Le Soleil a rendez-vous avec la Lune - ft. Nuage du Soleil

Le Soleil a rendez-vous avec la Lune.
Nuage du Soleil & Nuage de Lune
Lune 1208

Leurs entraînements respectifs leur prenaient du temps. Nuage du Soleil et Nuage de Lune n’avaient eu que peu de temps à s’accorder l’un l’autre. Cet après-midi là, froide mais ensoleillée, ils étaient libres en même temps pour la première fois depuis 2 lunes. Ils connaissaient désormais le territoire de leur clan. Ensemble, ils avaient donc décidé de se rendre au Vieux Chêne pour une partie de chasse. Nuage de Lune avait eu un entraînement le matin même. Souvenir des Étoiles lui avait enseigné une technique de chasse pour débusquer les oiseaux, elle mourrait d’envie de la mettre en application sans plus tarder. Bien que cela soit la saison des neiges, par une aussi belle journée les oiseaux qui n’avaient pas migrés seraient peut-être de sortie.

Elle effectua sa corvée de litière pour les anciens - c’était son tour aujourd’hui - puis elle se dirigea avec entrain vers le point de rendez-vous. Elle connaissait le trajet, normalement, mais elle faisait tout de même attention à bien garder ses repères. Elle n’était pas encore 100% à l’aise et l’orientation n’était pas son point fort. Elle alla donc à son rythme, calmement. Après tout, elle n’était pas en retard. Elle ne se lassait pas de voir la neige recouvrir le paysage. Cette belle robe blanche, lisse et scintillante, semblait imperturbable. La novice au pelage de jais se sentait presque coupable de laisser ses empreintes dedans, de venir gâcher la belle uniformité de l’amas de flocons.

Continuant d’avancer, elle considéra la chance qu’elle avait de vivre à Valeemar, au sein du clan de la Lune. Elle avait surtout de la chance d’être la sœur d’un félin aussi rayonnant que Nuage de Soleil. Il lui avait beaucoup manqué ces derniers temps. Certes, ils se voyaient tous les jours, mais ils n’avaient le temps de rien. Cela créait une forme d’absence, pire peut-être que s’ils ne se voyaient pas. Elle était fière toutefois qu’ils s’impliquent, l’un comme l’autre, autant dans leur entraînement et dans leurs tâches d’apprentis. Leur père les surveillait de la Toison Argentée, elle en était convaincue, ils ne pouvaient pas se permettre de le décevoir.

Ses pensées furent coupées nettes lorsqu’elle se rendit compte qu’elle était arrivée. Puisqu’elle ne vit pas son frère, elle choisit de s'asseoir sur une souche non loin de l’Arbre aux Chouettes pour l’attendre, mais alors qu’elle prenait place, quelque chose l’interpella. La souche … portait l’odeur de Nuage du Soleil. La trace était récente. Son frère l’avait attendu là, sur cette même souche, peu de temps avant qu’elle arrive. Où était-il passé ? Lune tenta de se rassurer intérieurement. Il avait sûrement dû voir une proie, ou alors il était allé faire un tour en l’attendant. Oui voilà, ça devait être ça.

« Nuage du Soleil ? Tu es dans le coin ? »

Elle attendit une réponse en scrutant les environs, peinant à contenir son inquiétude grandissante.

Tout était silencieux. Le crissement de la neige sous ses pattes retentissait avec trop de vigueur dans la forêt qui semblait presque éteinte. Et pourtant, le soleil brillait. Comme si le monde d’en bas et celui des cieux ne pouvaient se mettre d’accord sur la journée qu’ils étaient chargés de coordonner. Après une sortie de nuit particulièrement longue et éprouvante avec Mouette Rieuse, Nuage du Soleil s’est levé avec pour la première fois depuis deux lunes une vraie journée de désœuvrement devant lui, et ce vide inconnu l’a laissé perturbé. Pas de corvée sur laquelle concentrer son cerveau, pas d’objectif à atteindre, pas de frontière à surveiller.  Alors que faire, que penser ? Il déteste n’avoir aucun sujet sur lequel diriger avec fermeté son esprit. Cela laisse trop de places aux souvenirs, aux regrets, aux sentiments.

Alors, à peine levé, la matinée étant déjà bien avancée, il est parti. Il aurait bien proposé à quiconque de l’accompagner, mais personne ne semblait disposé. Et pour cause, tous les apprentis étaient de sortie, tous sauf deux, lui et Lune. Elle le rejoindrait dès qu’elle aurait fini ses corvées, et c’était la raison pour laquelle la journée ne lui semblait pas seulement morne, car le vide serait bientôt comblé. Il lui semble presque agréable, avec l’anticipation. Il peut presque le savourer ce vide, pour mieux savoir profiter de son absence par la suite. C’est qu’il a attendu ce jour depuis longtemps. Bien sûr qu’il croise sa sœur tous les jours, qu’ils partagent parfois un moment. Mais ce n’est pas pareil, au milieu de la vie du camp, au milieu des autres apprentis. Leur solitude partagée à deux qui faisait souvent leur quotidien dans la pouponnière est venue à lui manquer.

Alors il se prend à laisser certains souvenirs lui revenir. Les bons. Ceux dans lesquels Lune et lui laissaient leur rire résonner sur les branches de la pouponnière, ceux de jeux à base de boules de mousse et de plumes. Ceux où il s’agissait de séances d’espionnage des plus passionnantes, de combats légendaires. Il se prend lui-même à sauter sur une souche d’arbre, à l’assaut d’un ennemi imaginaire, à rouler dans la neige en pourchassant un brin de mousse qu’il a fait voler. C’est au milieu de ses jeux qu’un coup de vent le prévient, Lune arrive. Il se tapit au sol derrière un buisson, la regardant se percher sur la même souche sur laquelle il s’était tenu quelques instants plus tôt.  Il est encore dans son jeu, dans leurs jeux de chatons, et voilà que la deuxième joueuse vient d’entrer dans la place. Tout est parfait.

Il a pris la posture du chasseur, s’appliquant de son mieux sur les recommandations de Mouette Rieuse, prenant garde à se placer face au vent afin de ne pas être trahi par son odeur. Il se fige, retenant sa respiration lorsqu’elle parle. Il croit avec perdu, mais non. Elle a dû sentir sa trace, mais n’a pas idée de son emplacement… Alors, sourire aux lèvres, il bondit, la renversant de la souche d’arbre avec un « bouh ! » retentissant, se laissant tomber avec elle dans la froideur de la neige.

« Ahahah ! Je t’ai bien eue hein ? Tu vas bien ? Pas trop ennuyant la litière des anciens ce matin ? »

Il frotte son front contre le sien, tout à son bonheur de la retrouver enfin. Que ça soit dans la pouponnière, au milieu du camp, ou ici vautrés dans la neige au pied du vieux chêne, il suffisait qu’elle soit là pour qu’il se sente enfin entier. Son sourire niait ne le quittait plus, mais il n’y pensait même pas. Même la forêt qui lui avait parue si silencieuse plus tôt, si immobile, presque morte, lui apparaît à présent sous un jour nouveau plus joyeux, et ses oreilles insensibles aux sons auparavant captent les piaillements de quelques oiseaux.

« Bon, il va falloir que tu me racontes ton entraînement en détails. Je veux tout savoir ! Comment c’est avec Souvenir des Etoiles ? Tu as l’impression de bien progresser ? Tu te sens bien ? »

Bien sûr, ils avaient déjà échangé à de nombreuses reprises sur leurs nouvelles vies respectives, mais ça n’était pas pareil, les conversations le soir au milieu des autres apprentis, déjà à moitié assommés par la fatigue de la journée.

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Nuage du Soleil & Nuage de Lune
Lune 1208


Nuage de Lune scrutait les environs. Ayant tendance à paniquer facilement, elle ne prit pas le temps de respirer avec calme pour analyser son environnement.

« Bouh ! »

Son cœur s’arrêta au son de ce cri. Même si elle avait reconnu cette voix qui lui était si chère dès l’instant où elle l’a entendu, l’effet de surprise était très réussi. Une masse crème et rousse lui fondit dessus, la renversant de la souche d’arbre où elle se tenait. Elle poussa un petit cri, mêlant surprise et soulagement, et se releva, la mine espiègle, prête à poursuivre le jeu dans lequel ils s’étaient lancés. Son frère était là, donc tout allait bien. Elle avait la conviction profonde que rien ne pouvait leur arriver tant qu’ils étaient ensemble.

« Ahahah ! Je t’ai bien eue hein ? Tu vas bien ? Pas trop ennuyant la litière des anciens ce matin ? »

Dans un geste tendre il vint frotter son front contre le sien. La novice ébène savoura ce contact, un sourire éclatant sur le visage. Elle profita de ce petit instant de calme, seule avec le chat qu’elle aimait le plus au monde, avant de lui répondre.

« Pour le coup, tu m’as bien eue oui, mais tu m’as fais peur Sol, j’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose ! » Elle lui lança un regard faussement contrarié, avant de poursuivre. « Tu sais, la litière des anciens c’est souvent vite réglé quand on n’a pas deux pattes gauches comme toi ! » L'œil malicieux, toute fière de sa petite blague, elle entreprit une toilette rapide pendant que la conversation se poursuivait.

« Bon, il va falloir que tu me racontes ton entraînement en détail. Je veux tout savoir ! Comment c’est avec Souvenir des Étoiles ? Tu as l’impression de bien progresser ? Tu te sens bien ? »

Joyeuse, elle lui raconta avec précision ses entraînements avec leur meneur. Elle lui fit part de ses doutes au début, elle expliqua qu’elle avait peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être digne de cet honneur qui lui était accordé. Très vite, le chef avait su comment lui ôter ces angoisses et la rassurer. Elle comprenait petit à petit qu’elle avait le droit de faire des erreurs, qu’elle pouvait sans peine se tromper et recommencer autant de fois que nécessaire. Elle avait l’impression que son mentor était content de ses progrès. Pleine d’entrain, elle fit démonstration des techniques de chasse qu’elle avait appris récemment.

« Et toi alors ? Mouette Rieuse est sympa ? Pas trop strict ? Est-ce que tu te sens assez prêt pour me défier en combat singulier ? »

Elle sourit avec malice, prête à renouer avec leurs traditions de chatons.

Une bulle suspendue hors du temps, peu importe ce qui se passait autour d’eux, leurs âges, leurs occupations habituelles. Alors qu’ils roulèrent dans la neige, Nuage du Soleil eu l’impression un instant de retrouver leurs enfance, qu’ils seraient deux chatons pour toujours. Ils finirent cependant par se séparer, après tout cela faisait bien longtemps qu’ils n’avaient pu se parler en tête à tête ainsi, et ils avaient tant à se dire. L’apprenti roux se releva, tout fier de sa blague, et encore plus lorsqu’elle admit qu’il l’avait en effet bien eue.

Il ronronnait, tout heureux de retrouver sa mine espiègle, alors qu’elle avait tendance à tellement s’effacer en présence des autres apprentis. Rentrant dans son jeu, il prit lui même un air excessivement vexé, s’offusquant de sa pique.

« Moi, deux pattes gauches ? Alors là, tu ne sais pas à qui tu as affaire, je suis l’apprenti le plus adroit de ces bois ! Si les litières me prennent du temps, c’est simplement parce que les anciens veulent papoter et que moi comme je suis très sympathique je les écoute. »

Tout fier, il se permet de bomber le poitrail et de relever le menton. Il n’a pas l’habitude de jouer le fier à ce point mais avec Lune, il peut bien se le permettre, après tout ils ne font que rigoler. Ils peuvent tout se dire. C'est ça pour lui la signification du mot “famille” : peu importe la situation, ils seront toujours là l'un pour l'autre. Elle aussi se confie à lui, avec ses doutes, ses peurs au début de l'entraînement, mais aussi comment elle les avait surmontées avec Souvenir des Étoiles. Bientôt, pleine d'entrain, elle avait pris la position des chasseurs, lui démontrant ses apprentissages. Il se rappelait lui même un instant son premier essai à la chasse et pouffa. Nuage de la Lune, avec sa carrure et ses manières plus discrètes y était sans doutes plus douée que lui ! Mais c’était à son tour de parler, et il n’y tenait plus, sautant sur ses pattes pour lui raconter tout ce qu’il n’avait encore jamais eu le temps de dire, à quel point Mouette Rieuse était le meilleur mentor qu’il aurait pu avoir, comment tout était à la fois intéressant mais jamais trop sérieux. Lui qui s’était lancé dans son apprentissage en se préparant à abandonner sans regard en arrière son enfance, à troquer les rires pour le silence, voilà qu’il découvrait finalement tout autre chose aux côtés du lieutenant, et qu’il avait quand même l’impression d’apprendre et de progresser ! Il lui raconta tout ça, les mots se culbutant les uns sur les autres car il n’arrivait pas à ralentir. Il parvint pourtant bientôt à conclure, plus pensivement.

« Je pensais qu’il n’y avait rien de plus important que de tout faire comme on me disait pour devenir un grand guerrier capable de grandes choses… Comme papa. Mais ce n’est pas du tout comme ça que Mouette Rieuse m’entraîne, et au fond je crois que c’est mieux. »

Il avait mentionné Vaillance Eternelle sans trop y penser, et lança un coup d’œil à l’apprentie sombre, se demandant comment elle réagirait après coup. Voilà encore un sujet qu’ils n’abordaient jamais près des oreilles indiscrètes du camp. Qu’ils n’avaient à vrai dire jamais abordé. Mais depuis le début de son apprentissage avec Mouette Rieuse, Nuage du Soleil se surprenait parfois à plus facilement laisser ses pensées et ses mots glisser vers cette silhouette rassurante dont il se rappelait encore avec force.

Se reprenant, il prit soudainement la position de leurs jeux favoris, ne voulant pas laisser le temps à la tristesse de s’installer entre eux. Il aimerait en parler mais ne sais pas si Nuage de la Lune est prête à le faire, alors il la laissera elle même revenir vers le sujet si elle le souhaite.

« Te défier en combat singulier ? Je suis plus que prêt, je t’attend de patte ferme ! »

Et il s’élance, ayant fixés ses yeux sans flancher comme Mouette Rieuse le lui avait appris, mais plongeant en fait au sol pour lui faucher les pattes.

Le Soleil a rendez-vous avec la Lune.
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Lune 1208


Nuage du Soleil raconta à sa sœur les détails de son apprentissage aux côtés de Mouette Rieuse. Il semblait tellement épanoui, les yeux brillants alors qu’il mentionnait son mentor, ses exercices, ses aventures ; Lune émit un petit ronron tranquille, ne souhaitant pas l’interrompre, mais souhaitant tout de même signifier qu’elle était heureuse pour lui. Elle aussi avait cette chance d’être dans un espace sain auprès de son mentor. Elle n’avait plus peur de se tromper, ou de poser des questions bêtes. Elle se sentait en sécurité.

Son frère mentionna alors leur défunt père. Lune baissa rapidement les yeux, mais très vite les replongea dans ceux de Sol. La tristesse fugace qu’elle avait ressenti avait été presque aussitôt éclipsée par la bonne humeur qu’il dégageait. C’était peut-être ce qu’elle aimait le plus dans leur relation. À ses côtés, il lui était impossible d’être triste.

Les deux novices n’avaient jamais vraiment discuté de leur défunt père, et en même temps, Lune savait que Sol partageait son opinion. Vaillance Éternelle était un grand guerrier et un excellent père. Il était mort avec bravoure, totalement dévoué à sa famille et à son clan. Il était un modèle à suivre. Et même s’il leur manquerait toujours terriblement, rien ne pourrait jamais faire douter ses enfants qu’il veillait sur eux depuis la splendeur de la Toison Argentée.

Nuage du Soleil se mit en position de combat. Ah, il était enfin décidé à réagir au petit défi que sa sœur lui avait lancé !

« Te défier en combat singulier ? Je suis plus que prêt, je t'attends de patte ferme ! »

Nuage de Lune le reconnaissait bien là ! Mais alors qu’elle se mettait en position pour contrer son attaque, son frère - qui pourtant fixait le haut de son corps - plongea et la déséquilibra. Elle poussa un petit cri de surprise, étonnée de n’avoir rien vu venir ! Wow, il était déjà vraiment doué. La noiraude était à la fois fière de lui et agacée de s’être laissée surprendre aussi facilement.

« Hé ! Tu ne perds rien pour attendre ! »

Sur ces mots, elle lui sauta sur le dos et se mit à lui mordiller l’épaule, avant de retomber dans la poudreuse en riant aux éclats.

HRP:

Il a plongé sur les pattes de sa soeur, noires sur la poudreuse blanche, proies facile. Dans sa tête, l’entraînement encore tout récent avec Mouette Rieuse dans lequel il a appris cette technique, très utile pour prendre par surprise un adversaire et le déséquilibrer rapidement pour prendre le dessus. Un mouvement qui demande sourtout de l’agilité, ce dont il manque, mais heureusement il semble avoir été assez rapide pour désarçonner Lune quand même. Victorieux, il l’a laissée se relever, tout sourire devant son air agacé alors qu’elle se prenait au jeu.

« Hé ! Tu ne perds rien pour attendre ! »

En même temps qu’elle prononçait ces mots, elle se jeta sur lui. L’apprenti roux tenta de l’esquiver en quelques bonds sur la neige mais le rire lui coupait déjà la respiration, entravant ses mouvements. Le poids de sa soeur le percuta dans le dos, et aussitôt se mit-il à tourner en rond telle une toupie pour tenter de la faire lâcher prise. Le monde tournait et il finit également par la rejoindre au sol, leurs éclats de rire ricochant sur le monde neigeux autour d’eux. Il se tourne bientôt vers elle.

« A ce rythme là, on sera bientôt guerriers ! Courage du Soleil et Lune Foudroyante ! Ou… qu’est ce que tu aimerais comme nom de guerrière toi ? J’aimerai quelque chose d’héroïque… je deviendrai la meilleure sentinelle du clan, et je protégerai tout le monde ! »

Enporté par son élan, Nuage du Soleil s’est levé et a bondit sur la souche d’arbre, le cou tendu vers le ciel laiteux. Il revient près de Nuage de la Lune avec un air plus doux.

« Et toi, comment est-ce que tu t’imagine les prochaines lunes ? Chasseresse, guerrière ? Qu’est ce que tu préfères de ton entraînement ? »

Lui a toujours su vers quelle voie il se dirigeait. Il voulait simplement que tout le clan puisse être en sureté et ferait son maximum pour le garantir et protéger les frontières, et éviter qu’ils n’aient à s’impliquer dans aucune autre guerre. Egoïstement, il espérait secrètement que Lune ne soit pas fan de l’idée de bataille, il espérait ne jamais avoir à la voir en combat réel avec quelqu’un. Reniflant à l’idée de cette image qui le rend de mauvaise humeur, il décide de créer une distraction, hors de question de se laisser aller lors de cette belle journée !

Replongeant dans la poudreuse aux côtés de sa soeur, il retombe sur le dos et agite autour de lui pattes et queues de sorte à créer un étrange dessin dans la neige. Tout fier de lui, il se relève pour admirer son oeuvre.

« Regarde j’ai créé un… euh… un monstre des neiges ! »

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Lune 1208


Alors que Lune était toujours étendue dans la neige, le cœur léger et un rire franc quittant sa gorge, Soleil prit la parole.

« A ce rythme là, on sera bientôt guerriers ! Courage du Soleil et Lune Foudroyante ! Ou… qu’est ce que tu aimerais comme nom de guerrière toi ? J’aimerai quelque chose d’héroïque… je deviendrai la meilleure sentinelle du clan, et je protégerai tout le monde ! »

Oh, en voilà de beaux noms ! Courage du Soleil, voilà qui lui irait bien, cela ne faisait aucun doute. Une courageuse sentinelle, se dressant fièrement entre les dangers et le clan ! Elle le reconnaîtrait bien là, et au fond d’elle, elle était sûre qu’il atteindrait ses objectifs un jour. C’était son frère après tout, il était capable de tous les exploits. En revanche, pour Lune Foudroyante, même si elle trouvait cela magnifique elle ne pouvait s’empêcher de penser que cela ne lui conviendrait pas. L’apprentie était loin d’être foudroyante, et elle doutait fortement qu’elle correspondrait un jour à cette description. Elle réfléchit un instant à la question. Douce Lune ? Lune Silencieuse ? Mh, elle n’était pas très douée pour imaginer des noms de guerriers.

« Je fais confiance à Souvenir des Étoiles pour trouver le nom qui me conviendra le mieux ! »

Sol’ se tenait toujours sur la souche où il avait bondit un peu plus tôt. Lune le regarda, l’air amusé. Où allait-il chercher toute cette énergie ? Alors qu’il revenait à ses côtés, il lui demanda comment elle envisageait son avenir.

« Oh je ne sais pas si je serai suffisamment douée pour être chasseresse tu sais … Mais ce qui est sûr, c’est que je préfère de loin la chasse au combat ! Je ne comprends pas trop cette façon que les clans ont d’axer les entraînements autour du combat, comme si la solution pour enrayer la violence était d’apprendre aux chats comment être violent ! » Elle avait haussé le ton sans s’en rendre compte, alors elle se reprit immédiatement. « Enfin, je suis heureuse de savoir que tu seras là pour défendre notre clan. C’est important. »

Lune releva les yeux pour voir que son frère avait dessiné une forme dans la neige en s’agitant. Curieuse, elle s’approcha.

« Regarde j’ai créé un… euh… un monstre des neiges ! »

Détaillant la forme, elle gloussa avec tendresse. Elle se demanda si une fois guerriers ils s'amuseraient toujours autant. Elle espérait que oui. Pressant son flanc contre le sien, la novice se mit à ronronner doucement. Ils étaient bien, ici, à jouer dans la poudreuse. Levant les yeux vers le ciel d’un bleu pâle, elle sourit.

« Ok, je te lance un défi. On part chacun dans une direction différente pour chasser et le premier à attraper une proie gagne ! Rendez-vous ici ! »

Après lui avoir lancé un dernier regard espiègle accompagné d’un sourire malicieux, elle fit volte-face et partit en quête d’une proie, sûre d’elle.

HRP:

« Oh je ne sais pas si je serai suffisamment douée pour être chasseresse tu sais … Mais ce qui est sûr, c’est que je préfère de loin la chasse au combat ! Je ne comprends pas trop cette façon que les clans ont d’axer les entraînements autour du combat, comme si la solution pour enrayer la violence était d’apprendre aux chats comment être violent ! »

Le jeune apprenti qui gambadait sur le tronc d’arbre l’instant d’avant s’était arrêté en entendant le ton de la voix pour le mon inhabituel de sa soeur. Elle semblait soudainement être habitée d’une force peu commune que l’on voit rarement dans les yeux de guerriers plus conformistes. Mais la voir ainsi, exprimer son opinion d’une voix claire au dessus du silence de la forêt enneigée lui fit un bien fou qui lui donna envie de ronronner. Même s’il devait pourtant avouer qu’il n’était pas d’accord avec elle. Mais hors de question de perturber cet éclat qu’elle avait dans le regard et dans la voix, elle pourrait bien se passer de combats. Il se battrait pour eux deux.

« Enfin, je suis heureuse de savoir que tu seras là pour défendre notre clan. C’est important. »

Oui, voilà. Après tout, ce n’était pas nouveau qu’ils ne se ressemblaient en rien. Comme le soleil et la lune, ils étaient complémentaires. Même si elle était plus effacée que lui, il savait combien elle était forte à sa manière.

« Tu protégeras le clan à ta façon, en le nourrissant et en te faisant la voix de la raison comme tu sais si bien le faire pour moi lorsque je m’emporte ! »

Joignant le geste à la parole, il était retombé dans ses jeux, se laissant tomber dans la neige et s’y roulant. Après un instant de rire, ses oreilles se pointèrent de manière plus sérieuse vers sa soeur qui avait repris.

« Ok, je te lance un défi. On part chacun dans une direction différente pour chasser et le premier à attraper une proie gagne ! Rendez-vous ici ! »

Et la voilà qui était partie. Un sourire autrement compétitif étira les babines du rouquin, il n’était pas du genre à refuser un défi, encore moins un qui s’avérait des plus exigeant dans la forêt enneigée. Aussi vite qu’elle avait lancé ce défi, sa soeur noire comme la nuit avait fait volte face. Il partit tout aussi vite du côté opposé. Pas question de lui faire de cadeau !

Après avoir couru à travers les arbres durant un court instant, il estima s’être assez éloigné pour avoir un terrain de chasse assez étendu et se mit à marcher plus lentement, faisant attention au bruit que produisaient ses pattes sur le sol neigeux. Le soucis, c’était son pelage roux bien voyant entre les arbres dénudé à cette saison. Alors si les animaux l’entendaient, c’était fini.

Nuage du Soleil n’avait malheureusement jamais été des plus discrets, et il n’avait guère encore eu le temps de perfectionner la marche silencieuse dans la poudreuse aux côtés de Mouette Rieuse. Ou alors, c’était simplement le roux qui était trop voyant sur tout ce blanc, il ne savait pas tellement. En tous cas, déjà que repérer sa première proie lui avait été bien délicat, tant la forêt lui paraissait vide et silencieuse. Et lorsqu’il s’approcha avec le plus de discrétion dont il était capable du petit mulot repéré après de longues minutes, celui-ci releva la tête comme alerté par un sixième sens et s’empressa de courir se mettre à l’abris hors de la vue du jeune félin avant qu’il n’ait eu le temps de bouger un muscle.

Envoyant un coup de patte dépité dans la poudreuse, il se remit néanmoins de suite en quête d’une autre proie. Pas question de s’avouer vaincu si vite, surtout à un défi lancé par sa soeur qui elle, excellait à la chasse. Il ne lui refuserait pas une victoire à la loyale, et puis surtout, même s’il devait perdre, il voulait quand même l’impressionner et lui montrer que l’entraînement de Mouette Rieuse portait ses fruits.

Après un instant de pistage, il finit bientôt par repérer une nouvelle piste, un fumet particulièrement faible, peu caractéristique de celui reconnaissable des rongeurs, mais le museau de Soleil le trompait rarement et il reconnut bientôt les minuscules empruntes dans la neige. Un passereau qu’il retrouva bientôt à piquer du bec au pied d’un arbre. Dissimulé par un buisson, se souvenant des indications de son mentor, il faisait attention au sens du vent en s’avançant peu à peu… la proie serait à lui cette fois, il avant confiance, pouvait presque sentir arriver l’instant où le pauvre animal serait entre ses griffes…

Et avant qu’il n’ait le temps de faire un pas de plus, un éclair noir passa devant sa vision, et tout fut terminé. Nuage de Lune venait de bondir, plus silencieuse qu’une ombre. Depuis combien de temps étaient-ils si proches l’un de l’autre à pister le même oiseau ?

« Crotte de Souris ! » Fit le rouquin, ne pouvant retenir le juron. « C’est ta conbientième ? Je ne m’étais même pas rendu compte que j’étais revenu sur mes pas, avec toute cette neige… »

Nuage du Soleil n’avait pas bien envie d’admettre qu’il n’avait rien. Il n’était pas si nul à la chasse d’ordinaire, s’il avait du mal à attraper les proies il compensait cela par un flair plutôt efficace qui lui permettait malgré tout de toujours revenir avec quelque chose à déposer sur le tas de gibier. Mais avec le mauvais temps c’était beaucoup plus compliqué.

Le Soleil a rendez-vous avec la Lune.
Nuage du Soleil & Nuage de Lune
Lune 1208


Tout en douceur, voilà … Un pas, puis un deuxième, aussi léger que possible. Les pupilles dilatées et tous les muscles en tension, Lune était aplatie dans la poudreuse, se remémorant un à un chacun des conseils prodigués par Souvenir des Étoiles. Cette musaraigne n’avait aucune chance. D’un bond, vif et précis, la novice coinça la proie entre ses griffes et l’acheva d’un coup de croc. Son mentor avait raison, la chasse était avant tout une histoire de patience. Prendre le temps de se positionner, de trouver le meilleur emplacement, attendre l’ouverture … et savoir réagir ! Oui, patience et réactivité.

Bien, elle avait eu de la chance en repérant cette proie assez tôt après avoir quitté son frère ! Observant les alentours, elle remarqua qu’elle s’était rapprochée du vieux chêne. Son mentor lui avait expliqué qu’un vieux couple de chouettes vivait là. Estimant qu’elle avait le temps de jeter un coup d’œil, l’apprentie s’approcha, curieuse. Elle resta quelques instants postée au pied de l’arbre majestueux, se tordant le coup pour essayer d’apercevoir un quelconque mouvement, en vain. Tant pis dans ce cas, elle se détourna, prête à retourner au point de rendez-vous. C’est à ce moment qu’elle entendit un petit hululement. Ravie, Lune tourna de nouveau la tête, mais toujours rien en vue. Enfin, au moins, elle entendait. Ils étaient bien là. C’était étrange, tout de même, qu’aucun guerrier de la Lune ne soit jamais venu les déloger. Après tout, la chouette était un met aussi valable qu’un autre, quoique peu évident à attraper, mais c’était toujours plus simple qu’un aigle ou un faucon !

C’était très beau quelque part, cette longévité. Lune se prit à rêver d’amour. Est-ce que comme ces chouettes elle aussi connaîtrait un jour une relation de couple qui serait aussi pérenne ? Elle l’espérait. Elle avait profondément envie de devenir mère un jour, et romantique comme elle était, elle ne se l’imaginait pas sans la bonne personne à ses côtés. Soleil serait si heureux d’être oncle, la noiraude gloussa rien qu’en y songeant. Ses pensées se dirigèrent vers Nuage de l’Éphémère. Elle ne savait pas bien pourquoi … Après tout, il y avait peu de chance que Fée s’intéresse à elle ainsi, non ? Et puis il ne s’agissait probablement que d’un simple béguin, cela lui passerait.

Revenant doucement à la réalité, Lune réalisa qu’elle risquait de perdre si elle restait ici, alors même qu’elle avait sûrement attrapé sa proie la première. Au trot, la musaraigne dans la gueule, elle se dirigea vers le point de rendez-vous. Y parvenant, elle aperçut alors un pelage roux. Oh non, il est déjà là ! Ts, ça lui apprendrait à rester perdue ainsi dans ses pensées. S’approchant un peu plus, elle réalisa que Sol’ était en position de chasse. Oh mais alors … Il était simplement revenu ici mais n’avait encore rien attrapé ? Espiègle, Lune déposa son butin près de la souche où ils jouaient un peu plus tôt, et tout en silence, vint se rapprocher de son frère. Non, elle n’oserait tout de même pas … Oh et puis pourquoi pas. Le rouquin traînait un peu trop ; l’ouverture était passée depuis longtemps. Vive, Lune fondit sur le passereau qui n’avait pas vu venir le danger. Elle l’acheva et, son trophée entre les crocs, lança un regard plein de malice à son frère.

« Crotte de Souris ! C’est ta conbientième ? Je ne m’étais même pas rendu compte que j’étais revenu sur mes pas, avec toute cette neige… »

La novice déposa l’oiseau avant de rire avec tendresse. Ils étaient si différents et pourtant, si complémentaires. Elle voulait bien endosser le rôle de la chasseuse si lui s’occupait d’exceller au combat. Le ton joueur, elle lui adressa un sourire en coin.

« La deuxième seulement, je me suis dit que tu pourrais avoir besoin d’un petit coup de patte ! »

Elle rit de plus belle devant la mine déconfite de son frère. Elle récupéra le passereau et l'emmena près de la souche, le déposant à côté de la musaraigne précédemment capturée.

« Est-ce que tu crois que papa était aussi bon chasseur que guerrier ? »

Lune ne savait pas trop pourquoi elle avait relancé le sujet de leur père. Peut-être parce qu’il était temps, qu’elle en avait besoin.