your smile is all I need ft. petite fraise

Sous le poids de la fraîcheur automnal, un frissonnement parcouru le corps de Douceur Irisée. Le vent balayait la cime des arbres, et la femelle immaculée se sentait reconnaissante de la protection naturelle de son camp. Le craquement des feuilles mortes sous ses coussinets roses la réconfortait. En effet, la jeune guerrière appréciait cette saison - sûrement au même titre que les autres - mais ces draps colorés lui inspirait une certaine douceur à l'automne, que peu de félins perçoivent. Ces tons chauds qui s'éteignent sous les douceurs du ciel la laissait admirative.

Si la jeune guerrière essayait de se rassurer en observant les feuilles danser sous les panaches grises du ciel, son moral n'était pas à son zénith. Douceur Irisée remarquait que plus le temps s'étirait, plus son optimisme naturel s'effritait. Après tout, elle venait tout juste d'être nommée guerrière, et si la plupart des jeunes guerriers s'en réjouissaient et étaient excités de participer activement et fièrement à la vie clanique, la jeune femelle se sentait chagrinée. Peut-être que réaliser les tensions des autres clans la pesait plus qu'elle ne le pensait, bien que la Lune restait passive au-dessus de tout ce pessimisme.

Elle pouvait imaginer les pires scénarios, comme les plus beaux. Mais l'annonce de son chef l'avait quelque peu déçue. La guerrière blanche à l'aube de sa carrière se sentait inutile. C'est dans cette longue réflexion, le regard perdu en hauteur, qu'elle pressentit l'arrivée d'un félin. Mais cette certitude se perdit entre ses pensées, qui se nouaient et dénouaient dans de méandres clairs et obscurs à la fois, comme un lacet irisé qui tourbillonnait dans son crâne. Elle finit alors par pousser un léger soupir, cessant la contemplation des valses naturelles qui ne lui suffisaient plus à espérer.

C'est dans un rugissement enfantin, et un bousculement -peu brusque- que Douceur Irisée bondit sur ses pattes et leva la tête.

« AH ! J't'ai eu, ville guerrière du Vent ! Rends-toiiiiiiiii ! »

Prise de plein fouet et par surprise, la jeune guerrière mis quelques secondes avec de comprendre ce qu'il se passait. Ses yeux couleur du soir croisèrent le regard jade et pétillant de Petite Fraise. Ses petits poils frémissants, aux couleurs de l'automne, suffirent à apaiser Douceur Irisée. La jeune chatonne se mit à rire, des éclats de pureté sous un ciel qui se réchauffait doucement.

La jeune tante ne voulait pas apparaître chagrinée devant sa nièce pleine d'énergie et de joie, et ses doutes s'effacèrent comme les premiers flocons aux après-midis des saisons des feuilles mortes. Son corps souple s'affaissa, les membres tendus, et en une seconde sa patte glissa contre le sol terreux et vint taper gentiment les moustaches blanches de Petite Fraise. Douceur Irisée n'est pas très grande actrice, et elle souriait d'insouciance tout en menaçant :

« Peut-être que je suis vieille, mais je ne me rendrai jamais contre une boule de poils puante comme toi ! »

La jeune guerrière se souvenait de sa propre admiration quand elle était chatonne. Elle avait l'impression que les guerriers avaient vraiment plein d'expérience, et étaient inatteignables, un peu comme dans les contes qu'on lui racontait tendrement. Peut-être que sa nièce pensait comme elle ? Mais tandis que Douceur Irisée reprenait une position de combat, le poids de la forêt s'écroula sur elle.

La vue de ses pattes bandées et prêtes à réagir lui rappelait que ce sont des armes parfois mortelles, et que ces guerriers venteux allaient sûrement subir le même courroux que lui infligeait Petite Fraise, sauf que ce ne sera pas un jeu. Incapable de quitter sa position, par peur de décevoir sa nièce plein d'entrain, Douceur Irisée hésita avant de demander, essayant d'être le plus naturel possible :

« Dis-moi Petite Fraise, as-tu hâte d'être guerrière toi aussi ? »