tears of dawn (pv. cœur de pluie)

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tears of dawn

lune 1212 (flashback) - souffle de givre & cœur de pluie

Peut-être s'était-elle trop précipitée. Peut-être s'était-elle laissée amadouer. Peut-être avait-elle voulu transformer le rêve en une réalité immuable, comme à son habitude. Peut-être avait-elle mal compris les signes qu'il lui envoyait. Peut-être... l'avait-elle mal jugé. Beaucoup de peut-être emplirent la tête de Souffle de Givre, sur le moment.

Je crois que tu t'emballes un peu trop là, non ?

Ces mots, ses paroles, elle les avaient pris en pleine tête. Sa tête sur un nuage, la gueule en cœur, ses pattes tremblotantes sous l'émotion, tout ça était retourné à l'envoyeur - c'est-à-dire elle. Sans tact, le jeune guerrier duquel elle s'était rapprochée ces derniers temps venait de lui mettre un stop sans aucun ménagement ni regret.

Tu en fais toujours trop.

Des déceptions, elle en avait vécu. Y avait survécu. Elle savait, quelque part au plus profond de son âme, que ces choses-là continueraient de lui arriver, de temps en temps. Celle-ci aussi, elle finirait par la surpasser. Mais des plumes, des poils, des morceaux d'elle-même, elle en perdrait toujours un peu, pavant chaque lune de nouveaux échecs.

Laisse-moi respirer tu veux ?

Docile, Givre avait obéi, le spectre d'un sourire collé sur son visage, comme à son habitude. Elle avait reculé d'un pas, puis deux, avant de lui jeter un dernier regard. Sa gueule s'était ouverte, puis refermée. Elle avait voulu s'excuser. Lui expliquer les sentiments qui animaient son cœur. Lui parler des rayons qu'elle voyait autour de lui, qui l'illuminaient telle une étoile tombée du ciel. Lui dire à propos des œillades qu'il lui jetait... « On restera amis ? »

Sa question, murmurée d'un souffle, ne récolta qu'un signe de tête vague et, elle dut l'admettre, peu engageant. Son cœur se serra et il la laissa là, plantée en plein milieu du camp. Absorbé par une patrouille matinale, elle perdit sa silhouette qu'elle avait appris à reconnaître par cœur. Souffle de Givre battit des paupières à plusieurs reprises. Sa vue se brouilla, sèche pourtant de toutes larmes. Sa cicatrice la lança, engloutissant les bruits alentour sous une fausse impression de noyade. Puis la douleur disparut aussi rapidement qu'elle était arrivée, la laissant seule, vulnérable et, pour peu qu'elle veuille bien l'accepter, un peu hagarde.

Sans trop savoir quoi faire de son corps, la jeune chatte bicolore se mit à errer sans but. La matinée, fraîche pour la saison, ne semblait pas vouloir se départir de son manteau de brume, empêchant la moindre lumière de passer et bloquant les ténèbres de la nuit. Le soleil peinait à percer la couche nuageuse, retardant un réchauffement que Givre aurait pourtant accueilli avec plaisir. Mais non, apparemment, cette journée était encline à débuter sous les mêmes auspices tristes et voilés.

Ces dernières minutes étaient certainement à blâmer quand elle percuta sans s'en rendre compte quelqu'un. Son œil comme son esprit l'avaient abandonné un instant, suffisant pour que tout ce qui l'entourait ne disparaisse. Une énième excuse mourut dans sa gorge quand elle baissa son regard scarifié sur celui qu'elle venait de bousculer. Malgré sa taille qui dépassait légèrement celle du lieutenant, Souffle de Givre se sentit comme un apprenti qu'on venait de prendre en faute. Elle aurait dû le voir, si son œil ne lui jouait pas constamment des tours. Et surtout, elle ne voulait pas qu'on se rende compte que sa vision avait baissé à ce point. Prenant son courage à deux pattes, elle placarda un nouveau sourire sur son visage - qu'elle espéra convaincant - et se prépara à faire comme si de rien n'était : « A—ah pardon Cœur de Pluie, je ne t'avais pas vu... Vu arrivé, oui. La brume est épaisse ce matin ? » La fin de sa phrase se termina par une interrogation qu'elle ne contrôla pas, cherchant en même temps à valider son explication. Puis elle regarda autour d'elle, un accroc dans son sourire quand elle se rendit compte que le flou qu'elle avait perçu jusque-là n'était qu'une résultante de sa blessure. « J'allais justement... me préparer à sortir chasser. » La guerrière adressa sa dernière phrase avec une seule idée en tête : que Cœur de Pluie y croit. Ce qui semblait de plus en plus compliqué, avec l'entrée dans camp dans son dos, à l'opposé d'où elle se dirigeait.

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