Bonjour Luciole Nuageuse. Tout va bien pour toi ? Qu’est-ce que tu fais toute seule ici, il y a un problème ? »
Je relève la tête vers l’origine de cette douce voix et me retrouve alors éblouie. La silhouette fine de la chatte se découpe sur le contrejour et son sourire éclatant en ressort d’autant plus. Les contours de son pelage brun prennent une tournure dorée, presque irréelle. Ses yeux verts m’observent avec une curiosité non dissimulée.
« Pic du Sapin ? », je laisse échapper dans un murmure tout juste audible.
C’est absurde, impossible. La féline devant moi était à deux années-lumière des apparitions qui venaient me rendre visite dans mes plus sombres moments. Elle était tangible, palpable… De par le léger mouvement de sa fourrure sous la brise, ou sa capacité à bloquer les rayons du soleil.
Je me redresse, et dès lors que ma tête dépasse la sienne, j’arrive enfin à distinguer ses traits et à la reconnaitre. Encore une fois, j’use de ma vue plutôt que de mon odorat. C’est devenu un réflexe. Aussi étrange que ça puisse paraitre pour un chat, c’est plus instinctif pour moi.
« Bonjour, Forêt de Bambou. »
J’ajoute à ceci un respectueux signe de tête tandis que ma discussion avec Mouette Rieuse me revient en mémoire. J’ai toujours admiré la Chasseuse pour ses compétences, et l’estime que notre Lieutenant a pour elle n’a fait qu’accroitre la mienne. Peut-être pourrait-elle partager un peu de sa sagesse et de sa vision avec moi aujourd’hui ?
« Je dois me reposer pour la patrouille nocturne. J’en profite donc pour réviser nos techniques de combats. Étant donné que la Horde est partout, je me disais que ce ne serait pas mal d’adapter nos stratégies classiques afin de réagir efficacement face à des embuscades, même en sous-nombre et avec des apprentis fraichement nommés. »
Du bout de la griffe, je lui pointe différents endroits de mon dessin.
« Là, et là, par exemple, ce sont les attaques en duos qu’on enseigne dès le début de notre formation. Pourquoi ne pas y ajouter la possibilité que le chat en soutient essaie d’aveugler l’assaillant, avec de la terre ou une branche, afin de fuir si la situation semble dangereuse ? »
Je fixe un instant la scène.
« Peut-être même qu’il pourrait tenter de lui crever l’œil, s’il s’y prend ainsi ! », je m’exclame en dessinant quelques flèches afin d’appuyer ma pensée.
Je me tourne vers mon ainée, excité à l’idée d’avoir son avis sur mon concept.