Que nos chemins se croisent, nos vies le feront pas pour autant. [PV Coeur de Genêt - UC]

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Que nos chemins se croisent, nos vies ne le feront pas pour autant.
Nuage de Fougère & Coeur de Genêt

Que nos chemins se croisent, nos vies le feront pas pour autant. [PV Coeur de Genêt - UC] Ngrp10

« Pour pouvoir avancer, on a seulement besoin d'y croire. »

Lorsque les rayons du soleil passèrent à travers l’entrée de la tanière des apprentis pour se poser juste sur mes yeux, je su que cette journée n’allait pas vraiment être une bonne journée. J’avais participé à une patrouille durant la nuit et, autant le dire, j’étais complètement épuisé. Sauf que voilà, quand j’étais rentré, les places au fond de la tanière étaient déjà occupées et j’avais dû me résoudre à me rouler en boule à proximité de l’entrée. Juste là où frappaient les premiers rayons de soleil, à l’aube.

Autant dire que je me levais de la mauvaise patte. J’étais perclus de douleurs, la faute à mon entrainement intensif de la veille et j’avais trop peu dormi pour récupérer. J’hésitai à rester roulé en boule, faire comme si de rien était et tenter de me rendormir… Mais déjà, quelques bruits me parvenaient aux oreilles : le chant des oiseaux, le vent qui souffle… Autant dire que c’était peine perdue : je ne parviendrais pas à me rendormir.

Résigné, je m’étirai longuement dans le but de dissiper la tension de mes muscles. Mais rien n’y fit. Je quittais donc mon lit de mousse grincheux, ce qui ne m’arrivait pourtant pas très souvent. Il n’y avait que très peu de chat déjà réveillé : la sentinelle à l’entrée du camp et la patrouille de l’aube qui se préparait à partir. Plume de Sang devait être réveillée également, la connaissant. Mais sinon, personne en vue.

Je me dirigeais en trainant la patte vers le tas de gibier, constatant à regret qu’il avait nettement diminué depuis la veille. La peste. En tant qu’apprenti, je n’allais pas y couper, on allait sans aucun doute m’envoyer à la chasse. Sauf que je n’étais absolument pas d’humeur à courser un lapin. D’ailleurs, je n’avais absolument pas envie de voir un lapin. C’est pourquoi mon choix se porta sur une musaraigne lorsqu’il s’agit de choisir quelque chose à me mettre sous la dent. Elle n’était pas très grosse et n’avait pas un fumet très alléchant mais qu’importe. Elle suffirait bien pour moi seul.

J’attrapais donc la musaraigne entre mes crocs avant de me choisir une place non loin de là, à l’abri des regards, pour manger tranquillement. Je n’avais pas franchement envie de parler avec qui que ce soit. Je mordis avec un appétit forcé dans mon repas et mâchai lentement. Je ne pouvais pas dire que c’était franchement bon, mais j’étais déjà suffisamment contrarié pour m’auto-persuader que, ce matin, je ne trouverais absolument rien de meilleur que la musaraigne. Mais entre nous, la chair qui roulait sur ma langue était imbibée d’un sang épais et au gout légèrement rance qui me fit remuer les moustaches de dégout.

Je me forçai à finir et enterrai soigneusement mes restes. J’observai le camp se réveiller doucement avant de me décider à sortir de ma cachette. Les yeux rivés au sol, en train d’observer quelques insectes, je ne regardai pas où j’allais. Et forcément, je fini par bousculer quelqu’un. L’impact me fit tomber sur mon arrière train et je relevai vivement la tête. Oups. Je baissai piteusement la tête, les oreilles couchées contre mon crâne.

« Pardon Cœur de Genêt, je n’ai vraiment pas fait exprès… »

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Coeur de Genêt, Rosée du Matin & Nuage de Minuit

Que nos chemins se croisent, nos vies le feront pas pour autant. [PV Coeur de Genêt - UC] Cgrp10

Cœur de Genêt se réveilla en sursaut, tremblant de tous ses membres. L’œil fou, la fourrure hérissée et les oreilles plaquées contre son crâne, il balaya d'un regard son environnement immédiat, prêt à en découdre s'il le fallait. Mais il réalisa bien vite qu'il se trouvait dans la tanière des guerriers, et qu'aucun danger ne menaçait. Ses camarades étaient tous endormis, et c'est à peine s'il pouvait distinguer leurs silhouettes tant les ténèbres étaient épaisses. La pression redescendant peu à peu pour laisser place à un semblant de calme, le petit guerrier constata qu'une fois de plus, il avait été tiré de son sommeil au plus profond de la nuit. Il étouffa un soupir, sachant pertinemment qu'il ne se rendormirait pas.

Son cauchemar lui revint partiellement sous forme de flashs. Il frissonna : ce mauvais rêve tenait davantage du souvenir que d'un produit pur et dur de son esprit endormi. Il pouvait encore sentir l'odeur fétide du renard alors qu'il plongeait ses crocs dans l'épaisse fourrure rousse, solidement accroché au dos du carnassier, les griffes plantées dans le cuir de l'animal afin de se stabiliser et de rester hors de portée des canines meurtrières. Puis l'instant d'après il était étendu au sol, sonné, le souffle coupé, incapable de reprendre sa respiration alors que le canidé se jetait sur lui pour l'achever. Mais Cœur de Genêt n'avait pas été seul à combattre l'animal roux : une silhouette à l'épaisse fourrure calico s'était interposée, son feulement de fureur résonnant dans l'air froid et vif de la nuit comme un claquement de fouet. Feulement brusquement interrompu et suivi du craquement écœurant d'os broyés par une puissante mâchoire. Le corps sans vie était retombé avec un bruit sourd au sol, le sang épais et encore chaud dégouttant de sa nuque. Les yeux désormais aveugles de celle qui avait tant compté pour Cœur de Genêt étaient fixés sur lui d'un air accusateur, alors que son cœur volait en miette, irrémédiablement, comme un verre qui se brise et qui n'est plus bon qu'à être jeté. Tout est ma faute...

Sa respiration se prit momentanément dans sa gorge alors qu'une nouvelle vague de chagrin le submergea. Cœur de Genêt se leva, ses pattes vacillant sous l'effet de la peine intense dont il était proie. Il sortit en titubant de la tanière des guerriers, un cri muet bloqué dans les tréfonds de son être. Il sentit à peine le froid mordant de la nuit s'infiltrer à travers son pelage. Il arriva juste à temps au coin des besoins, où son corps fut parcouru d'un violent spasme, qui lui fit rendre son repas de la veille, et plus encore. La bile lui brûlait le pharynx et il restait un long moment prostré et tremblant à même le sol gelé, de temps en temps prit d'une nouvelle contraction stomacale. Personne ne vint. Il n'aurait pu dire si cela été dû au fait qu'aucun de ses camarades ne l'avait entendu, ou si ils s'en moquaient éperdument. Peu lui importait dans le fond. Quand il se fut calmé et que son estomac se fut complètement vidé, il se releva, plus faible que jamais, les entrailles en feu. La soif le taraudait. Il revint dans le camp avant de se diriger vers le tunnel qui menait à l'extérieur, dans lequel il s'engagea.

« Où penses-tu aller comme ça Cœur de Genêt ? »

Le petit matou s'arrêta, la fourrure le long de son échine se hérissant doucement. Forêt des Murmures, son ancien mentor, était assise dans la pénombre, montant la garde. Pourquoi fallait-il que de tout le Clan, ce fut précisément elle de garde cette nuit-là ? S'efforçant de rester le plus calme et le plus neutre possible -et échouant lamentablement, Cœur de Genêt planta son regard vert pâle dans celui de son aînée, ne se rendant pas compte de la posture de défi qu'il avait adoptée.

« J'ai soif, rétorqua-t-il à travers ses dents serrées. Je me rends aux Rochers Moussus.
- Sûrement pas, répondit froidement Forêt des Murmures. Il fait encore nuit noire. Tu attendras l'aube avant de quitter le camp.
- Ça ne change rien qu'il fasse nuit ou pas ! protesta Cœur de Genêt. Tu ne peux pas m'interdire d'aller boire !
-Dois-je te rappeler ce qu'il s'est passé la dernière fois que tu es sorti seul de nuit ? »

Une vague de haine déferla sans crier gare sur Cœur de Genêt. Bien sûr qu'il s'en souvenait. C'est précisément ce qui l'avait tiré de son sommeil un peu plus tôt. Son ancien mentor savait toujours appuyer là où ça faisait le plus mal, et pour ça il la méprisait et la haïssait plus que tout. Comment pouvait-elle lui faire subir ça ? Avait-elle seulement la moindre idée de ce qu'il avait dû endurer durant sa courte vie ?

« Laisse moi sortir, siffla-t-il avec hargne.
- Non, miaula Forêt des Murmures, nullement impressionnée par l'air furieux de son ancien apprenti. Tu causes déjà suffisamment de souci au Clan comme ça. J'aimerai éviter devoir venir te sauver la vie encore une fois parce que tu auras été incapable de te défendre par toi-même.
- Je n'ai plus besoin de personne pour prendre ma défense ! feula-t-il avec rage. Je suis un guerrier ! Je sais me débrouiller tout seul !
- Non, tu ne sais pas et tu ne sauras jamais, répliqua la guerrière sans se départir de son calme glacial. Maintenant obéis et retourne dans le camp avant que je ne convoque le Conseil pour punir ton insubordination. »

Cœur de Genêt la foudroya du regard, luttant pour ne pas lui sauter à la gorge. Elle maintint son regard sans ciller, ses pupilles semblables à deux puits noirs sans fond. Un ultime avertissement silencieux y brillait, ce qui dissuada le petit chat d'agir stupidement. Il fit brusquement volte-face, la queue battante, pour retourner dans le camp silencieux. Il s'étonna vaguement que leur altercation n'ait réveillé personne, juste avant qu'une nausée ne s'empare de lui. Il se précipita une nouvelle fois au coin des besoins, où son corps fut saisi de convulsions violentes. Il vomit à nouveau, et la brûlure de l'acide lui écorcha la gorge. Pantelant, il se redressa tant bien que mal. Peut être devrait-il aller voir Plume de Lune. Il doutait être réellement malade, mais dans sa condition il savait qu'il serait plus raisonnable de consulter la guérisseuse afin qu'elle lui administre ne serait-ce qu'un remède pour les nerfs.

Il ne bougea pas du coin aux besoins du reste de la nuit. Il fut encore malade deux fois, alors que colère, frustration et peine faisaient rage en lui. L'aube vint, accompagnée d'un rayon de soleil, phénomène d'une rareté extrême et dont il n'avait été témoin que quelques fois dans sa vie. Depuis qu'il était né, il n'avait jamais connu que l'hiver. Il ignorait tout de la chaleur du soleil qui venait réchauffer les pelages des chats des Clans lors de la saison des feuilles vertes. Il n'était même pas capable de concevoir pouvoir avoir trop chaud à cause de la météo, et encore moins être ébloui lorsque le soleil était à son zénith. L'éclaircie ne dura cependant qu'un bref instant avant que le ciel fut de nouveau recouvert par une épaisse couche nuageuse et qu'un vent froid ne se lève. La bise glaciale s'engouffra sans merci par tous les pores de la peau de Cœur de Genêt, le laissant frissonnant de froid. Ses nausées s'étaient estompées, mais sa gorge et l'intégralité de son œsophage le faisaient atrocement souffrir. Il devait absolument trouver un moyen d'étancher sa soif, mais il était désormais bien trop faible pour sortir. Il maudit intérieurement Forêt des Murmures.

Il se traîna lentement dans le camp. La patrouille de l'aube était déjà partie depuis longtemps. Il hésita un instant avant de se diriger vers la tanière de Plume de Lune. Il n'avait pas pris sa dose quotidienne de tussilage, pour sa respiration, comme il était supposé le faire chaque matin. Peut être la guérisseuse se trouverait dans sa tanière, ce qui lui permettrait de lui demander un remède afin d'améliorer son état. Alors qu'il traversait le camp pour se rendre chez Plume de Lune, une boule de poils grise le percuta de plein fouet. Trop faible pour se maintenir sur ses pattes, il perdit l'équilibre, se retrouvant sur son arrière-train en clignant stupidement des yeux. Un tout jeune apprenti, sorti depuis deux lunes à peine de la pouponnière lui faisait face, dans une posture très similaire à la sienne. Cœur de Genêt étrécit les pupilles avec colère alors qu'il se remettait avec quelque difficulté sur ses pattes, tout en s'ébrouant. Le chaton qui lui faisait face n'était autre que son demi-frère, Nuage de Fougère.

« Pardon Cœur de Genêt, je n’ai vraiment pas fait exprès… »

Loin d'apaiser la fureur de Cœur de Genêt, l'air piteux du malheureux apprenti ne fit que rajouter de l'huile sur le feu de la colère du jeune guerrier. Ce dernier brûlait d'envie d'arracher les oreilles du jeune chat pour lui être rentré dedans sans ménagement et lui avoir rappelé sa propre faiblesse. Incapable de rester debout quand un stupide chaton te bouscule. Il tenait un prétexte pour laisser libre court à sa frustration, et il n'allait pas s'en priver.

« Espèce d'idiot ! cracha-t-il avec dédain, les yeux étincelant d'une rage mal contenue. Regarde où tu vas ! Tu n'es pas seul dans ce camp ! »

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« Pour pouvoir avancer, on a seulement besoin d'y croire. »

Je n’étais pas particulièrement fier de moi, en dépit du fait que je connaissais bien mon grand frère. Enfin, demi-frère. Il était toujours particulièrement brusque et parfois même méchant. Alors je savais que malgré tout, ce n’était pas vraiment contre moi qu’il était énervé. Enfin, si, parce que c’était clairement ma faute si je l’avais bousculé, mais je savais ne pas être à l’origine de sa mauvaise humeur, ce qui ne m’empêcha pas de baisser un peu plus la tête, piteux, et les oreilles collées de chaque côtés de mon crâne.

A chacune de ses phrases crachées avec colère, je me tassais un peu plus sur moi-même. Je ne pouvais pas ignorer l’état de Cœur de Genêt : il ne tenait pas sur ses pattes. Certes, je l’avais bousculé, mais seulement légèrement, et un guerrier n’aurait pas fini avec l’arrière train cloué au sol pour si peu. Sauf que voilà, Cœur de Genêt n’était pas vraiment un guerrier comme les autres. Il était faible. Même si il me semblait encore plus vulnérable aujourd’hui plus que d’ordinaire.

« Pardon Cœur de Genêt, je ne sais pas ce qui m’a pris, je n’ai pas fait suffisamment attention, couinai-je. »

Je ne savais pas trop quoi faire pour m’en sortir. Mettre Cœur de Genêt en colère, c’était un peu comme mettre la patte dans une fourmilière. Et l’y laisser très longtemps. Les yeux rivés sur mes pattes, je fini par remarquer que j’avais une griffe pas mal entaillée. J’avais dû me blesser la veille au cours de mon entrainement. Plus qu’heureux de trouver une porte de sortie à ce mauvais pas – c’était le cas de le dire – et une excuse pour emmener Cœur de Genêt chez Plume de Lune, je n’hésitais pas une seconde.

« Je suis désolé, c’est la faute à ma griffe. Je me suis blessé hier. Je devais aller voir Plume de Lune. J’ai dû trébucher à cause de ça, miaulai-je doucement. »

A vrai dire, je savais que c’était une excuse pitoyable, même si mieux valait aller voir la guérisseuse pour ne pas risquer l’infection. Mais je n’avais pas encore vu Cœur de Genêt aller voir Plume de Lune, alors qu’il y allait tous les jours normalement. Il sentait la bile et à vrai dire, j’étais inquiet. Il avait beau être plutôt difficile à côtoyer, Cœur de Genêt faisait partie de ma famille et je craignais de le voir mourir lui aussi.

J’avais peur de la mort de toute façon, ce qui faisait de moi un chat plutôt prudent, du genre à paniquer pour une griffe menaçant de tomber. Je devais absolument trouver une raison pour tirer Cœur de Genêt jusque chez Plume de Sang. Sans pour autant le trainer par la queue, il ne me le pardonnerait jamais et se moquerait de mon inquiétude si je lui en faisais part.

Entre sa mauvaise humeur et son mauvais état, j’avais vraiment mis les pattes dans une situation délicate.

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Coeur de Genêt & Nuage de Fougère

Le chaton qui lui faisait face se recroquevilla sous l'injure, balbutiant quelque excuse incohérente, comme quoi il se rendait chez Plume de Lune pour une griffe retournée. Cœur de Genêt étrécit les pupilles d'un air suspicieux. Il pouvait voir la tension dans le corps de Nuage de Fougère, et malgré sa tête basse, il pouvait également discerner une lueur d'inquiétude au fond des prunelles de son jeune frère. Cette constatation ne fit que l'agacer davantage encore. Nuage de Fougère était réputé pour son tempérament angoissé. Il a peut être le physique adéquat pour devenir un guerrier, mais sûrement pas le mental approprié, songea Cœur de Genêt avec sarcasme. Quelle ironie qu'il se trouvât lui même dans le cas contraire. Deux moitiés de guerrier, fantastique.

Bien qu'il se sentit encore atrocement mal, la simple perspective de se retrouver chez Plume de Lune en compagnie de Nuage de Fougère était si peu attrayante qu'elle suffit à lui faire changer d'avis. Il retournerait se reposer dans la tanière des guerriers et irait rendre visite à la guérisseuse dans la soirée. Alors que ces idées traversaient son esprit, le sol se mit à tanguer sous ses pattes. Cœur de Genêt plongea tant bien que mal ses griffes dans la terre gelée. Il ne flancha pas. Il refusait de laisser paraître à nouveau sa faiblesse devant Nuage de Fougère, qui avait le don de déceler ce genre d'état, tout particulièrement chez lui, Cœur de Genêt. Il serra les dents avec irritation.

« Alors va chez Plume de Lune au lieu de me faire perdre mon temps, siffla-t-il sur un ton menaçant. J'ai mieux à faire que de m'occuper de toi. »

Ces paroles étaient terriblement dures et blessantes, mais il n'en avait cure. Après tout elles reflétaient la stricte vérité. Il ne voulait pas s'encombrer les pattes de ce petit frère pleurnichard et faible d'esprit. S'occuper de lui-même et de ses propres problèmes lui prenaient déjà bien trop d'énergie, et il ne pouvait tout simplement pas se permettre de dépenser davantage de cette précieuse énergie, encore moins pour un apprenti écervelé, qui n'était même pas capable de regarder où il mettait ses pattes. Il devait avant tout se maintenir en vie et en aussi bonne santé que possible. Tu parles, comme si tu savais ce que bonne santé voulait dire. Le dégoût qu'il ressentait pour lui-même se fit intensément violent, lui coupant momentanément la respiration.

Cœur de Genêt s'empressa de faire volte-face, afin de dissimuler ses puissantes émotions. Il commença à s'éloigner en vacillant vers la tanière des guerriers, ignorant les regards des quelques chats présents dans le camp. Sa vision se troubla brusquement et il s'effondra à même le sol, tremblant. Un faible juron s'échappa d'entre ses lèvres.

HRP:

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« Pour pouvoir avancer, on a seulement besoin d'y croire. »

J’avais beau faire de mon mieux pour ignorer la colère et le mépris dans son regard, je ne pouvais pas m’empêcher de constater combien Cœur de Genêt me jugeait. Je le voyais à la lueur réprobatrice de son regard à moitié embué par la douleur ou le mal-être. Et ça, plus que tout autre chose, me fit baisser la tête, de tristesse cette fois. J’avais bien conscience de ne pas être celui qu’il aurait aimé que je sois. J’avais conscience de n’être qu’un faible à ses yeux. Après tout, tout le monde me disait que j’étais très loin d’avoir l’étoffe d’un guerrier.

Mais ma mère m’avait dit un jour qu’être un guerrier, c’était autant de courage que d’amour pour les siens, et je préférais prendre soin de mon Clan. Alors certes, je n’étais pas aussi fougueux et puissant que les autres apprentis de mon âge. J’étais mou. Mais aucun chat ne pouvait me reprocher d’avoir été égoïste ou d’avoir mis en danger la vie d’un membre du Clan ou les intérêts des miens. Et c’était ce qui faisait ma fierté, en dépit de tout ce que l’on pouvait me reprocher.

Les yeux rivés sur la neige qui tapissait de camp, je ne pu manquer la façon dont Cœur de Genêt s’arrima au sol avec ses griffes. J’avais l’impression qu’il tremblait, mais peut-être était-ce simplement du au froid. Toujours était-il qu’encore une fois, il essayait de cacher à quel point il était mal. Son refus de m’accompagner voir Plume de Lune manqua de me faire couiner de découragement. Par le Clan des Etoiles, ne pouvait-il pas, au moins une fois, se montrer raisonnable ?

Je le vis vaciller avant qu’il ne tombe au sol. Je me ruai vers lui, miaulant le plus fort possible pour que les quelques chats présents puissent m’entendre.

« Pardon Cœur de Genêt, je suis désolé ! J’aurais dû faire attention. »

Loin de moi l’idée de me faire passer pour un chat maladroit mais je préférais ça. Parce que Cœur de Genêt n’assumerait pas sa faiblesse devant les membres du Clan. Alors autant faire croire qu’il était tombé par ma faute. De toute façon, personne ne nous observait. Conscient qu’il était surement trop faible pour tenir debout, je me plaçai à ses côtés et lui fit signe de se redresser et de s’appuyer sur moi.

« Je ne me sens pas très bien… Tu pourrais m’accompagner voir Plume de Lune, s’il te plait ? »

J’avais conscience d’être particulièrement insistant, et je savais que j’avais de très, très grandes chances de me faire rembarrer violemment. Mais je lui offrais une porte de sortie malgré tout. J’étais prêt à le soutenir discrètement jusqu’à l’antre de notre guérisseuse et puis voilà. Parce que même s’il me détestait, Cœur de Genêt était mon frère.

Je lui adressai un regard le suppliant de bien vouloir me suivre. Parce qu’il avait besoin de soins. Et moi aussi dans une certaine mesure. Et qu’il n’était pas buté au point de risquer sa vie. En tous cas, je l’espérais…

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