Les chemins de ton coeur | Fée & Soleil

« Mais, je.. Je dois te parler de quelque chose Rayon de Soleil, je suis impardonnable, je le sais, je vous aies mentis, mais permet moi de t'expliquer, demain à l'aube, je dois te révéler mon secret et je veux que tu n'en parles à personne, pas même à ta soeur. »

Ces paroles qu’elle avait prononcé lors de l’assemblée qui leur avait offert leurs nouveaux noms, le jeune guerrier se les étaient repassées en boucle durant sa nuit de veillée. Les trois apprentis partageaient cette veille et le silence semblait aux oreilles du matou se faire pesant. Il cherchait un indice, n’importe quoi pour deviner ce qui pouvait bien provoquer une telle gravité pour son amie. Un secret ? Dont il ne pouvait pas parler à Croissant de Lune ? Pourtant, il savait une relation naissante entre les deux femelles, Lune lui avait parlé timidement de leurs sentiments. Alors quoi à présent ? Est-ce que cela avait un lien ? Malhereuseument , il n’avait jamais eu une imagination débordante et avait bien du mal à entrevoir la moindre possibilité faisant sens. La lune restait froide et silencieuse dans le ciel, sans lui apporter la moindre aide, et il devait finalement se contenter de longues oeuillade appuyées en direction de son amie, sans recevoir non plus de réponse de ce côté là.

Finalement, après la plus longue des nuits qu’il eut connu, le soleil se leva. Les muscles du chats roux étaient tous endoloris par le froid et c’est avec une grimace qu’il se remit sur ses quatre pattes, mais il ne prit pas le temps de s’étirer. Il connaissait bien son amie après tout, et il ne comptait pas la laisser filer si jamais elle avait changé d’avis. Cette nuit avait déjà assez été pénible et il ne comptait pas attendre un instant de plus avant d’avoir une explication. Après avoir adressé quelques paroles pour souhaiter un bon repos à sa soeur et s’excuser de ne la rejoindre qu’après, il s’élança vers la chatte calico.

« Papillon Ephémère ! »

Sa voix semble plus dure qu’il n’aurait voulu. Elle est rauque de tout ce silence, et il n’est pas de la meilleure humeur après cette veillée. Après avoir vérifié qu’elle s’est arrêtée, qu’il a son attention, il se reprend.

« Tu m’as inquiété hier soir. S’il te plait, dis moi, qu’est ce qui t’arrive ? »

Même Rayon de Soleil, qui n’a jamais été doué pour écouter les émotions des autres, il a entendu l’anxiété et l’urgence dans sa voix. Elle a parlé de mensonge, de faute impardonnable. Mais lui, il ne voit qu’elle, Fée, l’amie qui a joué, ri, chassé, dormi et mangé chaque jour à leurs côtés. Doucement, il s’approche, pressant son front contre le sien.

« On sera toujours la pour toi, tu le sais hein ? »

La nuit était longue et une brise fraîche venait s'infiltrait à travers le camp, pour balayait le corps des trois nouveaux guerriers qui se tenaient fièrement sous les clairs rayons de la lune. Fée abordait une expression soucieuse, elle s'était un peu précipitée vers Rayon de Soleil, rongée par les remords, et une phrase revenait en boucle dans sa tête, tu seras les ailes d'un papillon immense recouvrant et protégeant son Clan. Aujourd'hui, elle en était sure, après avoir reçu son nom de guerrière, Papillon Ephémère, la prophétie ne prenait pas beaucoup plus de sens non plus, mais elle savait qu'elle n'avait pas choisi la bonne voie, elle savait qu'elle devrait aller voir Souvenir des Etoiles pour lui dire qu'elle était destinée à devenir Guérisseuse, et qu'elle irait aux Cristaux de Lune pour avoir l'accord de ses ancêtres. Mais quelque chose demeurait dans son esprit. Croissant de Lune et elle même s'était avouées leurs sentiments il y a quelques temps, comment allait-elle annoncer à sa jeune amie que leur amour était voué à l'échec ? Qu'elle n'avait pas envie de vivre le même cauchemar qu'Ombre des Chouettes & Chant d'Espoir. Peu à peu, elle tomba dans un sommeil léger où elle revoyait le visage du chat brun, lui disant la fameuse prophétie qu'elle avait entendue cette nuit là, à la Demi-Lune, puis son visage se transformait sous des expressions de colère, et sa voix changer, "si le papillon s'envole, et déviait de son chemin, le Clan serait perdu". Elle se réveilla en sursaut, et les premiers rayons pointaient désormais le bout de leurs nez.

Le message avait été clair, elle hésitait depuis longtemps, et ce rêve avait été une réponse définitive à ses cauchemars. Elle devait être guérisseuse. Peu importe tout l'amour qu'elle portait à Lune, elle ne pouvait pas la faire passer avant toute la sécurité du Clan. Au même moment une voix scanda son nom & une ombre se rapprocha d'elle et elle aperçut la fourrure rousse qui flamboyait sous les rayons de l'astre, à cet instant, elle se dit qu'il portait son nom à merveille, entre son sourire habituel chaleureux, et sa fourrure éclatante, il était un soleil à lui seul.

« Tu m’as inquiété hier soir. S’il te plait, dis moi, qu’est ce qui t’arrive ? »

Sa voix touchée par la fatigue et le froid de leur nuit blanche, il affichait un regard soucieux. Elle se sentait honteuse face à lui, il semblait si inquiet.

« On sera toujours la pour toi, tu le sais hein ? »

Non. Se dit-elle, elle connaissait assez bien les deux frères et soeurs, pour savoir qu'une fois le coeur brisé, Croissant de Lune allait l'ignorer, et par soutiens, Rayon de Soleil allait surement en faire de même, des larmes se logèrent aux creux de ses yeux, mais elle avait prit sa décision. La sécurité du Clan avant le reste, elle ne pouvait pas être égoïste et renoncer à sa destinée, peut-être qu'un drame se préparait au loin, et que le Clan de la Lune aurait besoin de ses soins ? Elle inspira profondément et d'une voix douce au ton grave, elle osa enfin briser ses tabous.

« Oui je sais, mais aujourd'hui tout va changer, parce que je vais aller annoncer à Souvenir des Etoiles que je vais devenir Guérisseuse. Je suis désolée, je sais qu'on été si excités à l'idée de partager nos litières et nos patrouilles ensemble.. Mais je n'en serais pas. »

Devant l'expression ahuris de son camarade, elle se dit qu'elle devait apporter plus de précision.

« Tout à commencée au début de mon apprentissage, un soir, alors que je n'arrivais pas à dormir parce que je n'arrêtais pas de faire des rêves étranges, je suis sortie en douce du Clan et mes pas m'ont menés jusqu'au Pierres Levées ou j'ai fait une rencontre incongrue.. Là, se tenait, mystérieuse et belle sous un halo de lumière lunaire, Feuille des Neiges. Nous avons discuter, et à la fin de notre conversation, elle m'a dit que ma voie n'était pas celle d'une guerrière mais que ma destinée était tout autre. Elle marqua une pause, déglutit, puis continua ; Au début je ne la croyais pas, alors lorsqu'on s'entraînait tout les deux avec Mouette Rieuse, je donnais tout mon possible pour être une bonne apprentie guerrière, mais peu à peu, mon destin m'appelait, et je me suis retrouvée à rencontrer en douce Feuille des Neiges presque tout les soirs, elle m'apprenait des choses, me montrait des remèdes, m'expliquer comment lire à travers les étoiles, j'étais passionnée, bien plus que lorsque Mouette Rieuse nous montrait comment traquer une souris ou un merle. Elle vit l'expression de son camarade qui changeait au fur et à mesure en comprenant la situation mais elle ne s'arrêta pas. Je n'arrivais pas à prendre de décision, je n'étais pas sure de moi, j'étais déchirée, une part de moi avait envie d'être guerrière avec vous, de fonder une famille, et puis mon histoire à commencée avec ta sœur et j'étais encore plus perdue, je ne savais plus quoi faire. Elle soupira longuement. Et puis, il y a eu la Demi-Lune, et j'ai eu cette étrange vision d'un guérisseur d'autrefois, du Clan de la Lune, il m'a dit que j'étais les ailes d'un papillon immense qui servaient à recouvrir et protéger mon Clan, au départ, je n'ai rien compris, je me suis dit est-ce que j'étais en fait destinée à être cheffe ou lieutenante ? Mais ça ne ressemblait pas mon destin, à celui que j'avais suivi secrètement durant des lunes, j'étais complétement perdu. Et puis, hier en recevant mon nom de guerrière j'ai su, Papillon Ephémère, ça avait prit un peu sens dans mon esprit, et puis j'ai eu une nouvelle vision hier soir, que si le papillon se déviait de son chemin, le Clan courrait à sa perte. Et ca a été une révélation. Je dois être Guérisseuse, tu comprends Soleil ? Le Clan a besoin de moi autrement, tant pis pour mes rêves, tant pis pour mes sentiments vis à vis de Lune, je dois faire ce sacrifice pour le bien du Clan, ça a toujours été mon destin, je ne peux pas y réchapper, ou sinon vous serez tous en danger, et je ne pourrais jamais me pardonner si je devais vous perdre à cause d'un choix égoïste de ma part. »

Ses yeux débordaient de larmes, parce qu'elle réalisait plus au moins que c'était un adieu, Soleil et Lune ne la pardonneraient sans doute jamais de les avoir mentis durant tous ce temps, même Fraise serait surement vexée en l'apprenant, mais elle n'avait pas le choix, c'était pour leurs bien à tous, elle était persuadée que quelque chose se tramait au loin, et qu'Hermine Ailée allait avoir besoin d'elle. Tous son Clan aurait besoin d'elle.

Son front contre le sien, il espère un instant que son expression va s’apaiser, qu’il aura réussi à l’apaiser. Il n’entrevoit pas d’autre futur que celui-là, celui ou elle se laisse aller avec soulagement, ou elle lui dira ce qu’elle a sur le coeur, rien de trop important, juste des choses qui l’inquièteront, un soucis auquel ils pourront trouver une solution ensemble, comme ils l’ont fait lors des nuits trop froides ou le vent glacé rentrait dans leur tanière commune, lorsque l’un d’eux avait un petit bobo, ils étaient là pour se soutenir les uns et les autres et tout était vite oublié.

Mais il n’en fut rien, il ne pu que regarder avec effroi les yeux de Papillon Ephémère se gorger de larmes prêtes à couler, elle semblait paniquer encore plus sans qu’il n’ait toujours aucune idée de pourquoi, elle ne semblait même pas le croire, et cela lui perça le coeur comme une flèche. Leur amitié était donc t-elle si fragile à ses yeux ? Une pointe d’énervement remontait en lui mais il se contena, car enfin elle recommençait à parler.

Il devrait avoir tellement de choses à dire, alors qu’elle se mettait à lui dire enfin ce qu’elle avait ravalé depuis bien longtemps, à ce qu’il comprenait. Mais il resta un long moment simplement un peu absourdi, sonné, déçu n’était pas le mot, mais la déception de cette vie qu’il avait imaginé et qui déjà se défaisait comme un mirage dont il s’était approché trop près était grande. Il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il n’avait qu’imaginé le bonheur qu’il avait trouvé à s’entraîner à ses côtés avec Mouette, que depuis le début elle menait une vie à part et qu’elle ne voulait pas d’eux dans cette vie, elle leur avait tout caché après tout, et il avait du mal à comprendre pourquoi, il avait du mal à comrpendre quoi que ce soit, même si ce qu’elle disait faisait sens il ne pouvait intégrer que c’était d’elle même qu’elle parlait, que cette conversation était réelle.

Il s’était reculé alors qu’elle parlait, un peu inconsciemment, sur le coup de la surprise. Il avait le poids de toutes ces informations, de ces secrets qu’elle leurs avait cachés depuis plusieurs lunes qui lui tombait sur la tête d’un seul coup à présent, et il ne réussi pas à réfléchir calmement à une réponse alors que les larmes de Fée commençaient à couler.

« Mais… pourquoi tu ne nous en a pas parlé dès le début ? A quoi on sert nous si tu ne nous dit rien, si tu nous garde hors de ta vie comme ça, avec tes silences et tes mensonges ?! »

Il s’était emporté un instant, et voulu aussitôt ravaler la bile de ses paroles. Mais elles restaient vraies, elles restaient ce qu’il pensait, et les effacer était impossible. Avec une hésitation, il se rapprocha un peu d’elle, toujours fâché, il se sentait trahi. Mais devant sa stristesse il tentait de s’apaiser, il était démuni face aux larmes.

« On est pas juste là pour toi quand il s’agit de rire ou de faire des ânneries… C’est aussi fait pour se soutenir lors des mauvais passages les amis. Mais si tu ne nous dit rien comme ça, comment est-ce que tu crois qu’on se sent après ? Qu’est ce qu’on peut faire maintenant ? »

Il la regardait, un peu désolé de parler ainsi sans réussir à dire autre chose, il était comme ça, incapable de se retenir quand il avait quelque chose sur le coeur. Il se recule un peu, laissant un ange passer, quelques secondes de silence lourd qu’il met à profit pour réorganiser ses pensées.

« Si tu penses avoir choisi la bonne voie, je suis content pour toi. Mais toi… est-ce que tu vas être heureuse ? »

Il n’y croyait pas. Il n’avait connu que la Nuage Ephémère apprentie guerrière, celle avec qui il avait partagé tant de parties de chasses et d’entraînement de combat, elle, cloitrée dans l’antre d’Hermine Ailée, ça ne lui allait pas. Et puis, Croissant de Lune était tombée amoureuse de cette Papillon Ephémère qu’ils connaissaient, il avait peur d’aborder le sujet, quelque part il se disait que peut-être elle pourrait changer d’avis, peut-être le clan des étoiles s’était-il trompé, ou elle avait mal interprété des signes ? Il la regardait avec appréhension, sa question en suspens entre eux.

Des océans de larmes se formaient sous ses yeux ambré, celles restantes à l'intérieur de ceux-ci formaient des lacs d'or étincelant, tandis que Fée observait son camarade changeant d'attitude au fur et à mesure de ses mots, elle décela de la déception dans son regard, et se fut comme un coup de griffe dans le cœur qui venait l'achever après une bataille éprouvante, et tout simplement, elle eut envie de s'abandonner là, seule avec son chagrin et les choix foireux qu'elle avait put faire dans sa vie, elle ressentait la trahison qui sévissait son camarade tandis qu'il réalisait ce que l'ampleur de son discours quelque peu douteux, signifiait réellement. Et les mots suivant qui jaillirent de sa bouche, la fit frissonner ;

« Mais… pourquoi tu ne nous en a pas parlé dès le début ? A quoi on sert nous si tu ne nous dit rien, si tu nous garde hors de ta vie comme ça, avec tes silences et tes mensonges ?! »

A cet instant, elle ne put le regarder en face non, ce serait le trahir davantage, alors elle se contenta de détailler ses pattes ou les couleurs s'entre-mêlaient, ses yeux inondés floutaient sa vision, et elle ne voyait des tâches mouvantes de roux, de noir et de blanc. Bientôt, le jeune guerrier fraîchement nommé ajouta d'un ton plus doux, bien qu'on pouvait toujours déceler de la rancœur aux creux de sa voix ;

« On est pas juste là pour toi quand il s’agit de rire ou de faire des âneries… C’est aussi fait pour se soutenir lors des mauvais passages les amis. Mais si tu ne nous dit rien comme ça, comment est-ce que tu crois qu’on se sent après ? Qu’est ce qu’on peut faire maintenant ? »

Papillon Ephémère renifla, incapable de dire quoi ce soit, oui c'est vrai, ils avaient toujours étés des amis, ils avaient toujours étés si proches, et pourtant, à cet instant, elle était bien incapable d'exprimer quoi ce soit. Comment leurs dire ? Qu'elle avait pourtant essayée d'échapper à ce destin, qu'elle avait vainement ignorer les appels des étoiles ou les paroles étranges de Feuille des Neiges lors de leurs entraînements nocturnes, elle avait tenté de repousser ses véritables devoirs. Mais à présent, elle ne pouvait plus. Elle n'avait pas le droit, les paroles étranges des étoiles lui revenaient en tête "protège les chatons", qu'est-ce que cela signifiait ? Pourquoi était-elle les ailes d'un papillon censé recouvrir son Clan ? Devait-elle sauver Souvenir des Etoiles ? Le prévenir qu'une menace éclatée, le Clan de la Lune allait-il subir une nouvelle guerre ? Trop de questions fourmillaient dans sa tête, à tel point qu'elle en devenait migraineuse et des picotements électrique lui submergeaient le crâne.

« Si tu penses avoir choisi la bonne voie, je suis content pour toi. Mais toi… est-ce que tu vas être heureuse ? »

Et ces paroles furent comme un choc électrique dans son âme vidée par le désespoir. Elle ? Heureuse ? Elle éclata de rire, d'un rire qui sonnait faux, qui sonnait fou presque, d'un rire amer et jaune. Non. Elle n'était pas heureuse. Comment pourrait-elle l'être alors qu'elle devait regarder en face le visage de ses amis qui découvraient sa vraie nature ? Comment l'être alors qu'elle creusait un fossé entre eux, qu'elle leur disait adieux, elle savait ce que rejoindre la voie des Guérisseurs signifiait pour elle, renoncer à tout, se sacrifier. Mais ce sacrifice était-il comparable à toutes les magnifique choses qu'elle était sur le point d'accomplir grâce à ses devoirs ? Bientôt, elle serait celle qui éponge les blessures pour ne laisser apparaître qu'une cicatrice partiel. Et un jour, son cœur serait dans cet état là, une cicatrice béante et boursouflé, prête à suinter de tout les regrets qu'elle avait, de toutes les choses qu'elle n'avait pas dites.

Alors que son rire sonner faux dans la brise glaciale du petit matin, il s'arrêta brusquement et elle plongea ses yeux dans ceux de Soleil, son soleil à elle, et à bien d'autre, celui qui avait ressourcé son âme à la dérive de nombreuses fois par le passé, chaleureusement la recouvrant de son halo réconfortant, ce Soleil là, à qui elle devait dire au revoir. Elle savait qu'elle ne leur faisait pas un adieu définitif, ils étaient dans le même Clan, se verraient tout les jours, viendraient même dans sa tanière lorsqu'ils auraient besoin de ses soins, sa sœur et lui, mais plus jamais les choses ne seraient de la même façon, plus jamais elle ne pourrait à nouveau partager leurs tanières chaudes lors des nuits froides, ou encore, plus jamais elle irait vagabonder avec eux sur les terres de chasse, à rire aux abois et se rouler dans les brin d'herbes parsemés de rosé du matin.

« J'ai renoncée à ce droit au moment où j'ai prêtée serment. Jamais je ne serais heureuse sans vous, vous êtes le Soleil et la Lune de mes jours, celui qui réchauffe mon corps lors des journée froide et celle qui apaise mon cœur lors des nuits trop longue. Dit moi Soleil, comment je ferais sans vous ? Mais.. Pendant longtemps j'ai espéré, un peu trop c'est vrai, qu'en ignorant mon destin, il disparaitrait, et ne pas vous le dire, c'était comme ci il n'existait pas réellement, parce que vous en parlez, ça aurait voulu dire le réaliser moi-même. Et.. Et je crois que je refusais ça, parce que je savais qu'au moment où j'emprunterais ce chemin, je perdrais tous ce qui est important pour moi, je perdrais une partie de mon âme. Parce que c'est.. Ce que vous êtes pour moi, une partie de moi même. »

Elle se rendait bien compte que ses mots n'avaient pas énormément de sens, qu'ils étaient décousus et mal organisés, mais elle savait qu'il saurait. La relation qui les unissaient tous, même Fraise, bien qu'elle avait eu le temps de prendre son envol avant eux, elle savait, ils savaient, ce que signifiait désormais leurs relations. Elle était la Guérisseuse du Clan de la Lune, ainsi que cette nouvelle créature mystique et étrange représentait. Quelques larmes persistantes perlaient toujours aux creux de ses yeux, mais désormais ceux-ci affichaient un air sérieux et solennel, comme si, avec le silence de son regard, et leurs disaient qu'elle veillerait toujours sur eux, qu'elle donnerait son corps en barrage au froid et aux tempêtes, qu'elle n'en dormirait pas la nuit si cela signifiait de les sauver. Parce que son amour pour ses amis, lui n'était pas quelque chose qu'elle envisageait à renoncer.

Rayon de Soleil

Rayon de Soleil ne brillait pas comme son nouveau nom ce matin là. Glacé par la longue nuit de veillée, il aurait espéré une matinée de réconfort auprès de ses camarades. Mais voilà qu’il se tenait là, face à Papillon Ephémère, le regard dur et le corps tendu. Il en avait conscience, il passait pour le méchant de la scène. Elle le faisait passer par tous ses états, il n’avait pu rester de marbre devant ses larmes, la douceur pénétrant peu à peu sa voix. La voir ainsi lui transperçait le coeur, il aurait voulu l’épauler, la réconforter. Mais au fond, la colère subsistait et l’empêchait encore de faire un pas vers elle. Alors, il avait posé sa dernière question, un brin d’abandon au creux de la voix, tout l’amour qu’il possédait pour son amie, toute l’incompréhension qu’il ressentait, et au fond ce qui comptait le plus dans cette question, serait-elle heureuse ? Si oui, il était prêt à tout accepter, rien d’autre n’importait après tout.

Mais la réponse ne fut rien de ce qu’il imaginait, de ce qu’il espérait. Un rire froid, amer, s’échappait de la bouche de la jolie nouvelle guerrière, faisant presque reculer son camarade par son incongrité. Son rire ne lui ressemblait pas, il croyait voir une inconnue avec sa figure brouillée de larmes et son air froid. Elle toujours souriante et douce. Peut-être était-il aussi fautif dans l’histoire. Peut-être avait-il refusé de voir un mal être présent depuis longtemps dans les attitudes de son amie calico. Mais il était pour le moment trop estomaqué pour pouvoir considérer cela. Son propre coeur se déchirait devant les paroles de Fée, devant le désespoir qu’elles trahissait, les longues nuits de doute qui se dessinaient, la solitude qu’elle ressentait déjà. Il voulu l’attirer à lui, enfouir son museau dans son épaule et lui murmurer que tout irait bien, autant pour l’en convaincre que pour lui même. Et puis d’un autre côté, la colère commençait à gronder encore, de plus en plus fort, il ne comprenait vraiment rien, pourquoi se déchirait-elle ainsi, pourquoi imaginer l’avenir de la pire des manières ? Bien loin de l’étreinte amicale qu’il envisageait, une partie de lui voulait aussi la bousculer, tenter de lui faire reprendre pied sur la terre ferme, avec eux tous où ils étaient restés, mais elle semblait déjà s’être envolée bien loin pour une raison qui lui échappait encore.

Le bonheur semblait si simple aux yeux du rouquin. Il suffisait de prendre la vie comme elle venait. Il se réveillait le matin, croisait des regards familiers, mangeait auprès de ses amis, riait aux éclats, se dorait au soleil, s’endormait contre la présence rassurante de sa soeur. La pluie, la peur, les tracas du quotidien, tout celà n’était rien en comparaison de la facilité du bonheur. Pourquoi Fée devait-elle se poser autant de questions ? Qu’elle devienne guérisseuse si elle le voulait, ça ne changeait rien à sa vie à lui, ça ne changerait rien à comment il la voyait, à comment il la saluerait tous les jours, à comment ils pourraient sortir ensemble pour une cavalcade entre les bouleaux. Alors il la regardait, choqué, incapable d’esquisser le moindre mouvement pour la repousser ou la réconforter, simplement trop heurté. Il avait l’impression que c’était elle, après tout plus qu’autre chose, qui tenait à mettre de la distance entre eux.

« D’accord, les choses vont peut-être changer mais- quand même, parler de nous comme ça, enfin, Fée on est pas obligé de- Tu ne veux plus nous voir ? Tu comptes devenir guérisseuse et t’enfermer dans une grotte pour toujours, n’en sortir que pour soigner les blessés et relayer les messages des étoiles ? Ne plus nous parler même en nous croisant sous le grand arbre ? Ne plus manger avec nous ? Ou quoi, tu vas même devenir une hermite, comme Feuille des Neiges ?  »

Il avait commencé en bafouillant, pataugeant dans ses états d’âme, mais ses paroles s’alourdissaient à chaque instant, la colère et l’incompréhension perçant.

« On peut se créer nos propres chemins ! Ca ne changera rien que tu deviennes guérisseuse, pas pour moi. De ton côté… c’est à toi de voir quelle vie tu veux mener. Le clan est important, mais je pense que même Souvenir des Etoiles serait de mon avis, une guérisseuse qui déteste le rôle qui lui a été attribué ne sera jamais un atout. »

Son ton s’était refait plus bas, peut-être par honte de parler ainsi au nom de son chef, ou parce que parler ainsi tout haut de cet avenir incertain ne le rendait que plus concrêt encore. Le silence coulait à présent entre eux, se faisant à chaque seconde un peu plus opaque. Rayon de Soleil réfléchissait. Il hésitait à laisser passer les paroles qu’il avait sur la langue. Mais il le faudrait pourtant.

« … Et Lune ? Qu’est ce que tu vas faire pour Croissant de Lune ? »