Aux armes!! pv Ronces

Je m’éveille parmi les secousses et un océan de mauvaise humeur. Souffle sans Fin qui me scrute de son air torve et autoritaire m’accueille d’une nouvelle matinée promesse d’entraînements et de conflits. Je proteste aussitôt, le corps las, le pelage en bataille et la bouche asséchée. La soif, au-delà de la faim, me taraude ces derniers-temps. Si la chasse est difficile, s’abreuver représente un défi tout aussi épuisant. Briser la glace pour avaler une gorgée d’eau glaciale qui me rafraîchira des heures parmi ce temps hivernal… autant pour moi. Malgré tout, l’appel du sommeil éclipse largement tous mes autres besoins tandis que je me retourne en maugréant. Malheureusement pour mes doux songes de chasses épiques en des plaines verdoyantes se trouvent interrompues par la détermination de mon mentor favori qui veille à rendre ma vie absolument misérable. D’un soupir frôlant l’impertinence, je me redresse telle une masse, tâchant de combattre le sommeil. Autrement, on me connaît énergique et même intarissable dans ce domaine tant je déplace de l’air. Les matins me sont bien plus difficiles. Je m’ébroue en constatant qu’il a quitté la tanière des apprentis, prenant directement le chemin de notre terrain d’entraînement je suppose. Sans plus de cérémonie, comme à son habitude. Il s’agit d’un guerrier de peu de mots. C’est sans surprise qu’on aura nommé Plume de Sang Maître de la Parole plutôt que lui. Car un discours se compose tout de même de plus de trois mots, habituellement.

En plus de devoir l’affronter tous les jours dans le cadre de mon entraînement auquel je tente le plus possible de résister, j’ai en plus à composer avec lui lors des réunions du Conseil dont je fais partie depuis assez peu. Je n’aime pas Souffle sans Fin. Trop sérieux, trop autoritaire, trop trop. Je tâche de lui rendre la vie difficile tout autant qu’il s’amuse régulièrement à me rabaisser et à m’empêcher de vivre. Il ignore bien sûr que je suis une adversaire de taille. J’accepte sa proposition de chasser chacun de notre côté, ravie d’éviter ainsi un peu sa compagnie. Je compte prendre bien mon temps, allant m’abreuver au ruisseau et tentant de pister quelque âme qui vive dans les parages. Mais je n’ai guère de chance. Ces plaines enneigées n’ont guère de vie et cet hiver qui s’étire depuis des lunes n’aide pas la vie à y germer. Sans source de nourriture, les proies se font rares et sans proies… La chasse devient ardue. Je pense rentrer bredouille quand j’entends le grattement caractéristique d’un mulot sous le couvert de la neige. Je m’approche avec toutes les précautions du monde, aveugle. Je dois me fier à mon ouïe seule, mais le mulot est en mouvement… Je pense être repérée! Je saute d’un bond, m’enfonçant dans la neige à la manière des renards. Malheureusement, j’atterris un peu trop loin et le mulot s’enfonce dans ses galeries. Je tente de le poursuivre mais bientôt il devient évident que je ne l’attraperai jamais. Mes coussinets sont gelés et si je ne pars pas maintenant, elles gerceront ou pire. Je prends la sage décision de rejoindre Souffle sans Fin, maudissant ces temps difficiles.

«J’ai hâte que ce stupide hiver soit terminé. Je n’ai pas réussi avec toute cette neige. Les proies sont enfoncées à une longueur de queue, c’est presque impossible de les attraper.»

Je sais que mon mentor a mangé. J’ai faim mais je n’ose pas me plaindre. Je n’ai pas envie d’entendre ses reproches tandis que j’ai réellement tenté de m’attraper à manger. De nombreux guerriers vétérans rentrent bredouilles ces derniers temps. Je n’ai donc pas à culpabiliser pour un réel essai. Je me couche sur un peu d’herbe gelée, entreprenant de me lécher les pattes afin de les réchauffer. L’air est sec et j’ai de nouveau soif. Foutu temps. Le comble du malheur : mon mentor veut s’entraîner au combat. J’ai réussi à faire tourner son enseignement surtout autour de la chasse pour le moment. J’apprécie la chasse, même si je ne peux pas en dire autant de son mentorat en ce domaine. J’ai mes propres techniques, apprises à l’Astre, mais il s’obstine à me montrer sa manière. Pour ce qui est du combat, je n’y ai aucune compétence.

«Hé, Souffy, j’ai une meilleure idée. On pourrait aller chercher tes petits et aller glisser dans la neige à l’extérieur du campement! C’est une journée parfaite pour ça! On fait la course!»

Sans attendre sa réponse, je me mets à courir en direction du campement, où j’espère passer un bon moment avec les enfants adorables de mon mentor. Comme quoi les gènes de leurs parents ne leur ont pas été transmis. Tant mieux.