Les jumeaux ne sont qu'un seul être monstreux, qui occupe deux places différentes dans l'espace

Mh ? J'ouvre les yeux comme éveillé par un signal muet, une sensation tangible qui me chatouille les tempes, pff, je ne comprendrais jamais ces étranges manifestations mais instinctivement je sais que Petit Moineau va débarquer. Je me lève et m'étire de tout mon long en baillant à m'en décrocher la mâchoire, un petit "aaaah" s'échappe de ma gorge et je lance un regard en direction de ma fratrie encore endormi, lové contre le corps chaud et réconfortant de maman. Quel bande feignasse ! Je les jauge d'un regard hautain, mais malgré lui trahit mon affection pour eux. Ils sont pleurnichards et enfantins mais je les aimes, mais ils ne sont pas à la hauteur de la prestance de maman ! Après tout, c'est elle la cheffe et la plus forte de tous. Un picotement me saisit derrière l'oreille droite et instinctivement ma patte arrière, griffes sorties rencontre la zone qui me démange et je me gratte frénétiquement en grognant de satisfaction, aussitôt une ombre furtive passe et je sais d'office que ma frangine est là, je sais aussi quelle idée saugrenue lui traverse l'esprit et un sourire malicieux se dessine sur mon visage lorsqu'elle verbalise ce que je pensais. « Tu passes en premier ? » J'acquiesce ostensiblement, et me dépêche de quitter la pouponnière, puis lui laisse prendre finalement la tête de notre duo.

Mes pas la suivent silencieusement, on a pas besoin de parler pour se comprendre, on sait. Notre trajectoire nous mène à une brèche minuscule qu'on a découverte il y a quelques jours de ça, nous permettant de nous extirper du camp pour explorer les alentours, on fait toujours attention à être prudent, surtout depuis qu'elle s'est faite prendre bêtement par Cœur de Pluie après avoir voulu franchir l'entrée du camp pour explorer, je me souviens m'être senti salement trahi, depuis quand elle osait partir seule à l'aventure ? M'enfin bon, c'est du passé, même je la jalouses encore d'avoir pu profiter d'un moment avec notre lieutenant. Après tout c'est moi le futur chef et elle la lieutenante, c'était donc à moi de passer du temps en premier avec Cœur de Pluie ! En plus il paraît que sa compagne attends des petits, on ne sera bientôt plus les seuls dans la pouponnière.. J'espère qu'ils ne croiront pas être les prochains meneurs du Clan, ce sera nous, avec Petit Moineau qui prendront la relève !

Je me perds dans mes pensées pendant que nous arrivons à l'orée d'un petit bois, face à nous se trouve un arbre gigantesque, et son tronc semble suffisamment ébréché pour qu'on puisse grimper, plus haut, l'arbre se propage par des branches larges et robustes, d'ici on pourrait voir tout le camp et espionner les membres qui s'activent à leurs tâches, je jette un coup d'œil complice à ma sœur car à ce moment, je sais qu'elle qu'elle sait. « Vas-y, je surveille tes arrières ! Fais gaffe à pas me tomber dessus, je tiens à être apprenti dans les temps.. » Je lui fais un clin d'oeil taquin, avec ma soeur nous avons une relation particulière, nous ne montrons pas particulièrement d'affection l'un envers l'autre, on se contente de se lancer des piques et on aime se bagarrer, j'imagine que c'est de cette façon qu'on s'entend le mieux. Je l'observe qui commence à s'accrocher sur le tronc tout en surveillant les alentours en cas d'apparition d'un guerrier quelconque.

Alors que je surveillais les alentours, en cas d'une potentielle apparition d'un guerrier du Clan, ma sœur décida de formuler tout haut ce qu'elle pensait tout bas, et non sans surprise, elle avait saisit ma frustration.

« Toi, tu m'en veux toujours d'être sortie hors du camp avec Coeur de Pluie. Tu voudrais être son apprenti ? »

Je reniflais, fier et fouetta l'air de ma queue, non sans blague ? Mes sourcils se froncèrent dans un rictus d'agacement, je rapprochais ma patte de son visage et lui flanqua une pichenette sur l'oreille, prenant d'un air de grand frère furieux.

« A ton avis ? Depuis quand tu pars à l'aventure sans moi ? Dit le moi carrément si je t'ennuis la prochaine fois ! Susceptible, moi ? C'est le moins qu'on puisse dire. Oui, Cœur de Pluie est valeureux et juste, et puis c'est le lieutenant du Clan, je me sentirais tellement honoré de l'avoir comme mentor !  j'espère qu'il fera de moi le meilleur guerrier du Clan si je deviens son apprenti. J'espère que mère fera le bon choix. »

Je détournais le regard lorsqu'un bruit résonna dans la forêt, ma fourrure s'hérissa d'abord, prêt à bondir en cas de danger, je me gonflais de courage. C'était ça un valeureux guerrier ! Celui qui n'avait peur de rien ni personne. Les minutes passèrent et rien ne surgit d'entre les arbres, surement un gland tombé d'un arbre, pfff, il n'y avait jamais rien de trépident qui se passait dans le camp et ses alentours, j'avais tellement hâte de devenir enfin apprentis... Plus que trois lunes et ce serait bientôt le grand jour.

La féline brune profita de se moment pour se faufilait entre les branches de l'arbre, lorsqu'elle fut suffisamment haut pour veillait sur la combe, elle me lança, pleine d'entousiasme.

« Tu peux monter, c'est génial ici, on va savoir tout ce qui se passe dans le clan ! »

J'hochais la tête et planta mes griffes à mon tour dans les écorces de l'arbre puis me hissa jusqu'à sa hauteur où je pus à mon tour apercevoir les guerriers et autre qui se mouvaient tel des fourmis dans leurs galeries.

« Je me demande qui se chargera de ma formation. Tu penses que Maman choisira qui ? »

Je tournais la tête dans sa direction et l'observa un long moment, qui pourrait avoir les épaules assez solide pour s'occuper de la formation de Petit Moineau, il fallait que ce soit quelqu'un de patient, parce qu'elle n'était pas facile non plus, et quelqu'un de performant, je remuais des moustaches, puis d'une voix basse lui répondit.

« J'en ai aucune idée, mais y'a intérêt que ce soit quelqu'un de bon, peut-être un vétéran comme Dent de Sabre, bien que ses os commencent à grincer, ses enseignements seront probablement les meilleurs que tu puisses avoir. Ou peut-être quelqu'un comme Ardeur de la Tigresse, elle est féroce, j'aime bien son tempérament, elle saura te transmettre de bonne choses. Y'a pas intérêt que ce soit Lune Givrée, elle est trop douce et molle.. M'enfin, y'a pas moyen de toute façon, après tout, elle va avoir des chatons... Eclair Ambré et Murmure Eternel sont aussi des vétérans qui ont de l'expériences, ils pourraient être pas trop mal. Tu penses quoi de Liberté des Ombres sinon ? Il me fait un peu flipper parfois, il a un regard indéchiffrable, je sais jamais à quoi il pense... »

Je marque une pause réfléchissant à toute vitesse.

« Tu crois que mère prendra l'un d'entre nous comme novice ? Ce serait bizarre de l'avoir comme mentor, non ? »

Indéniablement, j'espérais que si mère choisissait un d'entre nous, elle me choisirait, parce que moi aussi je voulais devenir le futur chef du Clan plus tard, et quoi de mieux que pour ça, d'avoir la cheffe elle même comme mentor ?

« Fais attention à ne pas perdre une griffe ! »

Je grognais, je n'étais quand même pas assez stupide pour perdre une griffe en cours de route, bien que j'étais au courant que la remarque de ma sœur était une fine plaisanterie énoncée justement pour me faire tiquer, le mieux aurait était que je ne réagisse pas mais je ne pouvais pas m'empêcher de répondre à ses taquineries systématique par des râles ou des grognements. Lorsque j'arrivais enfin à sa hauteur, elle reprit la parole.

« La plupart des guerriers ont pas l'air très fun. Ils sont trop vieux pour moi. J'espère avoir Ardeur de la Tigresse, se serait vraiment génial ! Autrement je suis d'accord avec toi, Liberté des Ombres fait un peu flipper, il est bizarre. »

J'hochais la tête, Tigresse semblait être la candidate idéale pour le tempérament de ma sœur, j'espérais que les choses se passeraient exactement comme on le prévoyait dans nos petits esprits fourbes, connaissant mère, je pensais que ce n'était pas nécessaire de lui en parler avant, elle pourrait très bien refuser la demande où se doutant de quelque chose, mieux fallait laisser le destin faire les choses.

« Ce serait carrément bizarre ! On l'a déjà en tant que mère, tu voudrais l'avoir comme professeure en plus ? »

Je réfléchissais à toute vitesse, effectivement ça serait peut-être un peu étrange de l'avoir comme mentor et en même temps il fallait savoir faire la part des choses. Dans ma relation avec mère, j'étais assez distant, pas parce que j'éprouvais moins d'amour que ma fratrie, mais parce que je voulais rester digne, et lui prouver que je n'étais pas un bébé pleurnichard qui avait sans cesse besoin de l'amour de ma mère, alors j'échappais souvent aux moments de tendresse et de partage, préférant, jouer le rôle du veilleur et les observer de loin.

« Je sais pas trop.. Ca me déplairait pas non plus je penses. »

Ma soeur reportait son attention sur le camp où on y voyait notre lieutenant tigré rejoindre la pouponnière, certainement pour s'entretenir avec mère, je remuais des moustaches intrigué et plissa des yeux un peu plus, comme si cette action me permettrait d'entendre plus ou d'y voir mieux.

« Regarde, Cœur de Pluie va voir maman !!! Tu penses qu'ils vont dire quoi ? »

J'haussais les épaules, que pouvait bien vouloir raconter Cœur de Pluie à notre meneuse ? Que le temps froid fait fuir les proies ? Que des chats solitaires se sont encore approchés des frontières ? Que des chats du Clan du Tonnerre ont volés du gibiers ?

« Peut-être qu'il va lui dire des banalités ? Ou peut-être qu'il vient lui annoncer qu'il y  du grabuge sur nos terres ! J'aimerais tellement pouvoir sortir du camp... J'en ai assez d'être coincé ici ! »

Mon expression de dégoût lorsque je lui désignais la Pouponnière ne laissait pas de doute quand à mon envie de sortir. Je passais ma patte avant derrière mon oreille, délogeant quelques brins d'écorces et de mousse qui s'étaient encore incrustés. Puis je lançais un regard envieux au cœur de la forêt derrière nous.

« Tu penses à ce que je penses ? Sans décrochais mes yeux dans la direction des bois, je m'adressais à ma sœur en sachant pertinemment qu'elle savait déjà. Mère est occupée avec notre lieutenant, personne ne remarquera notre absence si on est assez malin pour s'échapper juste le temps qu'il faut… J'ai entendu des guerriers dire qu'il y avait un blaireau qui traîne sur nos terres, j'aimerais bien voir à quoi ça ressemble, sans me faire repérer… Pas toi ? »

Le brin de malice qui se lisait dans mes yeux vert émeraude était inévitable, je plantais mes griffes dans l'écorce et cette fois-ci, je descendais avec plus d'assurance qu'à l'allée, m'agrippant comme un écureuil agile aux plus grosses écorces.

Les jumeaux ne sont qu'un seul être monstrueux, qui occupe deux places différentes dans l'espace
Ft- Moineau  

L'impétueuse me rejoignit enfin dans un glissement agile et atterrissait sur le sol avec grâce et délicatesse, je lui lançais un regard blasé devant sa performance.

« 'Mère' »

Elle gloussa, moqueuse, et je fronçais des sourcils, vexé, je me mit à lui tourner le dos en l'ignorant, moi au moins je ne suis pas un bébé à appeler Etoile de Jais "maman", je souffle bruyamment pour lui montrer mon agacement. Puis observa les alentours à la recherche d'une brèche pour qu'on puisse s'extirper silencieusement hors du camp.

« T'as un plan frangin ? »

Visiblement, tout reposer sur moi, alors je devais trouver un plan infaillible pour qu'on ne se fasse pas attraper. Si mère était occupée, je ne savais cependant pas pour combien de temps, alors on devait faire vite. Une idée saugrenue me traversa l'esprit.

« On va sauter d'arbre en arbre par les branches, puis descendre quand on sera assez loin. »

La pinède était composée d'arbre peu pratique pour ce genre d'activité, c'était d'ailleurs pour cette raison que grimper aux cimes des arbres étaient une spécialité du Clan du Tonnerre et non du Clan de l'Ombre, mais Moineau et moi avons des corps fin, léger et agile qui nous permettrons de rebondir de branche en branche sans que celle-ci ploie sous notre poids. Immédiatement je cherchais des yeux l'arbre le plus proche de la forêt, puis grimpa, toujours aussi maladroitement mais bon, à force d'entraînement ça devrait pouvoir venir, une fois en haut, j'étudiais les différentes branches et leurs voisines, et je me positionnais en sorte de pouvoir prendre un peu d'élan. Je bondissais tel un écureuil volant, et me réceptionnait non sans mal, dans l'éventail des pins. Premier arbre atteint, j'attendais que ma sœur me rejoigne, puis reproduisit la même chose avec l'arbre suivant, au bout de quelques mètre, j'arrivais enfin à la destination que je m'étais dessiné en tête, je ne connaissais pas les territoire, loin de là, mais on semblait suffisamment loin du camp pour pouvoir explorer convenablement.

Je descendais en glissant, et atterrit sur un tapis d'aiguilles qui se logea dans mes coussinets, j'exclamais un hoquet de douleur et attraper l'une d'entre elle que je retirais à l'aide de mes crocs. Saleté ! Puis, mon nez huma l'air et une multitude d'odeur inconnu vint à ma rencontre, le surplus d'information me donna le tournis et je lançais un regard perdu à ma jumelle.

« T'y comprends quelque chose à cet endroit toi ? »

Tout était immense et grand, les arbres étaient tous similaires, à tel point que je me demandais comment nos guerriers faisaient-ils pour se repérer et ne jamais se perdre, ça me semblait, tout bonnement impossible. Soudainement, je regrettais toutes les pensées négatives sur l'incompétences de certains que j'avais pu avoir auparavant. Si ils arrivaient à revenir au Camp tout les jours, c'est qu'il devait avoir un sacré sens de l'orientation, je ne savais même pas comment on allait pour revenir à la Pouponnière... m'enfin c'était un problème pour plus tard, pour le moment, l'occasion était trop précieuse pour la gâcher par des doutes, il fallait explorer.

« On va rester grouper puisqu'on est en terrain inconnu, on sait jamais ce qui pourrait se produire. Il faudrait pas qu'on se perde l'un l'autre, parce que j'admets que je serais incapable de te retrouver, alors restes bien derrière moi, et si tu sens un truc louche, on se donne l'alerte, ok ? »

Je reniflais les buissons alentours, tentant de reconnaître un semblant d'effluve familière, mais tout me semblait si étrange et inconnu, ça en été totalement excitant, j'essayais tant bien que mal de contenir mon énergie, ce n'était pas dans mon habitude d'être trop spontané, m'enfin bon j'étais sûr que Moineau devait ressentir les mêmes énergies à cet instant donc ce n'était pas bien grave si je débordais un peu.

Ma cadette finit par me rejoindre assez rapidement, je m'écartais lentement pour lui donner assez d'espace pour qu'elle se faufile près de moi dans les éventails de pins, et l'observa tandis qu'elle relevait fièrement la tête, je lui donnais une pichenette taquine à l'oreille et elle s'exclama. « T'as eu une super idée frangin, t'es trop malin pour ton propre bien hihi ! » Ma propre fierté m'emporta et mon poitrail se bombait à mon insu, je l'ignorais et reprit ma route jusqu'à notre arrivé.

Alors qu'on reniflait avec méfiance les alentours, prenant soin d'analyser chacun des recoins qui nous entouraient, ma sœur émit une idée ; « On a qu'à faire des petits repères comme ça ! On les suivra au retour pour ne pas se perdre ! » Je l'observais faire et acquiesça d'un net mouvement de tête. L'avenir du Clan était assuré avec un élément pareil, je savais que ma sœur deviendrait une précieuse guerrière pour notre tribu, et personne ne pourrait le contredire, ou il aurait à faire à moi...

« Y'a tellement d'odeurs ici ! Si ça se trouve, on flaire un énorme renard qui va venir se mesurer à nous ! »

Je frémissais des moustaches, bien que je mourrais d'envie de partir à l'aventure, de défendre nos terres ou encore de me battre pour mon Clan, je savais pertinemment que ma sœur et moi ne ferions pas le poids face à un renard si nous en croisions un, après tout, on avait aucun talent pour le combat n'étant encore que des chatons. Je reniflais, frustré, qu'est-ce qu'il me tarde de quitter la Pouponnière ! Je me sentais trop vieux pour les jeux auxquels s'adonnaient les chatons, trop à l'étroit entre les murs de ronces qui protégeaient le camp, empêchant tout intru de pénétrer, ou tout chatons de s'échapper, enfin en pratique, étant donné où se trouvaient actuellement ma sœur et moi-même, loin de la protection du camp.

« Bonne idée pour les repères. De ce que disent les anciens dans leurs histoires, les renards ont une odeur forte et nauséabonde, on peut pas la rater si on en renifle une.. Si tu sens quelque chose de suspect, informe m'en immédiatement. »

Je glissais un clin d'œil complice à ma jumelle avant de m'aventurer dans un buisson assez large, fouillant le sol à la recherche d'indices. C'est à cet instant précis que tout s'enchaina très vite. Une odeur terrible me parvint, venant de derrière moi, et je fis volte-face instantanément, pressentant que quelque chose clochait. Une scène épouvantable se défilait sous mes yeux, alors que ma sœur, continuait innocemment à renifler sans se douter de ce qui se tramait derrière elle, un monstre au pelage flamboyant s'approchait furtivement d'elle, les crocs découvert, j'écarquillais grand des yeux, mes narines me brûlaient tant l'odeur était terrible, les anciens n'avaient pas mentis. Mais aucun moyen pour ma jumelle de le sentir et de s'en méfier, puisque l'animal, rusé, s'était mis à contre vent, et seul moi qui était derrière lui parvenait à humer son "doux" parfum. Pas le temps de réfléchir à un plan, il fallait fuir, je m'élançais vers l'animal à fourrure tout en hurlant. "MOINEAU FUIS !!" puis lui infligeait un maigre coup de griffes au flanc avant de m'élançais à mon tour à toute vitesse en sentant claquer ses crocs acérés dans mon dos.

Si il y avait bien un atout qu'avait ma sœur et moi même, c'était notre fine silhouette qui nous permettait de filer dans le vent avec une vitesse tel que le prédateur peinerait à nous suivre. Cependant, je restais envahis d'inquiétude, avait-elle pu fuir à temps et s'en sortir ? Je ressentais toujours les vibrations du canidé à ma poursuite, signifiant qu'il était toujours sur mes traces. Ou celles de ma sœur non loin de moi ? Pas le choix, je devais savoir où elle se trouvait.

« PETIT MOINEAU ! LES ARBRES ! IL FAUT QU'ON GRIMPE ! »

Tant pis si ça donnait ma position au renard, je devais m'assurer que ma sœur se mette en sécurité avant tout. Je ne tiendrais pas encore très longtemps à cette allure, j'analysais rapidement mon environnement, voulant mettre à l'œuvre mon propre plan, mais me rendit vite compte que les seuls arbres qui m'entouraient ne me permettraient pas de me sauver à temps. La pinède du Territoire du Clan de l'Ombre, contenait uniquement des arbres long dénué de branches solides, y montait pour jouer était tout à fait possible, mais y monter dans la précipitation semblait trop risqué. Que faire ? Je percevais un terrier, et sans réfléchir je m'y faufilais jusqu'à atteindre le fond, une odeur éventé de lapin mais aucun occupants, sans me rendre compte,  je venais de tomber dans le piège parfait pour un renard qui était un dénicheur de terrier à lagomorphes. Je suis fichu. Les bruits lourds des pattes creusant ne tardèrent pas résonner autours de moi et je priais le Clan des Etoiles pour me sauver, ou me donner une mort rapide et non douloureuse.

Petite Pygargue

Les jumeaux ne sont qu'un seul être monstrueux, qui occupe deux places différentes dans l'espace.

Ft - Moineau & Titi

Les yeux fixant l'obscurité avec désespoir, Petite Pygargue attendait son heure, guettant le moment où enfin les larges pattes du canidé roux s'abattraient sur son crâne sans pitié, et à cet instant il repensa à une phrase d'ancien, "si les oiseaux allaient trop prêt du soleil, ils se brûleraient les ailes et s'écraseraient lamentablement sur le sol, c'est pour ça qu'ils ne s'aventurent jamais trop haut dans les cieux. Tu imagines, un aigle, à l'allure royal et digne, qui s'écrase, déchue par les dieux, dans les ténèbres des gouffres des enfers de la terre ? Tu imagines ça toi, Petite Pygargue ?" Il se souvenait encore de l'éclat avec lequel avaient brillés les yeux de ce vieux chat sénile, lui qui d'habitude ne présentait aucune forme d'intelligence, bien trop vieux et amoché par la vie pour dire quoi que ce soit de censé, et pourtant ce jour là, ses paroles avaient énormément perturbé le chaton. Et aujourd'hui, leurs sens sonnaient comme une évidence dans son cerveau. Il était cet aigle, lui Pygargue, qui été allait, aveuglé par le pouvoir de survoler le soleil, s'était brûler les ailes, et bientôt, il s'écraserait tout aussi lamentablement que l'aigle dans l'histoire de l'ancien.

Mais des petits cris percèrent au dessus du tunnel, et bientôt les bruits sourd des pattes labourant le sol disparurent. Il reconnut l'éclat de la voix de sa frangine et son sang se glaça, aussitôt il se précipita vers la sortie, baissant toutes ses gardes potentiel, rien ne disait que le danger avait disparu, pourtant il ne pouvait se résoudre à laisser sa sœur en danger en se terrant dans un terrier comme un rat lâche. C'était hors de question mais lorsqu'il émergea, il n'y avait ni trace de sa sœur, ni celle du grand canidé roux, il sentit son cœur qui tambourinait précipitamment dans son thorax, pris de panique, elle jeta un coup d'œil dans tout les sens, où était-elle ? Par où était-elle passée pour la dernière fois ? Soudain, une voix aigüe perça à travers les arbres et lorsqu'il releva la tête, il vit deux joyaux perçant qu'il l'observait dans l'obscurité des feuillages. Petit Moineau ! Elle était là, et saine et sauve. Une large sourire s'étira sur ses babines, et jamais de sa vie, le chaton bicolore n'avait ressenti un tel soulagement, cependant, les festivités ne durèrent pas longtemps puisqu'un grondement grave résonna derrière lui, et sans même regarder en arrière, il se précipita pour se hisser sur le tronc, il sentit des crocs qui claquaient derrière lui, et une touffe de poils resta entre les crocs du renard furieux, malgré tout, il était parvenu à rejoindre la branche la plus basse avec sa sœur et il se précipita vers elle, enfouissant son museau dans sa fourrure douce.

Habituellement, jamais les deux chatons ne se montraient affectueux l'un envers l'autre, mais alors qu'ils observaient tout les deux avec désespoir l'énorme bête qui s'accrocher à l'écorce pour se hisser dans leurs directions, les chatons se blottirent l'un contre l'autre, terrorisés par la mort tragique qui les attendaient si le roux les attraper.

Mais tel un héro de guerre invincible, une silhouette immense émergea d'entre les arbres, et Petite Pygargue reconnut avec stupeur, la fourrure d'Ardeur de la Tigresse, ébahis le petit passa ses deux pattes sur son visage, de tout les guerriers du Clan, c'était la dernière qu'il avait envie de voir les sauver, et pourtant à cet instant, il était si reconnaissant, qu'il poussa un petit cris de surprise. Les yeux écarquillés, il observa le combat qui faisait rage plus bas entre les deux, félin & canidé, griffes et crocs, bien qu'Ardeur de la Tigresse était une femelle à la carrure plutôt imposante, elle était loin d'atteindre la taille massive du renard roux, et ses chances de victoire était faible. Petite Pygargue savait que d'un moment à l'autre, il allait tous fuir, et il profita de la situation pour tenter de fuir.

« On doit se tenir prêt au signal de Tigresse, il nous faudra fuir au plus vite, on a aucune chance face à cet animal, on a sous estimé l'adversaire, les dires des anciens étaient vrais, les renards sont redoutables, il se rendait compte que son discours était loin d'être le plus pertinent en vu du contexte, oui tout le monde avait remarquée la dangerosité de l'animal. Bon, t'es prête Moineau ? »

Son regard mi terrorisé, mi déterminé brillait d'une pointe de malice, ils étaient des jumeaux monstrueux du Clan, ils étaient capables de le faire, il croyait en leurs capacité à tout les deux, et Ardeur de la Tigresse ne laisserait jamais ce sac à puce galeux leur faire du mal. Galvanisé par l'espoir, le poitrail bombé, Petite Pygargue se laissa faire lorsque finalement la femelle calicot se hissa près d'eux et les saisit dans sa large mâchoire. Puis, ils fuirent, le ventre à terre dans la direction opposé, il entendait les grognements sourd du canidé qui s'atteignait à mesure qu'ils s'éloignaient, et bientôt, Ardeur de la Tigresse cessa leurs courses effrénée, et ses mots furent comme des lames tranchantes dans leurs orgueils.

« Bande de petits laiderons ! Vous n’êtes que des crétins ! Vous auriez pu mourir ! Votre tête est bien trop petite pour accueillir ne serait-ce qu’un peu d’intelligence ?! »

A cet instant, Petite Pygargue réalisa qu'ils étaient dans les marécages et se laissa faire lorsqu'elle les aspergea de boue dégoulinante et malodorante. Il grimaça, écœuré mais resta silencieux.

« Qu’auriez-vous fait si je n’étais pas arrivée, hein ? Vous croyez vraiment qu’il n’aurait pas réussi à grimper jusqu’à vous ? Vos vilains visages ne seraient plus que des os ! Et ces petites griffes insignifiantes n’auraient servies à rien ! »

Petite Pygargue fronça des sourcils, il n'appréciait pas le ton avec lequel s'exprimait la grande féline, bien sûr qu'il était au courant qu'ils étaient perdus ! Il n'était pas stupide, ils n'avaient tout simplement pas prévu que les choses se passeraient ainsi. Les chances de croiser un renard en forêt était si rare, et des chatons qui fuguaient la Pouponnière... Ils n'étaient pas les premiers et ne seraient pas les derniers ! Ils n'avaient pas eu de chance tout simplement !

« Votre mère doit être folle d’inquiétude. Ayez honte de vous ! Vous n’êtes que des chatons ! Que ça vous serve de leçon et vous rappelle à quel point vous n’êtes RIEN au sein de cette forêt. Vous êtes des proies, pas des prédateurs, petits laiderons ! Allez, sur vos pattes ! »

La fourrure de Petite Pygargue se hérissa, oui, il avait agit bêtement et sans réfléchir, mais il n'avait pas besoin qu'on le traite comme un chaton stupide, ils étaient déjà grands après tout, leurs nominations d'apprentis approchaient à grands pas, il était capable de reconnaître ses erreurs et puis, il se disait que ce renard était peut-être un signe du Clan des Etoiles qui avait été envoyé afin de tester les capacités de sa sœur & lui, si ils n'étaient pas suffisamment dignes, ils auraient péris, c'était une manière drastique de sélectionner de futures bon guerrier, mais au moins, ils avaient prévus qu'ils avaient étés capable de survivre. Enfin en partie grâce à lui guerrière furieuse qui leur lançait des éclairs de ses yeux noir de colère.

« Ne refaites plus jamais ça. Et que je ne vous entende pas raconter cette escapade comme si c’était amusant. A partir d’aujourd’hui, je vous ai à l’oeil. Je m’occuperai personnellement de votre cas si je vous prends encore une fois la patte en dehors du campement et croyez-moi vous préférerez l’agonie rapide du renard plutôt que le sort que je vous réserverai, laiderons. Est-ce que c’est clair ? »

Insolent, le chaton bicolore soupira bruyamment, signe que cette échange l'ennuyait, personne n'aurait osé agir de la sorte face à un guerrier courroucé, mais Petite Pygargue était stupide de courage et d'orgueil, et jamais il ne se serait écrasé face à la femelle massive. Il fronça des sourcils, contrarié, fouettant l'air de sa queue.

« Oui c'est clair, écoute, on est pas stupide, on a bien compris qu'on avait foiré sur ce coup ci, mais franchement, les probabilités de croiser un renard en forêt, elles sont si faibles, qu'on s'attendait à tout, sauf à ça. Lorsqu'on a prit la décision de sortir, on voulait simplement découvrir nos territoires, rien de plus. Et puis, vous aussi avec tes frères et soeurs vous avez fait la même chose lorsque vous étiez chaton, tu sais, les anciens ça parle beaucoup. Il mentait, il n'avait jamais entendu une histoire pareille, jamais un ancien ne donnerait d'idées aussi inconsciente à un chaton. Pourtant, en connaissant le tempérament de son interlocutrice et sa fratrie, il était persuadé que ceux-ci avaient déjà déserté le camp au moins une fois lorsqu'ils étaient chatons. Pff, et puis t'inquiète pas, y'a pas moyen que je partages quoi ce soit avec les autres chatons, ils ne méritent même pas de dormir à nos côtés, après tout, on est les dignes enfants d'Etoile de Jais, personne ne nous arrive à la cheville. »

Ses yeux débordaient de provocation et d'orgueil, à cet instant, il ne pensait pas réellement ce qu'il disait, mais il n'aimait pas se faire gronder, il trouvait ça tellement humiliant, il estimait qu'il ne méritait pas à tel courroux de la part de la grande guerrière, après tout, ils étaient des chatons, les chatons faisaient des bêtises et il comptait bien jouer de ça. Il jeta un coup d'oeil à sa soeur en repensant aux dernières paroles de la guerrière et glissa malicieusement en chuchotant :

« Bon courage pour ton apprentissage avec elle, elle va pas y aller de main morte ! »

Plus tôt, les chatons avaient fait des suppositions pour les mentors des futures chatons, et si, il était persuadé que Cœur de Pluie serait son mentor, sa sœur quand à elle affirmait plus que ça serait la guerrière présente aujourd'hui, et aux vu de ses dires, elle n'allait certainement pas ménager la petite femelle brune.