Le vent sème les ennuis [Harfy]

Je m'étais levé un peu avant le jour, sans parvenir à me rendormir. J'étais donc sorti, en fin de nuit pour me dégourdir les pattes. Je trottinais dans le camp, me préparant à ma future patrouille. Je partais ensuite au petit coin avant d'attendre le jour. Je baillais, m'étirant longuement avant de faire ma toilette. Je prenais une proie maigrichonne, histoire d'en laisser un maximum pour ceux qui en avait le plus besoin. C'est quand je finissais mon repas que ma sœur, Ombre Fantôme, arrivait dans ma direction. Elle s'arrêtait à mes côtés, enfouissant sa truffe dans mon cou. Elle m'informait ensuite qu'elle avait été choisi pour diriger une patrouille et qu'elle voulait que je la rejoigne. Je lui faisais un léger sourire, déposant une petite léchouille sur le front avant de me relever et d'accepter sa demande.

Sans vraiment l'attendre, bien qu'elle soit la meneuse de notre patrouille, je me dirigeais vers la sortie du camp. Je faisais un large sourire malicieux à son intention avant de lui lancer, le temps qu'elle me rejoigne :

"-Ba alors, madame la chef de patrouille.. On est pas très rapide ? On se la fait cette patrouille ou bien ?"

Mon sourire satisfait ne quittait plus mon visage. A la fois heureux d'être en compagnie de ma sœur et rien qu'elle, mais aussi content de la taquiner un peu. Nous qui nous voyons un peu moins depuis la lune dernière, pour diverses raisons. Nos obligations envers le clan principalement. Ombre Fantôme me répondait en arrivant près de moi, qu'on avait pas tous cet entrain de bon matin. Je riais doucement à sa réplique, continuant d'avancer à ses côtés cette fois. Mais bien vite, elle me dépassait en me jetant au passage un regard en coin. Depuis sa longueur devant moi, elle m'informait de la direction à suivre. Nous allions donc sur la frontière avec le clan de la Lune. Et il paraîtrait que je n'avais aucun mot à dire là dessus. Souriant, je répondais assez fort pour qu'elle l'entende :

"-Bien patronne.. Mais faites attention au retour du bâton. Ahah."

Je me mettais à trottiner pour la rejoindre évitant avec grand soin d'être trop près d'elle. On sait jamais, la connaissant, elle pourrait me faire un croche patte pour se venger.

Sur mes gardes, je prenais plus attention aux actions même minime de ma sœur que les mouvements et odeurs du paysage. J'essayais de plus me concentrer une fois arrivée sur la frontière. Ombre Fantôme me lançait une tirade avant coureur, me disant que c'était moi qui tendait le bâton et pas l'inverse. Je laissais un petit rire cristallin sortir de ma gueule avant de reprendre mon sérieux et la traque des gestes de ma sœur.

Après plusieurs minutes de marche, le temps de me focaliser sur l'objectif de la patrouille. Ma sœur s'était subitement arrêté, à bonne distance, je faisais de même. J'allais lui demander ce qu'elle avait quand un large sourire se dessinait sur son visage. Lançant l'idée de courir jusqu'à la frontière. J'allais répliquer, disant que c'était pas forcément la meilleure idée.. Étant de nouveau focaliser sur notre mission.. Mais non, je n'avais pas le temps d'émettre le moindre point de vue que la guerrière s'était déjà élancé. Je grognais, frappant mon front avec ma patte avant de m'élancer à mon tour. Retrouvant bien vite le sourire, je la rattrapais sans pour autant arriver à sa hauteur. Bien qu'elle soit parti en premier, je ne pouvais perdre. Je ne devais pas la laisser gagner.

J'étais plutôt fin et donc taillé pour la course.. Ma sœur était dans le même style, c'était bien pour cela que je ne voulais pas perdre contre elle. Je n'aimais pas lui laisser son sourire triomphant de malice sur son faciès, je préférais lui faire subir mon sourire narquois plutôt que le contraire. C'était un petit jeu entre nous, on peut dire cela comme ça.

Pendant que je rattrapais mon retard, ma sœur s'était subitement arrêtée. Je voyais d'ici son sourire, je l'imaginais que trop bien. Elle s'était tranquillement installé sur mon chemin. Mais loin de vouloir m'arrêter pour lui permettre de rejoindre sans aucune concurrence la ligne d'arrivée. Je continuais d’accélérer mes foulées. Je ne comptais pas m'arrêter. Si je devais tomber, nous allions tomber tout les deux. Son petit manège allait se retourner contre elle. Pour une fois. Je ralentissais en approchant de ma sœur, ne voulant pas nous blesser tout de même. J'écartais mes pattes avant afin de l’agripper et de la plaquer contre mon poitrail avant de l'entraîner dans ma chute.

Les nombreuses roulades que nous faisons me donnait envie de vomir. Je m'agrippais d'avantage à ma sœur, ne voulant pas me retrouver seul dans ce périple. Cette dernière faisait de même, nous n'étions plus qu'une masse de poil roulant sur une distance encore indéterminée. C'est après un nombre incalculable de rotation que nous nous arrêtions enfin. Ma sœur me félicitait. J'avais réussi à la prendre de cour. Devancé sa petite blague mesquine. Je souriais face à son compliment tout en bombant le torse. J'avais gagné ce petit jeu, et ça, c'était une première. J'étais souvent deuxième et donc dernier dans notre duo. Elle mettait ensuite fin à nos enfantillages avant de s'arrêter en plein milieu de sa phrase. Elle s'était subitement redressée. Toujours au sol, je la regardais sans comprendre. Ombre Fantôme se tournait ensuite vers moi pendant que je me relevais pour me demander si j'avais senti cette odeur de renard. Je reniflais donc, remarquant l'odeur ténue d'un renard. Je m'approchais de ma sœur, me sentant plus en sécurité à ses côtés avant de lui répondre :

"-Hum.. Oui, je le sens bien. Tu as une idée de comment on procède ?"

HRP:

J'étais certes plus rassuré au contact de la pelisse de ma sœur, mais cela ne m'empêchait pas de ressentir de la peur et de l'angoisse. Les renards n'étaient pas des tendres et nous devions l'éloigner au plus vite du territoire. Il devait être loin du camp et des chatons qui dormaient encore paisiblement ou jouait à la bagarre. On devait agir tout les deux.

Ombre Fantôme m'expliquait ensuite le plan qu'elle avait en tête. Nous allions dans un premier temps restaient discret et vérifié que le spécimen était que de passage. Une fois la mission de reconnaissance terminée, nous retournerons au camp pour en informer le clan et nous verrons ensuite. J'hochais la tête, montrant que j'avais compris et m'apprêtais à suivre le moindre de ses ordres. Entre nous deux, s'était la plus habile à gérer ce genre de crise.

La mission commença, Ombre Fantôme passait devant, me faisant signe de la suivre. J'essayais d'être aussi discret comme si je pourchassais une proie. Je jetais des regards en tout sens, essayant également de percevoir le moindre son alentour. Pour l'instant, aucun signe d'un quelconque prédateur dans le coin. Ma sœur s'arrêtait ensuite, reniflant quelques choses. Je m'approchais à pas feutré pour voir ce qu'elle avait repéré. Elle m'informait qu'on poursuivrait cette piste et que nous pourrions trouver le chemin le plus emprunté par notre cible.

Nous reprenons notre parcours, toujours aux aguets. J'indiquais à ma sœur, des bruits de pas suspect à ma droite après à peine quelques minutes de marche.

HRP:

HRP:

Les jeux enfantins auquel nous nous adonnions il y a peu me manquait déjà. Passer un moment seul à seul avec ma sœur était de moins en moins fréquent à mesure que nous avancions. Nous avions des responsabilités la journée, pas toujours en commun et le soir, il fallait se reposer pour la journée suivante.. Je commençais à comprendre la vie de guerrier.. Cela me plaisait beaucoup, mais il y avait parfois des jours sans.. Et même si celui-ci avait bien commencé.. J'avais peur qu'il se termine mal. Notre cible semblait proche et j'avais peur de perdre ma sœur.. Si jamais il lui arrivait quelques choses sous mon museau et que je ne puisse rien faire ? A l'intérieur de moi, j'étais terrorisé. Et pourtant, je continuais de la suivre les articulations un peu raidie par l'angoisse.

Ombre Fantôme me félicitait.. Je venais de trouver le repaire. Bien que ces acclamations soient sincères, cela me glaçait le sang. Nous étions face à plusieurs renards.. A deux, nous n'arriverons jamais à les faire partir du territoire. Ma sœur se rapprochait de moi, et surtout de mon oreille pour me chuchoter ses indications :

"-Je ne sais pas s'il nous a repérés, dans le doute reculons lentement. Si ça bouge trop, on décampe se mettre à l'abri."

Je faisais un signe de tête vif, lui montrant que j'avais entendu ce qu'elle avait dit. Nous reculions ensuite tout les deux, mettant un maximum de distance entre la zone dangereuse et nous. Mon cœur battait à cent à l'heure. Mon regard était perdu entre ma sœur, le terrier et les buissons qui semblait vouloir me manger d'une traite. J'entraînais ma sœur dans un bosquet à l'abri, reprenant mon souffle avant de sursauter et de finir entre ses pattes quand un lapin sortait des buissons. Je lui jetais un regard honteux, avant de me décaler et de lui demander sans mentionner mon saut de biche :

"-Tu as un plan d'attaques ? On trouve du monde ? On essaye de les attirer ailleurs ?"

HRP: