.Illusion Hermétique. [UC]

Faire peur est peut-être un atout.

Peut-être qu'il valait mieux pour les autres qu'il ne te voit pas. Tout à commencé par une chose frêle et minuscule. Caché par tes courtes pattes, ressemblant à des brindilles, tu te tenais à l'abri des regards. Au fil du temps, tu es sorti, malgré ce que tu es, tu t'es montré. Noir comme du charbon, où plutôt comme le ciel en pleine nuit, lugubre et sombre. Quel pelage parfait. Regarde toi, tu souhaites te fondre dans le décor ? C'est plutôt réussit. Avec cette fourrure, tu n'as pas l'air d'être un gentil petit chat, souriant et généreux. Aucune tâche rousse, blanche, brune ou un brin plus clair que le noir ne figure sur cette courte fourrure. Comment as-tu put survivre ? On aperçoit presque ta peau sous cette minuscule couche de poils. Toi qui a survécu pendant les hivers et cela au moins huit fois. Qu'est ce qui te pousse à rester en vie ? Toi qui te trouve inutile. Ils ont beau chercher dans tes petits yeux verts sans émotion, ils ne trouvent rien. Rien que du vide. Alors pourquoi ? Chercherais-tu quelque chose ? Apparemment tu n'as rien pour toi. Tu es presque désolant. Feule sur tout ceux qui te diront ça. Montre tes crocs qui ne sont pas bien impressionnants. Sors tes griffes, longue et acérées, bondit sur ton adversaire, enfonce tes canines dans sa gorge qui fait tout pour éviter le coup fatale. Toi et tes muscles bien cachés mais présents. Ce ne sont surement pas les entrainements qui t'ont rendus plus fort et presque imposant malgré cette petite taille. Non, c'est le nombre de fois où tu t'es mit en colère, le nombre de fois où tu as sauté sur tes assaillants comme si ils avaient tués toute ta famille. Une famille inconnue. Tu n'es pas très intimidant. Mais on ne vous a jamais appris à ne pas vous fier aux apparences, vous autres ? Qu'as-tu fais à ta queue pour qu'elle soit dans cette état ? Pourquoi te manque-t-il des touffes de poils ici ? Et là ? Et ces cicatrices ? On en voit partout sur ton corps. Regarde celle-ci, qui te tranche l'œil en deux. Tu avais dans l'idée de devenir borgne ? Ce n'était pas loin d'arriver. Ton visage est tellement abimé. Tu en fais presque peur. Toi qui passe ton temps à ne rien faire. A rester assis dans une tanière sombre et froide. Tous ces os qui craquent dès que tu bouges. As-tu déjà songé à prendre soin de toi ? Faire ta toilette quand tu te réveilles, comme tous les autres félins ? Non ? C'est bien ce que je pensais.

Unique est un bien grand mot.

Que de haine. De désolation et de pathétisme. De solitude, bien évidemment mais aussi de faiblesse. Un proverbe non respecté pour une vie en danger. Probablement courte et sans avenir. Un regard perdu dans le vide. Des yeux vitreux sans expression. Le silence règne, et quand ce n'est pas le cas, les hurlements sont insupportables. Un être déplacé dans un Clan mal placé. Doté d'une réputation à revoir. Une âme unique qui fait la différence. Qui a dit qu'unique n'était qu'un bon mot ? Trois syllabes prononcées pour décrire des héros. Des êtres ayant accompli des exploits. Non, je ne parle pas de ce unique là. Je parle d'un félin unique, mais seul.

A bas la gentillesse et la pitié. Les amis et la famille. La générosité et les actes chaleureux envers d'autres. Fini les paroles pralinées qu'on dit aux chatons. La rigolade et les blagues, l'humour et la bonne humeur. Tout ça est enterré depuis trop longtemps. Aucune de ces citations a vu le jour, rien qu'une seule fois. Elles ont toutes fanés avant même de naître. Étrange ? Improbable ? Mais pourtant. Pourquoi s'approcher des autres, pour finir par être trahi ? Ce sentir aimer, pour qu'on vous rejette le lendemain. Se sentir protéger, pour mourir peu après. Croire à des promesses, brisées par la tentation. Par d'autres. A cause des autres. On m'avait promit que ma vie serait géniale, que tout le monde m'aimeraient. Que nous combattrons côte à côte. Certes, les combats, nous les faisons ensemble, mais simplement par soif de pouvoir pour nous même. On m'a mentit. Ce n'est pas du tout ça, une vie. Alors qu'on marche sans jamais se retourner, tout nous retombe toujours dessus. Mais sans eux, serais-je encore en vie ? Ils me sauvent involontairement. Mon premier est inutile. Mon second est invisible. Mon dernier est un être sans cœur. Trouvé ?

Une famille ? Quelle famille ?

Parti il y a bien longtemps, ils ont donné leur vie pour moi. Malgré tout, ne les ayant jamais connu, ni vu, ils paraient qu'ils étaient tout deux de braves guerriers. Des êtres chaleureux et généreux. Et c'est la raison pour laquelle je suis fier de ne pas les avoir connu.
Vous l'aurez peut-être deviné, je réutilise ce mot que j'aime beaucoup. Je suis unique. Je ne possède ni frère, ni sœur, ni même de cousins, de tantes, d'oncles et allez savoir où sont ces anciens.

Alone and proud !

Libre. Être libre, je pense que s'en est trop demandé. Alors pourquoi ne pas se contenter de me ficher la paix. Aimer la solitude, c'est pas obligatoirement un défaut. Mais c'est le bon chemin pour se rendre vers une déprime permanente. Mais c'est moi que ça regarde, alors contentez-vous de me contempler de loin. Je ne comprends pas ce besoin permanent de vouloir chasser ou se battre. Certes, c'est un bon moyen de se divertir, ou de se remplir l'estomac mais à part ça, je n'irai pas pour le plaisir. Pour finir, éloignez les chatons de mes pattes, je ne voudrai pas leur faire de mal...

Fear of dreaming.

Une peur. La peur de se quitter, de partir, des « au revoir » ou même de l'adieu. De rejoindre d'autres, ces autres qui ne sont plus rien. Ceux qui ne sont que poussières, des souvenirs, des êtres qui paraissent inutiles, sans âme, car ils n'en n'ont plus. Du moins leur corps. Oui, vous avez bien compris. La peur de mourir. De se trouver au milieu de ses ancêtres, de ces fantômes. De ne plus rien voir, de quitter sa dépouille. Ah ah, la mort. Mais qui lui rit au nez ? Ceux qui le font se trompent. Elle est toujours vainqueur. Quoiqu'il arrive.
Un rêve. Celui qui est probablement celui de beaucoup. Nous ne sommes jamais content. Toujours à se plaindre. Je parle des plaintes que l'on répète quand on se rend compte, que tel ou tel est mieux que nous-même. Il y a souvent un être a qui on voudrait ressembler, physiquement ou moralement. Un père, brave et courageux. Loyal et sévère. Un rêve, vous dites ? Lui ressembler. Car c'est non seulement lui faire honneur, mais me faire honneur à moi même, en prouvant de quoi je suis capable. Un rêve irréalisable.
Un projet. Que voulez-vous qu'un félin si maigre, petit, frêle fasse quoique ce soit ? Je n'ai cessé de me dire que je ne suis qu'un bon à rien. Après tout, je gronde sur tout ceux qui me poussent malencontreusement, tout ceux qui prononcent mon nom sans que je ne sache pourquoi. Je n'ai pas de projet particulier. Je ne souhaite ni devenir Lieutenant, donc encore moins Chef. Je suis bien là ou je suis, même si je suis convaincu que ce n'est pas ma place.