

« Mais... J'étais rassuré de pouvoir combattre à tes côtés, tu sais ? Je me sentais imbattable ! »

Une douce sensation chaude inonda le corps de la femelle argentée. C'est vrai que l'adrénaline qu'elle avait ressentie s'était décuplée à ses côtés, et elle avait eu le sentiment, qu'à eux deux, ils auraient pu vaincre n'importe qui s'opposant à eux.

Elle esquissa un sourire vers le guerrier cendré, le couvant d'un regard tendre et bienveillant.

« Je comprends, combattre avec moi, ça doit être un honneur ! Un peu d'humour ne ferait de mal à personne, elle fronça un sourcil, malicieuse et observa la réaction du mâle. C'est vrai, ça n'aurait pas été pareil sans toi! Elle ajouta finalement. »

Elle esquissa un sourire taquin à son camarade, mais dans ses yeux on y lisait une profonde once d'admiration et de reconnaissance. Comment la solitaire Brume Argentée avait réussi à se dégoter un ami pareil, avec son caractère de morveuse à la langue de vipère et son éternel besoin de s'isoler et d'être indifférente aux yeux des autres ? Jusqu'à maintenant, il n'y avait qu'un matou qui lui avait procurait ça, et à présent il avait disparu. Ses yeux se voilèrent en pensant à son ancien ami du Clan de Vent, Jaguar des Ombres. Mais une lueur d'espoir envahissait son cœur, maintenant, Eclat de Péridot était là, à ses côtés, et elle allait pouvoir vivre de nouvelle aventure avec son nouvel ami.

« J'espère que nous pourrons de nouveau combattre ensemble la prochaine fois. »

Combattre à nouveau ? Malheureusement, la guerrière argentée avait tout sauf envie de faire face à une nouvelle guerre, devoir à nouveau voir ces camarades tombés au combat, les gens meurtris et blessés, et elle même qui se retrouve enfermée comme une proie affaiblie dans la tanière de son fraternel. Non, elle n'avait vraiment pas hâte que la forêt soit à feu et à sang.

« Enfin... Pas que j'ai hâte à une autre guerre, mais... Je sais que nous ne sommes pas au bout de nos peines. »

Et il avait raison, bien que la femelle était bloquée ici, elle pouvait tout de même entendre les rumeurs qui sévissait au sein du Clan, si la guerre s'était arrêtée, c'était simplement parce que la Clan des Etoiles avaient déversé sa colère sur le champ de bataille. Brume Argentée ne pouvait s'empêcher de se dire que c'était pourtant un message clair : les aïeux veulent que les conflits cessent, pourquoi les meneurs ne s'apaisaient pas ?

« Et il faut que nous reprenions des forces avant. Veux-tu te dégourdir les pattes ? Ou te reposer un peu ? Et ton nid, est-il assez douillet ? Je peux te chercher d'autres roseaux, au besoin. Tu n'as qu'un mot à dire et j'accours ! »

Brume Argentée mourrait d'envie de sortir du camp, mais ses membres étaient beaucoup trop douloureux pour qu'elle puisse faire le moindre mouvements, elle tenta tant bien que mal de se lever mais la douleur fut si intense qu'elle s'écroula instantanément dans sa litière. Elle soupira, résignée, et leva un regard attristée vers son ami.

« Comme tu peux le voir, je suis pas prête de sortir d'ici avant des lunes, elle grimaça lorsqu'elle sentit un liquide poisseux qui s'écoulait sur son flanc, lorsqu'elle tourna la tête, et remarqua que sa blessure s'était encore réouverte, cette maudite blessure se réouvre à chaque fois que j'ai le malheur de faire un mouvement ! A ce rythme là, je ne sortirais jamais d'ici... Tu es adorable, Péridot, elle s'autorisa à lui donner un surnom, et d'une voix mielleuse lui demanda presque timidement, je veux bien que tu me passes les toiles d'araignée qui sont là-bas, Chant d'Espoir m'en a laissé au cas où ce genre d'incidents se produiraient. »

Malgré elle, elle esquissa un sourire ravageur, elle avait beau être mal en point, elle ne perdrait pas sa dignité pour autant.

Alors que la déesse d'argent se tortillait dans tout les sens pour essayer de mettre les fines toiles d'araignée sur sa blessure, un rictus de douleur qui se crispait sur son visage à chaque mouvement, le jeune mâle cendré s'empressa de l'aider comme il put et la jeune femelle fut surprise par la douceur à laquelle s'afférait le mâle dans sa tâche. Elle souriait, touchée par son geste mais n'en montra rien lorsqu'il leva à nouveau les yeux vers elle.

« Tu es un peu une ancienne avant l'heure, en fait. Dis mamie Brume, tu veux bien me raconter une histoire de ta jeunesse ? »

Elle fronça d'un sourcil, haussa l'autre, une lueur de défis dans les yeux.

« Attends voir que je sois guérie on verra si tu oses encore m'appeler mamie Brume ! »

Instinctivement, elle sortit ses griffes et les plongea dans la terre meuble, tout en affichant un sourire malicieux, bien sûr, elle plaisantait elle n'oserait pas faire de mal à son ami, mais ses membres la picotaient tant elle mourrait d'envie de lui bondir dessus à cet instant et de le plaquer au sol, histoire de lui montrer toute la fougue dont elle était encore capable. Le guerrier se mit à ronronner, et elle fit de même, soulagée que sa blessure soit à nouveau ensevelit sous un rideau de toile d'araignée, elle en avait profitée pour croquer une graine de pavot que lui avait laisser Chant d'Espoir si les douleurs refusaient surface. Malgré elle, elle appréciait l'effet que lui donné cette étrange graine, la plongeant dans un état second, elle souriait parfois bêtement lorsqu'elle en prenait trop d'un coup. Pour l'heure, elle avait juste une sensation de bien-être qui la submergeait, rendant ce moment encore plus plaisant qu'il l'était déjà.

« Mais j'espère bien que tu pourras sortir avant "des lunes" comme tu dis. Va y avoir les premières neiges, ça va être magnifique ! Faut qu'on les voit ensemble ! »

Les première neiges ? Déjà ? Elle fit une moue de chaton en y pensant.


« Oh bah j'espère bien aussi, pas envie de rester là, je vais finir par m'enraciner ! Et puis, regarder les premières neiges avec toi, c'est un programme qui ne me déplairait pas le moins du monde. »

Et sur ses mots, elle plongea un long regard lourd de sens, perdant de toute sa subtilité, ses yeux rayonnaient de malice et d'autre chose, peut-être un désir ardent de se retrouver seule en compagnie du jeune mâle, sous les premiers flocons de neige.

« Si je viens venir te voir tous les jours, y'a pas moyen que tu ne guérisses pas. Enfin, j'imagine que je ne suis pas le seul à venir, n'est-ce pas ? Faut que j'en laisse un peu aux autres aussi. »

Elle l'observait, interdite. Personne n'était venu la voir, sauf sa mère, qui ne cessait de s'inquiéter à son sujet, mais au vu de leur relation houleuse, Brume était toujours froide vis à vis de celle-ci, elle écarta vite l'idée de sa génitrice de ses pensées pour reporter tout son attention à Eclat de Péridot.

« Personne ne vient me voir à part ma collante de mère et mon défaitiste de frère, la meilleure compagnie que je peux avoir actuellement, c'est toi. Et non Péridot, ne laisse rien aux autres, je suis tout à toi en réalité. » Ses yeux semblaient lançaient des signaux bien explicites et il aurait fallut être aveugle pour ne pas comprendre se que sous entendait la jeune guerrière.

C'était à demi un mensonge quand on connaissait bien la guerrière et ses penchants pour le flirt, mais si il y avait bien quelque chose dont elle était sincère, c'est qu'elle tenait véritablement au matou cendré et sa visite de tout les jours, lui remplissait le cœur de joie.

Nightmares.
Ft - Péridot

Brume Argentée sourit lorsque son interlocuteur semble un peu désemparée face à ses paroles séductrices, Eclat du Péridot était un chat plutôt modeste et quelque peu timide, elle ne s'étonnait pas de sa réaction, il ne devait pas souvent avoir des avances aussi directes.

« Je pensais que tu recevais beaucoup de visites, cela m'étonne... S'ils savaient comme tu t'es bien battue durant la guerre, il en serait autrement ! »

Elle soupira, un peu agacée, oui mais personne n'appréciait réellement la jolie guerrière argentée, elle était.. Spéciale après tout, alors même au sein de sa propre fratrie les choses étaient trop compliquées, et les deux autres préféraient largement l'ignoraient.

« M-Mais pour moi aussi, tu es importante, Brume. Je veux te faire plaisir et pouvoir t'être utile. »

A cet instant, elle rayonnait de bonheur, touchée par les mots du matou cendré, le mâle respirait la bienveillance et la bonté, elle se sentait elle même honorée par sa présence et l'attention particulière qu'il lui portait.

« Au moins tu peux compter sur ta famille. Tu t'entends bien, avec eux ? »

Ces mots furent comme des coups tranchants dans son cœur, il ne savait donc pas ce qu'il en était de sa relation avec sa propre famille ? Brume était pourtant persuadée que la plupart des membres était au courant. Elle renifla, légèrement embarrassée, elle allait devoir lui expliquer et elle savait que ces mots ne seraient sans doute pas ce qu'il attendait.

« Je suis ravie de savoir que je peux compter sur toi, lorsque je serais remise sur pattes, je te fais la promesse qu'on ira les voir ces fameuses tombées de neige ! »

Elle marqua une pause puisqu'elle s'apprêtait à rentrer dans les sujets moins sympathique.

« Ma famille ? Pff, ces gens là sont certainement les gens sur lesquels je peux le moins compter. A part ma mère, ce pot de colle ne veut pas me lâcher, je suppose que c'est parce qu'elle m'aime, mais ça m'impressionne, je me demande encore comment des gens peuvent m'aimer, je m'efforce d'être la créature la moins agréable de la forêt alors.. Sa détermination à toute épreuve est.. Incroyable ! »

Elle éclata d'un rire léger et jaune, oui, Brume n'était pas toute douce avec sa mère, elle passait son temps à rejeter ses marques d'attention. La réalité était qu'elle avait honte. Honte, parce qu'elle ne se sentait pas légitime de son amour, elle ne se pardonnait toujours pas la mort de son frère, et estimait qu'elle n'avait pas le droit aux traitements de faveur que lui accordait sa mère puisqu'elle lui avait arraché son fils.

« Brume, je ne comprends pas... Pourquoi tu te fais passer pour quelqu'un de désagréable alors que tu es tout l'inverse ? »

La jeune féline cligna des yeux, un peu désemparée, elle était.. Tout l'inverse ? Non c'était faux. Elle ne prétendait pas juste être désagréable, elle l'était parfois réellement, et même si le mâle cendré faisait parti des rares à qui elle montrait une autre facette de sa personnalité, ça n'empêchait pas que Brume Argentée était une créature froide & parfois même méprisante, qu'elle s'en fichait éperdument des règles et des lois qui régissent les Clans, et qu'elle était têtue comme une mule.

« Moi je suis très heureux de découvrir la vraie Brume. »

Mais les paroles de son ami lui réchauffèrent le cœur, peut-être que la femelle argentée n'aspirée pas à n'être que ce qu'elle pensait être ? Peut-être qu'elle pouvait changer et devenir plus courtoise, plus agréable ? Bien sûr, elle ne cesserait pas d'aller batifoler à droite et à gauche, ou encore de se promener à sa guise ou elle voulait, mais peut-être que si elle s'efforçait à être plus gentille, les gens feraient plus d'impasse sur ses erreurs. Elle regardait dans le vide, réfléchissant à qu'est-ce qui pourrait être une bonne solution. Après tout, elle avait fait la connaissance de deux matous incroyables qui l'aimait pour ce qu'elle était, autant lorsqu'elle était sarcastique, autant lorsqu'elle était piquée d'aventure, autant lorsqu'elle était douce et attentionnée. Malgré tout, une chose demeurait dans son esprit, elle était responsable de la mort de son frère, et encore aujourd'hui, elle n'arrivait pas à avancer, elle se rappeler des paroles de son frère ; " Ne crois pas que j'ai menti pour que personne ne sache ce qui est vraiment arrivé et t’éviter les représailles de tout le monde. Nuage de Nuit et moi, on ne te pardonnera jamais ce qui est arrivé, je veux que tu vives dans le silence de tes remords, je veux que tu sois ronger par ta propre culpabilité et tes regrets. Tu ne m'adresseras la parole que lorsque tu seras obligée ou par convention social. Mais ne te méprends pas, ce soir tu n'auras pas perdu un, mais deux frères et une sœur." Et bien qu'aujourd'hui, les choses s'étaient apaisées, Plume du Nord avait péri durant la guerre, laissant ses deux petites orphelines de leur père derrière lui, elle se sentait toujours aussi coupable, finalement elle n’aurait jamais eu le pardon de son aîné, sa sœur quand à elle lui pardonnerait-elle un jour ? Leur relation semblait toujours distantes et Nuit Polaire la surveillait de loin. Personne n'était au courant de la vérité à part elle désormais, Matin Cendré était mort pas sa faute, à cause de son irresponsabilité, et elle vivait dans ce mensonge depuis tellement d'année, qu'elle se qualifiait de meurtrière, et jamais elle n'avait pu en parler à qui que ce soit, elle en avait vaguement parler à Jaguar des Ombres, mais n'avait pas voulu s'éternisait sur le sujet. Pour autant, elle voulait vraiment rassurer son ami.

" - Je vais faire des efforts pour être plus gentille, je ne promets rien mais je peux bien essayer ! "

Elle lécha son ami entre ses deux oreilles pour la rassurer et poussa un ronron fort et rassurant.

" - Merci d'être toujours là pour moi Péridot, ça fait du bien de se savoir soutenu par quelqu'un quand on se sent très seule."

Elle le couva d'un regard doux et lourd de sens, son cœur tambourinait dans sa poitrine et elle se demanda si c'était bien ce qu'elle pensait être, les mêmes sentiments qu'elle avait pu ressentir pour Jaguar avant sa disparition, serait-il possible que le matou cendré faisait lui aussi battre son cœur ?