Every now and then I fall apart - ft. Archange

Every now and then I fall apart.
Archange & Récif de Corail
Lune 1211


Récif de Corail avait quitté le camp en pleine nuit. Il s’était réveillé d’un coup, l’estomac noué après un cauchemar dont il n’arrivait pas à se rappeler. Seules les émotions ressenties restaient, sombres et oppressantes. Il s’était donc levé, ressentant le besoin urgent d’aller se dégourdir les pattes et de se changer les idées. En quittant la tanière des guerriers, il avait aperçut la fourrure crème et rousse de Silence des Cigales, dont le sommeil semblait imperturbable. Il l’avait observé un instant, se demandant à quoi elle pouvait bien rêver, puis il s’en était allé.

Le voilà donc qui arpentait le territoire de son clan, seul avec ses pensées. Ses pattes l’avaient portées jusqu’au Delta. Il avait toujours aimé cet enchevêtrement de cours d’eau. Lorsqu’il n’y avait pas de nuages, précisément comme cette nuit-là, ils étaient tous illuminés par les rayons lunaires. Le spectacle était saisissant. Toujours mal à l'aise suite à son sommeil perturbé, il décida qu’il pouvait bien se promener encore un peu. Il arriva à la frontière, apercevant au-delà la silhouette du Bateau Fantôme. Le guerrier bicolore renouvela le marquage du territoire par automatisme, puis franchit sa limite pour se diriger vers l’épave.

De cet endroit se dégageait toujours une atmosphère un peu glauque une fois la nuit tombée, mais il n’y avait pas grand-chose à craindre. À moins que … Corail tourna la tête brusquement. La  brise venait de faire parvenir une odeur étrangère à ses narines, se mêlant aux parfums entêtant des premiers bourgeons. Il se mit en position de combat, scrutant l’obscurité. C'est alors qu'une silhouette imposante se détacha des ombres, s’avançant dans le clair de lune. Un solitaire ? Il ne lui semblait pas l’avoir déjà croisé. Le guerrier de la Rivière se détendit, ne voulant pas sembler menaçant. Après tout, ils étaient en terre libre, rien ne servait d’être hostile. De sa voix la plus aguicheuse, il interpella l’inconnu, un sourire en coin planté sur son visage.

« Bah alors beau gosse, tu t’es perdu ? »

Il réalisa trop tard que ce solitaire pouvait potentiellement être une menace, et il craignit que son approche puisse le mettre de mauvaise humeur. Mais qu’y pouvait-il après tout ? Un félin aussi bien bâti juste sous son museau ; il n’avait pas pu résister.

[Mille excuses pour le retard, j'avais oublié de le mettre dans ma liste des rps en cours D8]

La nuit était douce, bien plus propice à l'exploration qu'au sommeil. En tout cas le grand chat n'avait pas réussi à trouver une place dans les bras de Morphée, et avait fini par capituler. Il lui restait encore un certain nombre d'endroits à Valeemar qu'il avait envie de connaître un peu mieux. Il avait bien compris que sa présence n'était pas la bienvenue sur les territoires des clans, mais aussi à peine tolérée en leurs proches bordures. Ses rencontres avec les locaux avaient été un peu... hérissées - de leur côté, pas du sien, il en fallait plus que quelques menaces en l'air pour lui ébouriffer le pelage - et pourtant il ressentait le désir de rester. Après tant de temps à voyager seul sans vraiment de but, cet endroit s'était révélé providentiel. Il y avait de larges terres riches en proies, quelques congénères, peu de bipèdes et de chiens. Il était suffisamment loin de son passé, au propre comme au figuré, pour commencer à espérer y construire une nouvelle existence.

En longeant les frontières, il s'était rendu compte qu'un passage permettait d'aller plus loin au sud, mais n'avait pas poussé dans cette direction jusque là. Cette nuit en fut l'occasion. Sa lourde carcasse, étonnement discrète pour sa carrure, louvoya entre les arbres et sur les collines, assez loin des frontières pour ne pas tomber sur un félin de mauvais humeur qui chercherait une excuse pour lui cracher à la figure, assez proche pour pouvoir garder leur tracé à portée de museau.

Il finit par sentir dans le fond de l'air un parfum âcre et familier ; ainsi, l'eau rugissante se trouvait de ce côté-là aussi. Etait-il arrivé à une frontière du monde ? Il avait déjà constaté que la terre paraissait s'arrêter sur tout l'ouest de Valeemar. En était-il de même au sud ? Ses pattes le conduisirent bientôt sur un talus qui lui permit de constater qu'apparemment oui. Mais un élément singulier attira aussitôt son attention : une structure sombre et décharnée était échouée au bord de l'eau. Il était incapable de définir ce de quoi il s'agissait exactement, mais sa silhouette inspirée une majesté certaine, de part les hauts troncs qui paraissaient plantés dans son corps, ou la forme effilée de ce dernier.

Le solitaire reprit sa marche lente et se mit à descendre vers cet étrange bâtiment. Alors qu'il allait entrer dans son ombre immense, une voix le héla. Il se figea et tourna la tête ; le vent capricieux ne lui avait pas amené l'odeur de l'individu qui se trouvait là. C'était un grand chat au pelage clair - la lune avait retiré aux alentours toutes leurs couleurs et il n'aurait su dire s'il était gris, crème ou roux. Il avait un pelage épais qui ne masquait pas une musculature certaine. Même s'il avait l'air avenant - c'était même un euphémisme - mieux valait éviter le conflit direct avec lui. Archange avait beau avoir une stature un peu hors norme, elle était évidemment contrebalancée par une agilité moindre que ce chat-là devait sans nul doute posséder.

Son approche laissa le grand mâle... décontenancé. Ses yeux se réduisirent à deux fentes alors qu'il baissait légèrement la tête. La tentation était grande de simplement l'ignorer et de continuer son chemin, mais il avait encore du mal à jauger quelles étaient les limites en terme d'impolitesse ici et n'avait pas vraiment le courage de lancer même par inadvertance une échauffourée. Le vent qui allait et venait finit par lui porter l'odeur de l'inconnu ; un chat de clan.

"Ce n'est pas moi qui suis hors de mes terres." Répondit-il sans faire un seul geste pour s'approcher d'avantage.

Every now and then I fall apart.
Archange & Récif de Corail
Lune 1211


Récif de Corail avait du mal à distinguer les traits du visage de l’inconnu. Dans l’obscurité, la première chose qui le frappait était sa stature impressionnante. Ce félin était tout simplement immense - et pourtant, Corail était loin d’être petit.

La réponse vint sans tarder. Hm, un point pour lui, belle répartie ; cela promettait d’être intéressant. D’humeur peu encline à la prudence, le guerrier de la Rivière s’approcha un peu plus du solitaire.

« Ah, donc ici ce sont tes terres ? Tu ne m’en voudras pas si je m’y mets à mon aise j’espère. »

Il avait encore parlé avec cette voix suave et joueuse, la force de l’habitude. Les deux félins se trouvaient près d’un tronc d’arbre ; Corail grimpa dessus avant de s’y étendre confortablement.

« Pas bavard, hein ? J’ai compris, je fais le premier pas ! Récif de Corail pour te servir, guerrier du clan de la Rivière. Enfin, ici je ne suis jamais qu’un chat comme un autre, quoique largement plus charismatique que le tout venant, si tu me permets. »

Attendant une quelconque réponse, le mâle bicolore se perdit dans ses pensées. Il se demanda un instant à quoi pouvait bien ressembler la vie d’un solitaire. Chasser et pêcher pour son propre compte. Se battre non pas pour l’honneur ou pour le bien des autres, mais simplement pour défendre sa vie. Être libre de ses allers et venues, pas de responsabilités. Non, Corail préférait de loin la vie au sein d’un clan. Peut-être était-ce juste parce qu’il s’agissait du seul mode de vie qu’il connaissait, certes. Mais le clan, c’était une sécurité, il offrait un cadre ainsi qu’un code moral à suivre, il permettait l’établissement de contacts entre les chats … Enfin, pour la plupart en tout cas. En y réfléchissant bien, Corail réalisa que par bien des aspects, il vivait comme un solitaire au milieu des autres. Peut-être était-ce là le pire, se sentir aussi seul alors qu’il était si entouré.

Relevant ses yeux ambrés vers l'étranger, il réalisa que celui-ci ne lui avait toujours pas répondu.

« Bah alors, ne me dis pas que tu es timide ? Un grand gaillard comme toi ! C’est quoi ton p’tit nom ? »