Désire humain et conception féline [Opale seule- TERMINÉ]

Désire humain et conception féline

Le soleil était à son zénith et réchauffait l’herbe haute du camping. D’ici peu le bipède responsable de l’entretien des lieux grimperait sur son monstre rouge et raserait de prêt l’étendue verte, dégageant une forte odeur acide qu’Opale n’appréciait guère. Ce changement de décors serait inexorablement suivi par l’arrivée des premières caravanes. Les campeurs, plus frileux, arrivaient souvent plus tard dans la saison. La jeune chatte était impatiente de retrouver ses amis estivaux et ne tenait plus en place, faisant chaque jour le tour du camping pour calmer son excitation.
Elle s’apprêtait justement à sortir ce jour-là lorsque son maitre entra dans la maison. Tout d’abord surprise de le voir là en cette période (Il passait généralement tout son temps dehors dès que la nouvelle saison pointait le bout de son museau), elle n’en fut pas moins ravie et trotta vers lui pour se frotter à ses jambes, miaulant d’une voix rauque pour demander des caresses.
Or, au lieu de la repousser comme il le faisait habituellement lorsqu’elle se montrait trop entreprenante, Il l’attrapa et la souleva de terre pour la prendre dans ses bras. La minette miaula de surprise : pourquoi était-Il si bizarre aujourd’hui ? Etait-Il malade ?
La surprise de la chatte ne fit que croitre lorsque le bipède l’attrapa d’une main par la peau du cou, saisissant de l’autre la cage en plastique jaune dans laquelle Il transportait les félins. Il forçat Opale à s’y installer, la peur de la femelle se mêlant à celle, tenue, qui enveloppait la caisse. Il ferma le verrou de sa grosse patte rose et sortit de la maison.

Installée à l’arrière d’un monstre vrombissant, la chatte domestique miaulait de toute son âme, appelant à l’aide. Elle ne comprenait pas ce que lui voulait son maitre. Allait-Il se débarrasser d’elle comme ses anciens propriétaires l’avaient fait bien des lunes plus tôt ? Cette idée la terrifiait… Elle s’était fait des amis au sein du camping et appréciait sa liberté. Et si on l’obligeait à rester enfermée dans une autre maison, sans aucune possibilité de s’allonger dans l’herbe sous les chauds ratons du soleil ? Elle ne le supporterait pas…
Cependant les minutes passaient, puis les heures sans que le monstre ne s’arrête. Résignée, Opale s’était roulée en boule et observait le ciel défiler à vive allure à travers les bateaux de sa cage et la vitre du monstre.

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Le soleil avait entamé sa descente lorsque le monstre ralentit enfin. Des graviers viennent s’écraser contre la partie du véhicule et celui-ci s’arrêta. Son maitre sortit, cria quelque chose et, ouvrant la portière, sortie la cage du monstre. Il y eut des bruits de pas et une femelle bipède s’approcha d’eux. Ils échangèrent quelques mots puis la cage se remit à bouger tandis que son maitre suivait la femelle à l’intérieur d’une maison qu’Opale ne connaissait pas… La cage fut posée au sol et ouverte.

La jeune chatte renifla autour d’elle. Une odeur puissante de chat mâle la prit à la gorge. Elle recula un peu plus dans sa caisse. Cette odeur n’était pas naturelle… était-ce un piège ? Une patte rose s’engouffra dans sa cachette et l’en extirpa. Opale aurait voulu fuir, se cacher à tout prix mais la pièce était vide… Seul un coussin était attendu sur le sol non loin de là. Paniquée, elle regarda autour d’elle et, se retourna, tomba presque nez à nez avec un chat. La jeune chatte poussa un petit cri, surprise, et recula d’un bond, mettant une distant d’un bon mètre entre eux.

Reprenant contenance, la rouquine força son pelage à retomber et observa le nouveau. Il s’agissait d’un chat norvégien comme elle, cela ne faisait aucun doute. Elle détailla son pelage brun épais, ses pattes rayées de noir, son visage triangulaire et ses yeux en amande brillaient d’une couleur or chaude et profonde. Il était grand et ses larges pattes lui donnaient une allure imposante. Confortablement assis, sa queue noire et touffue enroulée autour de ses pattes, Il était occupé à lécher son poitrail d’un blanc immaculé.

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Opale se dandina d’une patte sur l’autre, l’inconnu était vraiment beau. Elle voulut lui demander son nom d’une voix timide mais le mâle la coupa d’une voix rauque, profonde.

« Première fois ? »

Qu-quoi ? La femelle ne comprenait pas. Evidement que c’était la première fois qu’il se rencontrait, avait-il des plumes dans la tête ? Elle l’observa d’un air interrogateur et le matin soupira.

« Je vais prendre ça pour un oui. Bon, je m’appelle Léon et si ton deux-pattes t’as amené ici c’est qu’il veut des chatons. »

Devant l’air surprit de la femelle Il ajouta.

« T’inquiète ça va pas être long, tu me laisse faire et d’ici 20 minutes on sera tout le deux sorti d’ici. »

Opale ne savait pas trop quoi penser… Elle n’avait aucune envie d’être mère maintenant et ne savait pas si elle pouvait faire confiance à Léon. Elle croisa son regard et les prunelles dorées du félin la rassurèrent. Il semblait si sûr de lui… Opale avait l’impression d’être chaton perdu dans la forêt dans laquelle l’or de ses yeux était comme une lumière d’espoir. Elle hocha la tête.

Leon s’approcha d’elle sans la quitter des yeux et lui glissa à l’oreille :

« miaule »

Opale s’exécuta et fut surprise d’entendre le miaulement grave de sa propre voix. Léon sourit.

« Parfait »

Ce devait l’être en effet car les bipèdes échangèrent des mots d’un air enjoué.

«  Maintenant tu vas te tapir au sol comme si tu chassais mais en relevant les fesses, ok ? »

Opale le regarda, interloquée, mais obéit. Tout se passa très vite alors. Léon lui mordit la nuque avec force et la chatte cria. Après ça plus rien. Elle se souvenait vaguement s’être éloignée pour se rouler sur le dos un peu plus loin… comme pour se dégager de la sensation pesante du chat sur elle. Elle se souvenait du regard doré de Léon lorsqu’il lui avait lancé :

« À plus »

Avant de reprendre sa toilette comme si de rien n’était.

Son maitre l’avait alors remis dans sa cage, avait échangé des sortes de papiers multicolores avec la maitresse de Léon et ils étaient répartis dans le ventre du monstre en direction du camping…

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