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Ruisseau Onirique Dépendant.e.
Date d'inscription : 26/07/2012 Nombre de messages : 2189
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| Sujet: «Alive» - FAITH Lun 29 Fév 2016 - 0:53 | |
| FOI« I had a one way ticket to a place where all the demons go Where the wind don't change And nothing in the ground can ever grow No hope, just lies And you're taught to cry into your pillow But I survived » | | INFOS GÉNÉRALES Noms : Petite Disgrâce - Disgrâce Étrangère - Foi Surnom (facultatif) : Faith Âge : 41 lunes Clan : Astre Rang : Rôdeuse | CARACTÈRE - Comment tu décrirais le caractère de ton perso ? N'oublie pas ses qualités et ses défauts : Elle est deux pôles. Une contradiction. Deux éléments d’un même être qui s’affrontent constamment dans une lutte acharnée, perpétuelle. Force. Ainsi elle paraît au premier abord. Un rempart d’assurance, de grâce et de puissance, une guerrière auréolée de sa propre confiance en elle et en ce monde pourtant vaste et murmurant de dangers. Énergique, infatigable semble-t-il, toujours ce sourire narquois flottant sur ses lèvres pour vous repousser dans vos propres limites et vous inciter à lui offrir d’avantage. Dynamique, toujours en mouvement et à l’affut de découvertes, de nouveautés et de nouvelles sensations. Elle est ainsi, grouillante de vie et intenable, cherchant sans cesse de nouvelles avenues à explorer plutôt que se confiner au seul campement de sa tribu solitaire. On la dira d’ailleurs férue de solitude, toujours prise par ses errances. Néanmoins elle possède une fidélité qui même si discrète aux yeux des autres n’est que renforcée par sa lourde histoire. Elle ne vit que par le mouvement, par le changement. Elle change d’idée aisément, comme le flot de l’océan. Changeante, exigeante, une tempête dans un verre d’eau, une force oui qu’on ne peut vraiment maintenir. Elle semble intouchable, probablement s’en est-elle persuadée. Charismatique aussi, sans l’ombre d’un doute. Toujours une histoire à raconter et avec son talent, un public pour écouter. Expressive, captivante, bruyante. Elle aime qu’on lui porte attention mais jamais de trop près. Elle incarne beaucoup de choses, dissimule une part de ses valeurs les plus profondes comme l’égalité, la justice. Probablement plus douce qu’elle ne paraît, plus attentive aussi. Elle fera semblant de ne pas s’intéresser par contre, car il est bien facile ainsi.
Faiblesse. En creusant plus loin que ce qui paraît en surface, on rencontre un être particulièrement secret, incapable de s’ouvrir aux autres de manière réciproque et affective. De nombreux mensonges aussi, ceux qu’elle offre autant aux autres qu’à elle pour se convaincre qu’elle n’est pas aussi vulnérable que ce son passé le suggère. La vérité est qu’elle souffre encore, tous les jours même, des événements traumatiques ayant ponctué son parcours. Rien n’est encore résolu pour elle. Il y a longtemps qu’elle s’est promis d’avancer et de poursuivre sa vie, mais rien n’écartera ses démons, du moins pas encore. Elle n’est pas prête. Sous sa force évidente, elle est fragile, et la moindre mention de son passé provoqueront un énorme changement chez elle. Elle est alors susceptible de vous sauter à la gorge avec l’intention de vous tuer. Il lui faut détruire pour survivre lorsqu’on l’expose à sa faiblesse. Sa propre assurance et ses tendances mensongères envers elle-même la rendent particulièrement vulnérable, parfois même facile à manipuler. Son orgueil l’expose aux erreurs et aux vices. Son cœur blessé ne parvient plus à aimer ni même à apprécier sincèrement la majorité de ses semblables. Ses relations avec les autres sont teintées d’hypocrisie et de paresse. La solitude ne semble pas l’affecter, une impression néanmoins erronée. Elle cherche encore ce dont elle a tant manqué, même inconsciemment, sans parvenir à vraiment l’assumer.
- Quels sont ses projets ? Projets? Se reconstruire, survivre, avancer. Elle attend encore de se reconstituer, vivant au jour le jour, craignant encore d'espérer bien malgré elle. De toujours s'en tenir à ses promesses, son propre code intérieur, voilà qui l'anime, qui la rassure au sujet de son avenir auquel elle préfère ne pas penser. - Et au contraire, sa plus grande peur ? Elle paraît inébranlable, insensible même à la peur. Les dangers l'indiffèrent. Ses craintes vont ailleurs. Son passé, sous quelque forme qu'il soit. Par ses souvenirs, ses cauchemars, ou les éléments de sa vie qui peuvent resurgir pour la hanter, ses démons la terrifient à un point tel où elle parvient à peine à le réaliser. Le sentiment l'habite, constamment. - A-t-il un point de vue sur les rivalités claniques ? Les Clans l’amusent, la fascinent en quelque sorte. Elle éprouve pour eux une sympathie teintée de condescendance. Pour elle qui souhaite vivre dans une liberté totale, déliée de toute autorité ou de lois, celles entourant la vie de ces chats lui semble tout aussi futile que déraisonnée, allant à l’encontre de la nature féline elle-même. Elle ne comprendra jamais leur acharnement à ce qui s’appelle le code du guerrier et se plaît à en pointer les erreurs de jugement qui l’accompagnent. Les rivalités entre les Clans? Elle ne s’en sentira jamais concernée, de près ou de loin, mais se plaira à assister, à ses heures, aux débats ou même aux conflits entourant la question… Une distraction amusante, voyez-vous? - Quel est son point de vue sur le Clan des Étoiles ? On ne lui a jamais appris la voie des Étoiles. Née au sein d’une Meute athée ne trouvant la foi qu’en la violence et la misère des autres, elle ne connut rien de l’existence de créatures surnaturelles supposément bien intentionnées et veillant sur les habitants de la forêt jusqu’à tout récemment, au-travers les récits de chats errants ou de Clans rencontrés sur son chemin lors de ses sorties solitaires. Le concept lui a d’abord paru saugrenu, étrange et inexplicable. Pourquoi vouerait-on quelconque allégeance envers un peuple de défunts prenant la forme de pierres brillantes dans le ciel nocturne? Pour un esprit logique comme le sien, il paraissait alors impossible que les histoires racontées puissent s’avérer véritable… Jusqu’à ce qu’elle réalise l’avantage implicite d’y croire. Elle s’est mise à écouter avec un peu plus d’attention et moins de perplexité. Elle n’y croira probablement qu’au moment où elle obtiendra la preuve irréfutable de leur existence, néanmoins elle entretient pour leur culte une sorte de fascination teintée de jalousie. Elle-même aimerait pouvoir prétendre se fier à quelqu’un pour alléger les peines qu’elle tait avec autant de hargne. Elle apprécierait prier, avoir de quoi se raccrocher, mais ne peut s’y résoudre véritablement. Pas sans écarter la logique qui vient contrecarrer ses espoirs de s’alléger de côté. - Et sinon, quelle réputation a-t-il : au sein du clan, dans l’ensemble de la forêt ? Elle n'est encore qu'une inconnue au sein d'une forêt dont on lui a interdit l'accès pendant presque toute sa vie. On ne la connaît encore que par ses quelques rencontres occasionnées lors de ses errances. Au sein de l'Astre, il s'agit d'une femelle respectée de par son implication pour reconstruire la tribu. Elle est toujours un peu à part, une position qu'elle a choisi pour elle-même. Seuls ceux présents dans la Meute de Fantôme connaissent sa triste histoire, et savent qu'il vaut mieux pour eux de ne pas en parler. PHYSIQUE - Ton personnage, il a quel type de pelage ? Mi-long, un amalgame complexe de teintes et couleurs rappelant vaguement la terre fraîche balayée de brume. Ses poils s'élancent dans tous les sens, sauvages et farouches, en une succession de gris cendré, de crème, de brun délavé et de blanc en stries inégales. Le tout formant un agencement excentrique et apaisant tout à la fois. Son pelage est celui des chats sauvages, parsemé de ronces et de brindilles, entretenu rapidement sans véritablement d'assiduité. Il est cependant resplendissant de vie, à l'image de sa personnalité bouillonnante. - Et il a de beaux yeux ? Des yeux qui, dès son plus jeune âge, ont fait sa réputation. Deux lacs d'un vert olive profond tirant sur le marron, très expressifs. On y discerne la moindre de ses émotions, de la peine recluse à l'envie brutale de tuer. - Il est plutôt grand, de taille moyenne, ou petit pour son âge ? Petite, presque une enfant au premier regard. Sa petite taille qui a si longtemps joué contre elle, en faisant une proie facile aux yeux des mal intentionnés qui ont participé à sa perte. Elle a cessé depuis des lunes de s'offusquer des commentaires à ce sujet, comblant cette faiblesse par une intelligence affûtée et un sens de la ruse habile. - Et au niveau de sa corpulence ? Si elle paraît assez bien nourrie pour un chat sauvage, il ne s'agit que d'une traître illusion due à son pelage bien fourni. Sous l'épaisseur protectrice de ses poils, elle est maigre, possédant une musculature fine et frêle conçue pour l'adresse ainsi que l'endurance bien plus que pour la force brute. - Quant à ses habilités, il est plus ou moins bon en quoi ? Elle ne possède que peu d'habilités. Son passé ne l'ayant pas permis de les voir fleurir véritablement, elle n'est qu'une bien piètre combattante ainsi qu'une chasseuse correcte sans plus. Sa frêle silhouette ne lui permet pas de s'imposer au corps à corps, néanmoins elle compense en hargne ce qui lui manque de force. Sa colère l'alimente, rend chacun de ses coups plus précis et meurtrier. Pour vaincre elle doit frapper en se ménageant le plus possible, rapidement afin d'éviter de devoir passer sur la défense alors elle ne visera pas les zones douloureuses du corps, mais bien celles qui entraîneront la mort de ses ravisseurs. Sa seule force est celle de son endurance, remarquable. Il est difficile voire impossible de la fatiguer. Le résultat de ses longues errances à parcourir la forêt peut-être? - Pour finir, a-t-il des signes particuliers ? On remarquera aussitôt chez elle une tache à la forme indistincte sur son front, d'un brun très pâle. Pour les plus avertis néanmoins, une certaine lourdeur au niveau des hanches dans sa démarche trahira ses nombreuses grossesses et mises à bas. Son corps porte de nombreuses cicatrices, certaines visibles malgré son épais pelage. Sa santé est fragile, sa carcasse largement abîmée par les sévices subis durant sa vie. Aux journées les plus humides ses prunelles trahiront la douleur de ce corps qu'on lui subtilisé. HISTOIRE - Ton perso est-il de sang pur ou de sang mêlé ? Elle porte le sang de la Meute dans ses veines. Bien malgré elle. - Et ses parents, ils venaient d'où ? Un père inconnu d'une insignifiante notable à ses yeux, ainsi qu'une mère de la Meute originale, celle de l'avant scission. - Les liens familiaux de ton perso : De nombreux frères et soeurs plus âgés lui étant inconnus, fils et filles de sa mère Fumée. Elle est aussi mère d'une dizaine de petits qu'elle n'a que peu connu et qu'elle ne souhaite pas connaître. - Pourquoi porte-t-il ce nom ? On lui offrit ce nom terrible à sa naissance, celui de Disgrâce. Un nom lourd de sens et particulièrement humiliant, une énième arme de ses goêliers pour l'asservir, en faire une victime à leurs vices. On lui réservait déjà, alors, un bien triste sort en connaissant les talents de sa mère ou du moins ses prédispositions naturelles qui condamnèrent sa fille au même châtiment. À la même vie d'abus. Même si elle ne fut jamais reconnue en tant que guerrière, on en vint à la nommer Étrangère lorsque son corps changea pour devenir celui d'une adulte à peu près saine. Une chatte sans visage, sans identité, une étrangère disgracieuse. Voilà ce qu'elle était pour eux jusqu'à qu'elle rejette la destinée cruelle qu'on lui octroyait depuis toujours. Elle emprunta alors le nom de Foi, celui qui la tient encore éveillée au sujet de ses convictions nouvelles, de qui elle est désormais. Un espoir. - Raconte-nous un ou des événement(s) particulier(s) de sa vie (naissance, baptême, cérémonie, ...) :ATTENTION CONTENU INTENSE ET VIOLENT! ÂMES SENSIBLES S'ABSTENIR! PETITE L’air sentait encore la foudre. L’air saturé d’électricité. Les herbes sèches encore fumantes du passage de la tempête. Le soleil couvert derrière de pâles nuages. Le ciel d’un jaune âcre. La pluie empreinte de suie s’abattant sur le campement avec la brutalité d’un crachat inégal et indifférent. Les silhouettes se mouvaient à contre-courant, à contre-cœur, par nécessité là où l’ambiance lourde les poussait à l’inaction. Surtout que dans la quiétude passive de l’assemblée ne se brisait que de quelques cris étouffés d’une chatte dans la pouponnière. On les connaissait à présent, après six ou sept portées était-ce? Or, aujourd’hui, on ne pouvait plus ignorer la souffrance bestiale de la femelle fatiguée. La mise à bas se passait mal, ne l’épargnait pas en douleur là où l’habitude aurait pu l’apaiser. Son corps, abîmé par de trop longues années de sévices, brûlait à l’agonie. Cet été-là, il ne naquit de Fumée qu’un seul chaton, une femelle si petite qu’on crut rapidement qu’elle ne s’en sortirait jamais. Frêle, d’apparence malade, plusieurs vinrent pour la voir, la tâter du bout de la patte comme pour accélérer sa mort. Mais sa mère chassait les imprudents avec une hargne qui arracha une oreille à un imprudent et aveugla d’un œil un autre. Depuis le second incident, on n’osa plus l’approcher. La menace planait néanmoins, tel le sifflement d’une vipère invisible avant qu’elle ne vise votre gorge. On attendait, on réclamait la vie de la petite. Que ferait-on d’une carcasse de plus, d’une empotée malade? Ils étaient nombreux, à l’entrée de la pouponnière, assoiffés de sang, à attendre que Fumée ne se détache de sa protection doucereuse. On ne l’alimentait plus. Elle savait bien quel sort on lui réserverait, à elle, à sa fille aussi, dès qu’elle oserait esquisser ses premiers pas hors de leur repère. La faim la tenaillait, la forçait dans ses hallucinations souffrantes. Elle naviguait souvent en plein délire, ses rires et murmures arrivant aux oreilles de ceux qui s’amusaient de sa douleur. Fumée devait produire des petits, des petits en santé. Elle se faisait vieille avant son âge, sa démarche déjà lourde, ses traits creusés et exténués. Bientôt, elle serait trop âgée pour produire des petits pour leur Meute, probablement l’était-elle déjà. Il n’y avait qu’à jeter à sa petite dernière. Néanmoins elle s’acharnait auprès d’elle. Avec un amour si pur, si véritable, qu’elle se muta en véritable force pour la petite qui grandissait à son flanc. Il devint bientôt évident qu’elle s’en sortirait, qu’elle rattraperait peut-être même son retard de développement sur les autres chatons de son âge. Ce fut peut-être ce qui sauva Fumée, mais pas longtemps. Si on l’autorisa à manger, à sortir sans craindre pour sa fille, la menace planait toujours sur elle, surtout lorsqu’on la surprenait en train de boiter ou encore de dormir de trop longues heures. La vieille femelle se dédiait à sa petite, que l’on avait nommé Petite Disgrâce à son insu, pour oublier. Un nom pour lui rappeler néanmoins, toujours, quel genre de vie attendrait le chaton lorsqu’elle grandirait. La même qu’elle subissait avec une résignation épuisée. Fumée pouvait passer des heures entières à la regarder. Disgrâce l’avait charmée dès le premier regard, malgré sa petitesse, ses tremblements et ses cris pathétiques. Il y avait quelque chose dans cette petite qui lui plaisait, qui lui rappelait sa propre mère, une noble chatte à l’énergie débordante. Ainsi elle était, à constamment explorer et découvrir, ses grands yeux d’un vert profond absorbant tout ce qu’elle pouvait encore apprendre. La reine l’aimait, c’était interdit pour elle. Elle courrait à sa perte, mais celle-ci se dessinait avec une telle netteté dans son avenir prochain qu’elle s’accordait ce petit répit. Pendant trop longtemps elle avait regardé sa progéniture imposée avec dédain, puis avec indifférence. Néanmoins elle ne pouvait résister au charme de Disgrâce. Celle-ci n’avait pas quatre lunes lorsque sa mère se défit de sa couche pour ne pas revenir. Elle ne se souvient encore que vaguement de la seule l’ayant un jour véritablement aimée. Peut-être ce souvenir l’a-t-elle préservée pendant les lunes qui suivraient. Elle se rappelle avec une netteté brutale néanmoins de ses cris, de ses appels et de ses pleurs, jusqu’à ce que la faim l’emporte et ne la convainque d’accepter le lait d’une autre reine l’ayant pressée contre ses propres petits. Un lait qui goûtait amer. Tellement amer. DISGRÂCE «Enseigne-moi, Croc Dense. Je veux apprendre.»
«Tu es trop petite. Tu es trop frêle.»
«J’en suis capable.»
«Tais-toi. Tu ne sais rien. Tu n’es rien.»Mais elle ne démordait pas. Sept lunes déjà et on lui refusait toujours l’apprentissage auquel elle avait le droit en tant que membre à part entière de cette Meute. Disgrâce s’impatientait. Croc Dense la considérait avec le même calme implacable que toujours, l’œil indifférent. Pourtant elle s’acharnait, lui tournait autour tous les jours avec le même acharnement ardent, ses prunelles à elles dansaient d’une vie qu’il ne pouvait contenir. Mais lui comme les autres connaissaient sa destinée, celle qu’on lui réservait depuis sa naissance. Il se contenta de lever la tête vers elle sans énergie. «Tu es Disgrâce. Tu ne mérites pas ta place parmi mes élèves. Tu te briserais au premier combat. Je ne t’aiderais pas à te lever, Disgrâce. Je me tiendrais parmi les ombres à attendre que les corbeaux te dévorent lorsque tu me supplierais de t’aider. Tu es trop faible. Cesse de perdre mon temps.»Ses mots l’abîmaient, un peu plus chaque jour. Même si elle ne se laissait pas abattre, même s’ils alimentaient sa conviction ardente. Malgré toute sa force, les paroles des autres laissaient en elle des blessures qui ne guériraient probablement jamais. Mais toujours elle avançait car elle ne connaissait que cette route. La colère brouillait son jugement, brûlait en elle avec une telle puissance qu’elle ne put qu’obéir à l’instinct primaire qui la prit aux tripes. Alors elle s’élança vers lui, le mordit à la patte arrière alors qu’il se détournait d’elle dans toute son indifférence mesquine. L’enfant mordit si fort qu’il fallut se mettre à plusieurs pour l’en déloger alors que le guerrier tentait de ne pas hurler. On la poussa brutalement dans la poussière, sa petite tête heurtant le sol avec force. Une ombre se dessina sur sa petite carcasse, surmontée de deux yeux jaunes injectés de sang. Elle sut alors qu’elle regretterait. Elle ne cria pas un seul instant alors qu’il la battit, mais elle se défendit avec une hargne égale à celle de son assaillant. Bien sûr, elle ne put lui infliger autant de mal, mais son courage ne passa pas inaperçu. Alors qu’un énième coup la laissait pour morte dans poussière, Croc Dense s’arrêta, malgré les cris bestiaux de ses comparses l’incitant à terminer ce qu’il avait si bien commencé. Il se détacha d’elle et souffla au soigneur de s’occuper d’elle. Lorsqu’elle fut remise sur pieds, quelques semaines plus tard, il l’emmena à l’extérieur du campement pour la première fois de sa triste vie et lui enseigna tout ce qu’elle souhaitait savoir. Le guerrier avait eu raison. Disgrâce, de par sa faible constitution, s’avéra une bien piètre élève. Néanmoins elle témoignait d’un acharnement que le chat gris avait rarement observé chez ses novices. La petite ne se plaignait pas, jamais. Son courage inspirait son aîné, effleurait même son cœur de pierre. Néanmoins lorsque le moment vint, un peu plus d’une lune plus tard, il ne s’interposa pas. Croc Dense et son apprentie s’entraînaient à la chasse près d’un ruisseau lorsqu’ils arrivèrent, cinq de leurs chasseurs. Le mentor les vit arriver dans le reflet du courant, su alors ce qui se préparait pour elle. Disgrâce s’était concentrée sur un mulot qui grignotait dans un buisson et s’apprêtait à lui sauter à la gorge quand un coup de patte sur sa nuque lui coupa le souffle et la projeta sur le sol. Elle eut beau lever un regard gorgé d’incompréhension vers Croc Dense, il ne réagit pas lorsque les coups la clouèrent contre le sol, lorsque le plus gros des mâles l’immobilisa sous son poids, son haleine fétide venant lui chatouiller la nuque. Son regard se détourna lorsqu’elle cria alors qu’on la prenait de force. Encore et encore elle l’appela, sollicitant son aide alors qu’elle n’était plus qu’objet de désir entre les pattes de ses geôliers. Un à un. Ses supplications s’atténuèrent alors qu’elle perdit conscience, la douleur devenue insupportable. Sa vie ne serait plus jamais la même. On venait de la marquer, d'en faire une Étrangère. Ce soir-là, le matou au pelage gris ressentit pour la première fois la poigne amer des remords l’étreindre alors qu’il tentait de dormir. ÉTRANGÈRE Étrangère n’était qu’une enfant lorsqu’on lui retira ce qui lui restait de sa dignité. Elle ne quitta plus le campement depuis ce jour. Elle ne vit plus son ancien mentor. Qui viendrait visiter ce petit corps brisé, enfermé dans cette même pouponnière où elle avait cru vivre ses moments les plus paisibles, près du flanc de sa mère? On la laissait seule, dans le noir, alors que son ventre grossissait, que la douleur se répandait en elle tel un poison. Tous les soirs, elle appelait, mais on ne vint pas. Il y avait ces mâles qui lui apportaient à manger, comme une offrande ou une façon de se faire pardonner de leur action inavouable. Elle les chassait avec tout ce qui lui restait encore de haine. Terrorisée. Les heures passaient avec une lenteur intemporelle. Elle tentait encore de comprendre ce qui s’était passé, pourquoi personne ne l’avait jamais aimé, pourquoi on la traitait encore ainsi alors qu’elle se savait destinée à bien plus. Pourquoi son corps changeait. Pourquoi elle souffrait autant. Puis une nuit, la douleur explosa en elle. Elle avait si peur, si peur. Pourtant on ne vint qu’au matin lorsque ses cris se sont tus, après que son sang aille maculé sa litière souillée, lorsque près d’elle, trois petites boules de poils tétaient avec énergie. Le résultat escompté avait été atteint et Disgrâce Étrangère venait de fournir à la Meute trois nouveaux petits en parfaite santé. On osa s’en féliciter devant elle. Comme un prix à réclamer. Puis on la laissa seule avec ses enfants, ceux qu’elle n’avait jamais commandé, ceux-là même qui lui rappelaient à chaque regard l’événement qui avait provoqué leur mise au monde. Toutes les nuits, elle envisagea de les tuer. Ils étaient si petits, probablement moins que ce qu’elle fut à leur âge et pourtant. Un seul coup de croc aurait suffi à compléter sa vengeance sur ceux qui venaient de la détruire. L’énergie vint à lui manquer, la terreur la paralysait. Elle pleurait, beaucoup, cherchant une once d’espoir dans un océan de ténèbres. Peut-être, malgré elle, se mit-elle à les aimer. Mais lorsqu’on vint les chercher, quelques semaines plus tard, elle ne tenta pas de les arrêter. Elle se contenta de les regarder avec une haine mortelle, une haine qu’ils finiraient par connaître tôt ou tard. La nuit de leur départ, elle tenta de fuir pour la première fois. Il s’agissait d’une nuit sans lune, sans vent, sans vie nocturne, comme si la nature d’elle-même retenait son souffle. Étrangère courrait, à s’en déchirer les tripes, à s’en délier les muscles. Jamais assez vite. On la rattrapa bien vite. On la battit violemment et on l’expédia à la pouponnière où elle devrait attendre qu’on daigne lui porter attention. On la priva de nourriture, on vint la visiter au plus tard de la nuit pour assouvir ses besoins les moins louables de sang ou de chair, on lui murmura, au creux de l’oreille, l’expression de sa propre insignifiance. Mais elle se battit, encore et encore. Au dehors, son monde changeait sans conséquence sur son existence. Deux chefs se trouvaient en opposition pour une once de pouvoir, provoquant une scission au sein d’une Meute unique, pour en former deux. Ses petits, comme une partie de ses précédents bourreaux, se trouvèrent exilés sur les terres humides de la Rivière où ils régnèrent par la ruse pendant une certaine époque. Laissée au sein de la Meute du meneur Fantôme, Disgrâce Étrangère ne vit pas son existence changée. Enceinte d’une deuxième portée, on la laissait errer hors de la pouponnière, mais sitôt ses pas la menant loin de son antre qu’on la harcelait avec violence. Les mots pleuvaient, meurtrissaient son âme déjà brutalement malmenée par ses expériences. Les petits naquirent à leur tour, on les lui retira, on leur appris à la détester tout autant que le reste de la tribu. Elle tenait bon, toujours. Malgré les insultes, les coups et surtout les sévices durant la nuit, elle continuait à se battre, assouvissant sa vengeance lorsqu’un malheureux passait trop près d’elle sans méfiance. Elle creva des yeux et déchira bien des gorges, mais on l’arrêtait toujours avant qu’elle ne goûte à la victoire. Les lunes passaient ainsi, certaines si pénibles, particulièrement celles en couche, qu’elle restait des semaines sans bouger contre sa litière, à espérer que les douleurs ne se taisent. Mais bien plus que son corps souffrait. Après quatre portées nombreuses et en santé, il ne restait plus rien d’elle qu’une enveloppe vide, qu’un cocon de haine à ses ennemis. Lentement, elle dérapait, échappait aux griffes de la raison. Elle sombra. Il est des lunes absentes de sa mémoire. Comme si elle n’avait pas vécu durant ces mois vides. Peut-être inconsciemment se laissait-elle mourir. Elle ne répondait plus aux attaques, se contentait d’observer les autres d’un air torve et sans vie. Se laissait errer dans une dérive dont elle aurait pu bien ne jamais se sortir. Trop, elle avait trop souffert. À présent, son esprit la préservait d’elle-même, lui imposait silence et docilité. Pourtant vint une lumière alors que les ténèbres semblaient l’avoir pris en grippe pour l’engloutir. Pourtant vint une voix pour chasser les esprits malsains de la Meute. Une voix pour lui dire qu’elle existait, une voix pour faire d’elle un être vivant à nouveau. Elle se souvient encore de la révolution. De la violence avec laquelle elle a repris conscience à ce moment, pour assister à la mort d’une Meute pour lever d’un Astre. Elle combattit sa propre torpeur pour se faire porteuse de ce message, pour se libérer de ses propres chaînes. Toutes les nuits, elle se couchait avec une nouvelle promesse. Celle de ne plus jamais s’abandonner. Celle de ne plus se laisser souffrir. Celle de vivre à nouveau. Celle de ne plus se laisser croire insignifiante. Celle de ne plus jamais se laisser mener. Celle de ne plus se laisser toucher. Celle de ne plus jamais enfanter. Promesse après promesse, elle se reconstruisait tout comme sa tribu, trop longtemps hantée de présences gangrénées. Une à une, elles furent chassées jusqu’à la dernière. FOI Cette journée-là, elle accompagnait Croc Dense. Il s’était fait encore plus las depuis le temps de sa jeunesse, son masque d’impassibilité s’était brisé pour laisser entrevoir un être nerveux. La présence de la femelle à ses côtés l’indisposait, le rendait d’autant plus fébrile. Et elle, elle ne manquait pas de remarquer son malaise, duquel elle se délectait silencieusement. Ils cheminèrent longtemps ainsi, à la recherche d’une proie peut-être, ou d’une façon de s’aborder l’un et l’autre. Les remords qu’il ressentait depuis de trop nombreuses lunes rattrapaient l’aîné. Il ne lui avait plus adressé la parole depuis le fameux incident qui les avait séparés. Il n’avait plus osé la regardé. Encore, ses cris déchirants, ses supplications désespérées, lui revenaient en mémoire, le faisant tressaillir. «Tu n’as rien fait.»Et le reproche pour venir enserrer sa gorge. Croc Dense leva la tête vers elle pour considérer son expression d’un calme saisissant. Il se demandait, jour après jour, comment elle pouvait survivre à sa propre histoire. Il se reculait, incapable de répondre à son accusation fondée. «Je suis désolé, Disgrâce…»
«Ce n’est pas mon nom.»Elle s’approchait de lui sans la moindre crainte. Il marmonnait des excuses, le regard hagard, incapable de l’affronter. Elle poursuivait sa lente ronde autour de celui qui aurait dû être son mentor, son protecteur. «Tu savais qu’ils venaient. Tu as assisté à la scène sans réagir, sans même tenter de t’interposer. Tu les supportais, par ton silence. Tu as accepté ce qu’on m’a fait, Croc Dense. Tu es coupable d’un crime qui ne peut être réparé.»
«Disgrâce…»
«CE N’EST PAS MON NOM!»Le masque paisible se fissurait enfin sous le regard effrayé de son interlocuteur. Car il savait pertinemment son discours véridique. Il attendait peut-être même sa sentence depuis longtemps. Il soupira, fatigué. «Je suis désolé. Tellement désolé. Toutes les nuits, je suis hantée de tes cris. Toutes les nuits je souhaite avoir pris une autre décision ce jour-là.» «C’est faux. Nous le savons tous les deux pertinemment. Tu crois que ma souffrance s’est arrêté là? Toutes les nuits où on me visitait, pour me prendre de force… où étais-tu? Tu n’es pas responsable de ma vie, Croc Dense, mais par ton inaction près du ruisseau, puis toutes les nuits ensuite pendant de trop longues lunes… tu es coupable.»Le coup fendit la brise, avec une rapidité telle qu’il ne la vit pas venir, si précise qu’elle lui trancha la gorge. Dans un cri guttural, il chercha son air alors qu’il s’échappait de sa jugulaire une giclée de sang. Il tenta de formuler son nom en s’écroulant dans les feuilles mortes juchant le sol, la regarda longtemps alors que son regard se ternissait et que la terre se couvrait de rouge à ses pattes. «Mon nom est Foi. Ne l’oublie jamais.»Elle le scruta sans émotion alors qu’il mourrait. Elle se tapit dans les ombres jusqu’à ce que les corbeaux viennent pour dévorer sa carcasse. HORS JEU - Dis-nous tout, c'est quoi ton p'tit nom ? Same - Tu as sûrement un Puf ou un surnom ? Same - Niveau disponibilités, tu pourras passer nous voir souvent ? Same - Tu connais les codes du règlement ? On veut des preuves : Auto-validés - Tu as déjà des conseils, des remarques ou des critiques sur le forum ? Une remarque au sujet de la fiche. Je tiens juste à dire que ma miss n'est pas une psychopathe tueuse et tout le tralala. L'épisode de la fin était un acte de pure vengeance, mais Foi, si très agressive à ses heures, est une réactive, pas une meurtrière. Enfin si ce n'est pas clair, j'étofferai d'avantage à ce sujet! - Comment t'es tombé(e) dessus ? On est curieux : Déjà répondu à cette question quelques fois x) | | | _________________ - Les anciens:
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| | | Plume de Sang Curieux.euse.
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| Sujet: Re: «Alive» - FAITH Lun 29 Fév 2016 - 2:31 | |
| Quand j'ai lu tout le passage "Étrangère" ... (Sans commentaire) J'adore Foi, son caractère est superbe, son physique m'a l'air magnifique, ses doutes... ** Rebienvenue _________________ - Les liens de mes persos - - Plume de Sang:
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| | | Desty Fanatique.
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| Sujet: Re: «Alive» - FAITH Lun 29 Fév 2016 - 19:44 | |
| ... Trop. d'émotions. ;w; Je ne sais même pas par où commencer ... Par l'horreur de ce qu'on lui a fait subir ? Par sa force incroyable qui lui a permis de se reconstruire d'elle-même ? Par l'admiration qu'on ne peut pas s'empêcher d'avoir pour elle malgré son crime ? Bruh. Sérieusement Fou cette présentation est magnifique, ce personnage est magnifique ! Je n'ose pas imaginer ce que tu as dû ressentir en écrivant l'histoire. Concernant la remarque que tu fais pour moi il n'y a absolument aucun souci, ce meurtre est tout à fait compréhensible (même si j'avoue que je ne m'y attendais pas !) et il ajoute quelque chose au personnage, une sorte de détermination froide qui impose le respect, je sais pas. Tu es validée évidemment, je t'ajoute aux Effectifs ! _________________ - Spoiler:
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| | | Ruisseau Onirique Dépendant.e.
Date d'inscription : 26/07/2012 Nombre de messages : 2189
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| Sujet: Re: «Alive» - FAITH Lun 29 Fév 2016 - 19:56 | |
| Merci pour ses bons commentaires gnuuh <3 Je suis toute émue xD _________________ - Les anciens:
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| | | Éclair Ambré Admin Draconique
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| Sujet: Re: «Alive» - FAITH Lun 29 Fév 2016 - 21:24 | |
| Tu avais déjà eu mes impressions sur Skype pour la première partie de l'histoire, elle est juste géniale. La bouffée d'espoir à la fin nous laisse enfin respirer. Et puis j'ai de la peine en même temps que je suis satisfait que Croc Dense meurt. " Le reste de la fiche est super aussi, bravo, bravo ! ** _________________
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| | | Ruisseau Onirique Dépendant.e.
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| Sujet: Re: «Alive» - FAITH Mar 1 Mar 2016 - 21:26 | |
| Sapré Croc Dense, victime de sa propre faiblesse et maintenant le récipient de l'éclat vengeur de Foi... Merci à ceux qui ont eu le courage de me lire, c'était long tout ça ^^' Vous n'aime _________________ - Les anciens:
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| Sujet: Re: «Alive» - FAITH | |
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