Out of these ashes, beauty will rise [Givre]

Out of these ashes, beauty will rise
Ft Nuage de Givre

Feu avait la sensation qu'il ne se sentirait plus jamais à la maison. Ce camp n'était pas le sien. La nouvelle tanière d'Ombre des Chouettes, dans laquelle il séjournait, n'arborait même pas encore les senteurs médicinales qui lui faisaient d'ordinaire froncer le museau. Il avait la sensation que cette odeur de cendres ne disparaitrait jamais de son pelage, peu importe à quel point il pourrait lui donner de coups de langues. Non, Feu ne se sentirait plus jamais à la maison. Il avait vu la sienne disparaître sous les flammes. Il avait vu son père s'écrouler et mourir. Il avait... il n'avait pas pu sauver sa propre soeur, malgré tous ses efforts. Brise des Nuages était morte. Morte. Il se souvenait encore de son doux parfum, de leurs jeux dans la pouponnière, de son soutien lorsqu'ils avaient été capturés par la Horde. Et à présent, elle n'était plus là. Comment pourrait-il se sentir chez lui, sans elle ? Le rouquin était écrasé par le chagrin, encore plus que par ses blessures, et son moral peinait à revenir. Il préférait passer son temps à essayer de dormir, plus ne plus penser à tout cela. Pour ne plus penser à ses échecs. Lui qui s'était juré de ne plus jamais être impuissant face à la détresse de ses proches... il avait encore échoué. Était-il simplement digne de devenir un guerrier, après tout cela ? S'apitoyer sur son sort ne lui ressemblait pas. Il avait d'ordinaire toujours le sourire, toujours une volonté de fer, mais il se sentait tellement fatigué à présent. Peut-être qu'il irait mieux plus tard. Il le voulait, au fond. Mais plus tard, pas avant. Sa tristesse était tout ce qu'il lui restait d'une ancienne vie.

Il rouvrit les yeux, prenant quelques secondes pour réaliser que le soleil se levait à peine. Le camp était encore endormi. Il n'était pas le seul à occuper cette tanière, les blessés étaient nombreux, et l'une des masses endormies s'agitait dans son sommeil. Nuage de Givre. Feu comprit que les bruits et mouvements de la jeune chatte étaient certainement la raison de son propre réveil. Il se mit en position assise, grognant en sentant la peau brûlée de son flanc le tirailler. Apparemment, cela ne dérangeait personne d'autre. Enfin, le rouquin ne se sentait pas particulièrement dérangé par l'autre apprentie. Il se disait simplement qu'il ne pouvait pas la laisser cauchemarder ainsi. Dans son chagrin, il n'avait pas perdu de vue son grand coeur. Il n'oubliait pas que dans cette tragédie, il n'était pas le seul à souffrir. Une réflexion que l'épisode de la Horde lui avait enseigné, et lui avait donné envie de prendre soin des autres ; ce dont il était incapable la plupart du temps. « Psst, Nuage de Givre. » murmura t-il doucement. Ne voyant aucune réaction de la part de sa camarade, il se leva péniblement et vint s'asseoir à côté d'elle, la poussant doucement du bout de sa patte. « Givre, tu fais un cauchemar... » Et il n'avait pas l'air très sympathique, ce cauchemar. Vu l'enfer qu'ils venaient de traverser, ce n'était pas étonnant... Il lui arrivait d'en faire aussi. Cela rendait les réveils encore plus difficiles. Parfois, le rouquin passait une journée entière, à être hanté par ses visions de la nuit précédente. Alors non, pas question de laisser Givre expérimenter ça une minute de plus !