« Méfie-toi de celle qui crache du venin et de l'ombre blanche,

ils s'attaqueront aux fondements des clans... »
 
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 Sorry baby girl but I can't tonight ft. Aubépine

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Présage des Rats
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MessageSujet: Sorry baby girl but I can't tonight ft. Aubépine   Sorry baby girl but I can't tonight ft. Aubépine 3horlo10Sam 17 Oct 2020 - 15:35

Sorry baby girl but I can’t tonight
ft. Aubépine & Présage des Rats

Il faisait froid pour la saison. Présage des Rats avait greloté toute la nuit dans son lit de mousse. Il s’était un peu éloigné des autres anciens, leurs ronflements et leurs respirations sifflantes l’ennuyaient profondément et l’empêchaient de dormir. Tous ces bruits l’angoissaient un peu aussi. C’étaient des chants de mort, le signe qu’elle se terrait là, tout près, prête à frapper au moindre signe de faiblesse. À tout moment on pouvait s’attendre à une crise, quelqu’un s’étouffait dans son sommeil et toussait jusqu’à son dernier souffle, la mort extirpait de lui ses dernières forces. Eux qui avaient tous été de fiers guerriers, eux qui s’étaient hissé par deux fois au moins en haut du promontoire sous les vivats de la foule eux qui avaient dressé leur corps, qui l’avaient entraîné à se battre contre les autres et le temps. Les voilà qui étaient réduits à de vieux os et au parfum caractéristique des vieilles peaux. Cette humidité dans les pelages, leurs dents jaunies, les grimaces au moindre mouvement, la fragilité des griffes et les regards lointains… Lorsqu’un jeune osait lui parler, lui demander ce qu’il connaissait de la guerre et de la peur, Présage des Rats riait. La guerre n’était rien, le sang rien qu’un fluide, la peur un simple affolement du cœur. La vraie frayeur était là, dans le passage du temps, dans le visage d’un vieil être dont le regard vous transperce, ces visages qui ont livré la vraie bataille, celle de l’existence. Ceux qui s’accrochent encore alors que nombreux auraient préféré périr sous les coups de l’ennemi. Des héros ? Mmmh… L’imposant silhouette d’un vieil ami lui revint en tête. A quoi aurait-il ressembler à cet âge ? Lui qui avait été une terrible machine durant sa jeunesse et même après, quel genre de vieille branche tout cela aurait-il donné ? Présage des Rats aurait payé cher pour le savoir.

L’ancien guérisseur s’étira lentement, muscle par muscule, tranquillement, comme pour jauger ce qui lui restait d’énergie après une nuit sans sommeil. Il avait fini par garder les yeux grands ouverts, braqués sur la lune pour ne pas regarder les corps souffrants de ses camarades se soulever au rythme d’une respiration défaillante. Un jour, au petit matin, il y avait quelques lunes de cela, personne n’avait rien prévu, l’un d’eux s’était éteint dans son sommeil. Comme une petite flamme que la pluie finit d’éteindre après l’incendie. On avait envoyé des guerriers chercher son corps inanimé. Ils l’avaient tiré de son nid de mousse avec respect, mais on voyait transparaître sur leur visage le dégoût qu’inspirent les vieux corps que la mort a pris. Sous les yeux du reste des anciens, ils l’avaient sorti de la tanière en le faisant glisser sur le sol, un corps est toujours très lourd une fois qu’il est froid. On aurait dit une bûche, rien n’indiquait qu’un jour cette pauvre enveloppe ait pu abriter la vie. Un apprenti venu en renfort avait soufflé « ça sent la mort là-dedans » à un camarade qui, lorsqu’il s’était rendu compte qu’on les écoutait, l’avait rabroué avec un sourire gêné. Présage des Rats leur avait rendu un sourire terrible et s’était éloigné.

Depuis quelques temps, la mort obsédait le Rat. Elle lui chatouillait les sens à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. La jeunesse et toutes ses expressions le rendaient fou de jalousie, les autres vieux le dégoûtaient parce qu’il se retrouvait en eux, et plus encore ceux qui acceptaient leur sort avec philosophie. Qui mérite ça ? Qui mérite de voir son corps et son esprit se déliter peu à peu ? Son esprit à lui était trop important, trop grand pour s’évanouir ainsi. Il savait qu’on ne retiendrait que son physique de monstre, pas qu’il avait été l’un des guérisseurs les plus brillants de sa génération. Ces petits ingrats qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. Ils ne savaient pas ce qu’ils allaient perdre. Il refusait de s’en aller comme ça.

Le soleil n’était pas encore levé, il devait être très tôt, on devinait à peine les lueurs rougeâtres de l’aurore au-delà des frondaisons. Il entamait une toilette sommaire quand une démangeaison terrible le prit sur tout le corps. Les tâches sur sa peau fatiguée n’y étaient pour rien. Il y avait autre chose. Il eut beau se frotter de toutes ses forces contre tous les rochers de mousse qu’il trouva dans le camp, rien n’y faisait. La démangeaison semblait ne pas avoir de fin et le rendait complètement fou. Voilà qui lui faisait quelque chose à faire, lui qui s’était demandé comment il allait remplir sa journée. Il lui fallait de la bardane, pas de doute, ses feuilles magiques lui feraient le plus grand bien. Mais le meilleur endroit pour trouver de la bardane c’était… les cinq rocs. Et pour y aller une longue marche agitée de tics nerveux liés aux démangeaisons s’annonçait. Il soupira et s’enfonça dans la pinède brumeuse à contre-cœur.

Au bout d’un temps qui lui parut très long, il atteignit enfin les Cinq Rocs. Un vent frais et vicieux lui léchait les flancs, on se serait cru un matin d’automne quand la nature et le soleil peinent à se réveiller. Un chat plus touffu comme Eclair Ambré aurait été drôle à voir, le pelage soufflé par les bourrasques. Présage des Rats était plutôt… misérable. La pensée de son jeune camarade l’inquiéta un instant, il se demandait comme allait se passer la mise bas de sa compagne. Elle qui était si fragile depuis la tragédie qui les avaient accablés… Oh et puis il n’était plus guérisseur après tout ! Il s’agaçait lui-même de faire dans les sentiments alors que personne ne venait s’assurer de son bien-être à lui. Un apprenti aurait mis au moins deux jours à aller lui chercher la plante dont il avait besoin, il ne pouvait compter que sur lui-même. Et non, puisque vous vous le demandez, pas question de s’abaisser à aller chercher de l’aide auprès de la guérisseuse en titre du Clan. Il était encore capable d’aller chercher ses soins de peau lui-même. Ses pattes douloureuses le portèrent comme par magie jusqu’au centre des Cinq Rocs, quelques lunes auparavant, il avait repéré un plant de bardane qu’il comptait bien exploiter aujourd’hui, il espérant que la plante violette serait toujours là. Sa plante. Pas celle de l’inconnue qui se faufilait dans l’ombre devant lui, comme si de rien n’était.

La créature ne l’avait pas vu. Lui, avec le vent et la pénombre qui ne daignait pas leur faire l’honneur de se lever, il devait plisser les yeux pour distinguer sa forme fourbe et fuyante. Impossible de détecter la moindre odeur avec le vent qui changeait de direction comme certains changent de femelle. Il plissa les yeux encore, jusqu’à s’en faire mal, la petite montagne de rides qui se formait sur son front lui donnait vaguement l’air d’un oisillon fraîchement sorti de l’œuf. Il grogna pourtant de la voix gutturale qu’il pouvait prendre lorsqu’il était en colère. Et cela arrivait souvent. La forme s’approchait dangereusement de sa précieuse bardane. Non, pas question, ça n’allait pas se passer comme ça, il n’avait pas supporté les ronflements, les démangeaisons, l’insomnie, les reflux bileux de ses souvenirs pour ça. Pas si près du but. Il se gratta derrière l’oreille rageusement et évita de penser à une partie plus intime de son corps qui le démangeait encore plus.

Présage des Rats ne réfléchit pas plus. Il s’élança aussi vite que le lui permettait sa condition physique. Au diable les risques de provoquer une guerre, il devait s’agir d’un de ces pauvres fous de solitaires, perdu et attiré par une plante à la couleur sympathique.

« Cette plante est à moi sale sac de tiques ! » il lança là peut-être sa meilleure insulte alors qu’il percutait de plein fouet le corps de l’inconnu. Corps qui était finalement moins grand que prévu. Cependant le peu de temps que cela dura, avant qu’ils soient tous deux projetés contre un rocher, il sentit les muscules rouler sous le pelage du sac à tiques. Il songea qu’encore une fois il n’avait peut-être pas choisi le bon adversaire. Il tenta même une petite morsure au niveau de l'oreille, histoire d'avoir l'air d'un dur à cuir.

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Dernière édition par Présage des Rats le Ven 11 Déc 2020 - 12:29, édité 1 fois
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Desty
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MessageSujet: Re: Sorry baby girl but I can't tonight ft. Aubépine   Sorry baby girl but I can't tonight ft. Aubépine 3horlo10Lun 2 Nov 2020 - 0:55

Sorry baby girl but I can't tonight
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Froid. C’est ce que lui a marmonné l’apprenti lorsqu’elle est venue le secouer du bout du museau. Froid, fait trop froid. Et puis le soleil n’est même pas encore levé… Aubépine a levé les yeux au ciel, qui effectivement était encore piqueté d’étoiles et toujours aussi sombre à l’est qu’à l’ouest. « Bon à rien », a-t-elle soufflé entre ses crocs au jeune insolent qui, déjà, lui tournait le dos pour replonger dans le sommeil. Autour d’elle le reste du clan était silencieux, seuls s’agitaient les malheureux guerriers désignés pour la patrouille de l’aube, le visage renfrogné et le bâillement aux lèvres. Bon, tant pis, c’était un incapable de toute façon. Elle irait seule.

Que dit-on, déjà ? Mieux vaut être seule que mal accompagnée ? L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ? Hmph. Aubépine ne croit pas à toutes ces foutaises, mais il faudra bien qu’elle trouve de quoi répliquer au Conseil lorsqu’on lui reprochera d’être partie sans prévenir. Tout ça parce qu’une fois où deux, elle a parlé de se rendre aux Quatre Chênes, alors que naturellement, elle voulait parler des Cinq Rocs. C’est du pareil au même. Tiens, les Cinq Rocs, c’est justement là qu’elle doit aller, oui. Elle a remarqué que le stock de bardane de Rose Délicate se faisait mince, et elle sait mieux que quiconque où en trouver. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, voilà.

Mais la lande est traître et l’obscurité n’arrange rien. Aubépine trottine entre les nappes d’ombre, d’abord confiante, mais elle navigue bientôt à l’aveugle. Cet arbre rabougri ne lui dit rien, pas plus que ce buisson en fleurs. Levant le museau en l’air, elle capte l’odeur de son clan, diffuse mais bien présente ; par-dessus, il y a celle de la bardane, toute proche. Un sourire tordu naît sur ses lèvres asséchées par le vent : elle touche au but. Tel un chasseur traquant sa proie, elle avance à pas de loup.

Mais à peine s’est-elle approchée de l’un des fameux rocs qu’une masse s’abat sur elle lourdement. Un feulement rageur s’échappe de sa gorge, en réponse à l’insulte lancée par son assaillant, cependant il s’interrompt bien vite car le choc contre la pierre lui coupe le souffle. Aussitôt pourtant elle riposte, ignorant la douleur, prête à en découdre. Sa mémoire lui joue parfois des tours, mais son corps, lui, n’oublie pas. Parades, attaques, feintes sont gravées en elle et la vieille guerrière parvient sans mal à se défaire de l’emprise de son ennemi en quelques mouvement habiles. Elle est prête à se jeter sur lui, toutes griffes sorties, lorsqu’elle s’aperçoit de qui il est.

« Présage des Rats, cervelle de souris ! s’exclame-t-elle alors, encore furieuse. Quelle mouche t’a piqué ? Tu aurais pu te faire mal ! »

C’est vrai ça, depuis quand un vieux guérisseur se piquait-il d’attaquer ainsi bêtement à l’aveugle alors qu’il savait à peine se défendre ? Elle aurait pu le blesser. À quoi s’attendait-il ? À ce que son ennemi se laisse faire, inquiet de se voir suffoquer entre les plis de sa peau crasseuse ? Tout ce qu’il a gagné, c’est de les avoir fait rouler tous les deux par-dessus le plant de bardane qu’elle convoitait, et dont les tiges pendent désormais mollement au sol. Elle n’arrive pas à croire qu’il ait eut le culot de lui mordiller l’oreille, en plus de ça. La vieille reine prend le temps de l’observer, de bas en haut, rien n’échappe à son œil perçant. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas impressionnée. Tout son dédain, toute sa vexation, s’expriment dans un reniflement hautain.

« Eh ben dis-moi, ça ne s’arrange pas », dit-elle en désignant l’ex-guérisseur du museau, dans un geste vague qui englobe toute sa personne. « Tu as encore vieilli. Ta peau est toute rouge. C’est pour soulager tes démangeaisons que tu voulais cette bardane ? Tiens, je te la laisse, je trouverai un autre plant qui ne soit pas déjà complètement écrasé… Ma parole, tu fais plus de dégâts que les plus empotés de mes apprentis ! »

Oui, ses apprentis, comprenez tous ceux du Clan du Vent, que l’ancienne herboriste estime à son service. Il faut bien qu’ils se rendent utiles, au lieu de bâiller aux corneilles entre deux entraînements dispensés par des guerriers mollassons. Il n’y a qu’à voir Rêverie du Loir – il porte bien son nom celui-là –, avec un mentor pareil, pas étonnant que la petite Rivière ne sache pas encore chasser le moindre lièvre. Quant à reconnaître les plantes et à apprendre leurs vertus, c’est peine perdue, ces jeunes-là regardent à peine où ils mettent leurs pattes, trop occupés qu’ils sont à courir les papillons et les amours. Et ils n’articulent pas quand ils parlent. Et ils dorment jusqu’à midi. Vraiment…

… Bon, mais on en était où ? Ah, oui, Présage des Rats. Heureusement pour elle, le temps où un simple regard de sa part lui faisait perdre tous ses moyens est révolu depuis longtemps. Elle peut donc le toiser sans gêne, encore drapée de sa superbe malgré son pelage ébouriffé et parsemé de brins de bardane. En vérité, elle doit bien l’admettre, Aubépine n’est pas mécontente de rencontrer le vieux guérisseur ici. C’est un changement bienvenu que de pouvoir converser avec une créature intelligente et un minimum cultivée, car cela se fait rare, dans la vallée. Pour un peu, elle passerait même outre son odeur – ce n’est pas l’odeur de mort qui la dérange, mais bien celle de l’Ombre, puant les marécages – pour frotter son museau contre le sien en gage d’amitié. Mais d’abord, une question la taraude.

« Dis-moi, Présage des Rats, je n’arrive pas à me rappeler… sommes-nous alliés ou ennemis ? Vos chefs changent d’avis toutes les pleines lunes, c’est à ne rien y comprendre », demande-t-elle d’un ton faussement désinvolte, montrant bien par là que toutes ces histoires l’ennuyaient au plus haut point.

Non pas que ça ait la moindre importance. Mais l’Aubépine aime se tenir au courant de ce qui se trame dans la vallée.

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MessageSujet: Re: Sorry baby girl but I can't tonight ft. Aubépine   Sorry baby girl but I can't tonight ft. Aubépine 3horlo10Ven 11 Déc 2020 - 17:29



Tu aurais pu te faire mal. On aurait tout entendu. Pour qui le prenait-elle et qui était-ell… Elle sentait le vent sur la lande, la bruyère, elle avait le parfum qu’ont ces guerriers si rapides, avec leur pelage trempé de sueur après une course effrénée. Elle sentait les embruns quand on se tient en haut d’une falaise, le souvenir ténu d’une liberté infinie. Griffe d’Aubépine ! Ou plutôt Aubépine désormais ! S’excuser de lui avoir sauté dessus sans prévenir ? Non pourquoi ?

« J’y suis allé doucement tu sais, j’aurais pu t’achever sur le coup ! » répondit-il par réflexe, avec conviction comme un apprenti content de lui.

Pour une fois qu’il se lançait un peu dans l’action, certes elle aurait eu le dessus, il connaissait sa réputation au combat, elle lui avait souvent envoyé de pauvres guerriers de l’ombre à l’infirmerie, mais il aimait se dire qu’il l’avait envoyé au tapis. Même par traîtrise. Quoiqu’il avait un peu mal à la patte avant… et puis il réalisa qu’elle était vraiment là et se sortit de ses pensées. Divaguer ainsi… c’est laid la vieillesse.

Sur le coup il ouvrit de grand yeux surpris avant de faire semblant de se donner une contenance. Il n’aurait jamais cru trouver cette vieille branche ici. Il se renfrogna et renifla d’un air vexé lorsqu’elle devina, sans mal, la raison de sa présence en ces lieux. Et par ce froid. Présage des Rats se mit soudainement à trembloter, quelle erreur il avait commise de sortir, lui, le monstre sans poils protecteurs, par un temps pareil ! Elle avait raison ça ne s’arrangeait pas. Et en même temps tout son corps le démangeait encore affreusement il avait une furieuse envie de se donner quelques coups de griffes derrière l’oreille mais, par fierté, il n’en fit rien, se contentant d’arborer une drôle de moue crispée et un faux sourire détendu. Contrôle toi vieux sac d’os contrôle toi ne la laisse pas se moquer de toi ! La plante faisait pâle figure mais serait suffisante, surtout s’il emportait tout le plant pour s’en faire une réserve. Une fois mâchée et réduite en un cataplasme il pourrait s’en étaler partout un peu tous les jours, les démangeaisons disparaîtraient bientôt. Il avait les yeux brillants, tout à sa joie de retrouver enfin les pouvoirs extraordinaires de ses amies les plantes. Finalement être souffrant avait quelques avantages !

Il n’en revenait pas de voir la Dame des Bruyères, comme il aimait l’appeler dans sa tête, ici. La coïncidence le laissait sans voix et il se contenta de grogner un remerciement peu convaincu, sans pouvoir encore lui répondre. Il était un peu chamboulé. Aubépine avait toujours été un mystère pour lui. Ils s’étaient croisés quelques fois, se connaissaient un peu, ce grâce aux assemblées de Clans. Il s’était toujours demandé pourquoi elle n’était jamais devenue guérisseuse, elle qui le surpassait souvent en connaissances lors de joutes verbales endiablées, où ni l’un ni l’autre ne prêtait attention aux discours assommants de leurs chefs respectifs. Il avait suivi, de loin, son parcours compliqué mais sans jamais avoir de détails, et il n’avait jamais osé demander. Ils auraient peut-être pu être amis, mais la vie en avait décidé autrement. Le sang qui coulait dans leurs veines, le parfum sur leur pelage… il y avait trop de choses qui les distinguaient dans leur société guerrière. N’empêche, elle avait été la seule ou presque à ne pas se montrer dégoûtée par son apparence, elle voulait simplement discuter, partager son savoir. Il avait toujours apprécié sa grandeur d’âme et son courage. La Dame des Bruyères n’avait pas perdu de son charme avec le temps, alors que lui, il se sentait décrépi jusqu’à la moelle.

« Je suis surpris de te voir ici vieille chose. Comment fais-tu pour si peu changer ? Tu dois bien être une sorcière, il y a de la triche là-dessous. Ta voix, elle, commence à changer, c’est intéressant » dit-il en lui jetant un regard perçant teinté de curiosité. A quoi pouvait bien ressembler sa vie ?

Tout en cogitant, un œil braqué sur elle au cas où elle déciderait que finalement elle n’aimait pas sa compagnie, il s’approcha du plant et en préleva quelques tiges. Il tâchait de les frotter sur son dos d’un air maladroit, impossible de faire du cataplasme maintenant, quand sa question lui fit vibrer les oreilles. Amis ou ennemis ? Difficile à dire.

« Autrefois j’aurais été le premier informé et le premier à tâcher d’élaborer une stratégie. Aujourd’hui je ne saurais même pas te répondre, je t’avoue que je m’en fiche. L’âge me rend plus égoïste de jour en jour si c’est encore possible et je me sens… fatigué par tous ces conflits, ils étaient tous plein de bons sentiments et nous ont forcé à collaborer pendant le voyage et voilà que leur grande amitié prend fin. Toi et moi serons là pour recoudre et ressouder de toute façon au besoin non ? Et puis vous êtes une démocratie vous allez bien lancer un vote anti-guerre ou quelque chose comme ça…»

Il n’aimait vraiment pas cette idée de démocratie, cela l’amusait de savoir que le dernier des idiots pouvait voter et encore plus de savoir que n’importe qui pouvait être « chef ». Il n’aimait pas le désordre, sauf quand le désordre lui servait.

« Le Clan de l’Ombre est… différent aujourd’hui ».

Il n’avait pas grand-chose à ajouter, son époque avait été si éloignée de tout cela. Aujourd’hui les frontières étaient floues, les amitiés progressaient dans tous les sens et par-delà les conventions, comme du chiendent. Ses mots s’entrechoquaient dans sa bouche, entre les tiges dans la gueule et l’émotion de la voir ici. Il n’arrivait pas à soigner sa peau, il tremblait sous le froid et sous la pression d’être vu ainsi, vulnérable, vieux, frigorifié… laid. Il avait envie de rentrer se cacher dans sa tanière ou de massacrer un apprenti sous les insultes histoire de se défouler un peu, d’aller servir sa science à une reine exaspérée. Pas d’être là, misérable devant une homologue. Tout en se débattant d’un air gêné avec sa plante il essaya de meubler. Un peu d’aide n’aurait pas été de refus mais il se doutait qu’elle ne voudrait pas approcher l’océan de plis blanchâtre et encore moins sa tête triangulaire de serpent. Rien que la pensée qu’on pourrait le toucher, cela faisait si longtemps, et une femelle en plus, le fit frémir.

« Comment tu oblige les apprentis à travailler pour toi dans une démocratie où la hiérarchie n’a pas de sens ? Ça doit être dur de te faire enlever tes puces. » dit-il avec un rire sur le bord des lèvres.

Malaise. Il était tendu, rigide, incapable de s’exprimer aussi aisément que d’habitude. Il secoua la tête.

« Ecoutes, traites moi de papy pour le restant, court, de mes jours, mais aide moi. Et moi je t’aide à trouver un autre plant ».

Le tout servi avec un regard adorable selon le Rat. Impossible que cela ne marche pas hein ? Il serait toujours temps de revenir au camp en courant, l'air affolé et de dire que le Vent l'avait attaqué et à quel point Aubépine était un monstre assoiffé de sang. Mais ça, ça dépendait de sa bonne volonté !

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