Pour devenir un guerrier, l'apprentissage passe par des coups sans broncher. [Ft.Étoile de Jais]

Les pattes de la meneuse foulaient silencieusement le sol au rythme de sa course, ses coussinets éfleurant presque le sol avec légèreté. Son pelage noir ébène se collant à ses muscles tendus en pleine action, la guerrière était en patrouille solitaire. Son regard observait chaque détail pouvant l’alerter, des feuilles piétinés, des branches brisées.. Tous les sens de la vétérante étaient aux aguets, et rien ne pourrait venir troubler la concentration de la guerrière noire. La lueur de la lune venait se refléter dans les pupilles de ses yeux, faisant briller leur éclat d’une façon presque iréel, le bleu profond de ses yeux devenait presque plus clair devant l’astre nocturne tandis que la cicatrice de son   œil blessé était presque plus impressionnante.

De nombreuses lunes s’étaient écoulées depuis sa nomination de meneuse, mais pourtant, elle ne se sentait pas changée. Elle était restée la même, rien n’était venu effacer les marques de son passé, aucune assurance nouvelle n’était venue en elle. Elle restée la féline qu’elle avait toujours été, Flamme de Jais, la guerrière dévouée à son clan et aux personnes qu’elle aimait. Seul son nom avait été changé, la faisant appartenir aux Étoiles. Ses ancêtres avaient décidés de lui faire porter la responsabilité de l’Ombre, du clan qui l’avait vu naître et l’avait vu grandir. Elle avait été élevée dans ses valeurs et comptait les faire vivre à travers sa nomination. Si certains avaient cru qu’elle n’accepterait pas cette charge, la considérant trop faible et trop maternelle pour devenir une cheffe, ils pouvaient se taire désormais. Accompagnée de son lieutenant, et ami, Dent de Sabre, la guerrière de jais s’était affirmée telle une dirigeante forte et inébranlable, cherchant toujours le meilleur pour son clan et repoussant ses propres intérêts derrière ceux de son clan.

Sa course effrénée se stoppe enfin, elle n’est qu’à quelques longueurs de queue de renard de l’entrée du camp. Ses pas ont foulés les frontières de son territoire, cette patrouille n’avait pas été prévue mais Étoile de Jais avait parfois, des pulsions la poussant à sortir pour vérifier de ses propres yeux les limites de son territoire. Ce n’était pas parce qu’elle était devenue meneuse que cela la dispensait de contribuer aux patrouilles et aux tâches quotidiennes, bien au contraire. Même parfois des tâches considérées comme honteuses, la meneuse n’hésitait pas à les effectuer. Et lorsqu’elle voyait des apprentis rechigner à aller chercher de la mousse pour la guérisseuse ou apporter de l’aide aux anciens, il n’était pas rare de la voir accompagner ces enfants mal élevés afin d’accomplir elle même ses tâches qui étaient pour elle, plus qu’importantes.

La guerrière sombre entra alors à pas feutrés dans le camp, adressant un léger signe de tête aux sentinelles gardant l’extérieur du camp. Un calme paisible régnait sur les différentes tanières, les étoiles éclairant ce lieu si silencieux durant la nuit qui brûlerait bientôt de bruits et de vie. Les rayons du soleil viendraient bientôt réveiller les guerriers de l’Ombre mais il leur restait encore quelques heures de repos, enfin, pour ceux qui ne participeraient pas à la patrouille de l’aube. La meneuse allait s’accorder quelques temps de repos avant l’entraînement matinal qu’elle avait promis à son nouvel apprenti, Rôdeur des Nuages. La cheffe avait décidé de le prendre sous sa tutelle après avoir remarqué les signes d’un caractère assez affirmé dés la pouponnière. En effet, l’apprenti montrait les signes d’une indifférence presque froide aux éléments l’entourant et d’autres marques de caractère que la meneuse n’arrivait pas à discerner pour l’instant. Elle avait donc pris la décision d’accompagner ce jeune apprenti lors de son apprentissage et de l’ouvrir un peu plus au monde qui l’entourait.

La meneuse entra dans sa tanière et se laissa tomber sur sa litière de mousse et se laissa bien vite happer par les méandres brumeux du sommeil, après une légère toilette et s’enfonça dans des rêves assez calmes et apaisés…

Les rayons lumineux filtrant le rideau de végétation couvrant l’entrée de sa tanière se posaient délicatement sur le corps encore endormi de la meneuse, son torse se baissant et se relevant doucement au rythme de sa respiration. Le soleil atteint ensuite la fine peau recouvrant les yeux de la guerrière, sa lueur passant légèrement à travers ses paupières et la réveillant peu à peu. La respiration si régulière de la meneuse se trouble tout à coup, le temps que l’esprit reprenne contrôle sur les bouffées d’air rentrant dans son corps, que la volonté de sa pensée prenne le relais sur le reflex naturel du corps de respirer. La cheffe se relève doucement, et après quelques minutes pour se réveiller, elle entend des pas s’approcher de son antre. Une odeur ténue parvient à son odorat, un léger sourire vient se poser sur le visage de la meneuse, elle a reconnu son apprenti avant même que celui ci hausse la voix pour lui demander si elle est réveillée.

Elle sort de sa tanière afin de le rejoindre et s’assoit devant lui.

Oui je suis là, tu es bien à l’heure ce matin. Aujourd’hui je t’accorde le choix, que préférerais tu faire entre perfectionner tes techniques de combat ou tes techniques de chasse ? Dans tous les cas, j’espère que tu t’es bien reposé car je ne compte pas te laisser chômer.

Elle sourit d’un air satisfait puis se relève, attendant la réponse de son apprenti, malgré le fait qu’elle ait une forte intuition sur le choix de celui ci.