Le vent soufflait avec violence dans la forêt de bouleaux, faisant s’entrechoquer bruyamment les branches au-dessus des deux félins qui avançaient prudemment en direction des Pierres Levées. Les oreilles rabattues en arrière, leurs cœurs battaient la chamade. Terre Brûlée n’avait qu’une seule hâte : sortir de la forêt et ne plus risquer de se prendre une branche sur la tête à tout moment. Accélérant le pas aux côtés d’Hiver Éternel, ils ne mirent qu’un court instant avant d’atteindre leur destination, le poil hirsute et les muscles crispés.
Une odeur de pluie flottait dans l’air ambiant alors que le grand matou tigré s’avançait au milieu du cercle que les pierres, levées vers les nuages, formaient autour de lui. Envoyé en patrouille de chasse aux côtés d’Hiver Éternel, Terre Brûlée avait naturellement pris la tête de leur patrouille dû fait de son âge supérieur à celui du tout jeune guerrier. Il était plus âgé, plus expérimenté, c’est à lui que lui revenait cette place.
Une douce odeur vint titiller les narines du chasseur du Clan de la Lune,
une souris , adoptant automatiquement la position du chasseur, celui-ci se mit à avancer le plus doucement possible vers sa cible, tous ses muscles tendus à bloc. Quelques secondes passèrent, puis, sans que la proie ne se doute le moins du monde de la menace qui planait au-dessus de lui, le guerrier se propulsa en avant.
Ses puissantes pattes arrivèrent en plein sur la souris, qui poussa un petit cri de surprise. Mais avant même qu’il ne puisse commencer à se débattre, Terre Brûlée le tua d’un coup de croc dans la nuque. La tradition demandait à ce qu’il remercie le Clan des Étoiles pour sa prise, mais cette prière, jamais il ne l’avait prononcée. Seuls ses efforts et son travail lui avaient permis d’attraper cette proie, non des fantômes, et encore moins des contes pour chatons.
Terre Brûlée souleva la souris du sol et revint en direction d’Hiver Éternel, puis il gratta la terre située au pied d’une des pierres levées et enterra celle-ci, pour qu’elle soit en sécurité le temps de leur partie de chasse. Fière d’avoir pu montrer ses talents de chasseur à son jeune camarade, il se tourna vers celui-ci le torse bombé, le regard rieur :
“Eh bien, ce n’est certainement pas ma soeur, Muse des Forêts qui aurait attrapé aussi facilement une souris ! Elle aurait été bien trop lente pour y parvenir”